Chapitre 18 - Point de départ

13 minutes de lecture

Le ciel, s’il en existait un dans ce monde enfermé, ne se montrait jamais vraiment. Pourtant, une lumière douce filtrait entre les pierres hautes de la ruelle, découpant les ombres avec une précision presque irréelle. C’était le matin du quatrième jour.

Takuya ouvrit lentement les yeux. Son dos râpait contre le mur froid, ses jambes repliées sous lui, son cou douloureux d’avoir dormi en biais. Il ne sentit pas de danger immédiat, ce qui, dans ce monde, relevait presque du miracle.

À quelques centimètres de lui, Rek dormait toujours. Sa respiration était régulière, mais faible. Une couverture sale, trouvée au deuxième jour, couvrait partiellement son torse. Ses bras étaient croisés comme pour garder le peu de chaleur qui lui restait. Contre son flanc, enroulé sur lui-même, le petit chiot humanoïde dormait aussi, ses petites oreilles frémissant par moment, sans bruit.

Takuya soupira. Trois jours. Trois jours d’errance, de refus, de faim.

Le premier matin, ils avaient quitté les pavés où le lézard noir les avait écrasés. Personne n’avait tendu la main. La foule les avait simplement enjambés ou contournés. Sans un mot. Sans un regard.

Ils avaient rampé jusqu’à cette ruelle, la première qui ne puait pas la moisissure ou la mort. Et à partir de là, chaque jour avait été une répétition : sortir prudemment, chercher de quoi manger, se heurter à l’indifférence ou au rejet, revenir les bras presque vides.

Ils avaient tenté de comprendre les pancartes. Takuya avait noté les symboles, les avait comparés à ceux de la stèle gobeline. CAINE avait stocké chaque mot, chaque intonation. Mais le langage local restait hermétique. Jusqu’à ce matin.

— CAINE, murmura-t-il intérieurement. Tu peux me faire un point ?

« Intégration stabilisée. Capacité de traitement réduite à 47 % en raison de l’état physique de l’hôte. Trois fonctionnalités disponibles. »

— Je t’écoute.

« Un : Module de traduction partielle. 30 % du langage local est désormais compréhensible, basé sur la stèle du village gobelin.
Deux : Interface cognitive simplifiée, utilisable en situation de stress.
Trois : Protocole de groupe primaire : en phase d’activation. Deux entités liées sur trois. »

Takuya fronça les sourcils à la dernière mention.

— Groupe primaire ?

« Formation d’un noyau tactique. Liaison d’intérêts, de mana et de trajectoires cognitives. Le lien avec Rek est confirmé. Une troisième entité est en observation. »

Il devina aussitôt. Son regard glissa vers le petit corps recroquevillé contre Rek. L’enfant-chiot. Toujours muet, mais toujours là.

— Peut-on comprendre cette langue maintenant ?

« Implantation neuronale possible. Voulez-vous procéder à l’intégration partielle ? »

Il acquiesça mentalement. Une chaleur discrète s’insinua dans sa nuque, suivie d’un picotement intense derrière les yeux. Il grinça des dents, mais l’instant passa rapidement. Dans son esprit, comme une onde dans l’eau, des sons familiers mais flous prenaient forme. Certains mots, entendus les jours précédents, s’alignaient enfin avec des sens.

Rek remua faiblement à côté de lui, grogna, puis se recoucha sans un mot. Il avait probablement reçu l’intégration lui aussi, bien que son corps ait plus de mal à la supporter.

Takuya inspira profondément. Le monde allait peut-être devenir un peu moins sourd.

Un bruit discret attira son attention. Le petit humanoïde venait de se redresser. Les yeux mi-clos, il regardait Takuya sans parler, puis s’approcha à pas hésitants.

Il saisit doucement la manche de Takuya entre ses petits doigts sales et tira, puis pointa la sortie de la ruelle du menton.

— Tu veux qu’on te suive ? demanda-t-il à voix basse.

Le chiot hocha la tête, timidement. Il avait une manière d’être prudente, presque instinctive, comme s’il s’attendait à ce que tout contact puisse être repoussé. Mais il n’y avait ni peur, ni hésitation dans ses gestes.

Takuya observa la petite créature. Trois jours à leurs côtés, sans rien dire, sans fuir. Il ne mangeait qu’après eux. Il dormait contre Rek. Il les suivait partout comme un guide silencieux.

Il s’agenouilla lentement, posa une main sur sa tête.

— On ne va pas t’appeler “le chiot” toute notre vie, tu sais. Il faut bien que tu aies un nom.

Le petit tressaillit. Ses oreilles se replièrent légèrement, et il détourna les yeux. Il murmura quelque chose, mais cette fois, grâce à l’intégration de CAINE, Takuya comprit.

— …J’en ai déjà un.

Le silence s’installa. Takuya cligna des yeux, surpris.

— Ah. Évidemment. Désolé, dit-il rapidement, se sentant aussitôt idiot.

Il se redressa avec maladresse, frottant l’arrière de sa nuque. Un grognement bref se fit entendre dans son dos. Il se retourna et vit Rek, assis contre le mur, les bras croisés, un mince sourire au coin des lèvres.

Le gobelin ne disait rien, mais son regard parlait pour lui : “Bien joué, génie.”

— Allez, grogna Takuya en s’éloignant, un peu trop vite. Montre-nous où tu veux aller, petit.

Le chiot tourna la tête et trottina doucement vers la sortie. Pas un mot, pas un regard en arrière. Il savait qu’ils suivraient.

Takuya s’assura que Rek pouvait marcher, et ensemble, les trois silhouettes quittèrent l’ombre de la ruelle. Le monde s’ouvrit devant eux, une ville étrange et ancienne, aux murs tachés d’histoire, aux lumières surnaturelles dansant sur les façades.

Et pour la première fois depuis leur arrivée, ils ne fuyaient pas. Ils avançaient.

---

Ils quittèrent la ruelle en silence, guidés par les petits pas assurés de l’enfant-chiot. L’air changeait à mesure qu’ils progressaient. L’odeur âcre de pierre humide et de moisissure laissait place à un courant plus vivant, traversé de parfums mêlés : métal chauffé, viandes grillées, herbes étranges.

Le ciel n’existait toujours pas. À sa place, une lumière surnaturelle, diffuse mais constante, baignait la ville du premier étage. Elle imitait le soleil sans en avoir la chaleur ni l’aveuglement. Un jour éternel flottait dans les rues, suspendu au-dessus de ruines restaurées et de constructions neuves qui semblaient pousser à même la pierre ancienne.

Takuya ralentit le pas malgré lui. Il était à la fois fasciné et oppressé. Les bâtiments semblaient à la fois familiers dans leur fonction — des échoppes, des forges, des ateliers — et complètement étrangers dans leur style. Certaines structures flottaient littéralement à quelques centimètres du sol, retenues par des chaînes noires qui pulsaient légèrement. D'autres avaient des façades qui bougeaient doucement, comme si la matière respirait.

Mais le plus troublant restait les gens.

Ou plutôt, les marques.

Chaque être vivant qu’ils croisaient — humanoïde, bête, chose hybride — portait une lueur colorée quelque part sur le corps : sur le front, la main, le torse. Blanche, bleue, rouge, parfois grise ou noire. Les plus brillantes semblaient imposer le silence autour d’elles. Les plus ternes se fondaient dans les murs, ignorés.

Takuya et Rek n’avaient rien. Aucune marque. Aucune lumière.

Et ça se voyait.

Chaque regard croisé était soit évité, soit hostile. Des visages se détournaient. Des enfants étaient tirés en arrière par des adultes. Quelques vendeurs, à distance, faisaient des signes rapides à d'autres, comme des avertissements.

Mais Shéol, lui, marchait sans peur. Il zigzaguait entre les passants, trouvait les chemins les moins encombrés, contournait les regards comme s’il lisait les intentions. Personne ne lui prêtait attention. Il semblait appartenir à cet endroit… ou, du moins, ne pas déranger son équilibre.

Ils passèrent devant un marché. Les étals, faits de pierre taillée et de bois noirci, regorgeaient de fruits aux teintes irréelles, de morceaux de viande suspendus dans des cages à mana, de fioles d’essence colorée. Certains mots résonnaient dans l’air. Takuya en comprenait quelques-uns désormais :

“Frais”, “Dépêche-toi”, “Autorisation”.

Des sons se raccordaient à des idées. Une grille mentale se formait.

Ils continuèrent.

Le quartier suivant était dominé par le feu et le métal. Des forges soufflaient leur haleine ardente sur les murs, teintant l’air de cendres et de cris. Des artisans — certains humanoïdes, d’autres bien plus monstrueux — frappaient, ajustaient, gravaient. Takuya observa longuement une créature reptilienne à quatre bras marteler une lame noire dont les bords vibraient légèrement.

Il aurait voulu s’arrêter. Demander. Comprendre. Mais aucun d’eux n’aurait répondu à un sans-marque.

Alors il suivit.

Plus loin, ils croisèrent des bâtiments aux formes plus définies. Une taverne, en forme de dôme, d’où émanaient des voix fortes, une odeur d’alcool et de viande, et des éclats de lumière rouge. Puis des guildes, marquées par des blasons lumineux projetés au-dessus des portes : un œil ouvert, une griffe sanglante, un cercle de flèches inversées. Des groupes entraient et sortaient, armés, organisés.

Takuya sentit son estomac se nouer. Il n’avait pas l’équipement. Pas le statut. Pas même le droit de poser des questions.

Ils passèrent devant un bâtiment incompréhensible. Une construction massive, sans fenêtres ni porte visible. Juste une façade noire, couverte de motifs mouvants. Shéol ne la regarda même pas. Il accéléra.

— Ce monde est trop codé pour moi… murmura Takuya, plus pour lui-même que pour les autres.

À ses côtés, Rek ne répondit pas. Mais son regard parcourait les rues, attentif, calme. Il ne semblait pas perdu. Juste en observation, comme toujours.

— Tu t’attendais à ça, toi ? reprit Takuya, plus bas.

Rek haussa à peine une épaule.

— Tu poses beaucoup de questions, dit-il finalement. Mais… je suppose que c’est comme ça que tu survis.

La voix était neutre, sans moquerie. Une simple constatation. Takuya le regarda un instant. Le respect était là, discret, mais constant. Rek n'était pas impressionné par la ville. Il était impressionné par Takuya. Ça, il le savait depuis longtemps.

Ils continuèrent leur route, guidés par la petite silhouette aux oreilles souples qui marchait sans se retourner. À un moment, alors qu’ils passaient près d’un escalier de pierre, Takuya ralentit légèrement.

— Dis… il marqua une pause. Tu sais, je me sens un peu idiot de ne toujours pas savoir comment t’appeler.

Le chiot s’arrêta net.

Il tourna la tête vers lui, les yeux un peu agrandis, les oreilles abaissées dans un réflexe de gêne. Il ouvrit la bouche, hésita, puis prononça doucement :

— …Shéol.

Le nom flotta un instant dans l’air, comme un souffle ancien. Court. Direct. Étrangement mélodieux.

— Je m’appelle Shéol.

Takuya hocha lentement la tête, surpris par l’émotion inattendue qui lui nouait la gorge.

— Merci, dit-il simplement.

Shéol baissa la tête, puis reprit sa marche.

Derrière eux, Rek sourit très légèrement, les bras croisés derrière sa nuque.

— Shéol, répéta Takuya en silence, comme pour l’ancrer. C’est un nom solide.

Ils sortirent enfin des rues principales et descendirent une ruelle plus étroite, presque désertée. L’agitation de la ville s’éloigna, remplacée par le vent et le craquement d’une vieille enseigne suspendue.

Shéol s’arrêta devant un bâtiment en pierre sombre, à moitié effondré, mais dont l’intérieur semblait sec. Il tendit une petite main et poussa lentement une porte grinçante. Une odeur de poussière et de bois ancien s’en échappa.

— C’est ici ? demanda Takuya.

Shéol hocha la tête.

Le lieu n’avait rien de glorieux. Mais il n’y avait ni caste, ni blason, ni regards pour les juger. Juste des pierres froides, du silence, et un espace pour respirer.

Takuya entra le premier, suivi de Rek. Shéol les rejoignit, sans un mot.

Et dans ce coin oublié de la Tour, trois silhouettes sans statut, sans avenir clair, s’installèrent. Pas pour dormir. Pas encore pour se battre.

Juste pour commencer.

---

Ils étaient revenus là où tout avait commencé.

Pas par choix. Par défaut.

La ruelle, étroite et terne, n’offrait aucun confort, mais elle avait un avantage : elle était ignorée. Invisible. Un morceau oublié de la ville, que même les nettoyeurs semblaient contourner. Takuya s’y laissa tomber contre le mur avec un soupir, mains croisées sur ses genoux. Rek s’installa à côté, les bras croisés, muet comme toujours. Shéol, fidèle à son habitude, se glissa dans l’ombre d’un pan de mur, accroupi, oreilles légèrement baissées, regard flottant.

Takuya resta un moment silencieux. Puis il tourna lentement la tête vers l’enfant.

— Shéol.

Le chiot redressa la tête, attentif.

— Ce monde… cette ville… Comment on y survit ? Comment on se fait de l’argent ?
Il marqua une pause.
— Et ce lézard… pourquoi il nous a attaqués ? Il ne nous connaissait même pas. C’était gratuit ou... il avait le droit de faire ça ?

Shéol ne répondit pas tout de suite. Il semblait chercher ses mots, ou peut-être peser ce qu’il avait le droit de dire.

— C’est… comme ça ici, dit-il finalement d’une voix douce. Ceux qui n’ont pas de marque, ils ne sont… rien.
Il baissa les yeux, les oreilles tombant légèrement.
— Le lézard noir, il a une classe. Il fait ce qu’il veut. Les autres regardent pas. Ils veulent pas de problèmes.

Takuya serra les dents. Il n’aimait pas la sensation de colère froide qui montait dans sa poitrine. Mais il la canalisa, comme toujours, en questions.

— D’accord. Et pour… gagner quelque chose. De l’argent, du statut. Comment on fait ?

Shéol leva les yeux, plus sûr de lui cette fois.

— Tu peux… gravir la Tour. Monter les étages, faire des contrats.
Il compta doucement sur ses doigts.
— Ou devenir mercenaire. Travailler pour les guildes. Ou combattre dans les arènes. Il y en a… des officielles, et des secrètes.
Il hésita.
— Sinon… voler. Chasser. Récupérer des fragments. Les vendre.

Il s’interrompit, comme s’il venait de dire quelque chose qu’il ne devait pas. Takuya ne le reprit pas tout de suite.

— Et… il faut quoi pour ça ? On ne peut pas juste… se pointer ?

Shéol secoua la tête.

— Il faut une classe.

Le mot résonna. Simple, tranchant.

— Tout le monde ici a une classe, dit le chiot. Même ceux avec des marques faibles.
Il montra du doigt un bâtiment lointain à demi-visible derrière les toits.
— On peut en apprendre dans les académies. C’est… comme des écoles. Pour les guerriers, les mages, les pisteurs, les bricoleurs…

Takuya fronça les sourcils.

— Et nous, on peut y entrer ?

Shéol hésita. Il détourna le regard.

— Non. Pas sans marque. Pas sans… autorisation. Et ça coûte.

— Bien sûr que ça coûte, grogna Takuya à voix basse.

Le silence retomba. Seul le bruit lointain d’un marteau résonnait dans une forge voisine.

Takuya croisa les bras, réfléchissant vite. Le système était clair : statut, classe, activité. Sans le premier, les deux autres étaient inaccessibles. C’était une chaîne. Une boucle fermée. Un cercle vicieux.

— CAINE.

« En écoute. »

— Tu confirmes ce qu’il dit ?

« L’analyse sociale croisée des trois derniers jours et les données collectées confirment à 82 % les dires de l’entité Shéol. Les marques lumineuses semblent fonctionner comme des identifiants de classe et de privilège. L’accès aux ressources, aux lieux et aux statuts est conditionné à ces symboles. »

— On peut en créer une ? Une fausse ?

« Tentative extrêmement risquée. Sanction observée sur une autre entité sans marque ayant falsifié une lueur : neutralisation publique par combustion spontanée, probablement activée par la Tour elle-même. »

Takuya se massa les tempes.

— Donc… pas d’argent, pas de marque. Pas de marque, pas de classe. Pas de classe, pas d’activité. Pas d’activité… pas de survie.

« Résumé exact. »

Rek, jusqu’alors silencieux, émit un grondement bref. Takuya se tourna vers lui.

— Ça te fait réagir ?

Le gobelin hocha la tête.

— On est à l’extérieur de leur monde. Et pour entrer, il faut jouer avec leurs règles. Ou les briser.

Takuya regarda Shéol, toujours accroupi.

— Toi… t’as une classe ?

Le chiot secoua la tête. Non. Rien. Pas encore.

Un silence. Puis Takuya se redressa, s’étira malgré la douleur.

— Alors on va en obtenir une. Peu importe comment. C’est notre point d’entrée.

Rek leva les yeux vers lui, sérieux. Il ne dit rien, mais son regard parlait. Il suivrait. Il avait déjà choisi.

La lumière artificielle de la ville avait commencé à baisser. Un crépuscule contrôlé, presque réglé mécaniquement.

Shéol s’était pelotonné contre un mur, l’air plus calme. Pas heureux, mais… plus apaisé. Comme si le fait de parler avait allégé quelque chose.

Takuya resta debout un moment, les bras croisés, le regard levé vers l’architecture invisible de la Tour.

— Ce monde a ses règles, murmura-t-il. Il va falloir les apprendre. Ou les contourner.

---

Le matin — ou ce que la Tour simulait comme tel — arriva sans prévenir. La lumière artificielle jaillit d’un coup, douce mais immédiate, repoussant les ombres de la ruelle. Il n’y eut ni chant d’oiseau, ni frémissement naturel. Juste le passage sec d’un monde qui s’éclaire selon un horaire préprogrammé.

Takuya était déjà éveillé.

Il n’avait presque pas dormi. Son dos lui faisait mal, ses bras étaient ankylosés, et pourtant son esprit était plus actif que jamais. Trois jours d’errance. Une humiliation cuisante. Un système verrouillé. Et un seul moyen d’y entrer : avoir une classe.

Assis contre le mur, jambes croisées, il fixait un point invisible dans le vide.

— Tu comptes rester silencieux toute la matinée ? murmura une voix calme à sa gauche.

Rek. Éveillé lui aussi, les bras derrière la tête, adossé au mur opposé.

Takuya leva à peine les yeux.

— Je réfléchis.

— Je sais.

Le ton n’était ni moqueur ni lassé. Juste une constatation. Rek le respectait assez pour le laisser cogiter à son rythme. Mais le silence commençait à peser.

— On ne pourra pas rester dans cette ruelle éternellement, continua le gobelin.

Takuya acquiesça lentement.

— Je sais. Il faut bouger. Trouver une faille. Un endroit où le système n’est pas aussi... hermétique.

Il ferma les yeux.

— CAINE.

« En attente. »

— Tu as observé cette ville. Ce premier étage. Est-ce qu’il existe un endroit où l’absence de marque n’interdit pas complètement l’accès ?

Silence. Quelques secondes seulement.

« Deux zones répondent partiellement à ces critères. Première : le Secteur Gris. Périmètre périphérique à la frontière est de la ville. Zone désaffectée, en reconstruction. Hiérarchie sociale affaiblie, présence de populations irrégulières. Risque élevé.
Deuxième : le Réseau des Murs — ensemble de panneaux d’affichage ou de messages codés, disséminés dans les ruelles basses. Ils proposent des missions, travaux ou échanges non affiliés aux guildes. Aucune garantie de paiement. Niveau de dangerosité variable, souvent élevé. »

Takuya rouvrit les yeux. Deux pistes. Aucun plan.

Mais c’était un début.

Un mouvement discret derrière lui attira son attention. Shéol venait de se réveiller. Encore emmitouflé dans sa couverture sale, il s’était redressé à moitié, oreilles encore basses, les yeux mi-clos.

— Tu parlais du Secteur Gris ? demanda-t-il d’une petite voix.

Takuya tourna lentement la tête.

— Tu connais ?

Le chiot hocha la tête.

— C’est un endroit… où vont ceux qui ont rien. Pas de guilde, pas de classe.
Il hésita.
— On dit qu’il y a des... maîtres cachés. Des gens qui montrent comment... devenir quelque chose. Pas officiel. Mais… parfois, ça marche.

Takuya s’approcha d’un demi-pas.

— Des instructeurs ? Qui peuvent transmettre une classe ?

— Pas une vraie. Pas comme dans les académies.
Il leva un doigt.
— Mais si tu apprends et que tu survis… alors la Tour accepte. Pas toujours, mais parfois.

Takuya resta figé. Une initiation non reconnue, mais tolérée si elle passait l’épreuve de la réalité.

Un hack du système.

— C’est dangereux ? demanda-t-il.

Shéol baissa les yeux. Puis hocha la tête.

— Souvent.

Rek, toujours immobile, cligna lentement des yeux.

— On est déjà en train de crever dans une ruelle. Le danger, on le connaît.
Il marqua une pause.
— Mais là, au moins, c’est une direction.

Takuya inspira profondément. Il sentait ses pensées s’ordonner malgré la fatigue.

— CAINE, tu peux nous tracer un it

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire E.G.Velgarde ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0