Chapitre 11 - Les terres muettes

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La terre n’était plus tout à fait la même.

Derrière eux, le sol s’était refermé. Le chemin, bien que tracé à travers les collines sèches et les roches sculptées par les vents, s’effaçait lentement à chaque pas. Comme si la route n’acceptait pas d’être rappelée. Comme si même les traces refusaient d’exister trop longtemps.

Takuya marchait en tête. Son souffle était stable, régulier, rythmé par les légers bruissements de ses pas sur la poussière compacte. La brume s’accrochait à ses bottes, s’insinuant dans les plis de son pantalon, filant derrière lui comme une traîne grise.

Derrière, Rek suivait à quelques mètres, silencieux, les yeux en alerte. Il ne parlait pas. Pas depuis qu’ils avaient franchi la ligne que les gobelins appelaient le dos du monde : cette courbe de pierres brisées, où la végétation semblait cesser d’avoir un but.

Takuya jeta un rapide regard vers lui. Le jeune gobelin marchait prudemment, l’arme courte attachée à la cuisse, ses mouvements précis, presque félins. Il n’avait rien du petit guide curieux du village. Ici, il redevenait chasseur.

Le silence, en revanche, devenait étrange.

Pas le silence du calme.
Un silence de vide.

> [Analyse environnementale :]
— Mana ambiant : 22 % inférieur à la norme régionale
— Présence sonore : minimale
— Aucune activité biologique détectée dans les 300 mètres
— Hypothèse : zone d’absorption passive ou stabilisation excessive.

Takuya cligna des yeux.

— « Tu ressens quelque chose ? » demanda-t-il doucement.

Rek s’arrêta, renifla l’air, puis s’agenouilla, posant la main au sol.

— « La pierre est sèche. Mais pas morte. Elle… ne vibre pas. C’est étrange. Même les cailloux ont une odeur d’habitude. Ici, rien. »

Il se releva et tapota ses jambes.

— « On dirait que le monde retient son souffle. »

Takuya hocha la tête. Il partageait ce sentiment.
Tout dans cet endroit semblait attendre… ou se cacher.

Leur route descendait lentement vers une cuvette entourée de grands blocs sombres. Aucune trace d’animaux. Pas d’empreintes. Pas de crottes, pas de nids. Juste la poussière, le roc, et cette brume basse qui ne montait jamais plus haut que leurs chevilles.

> [Statut psychologique :]
Niveau de vigilance diminué – stimulation mentale faible – début de désorientation spatio-perceptive léger
— Cause probable : anomalie atmosphérique ou champ magique diffus.

Takuya fronça les sourcils.
Il n’avait pas baissé la garde.
Mais quelque chose en lui s’engourdissait, lentement, imperceptiblement.

— « CAINE, active suivi cognitif renforcé. »

> [Commande reçue.]
Renforcement des alertes mentales enclenché.

Rek s’arrêta près d’une racine desséchée qui sortait d’un rocher. Il la toucha du bout des doigts.

— « Ça devrait sentir l’eau morte.
Mais ça ne sent… rien. »

— « Tu penses que c’est dangereux ? »

— « Je pense que c’est inhabituel. Et ici, l’inhabituel, c’est ce qui te tue. »

Ils continuèrent à avancer.
Le sentier s’étrécissait, serpentait entre deux parois rocheuses naturelles. Les flancs étaient lisses, striés de lignes pâles. Comme si une rivière ancienne avait laissé sa marque… avant de s’évanouir.

> [Interférence faible détectée – champ de stabilité énergétique non uniforme.]
Effet : perturbation passive du flux vital chez les êtres vivants
Risque immédiat : bas
Surveillance maintenue.

Takuya ralentit le pas.
Il tendit la main contre la paroi.
Une vibration ténue.
Presque comme un souffle… retenu depuis trop longtemps.

Rek posa la main à côté de la sienne.

— « Tu sens ? »

Takuya acquiesça.

— « Comme si le sol respirait par en dessous. »

Ils franchirent le dernier virage, et le paysage s’ouvrit.

Une petite vallée, encaissée, entourée de pics dentelés. Pas de végétation. Pas de vent.

Au centre, un cercle de pierres noires, partiellement effondrées.
Peut-être un ancien lieu de repos ?
Un abri ?
Ou un vestige que personne n’avait le droit de fouler ?

Takuya s’arrêta net.
Rek aussi.

Le silence, ici, devenait oppressant.

> [Alerte douce :]
Tu es désormais hors de portée de toutes les voix enregistrées.
Aucun repère culturel ou structurel en mémoire.

Tu es hors du monde.

Takuya déglutit lentement.
Même CAINE semblait… plus distant.
Comme si les mots flottaient entre eux.
Comme si le lien était étiré.

Rek s’accroupit et fouilla dans la terre.

— « Ici. »

Il montra une fine ligne, presque effacée.
Un motif gravé dans la pierre.
Ancien.
Rongé.

— « Tu crois que c’est une rune ? » demanda-t-il.

Takuya s’agenouilla à son tour.

> [Analyse en cours…]
Symbole non reconnu.
Taux de correspondance : 3 % – probable variation d’un alphabet ancien.
Structure graphique similaire à certains glyphes semi-naturels détectés dans les zones frontalières oubliées.

— « C’est pas un piège. Mais c’est pas un message non plus.
C’est peut-être juste… une marque.
Comme un passage. »

Rek posa deux doigts dessus. Rien ne se produisit.

— « C’est froid. Mais pas vide. »

Takuya se releva, regarda à nouveau autour de lui.

Le monde était là.
Présent.
Mais immobile.

Pas comme s’il les ignorait.
Comme s’il les observait.

— « On ne reste pas.
On avance. »

Rek hocha la tête.
Ils reprirent la marche.
Et la brume, comme toujours, suivit.

---

Les collines se dressaient comme des épines noires contre l’horizon pâle.

La route n’en était plus une.
Ils grimpaient maintenant à travers des sentiers à moitié effondrés, où la roche cédait sous leurs pas, où les racines mortes surgissaient comme des pièges.

Chaque pas était un effort.

Takuya sentait ses cuisses brûler à chaque montée, sa respiration s’alourdir, et ses mains se crisper lorsqu’il s’agrippait aux rebords déformés des rochers.
Le poids de son sac tirait sur ses épaules, malgré l'équilibre de charge qu’il avait minutieusement calculé.

Rek avançait devant lui cette fois, plus agile, plus rapide.
Il escaladait les rebords avec l’assurance d’un animal montagnard, même si lui aussi ralentissait peu à peu.

Takuya n’avait rien dit depuis une heure.

> [Données vitales :]
Tension musculaire : élevée
Rythme cardiaque : stabilisé – zone d’effort contrôlé
Consommation énergétique : 16 % supérieure à la moyenne quotidienne.

Un rapport typique.
Prévisible.
Mais Takuya savait que CAINE n’analysait pas tout.

Le problème, ce n’était pas ses jambes.
C’était ce qu’il portait au fond de lui.

Ce lien.

Le lien avec Rek.

Depuis leur départ, Takuya n’avait pas encore pris le temps d’en observer les détails. Il l’avait accepté, contracté, ressenti — mais jamais questionné.
Maintenant qu’il était seul, loin du village, sans distractions ni regards… il pouvait demander.

— « CAINE. Donne-moi une analyse complète du lien de mana avec Rek. »

Un silence. Puis :

> [Analyse du lien de mana en cours...]

Des lignes de texte s’affichèrent dans son esprit, comme gravées dans la roche même de son crâne.

---

> [Lien de mana actif :]
— Type : Subordination partielle (stabilisé)
— Structure : rituel ancien par catalyse externe (inducteur : Zark)
— Source d'énergie : signature vitale de l’hôte (Takuya Arai)
— Résilience : élevée – faible dérive énergétique
— Effets primaires : réceptivité aux ordres directs, synchronisation d’alerte, accès restreint aux données de l’entité liée

Lien secondaire détecté : connexion émotionnelle (stade initial)
— Effet passif : harmonisation adaptative lente


---

Takuya ralentit, posant un genou au sol.

— « Rituel ancien ? Quelle école de magie ? »

> Inconnu.
Le système utilisé ne correspond à aucune classification contemporaine.
Hypothèse : dérivé d’un savoir antérieur aux cycles de la Tour.

Takuya fronça les sourcils.

Zark avait invoqué quelque chose de profond, de pré-tour, sans doute préservé à travers des générations orales.
Pas une magie académique.
Pas une formule lue.
Mais un acte vivant.

Il reprit sa marche, plus lentement.

— « Et si je romps le lien ? »

> Impossible sans contre-rituel ou extraction externe.
Rupture forcée entraînerait : stress vital aigu chez la cible, perte de données, reflux de mana potentiellement nocif.

Recommandation : maintenir l'intégrité du lien sauf cas extrême.

Rek s’arrêta sur un replat plus haut. Il se tourna, haletant légèrement.

— « Tout va bien ? »

Takuya hocha la tête.

— « Juste... je gère les paramètres. Continue. Je te suis. »

Rek acquiesça, puis reprit son ascension.

Takuya appuya sa main contre une roche et s’y hissa lentement.

Le vent soufflait plus fort ici.
Il ne faisait pas de bruit, mais il coupait la peau.

> [Observation :]
Le lien de mana se stabilise en terrain difficile. Adaptabilité de l'entité liée accrue. Confiance perçue : constante.

Takuya fixa le dos de Rek un moment.
Il n’avait jamais voulu contrôler ce garçon.
Mais le lien existait.
Et plus il le regardait avancer devant lui, plus il comprenait ce que cela impliquait.

Ce n’était pas une simple aide.

C’était une responsabilité.

Le sentier changea de nature après une crête : les roches devinrent friables, les pentes plus raides.
Des crevasses coupaient le chemin. Il fallut sauter, grimper, parfois ramper.

Le monde devenait plus brut, plus hostile.

Mais aussi… plus pur.

Loin du village.
Loin des créatures mortes.
Loin du bruit des souvenirs.

Takuya s’arrêta à l’orée d’un petit plateau pierreux.
Il leva les yeux vers le ciel :
toujours voilé, mais plus haut, plus ouvert.

Et au loin, une pulsation lumineuse, faible mais nette,
venant du nord-nord-est.

La Tour.

Toujours là.

Toujours loin.

> [Mise à jour :]
Distance estimée à la source lumineuse : entre 71 et 78 kilomètres
Temps de trajet restant : 4 à 5 jours (selon terrain)

Takuya inspira.

Ce n’était pas encore l’inconnu absolu.
Mais ce n’était déjà plus le monde qu’il connaissait.

Il regarda Rek, accroupi au bord du plateau, concentré sur des traces invisibles.

— « On continue. Pas trop vite. On s’économise. »

— « Tu dis ça pour toi ou pour moi ? » sourit Rek sans se retourner.

Takuya sourit, lui aussi.
Mais doucement.

> Il ne dirigeait pas.
Il avançait avec.
Et c’était suffisant… pour aujourd’hui.

---

Ils atteignirent la crête à l’heure où la lumière se faisait cendre.

Devant eux, le chemin s’enfonçait légèrement entre deux flancs de colline rongés par le temps. Une dépression, naturelle peut-être… ou creusée. Takuya n’en était pas sûr. Les lignes du sol ici n’étaient pas naturelles : elles étaient trop droites, trop nettes, comme si quelque chose de structuré avait été englouti puis lentement oublié.

Rek s’arrêta d’un coup. Il renifla, pencha la tête, puis dit simplement :

— « Il y a… quelque chose. »

Takuya l’avait déjà vu réagir ainsi. Quand une proie s’était dissimulée. Quand un piège avait été tendu. Quand le monde chuchotait au lieu de crier.

Ils descendirent lentement, les pas mesurés. Aucun vent. Aucun bruit. Et au centre du repli de terrain, à moitié recouverte de terre craquelée et de lichen pâle, une forme apparut.

Une arche.

Ou ce qu’il en restait.

Deux piliers, fracturés à mi-hauteur, encerclant un fragment de dalle suspendue, noire et gravée. La pierre était lisse, sans aspérité, mais couverte de symboles que ni Takuya ni CAINE n’avaient jamais vus.

Il s’agenouilla immédiatement.

> [Analyse en cours...]

Les données apparurent, lentes. Comme si le simple fait de les extraire demandait plus d’effort que d’habitude.

---

> [Structure physique :]
— Pierre non répertoriée – origine géologique inconnue
— Traces de coupe à l’outil ou par mana concentré – analyse impossible sans échantillon

[Système symbolique :]
— Aucune correspondance directe avec alphabets connus (humain, gobelin, elfique, draconique, tourien)
— Structure non linéaire, absence de phonèmes, syntaxe impossible à extrapoler
— Taux de reconnaissance : 0.4 %

Hypothèse : symbole non écrit – mémoire visuelle condensée ?
— Proximité logique avec certains flux de commande des interfaces de la Tour (probabilité : 12 %)


---

Takuya grimaça.

Même pas un pourcent.
Même pas un sens.
Pour CAINE, c’était comme regarder une roche brute et y chercher une pensée.

Il s’approcha d’un cercle creusé dans le sol, juste devant l’arche. Une sorte d’empreinte. Ou de base. Comme si quelque chose s’était autrefois tenu là.

En posant sa main sur la pierre… le monde sembla ralentir.

Un vertige bref.
Une sensation de déséquilibre.
Puis…

Une ombre.

Elle ne venait pas de l’arche.
Ni du ciel.

Elle venait de lui.

Il recula d’un pas, le souffle court.
Rek tourna la tête, inquiet.

— « Quoi ? »

— « J’ai vu… rien.
Mais ça ressemblait à quelque chose. »

Il se reprit aussitôt. Inspiration contrôlée. Frissons sous contrôle.

— « Ça pourrait être un résidu. Un souvenir d’un autre. »

CAINE réagit enfin.

> [Aucune perturbation temporelle ou illusion active détectée.]
Anomalie non reproductible. Probable hallucination sensorielle brève (fatigue mentale / flux local).

Takuya grogna.

— « Rien ne laisse de trace ici, mais tout semble vouloir me frôler. »

Rek s’approcha à son tour. Il regarda les symboles, puis la pierre, puis se détourna aussitôt.

— « Ça sent… le silence. Trop.
Comme si même les souvenirs avaient peur de revenir ici. »

Takuya hocha la tête.

— « Tu reconnais l’architecture ? »

— « Non. Et c’est ça qui me gêne.
Même les ruines anciennes ont une voix. Là, c’est… muet. Pas vide. Juste… tu vois ce que je veux dire ? »

— « Oui. »

CAINE intervint à nouveau, plus lentement qu’à l’accoutumée.

> [Environnement marqué – concentration énergétique minimale persistante détectée.]
— Trace non identifiable – fluctuation ancienne. Aucun danger immédiat.
Enregistrement recommandé pour étude ultérieure.

Takuya resta encore quelques secondes à observer l’arche.

Elle ne faisait rien.
Elle ne disait rien.

Mais elle avait été là.
Et sa simple existence semblait déranger le monde.

— « On ne reste pas. »

Rek acquiesça sans discuter.
Takuya fit un balayage oculaire final, puis déclara :

— « CAINE. Scan complet. Archivage en mémoire longue. »

> [Confirmation.]

Ils reprirent la route, contournant l’arche comme on contourne un cadavre sacré.
Et quand ils s’éloignèrent, Takuya jeta un dernier regard par-dessus son épaule.

La structure était toujours là.

Mais quelque chose… dans l’ombre projetée des pierres…

semblait les regarder partir.

---

Le terrain avait changé.

Pas brutalement. Pas d’un pas à l’autre.
Mais lentement, imperceptiblement, comme si la terre elle-même avait glissé sous leurs pieds sans prévenir.

La roche avait cédé la place à un sol plus meuble, presque spongieux, couvert de mousse fine et d’aiguilles desséchées. Les arbres, jusqu’ici rares, se faisaient plus nombreux, mais aussi plus tordus — des troncs courbés, vrillés, comme soufflés par des vents qu’on ne sentait plus.

Takuya s’arrêta un instant, scrutant les ombres.
Rek était à quelques mètres devant, accroupi, reniflant une feuille flétrie.

> [Analyse environnementale :]
— Humidité souterraine en hausse
— Présence de spores inertes : non toxiques
— Énergie ambiante : stable mais localement perturbée

Takuya ne répondit pas.
Quelque chose… clochait.

Ce n’était pas visible.
Ce n’était pas audible.

C’était une absence.

— « Tu entends ? » demanda-t-il.

Rek leva la tête, fronça les sourcils.
Puis il secoua lentement la tête.

— « Justement. Je n’entends rien.
Même les insectes ne chantent pas. »

Ils échangèrent un regard.

Rek ajouta, plus bas :

— « Quelque chose vit ici.
Assez grand pour que tout le reste ait fui.
Assez silencieux pour que ça ne laisse rien derrière. »

Takuya porta la main à la lance dans son dos. Il ne la tira pas encore.
Pas besoin de paniquer. Pas encore.

> [Micro-changement de pression détecté – modèle similaire à celui d’un prédateur territorial]
— Source non localisée
— Alerte douce activée – vigilance renforcée recommandée.

Il ferma les yeux une seconde.

Une pression dans l’air.
Lourde. Humide.

— « Prépare-toi. Il y a quelque chose. »

Rek hocha la tête, dégaina ses deux dagues sans un mot.

Ils avancèrent plus lentement.

La végétation devenait plus dense, presque étouffante. Des fougères hautes masquaient le sol par endroits. Leurs pas s’enfonçaient dans une matière molle, faite de racines et de débris végétaux.

Et là, contre un tronc fissuré…

Rek s’arrêta net.

— « Regarde ça. »

Il désigna une bande de peau.
Longue.
Écailleuse.
Déchirée.
Brillante sous la lumière diffuse.

Takuya s’approcha lentement.
Une mue.

Une immense mue de serpent, enroulée partiellement autour d’une pierre, étalée comme une offrande oubliée.

> [Analyse biologique :]
— Structure d’écaille similaire à serpent terrestre géant
— Taille estimée : 7 à 9 mètres
— Signe de régénération récente – phase de croissance active probable

Rek jura dans sa langue, bassement.

— « Ce n’est pas une bête.
C’est un seigneur. »

Takuya analysa les alentours.
Pas de sang. Pas d’empreinte.
Mais cette peau n’avait pas plus de trois ou quatre jours.

> [Capacité de camouflage probable – comportement passif ou embusqué]

— « Il nous voit peut-être déjà », murmura Takuya.

Rek fronça les sourcils.

— « Alors pourquoi il n’attaque pas ? »

— « Parce qu’il choisit son moment. »

Ils se remirent en mouvement, plus lentement encore.
Chaque pas était pesé.
Chaque bruit analysé.
Même la respiration devenait tactique.

Le sol montait légèrement, bordé de racines enchevêtrées.

Takuya s’arrêta soudain.
Il regarda en l’air.

Un tronc.
Étrangement creusé à sa base.
Comme si une mâchoire… y avait pénétré.

Pas un tronc mangé par le temps.
Un abri.

Un repli.

Une cache.

> [Modèle comportemental probable :]
— Prédateur serpentiforme – utilise un arbre mort comme point de chute ou de frappe
— Attaque par constriction ou morsure foudroyante
— Silence requis – probabilité d’embuscade active : 63 %

Takuya dégaina lentement sa lance.
Rek ne dit rien.

Le silence revint.

Mais maintenant, il était chargé.

Ils savaient qu’ils étaient observés.

Mais ils ignoraient depuis où.

Et pour combien de temps encore.

---

Le craquement ne fut pas sonore.

Il fut organique.
Mou.
Comme si la terre s’ouvrait… et que quelque chose de vivant, humide, massif… se déroulait à l’intérieur.

Takuya n’eut pas le temps de prévenir.

La masse verte, brillante, jaillit depuis le tronc creux au-dessus d’eux.
Un souffle.
Une ombre.
Puis un impact.

Il roula sur le côté par pur réflexe, évitant de peu la frappe lourde qui broya la mousse là où il se tenait un instant plus tôt.

> [Roulade – Compétence active – Utilisation réussie]

Rek hurla un avertissement et bondit en arrière, dagues en main.
Mais la créature n’en avait pas fini.

Elle se dressa.
Énorme.
Presque silencieuse.
Un serpent d’au moins huit mètres, d’un vert terni, tacheté de motifs sombres sur les flancs, luisant d’une humidité malsaine.
Ses yeux n’étaient pas ronds, ni lisses — mais fendus, intelligents, concentrés.
Pas de bruit de langue.
Pas de menace classique.
Juste… observation.

> [Analyse biologique en cours...]

Takuya se releva, arme au poing, et tourna lentement autour de la créature.
Elle ne l’attaquait pas encore.
Elle pesait.
Elle mesurait.

> [Entité inconnue – morphotype : Serpentiforme supérieur]
— Longueur estimée : 8.4 mètres
— Poids : ~620 kg
— Mode d’attaque : constriction / impact / morsure rapide

[Stade de développement : Juvenile]

Alerte : entité non adulte – croissance non achevée. Capacités évolutives présumées importantes.

Takuya sentit un froid lui remonter l’échine.

> Pas adulte ?

Le monstre se jeta sur lui.

Il eut juste le temps de plier les genoux, rouler à nouveau, sentant la queue frôler son dos avec la force d’un fouet.
Un arbre fut pulvérisé à sa droite.

— « Rek ! Flanc gauche ! Cherche une faille ! »

— « C’est recouvert d’écailles ! Je rebondis dessus ! »

Le gobelin glissa sous la bête, tentant une frappe rapide entre deux segments.
Le serpent plia brutalement son corps, formant une spirale défensive, puis frappa en torsion.

Rek vola contre un tronc.

— « ARGH ! »

Takuya bondit vers lui, couvrit sa retraite en pivotant sa lance vers l’œil gauche du monstre.
Un geste désespéré, mais précis.

La pointe frôla la cornée, prov

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