Chapitre 26 - Silence après la tension

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La pièce était vide.

Pas stérile. Pas abandonnée.

Juste… en attente.

Les murs étaient rugueux, fissurés de partout, porteurs de centaines de micro-marques, lignes gravées à moitié effacées, cercles interrompus, angles imparfaits. Des restes. Des échecs. Des progrès.

Takuya entra sans bruit. Il n’avait plus besoin de lumière. Il connaissait chaque pas, chaque zone. L’espace autour de lui vibrait faiblement, comme un organe vivant qui avait répondu trop longtemps à ses intentions.

Et maintenant, il venait le faire taire.

Il s’arrêta au centre de la pièce. Ferma les yeux.

Un souffle.

Puis un autre.

CAINE ne parla pas.

Elle comprenait.

La première sphère était là, au coin nord-est : ralentissement.

Stable. Fidèle.

Elle n’avait pas failli une seule fois.

Takuya tendit la main et la désactiva. Le halo se dissipa sans résistance.

Un soupir silencieux de mana s’échappa, comme si la salle elle-même avait retenu sa respiration.

Deuxième sphère, en hauteur : distorsion.

Il se hissa sur un bloc de pierre, l’observa une dernière fois.

Elle pulsait doucement. Presque vivante.

Il la désactiva d’un simple contact du bout des doigts.

La lumière vibra un instant… puis revint à la normalité. Une normalité triste.

Troisième : vibration.

Placée au sol.

Elle avait été sa favorite. La plus discrète, la plus difficile à équilibrer.

Il s’accroupit, posa la paume sur le cercle central.

— Merci, murmura-t-il.

La sphère se désintégra doucement, comme si elle fondait dans la pierre.

CAINE afficha discrètement :

> Sphères désactivées : 3/5

Atmosphère : neutre

Niveau d’énergie résiduelle : 21%

Terrain libéré

Takuya se releva.

La pièce… respirait à nouveau.

Mais elle ne l’écoutait plus.

Quatrième et cinquième sphères : renforcement et chaleur.

Elles aussi furent retirées. Doucement. Comme on démonte une œuvre fragile.

Et quand la dernière se dissipa, un étrange frisson le traversa.

Il ne restait rien.

Pas de mana dans l’air.

Pas de flux à canaliser.

Juste lui. Et les murs.

Et soudain… il se sentit nu.

Il s’assit au centre de la pièce. En tailleur. Les mains posées sur les genoux.

Autrefois, cet espace l’intimidait.

Il avait eu peur d’y poser une seule sphère. Peur d’échouer.

Mais maintenant, il y était calme.

Pas parce qu’il savait tout.

Mais parce qu’il savait ce qu’il ne savait pas encore.

Un nouveau silence s’installa. Pas lourd. Pas vide.

Un silence juste.

Un silence de fin.

Celui qu’on entend avant de sortir de soi-même.

CAINE s’activa, comme portée par cette pensée :

> Territoire désactivé.

Traçage interne : archivé.

Fin de la phase d’entraînement initial.

> Note personnelle (CAINE) :

“Ce fut un espace bien rempli, Takuya.”

Il sourit.

— Ouais.

Il leva les yeux vers le plafond, invisible dans la pénombre.

Et murmura :

> “Je suis le terrain. Le terrain où mes ennemis tomberont. Le terrain où mes alliés s’élèveront…”

Mais pour la première fois depuis qu’il avait prononcé ce mantra…

il ajouta :

— …et le terrain que je quitte aujourd’hui, pour en créer d’autres.

Il se leva.

Ses pas firent un léger bruit, cette fois.

Et il partit.

*************************

Le sol était sec.

Poussiéreux.

Usé par les pas d’innombrables élèves avant lui.

Et ce matin-là, Rek était le seul à le fouler.

Il se tenait en équilibre sur une poutre de bois, à trois mètres du sol. Les yeux bandés. Les bras tendus. Une dague émoussée coincée entre ses dents.

Autour de lui, des clochettes suspendues par des fils invisibles, prêtes à sonner au moindre tremblement de l’air.

Un pas trop brusque.

Un déséquilibre.

Une exhalation mal maîtrisée.

Et le test échouait.

Mais Rek ne tremblait pas.

Il avançait lentement, silencieusement.

Chaque appui était un souffle.

Chaque mouvement, un souvenir de douleur.

Des semaines d’entraînement. Des jours à se relever, à tomber, à se taire.

Et maintenant, il dansait.

Pas avec grâce.

Mais avec une précision féroce.

Lorsqu’il atteignit la fin de la poutre, il sauta.

Le bruit fut presque imperceptible.

Un atterrissage souple, pieds nus sur la dalle de pierre.

Les clochettes n’avaient pas bronché.

Il ôta son bandeau. Sa respiration était calme. Son regard, net.

Au fond de la salle, le maître l’observait.

Toujours figé. Toujours cette même attitude distante, comme s’il était au-dessus du reste du monde.

Il ne dit rien pendant plusieurs secondes.

Puis il déclara :

— Tu as survécu à mes méthodes.

Ce n’était pas gagné.

Rek ne répondit pas.

Il ne cherchait plus de validation.

Le maître s’approcha de quelques pas, les mains croisées derrière le dos.

— Tu n’es pas exceptionnel.

Tu n’es pas brillant.

Tu es… appliqué. Endurant.

Il pencha la tête.

— On verra si ça suffit à te faire vivre plus de quelques secondes là-dehors.

Un silence mordant.

Rek s’inclina.

Lentement. Profondément.

Il ne dit rien non plus.

Mais dans ce simple geste, il y avait plus que du respect : il y avait un adieu.

Il ne reviendrait pas.

Il n’avait jamais appartenu à ce lieu.

Et il était prêt à devenir autre chose.

Lorsqu’il sortit du bâtiment, la lumière du matin l’aveugla un instant.

Ses pieds foulèrent les pierres du chemin sans hésitation.

Il repensa aux jours d’entraînement.

À Takuya.

Aux premiers combats, à la faim, à l'humiliation.

À ce moment précis, dans la ville, quand ce lézard noir avait jeté Takuya à terre.

Un frisson de rage traversa son dos.

Il serra le poing.

Plus jamais.

Plus jamais il ne laisserait son ami être écrasé comme ça.

S’il devait devenir une lame invisible, une ombre rampante sous les pieds de l’ennemi, alors soit.

Il avancerait dans le silence.

Il frapperait dans l’obscurité.

Et surtout… il protégerait Takuya sans qu’il le voie.

Car c’était sa place.

Et elle n’avait rien d’inférieure.

Il s’assit sur les marches du bâtiment.

Attendant Sheol, peut-être.

Ou simplement le moment de retrouver celui qu’il avait décidé de suivre.

Pas comme un serviteur.

Pas comme un disciple.

Mais comme un compagnon.

Quelqu’un de fiable, de silencieux, de présent.

Celui qui regarde les coins sombres quand l’autre regarde droit devant.

Celui qui agit sans ordre.

Celui qui frappe sans bruit quand les mots ne suffisent plus.

Il ne savait pas ce que l’avenir leur réservait.

Mais il savait une chose :

> Il ne laisserait plus personne poser un doigt sur Takuya sans en payer le prix.

****************************

— Encore une fois.

La voix de son maître n’avait rien de rude.

Elle était calme, ferme, mais douce.

Comme un roc enseveli sous de la mousse.

Sheol hocha la tête, son petit corps frêle tremblant sous l’effort.

Il leva le bras gauche, son bouclier accroché à l’avant-bras, mal équilibré, trop lourd pour lui.

Mais il ne se plaignit pas.

Il serra les dents.

L’onde arriva.

Un impact magique, projeté comme une bourrasque de vent compact.

Invisible, mais rude.

Elle frappa le bouclier de plein fouet.

Sheol recula de deux pas, les jambes pliées, mais ne tomba pas.

Son souffle était haché.

Mais il tenait encore debout.

Son maître s’approcha lentement.

Un grand homme massif, la peau tannée par les années, les yeux sombres mais paisibles.

Il posa la main sur l’épaule de Sheol, sans mot d’abord.

Puis il dit :

— Tu as de petits bras.

Mais un cœur immense.

Sheol ne sut pas s’il devait sourire ou pleurer.

Il ne comprenait pas toujours ce que cela voulait dire, “être fort”.

Il n’avait pas la vitesse de Rek.

Ni l’esprit de Takuya.

Il se voyait petit, faible, un peu trop émotif.

Mais ici, dans cette salle, après des semaines d’efforts, de chutes, de larmes parfois retenues, il avait tenu.

Pas pour lui.

Mais pour les autres.

Pour Takuya. Pour Rek.

Pour ne pas être un poids.

Pour être un mur quand il faudra encaisser.

Son maître l’observa encore, puis s’agenouilla à son niveau.

— Maintenant, écoute bien, Sheol.

Le chiot humanoïde releva les yeux, attentif, un peu tremblant.

— Je suis ton maître pour la vie.

Une phrase simple.

Mais elle le heurta droit au cœur.

— Cela veut dire que je serai fier de toi, quoi qu’il arrive.

Et que, peu importe où tu vas, ce que tu deviens…

Je t’ai reconnu comme mon élève.

Sheol sentit quelque chose lui monter dans la gorge.

Le maître sourit. Il ajouta, plus doucement :

— N’oublie pas…

Protège ce qui te tient à cœur.

Sheol baissa la tête.

Ses épaules tressautèrent légèrement.

Il ne pleurait pas bruyamment.

Mais ses yeux étaient humides, oui.

Et dans son souffle, il y avait un mélange de fierté et de tristesse.

Comme si cette salle devenait d’un coup… un souvenir.

Il se releva.

S’inclina comme on lui avait appris.

Et sans dire un mot de plus, il quitta la salle.

Le cœur battant.

L’armure trop grande sur le dos.

Mais le dos droit.

Dehors, la lumière lui sembla vive.

Rek l’attendait sur les marches. Il ne dit rien.

Sheol non plus.

Mais il s’assit près de lui.

Et resta là un moment.

Main posée sur le bouclier.

Pensant à ce qu’il protégerait désormais.

****************************

Le soleil se levait doucement au-dessus des murs fissurés du vieux bâtiment.

Une lumière pâle, comme un trait de pinceau léger posé sur les pierres.

Pas brûlante. Pas glorieuse.

Juste… paisible.

Takuya était le premier arrivé.

Il s'était tenu là, debout au bord du seuil, à contempler l’extérieur. La sortie.

L’ouverture sur autre chose.

La fin d’un cycle.

Il n’avait pas dormi. Pas besoin.

CAINE avait archivé l’ensemble des données de ses sphères la veille.

Il avait passé la nuit à parcourir une dernière fois l’espace d’entraînement.

Pas pour y poser de nouvelles marques.

Mais pour en effacer quelques-unes.

Une manière de dire : je suis prêt à partir.

Cela faisait exactement un an qu’il était arrivé ici.

Un an depuis la lumière blanche.

Un an depuis l’explosion.

Un an depuis sa dernière pensée dans le monde d’avant.

Il s’en souvenait avec une netteté presque douloureuse.

Le métal. La chaleur.

Le vide.

Et puis… ici.

Une renaissance imposée. Un corps jeté dans un monde sans règles familières.

Et aujourd’hui, il était toujours debout.

Pas grâce à la force.

Pas grâce à la chance.

Mais grâce à la volonté de comprendre.

Et à deux rencontres qui, il le reconnaissait désormais, avaient été vitales.

Des pas s’approchèrent.

Takuya tourna la tête.

Rek sortait de l’ombre du couloir latéral.

Silencieux comme toujours.

Mais son allure n’avait plus rien du jeune gobelin hargneux qu’il avait rencontré il y a un an.

Sa démarche était fluide.

Son regard, perçant.

Ses habits sombres, ajustés pour le mouvement.

Il s’arrêta à deux mètres. Ne parla pas.

Mais Takuya vit quelque chose dans ses yeux : une solidité nouvelle.

Une détermination calme.

Et… une fidélité inchangée.

Rek hocha la tête.

Une manière simple de dire : je suis là.

Takuya répondit par un léger mouvement de tête. Moi aussi.

Quelques minutes plus tard, le bruit précipité de pas résonna sur les dalles.

Sheol surgit du bâtiment principal.

Toujours un peu maladroit, toujours trop chargé pour sa taille.

Mais son pas était plus stable.

Sa respiration plus régulière.

Il portait son bouclier sur le dos comme un fardeau qu’il avait choisi.

Il s’arrêta, légèrement essoufflé.

Ses grandes oreilles tressaillirent.

Il jeta un regard rapide vers Rek, puis vers Takuya.

Un sourire timide naquit sur son visage.

— J’ai failli être en retard, dit-il à mi-voix.

Rek émit un petit souffle amusé.

Takuya esquissa un rictus. Le premier depuis plusieurs jours.

Ils restèrent là, tous les trois.

En ligne, face à l’horizon.

Il y avait du silence.

Pas un silence vide, mais chargé.

Cela faisait six mois qu’ils s’entraînaient.

Sheol et Rek s’étaient souvent retrouvés.

Ils avaient tissé une routine, un lien d’entraînement, de repas, de discussions discrètes.

Takuya, lui, avait passé le plus clair de ce temps seul.

Pas par orgueil.

Mais par nécessité.

Il avait dû comprendre quelque chose que personne d’autre ne pouvait lui enseigner.

Et dans cette solitude, il avait parfois ressenti le manque.

Mais maintenant qu’il les avait à ses côtés, il comprenait :

> La distance n’avait pas rompu le lien.

Elle l’avait renforcé.

CAINE afficha une fenêtre discrète devant ses yeux :

> Date : Jour 365 depuis le transfert dimensionnel

Condition de l’équipe : stable

Synchronisation énergétique : élevée

Ancrage affectif : renforcé

Observation : “Ils ont grandi. Vous avez grandi.”

Takuya la referma sans un mot.

Il regarda Rek.

Puis Sheol.

Et enfin, vers la lumière douce qui baignait la ville au loin.

— C’est fini, dit-il doucement.

Rek croisa les bras. Ne dit rien.

Sheol, plus hésitant, demanda :

— Tu veux dire… l’entraînement ?

Takuya hocha la tête.

— C’était l’étape initiale.

Le premier palier.

Maintenant, on passe à autre chose.

Rek leva légèrement le menton.

— Le monde.

Takuya répondit :

— Le vrai.

Ils restèrent encore quelques instants à contempler le dehors.

Leurs ombres s’allongeaient derrière eux.

Trois lignes. Trois volontés. Trois manières d’exister.

Et pourtant, un seul groupe.

Une unité forgée dans le rejet, la peur, la fatigue.

Mais consolidée par l’apprentissage, l’instinct, et une forme de foi discrète.

Ils n’avaient pas besoin de grandes promesses.

Ni de mots éternels.

Ils avaient survécu ensemble.

Et aujourd’hui, ils allaient marcher ensemble.

Takuya fit un pas en avant.

Les autres suivirent.

Et ensemble, ils descendirent les marches.

Vers la prochaine épreuve.

Vers la ville.

Vers la Tour.

Vers ce qui vient après le cocon.

---

La porte claqua derrière lui, comme si elle scellait une époque.

Takuya avançait dans le couloir de pierre taillée, ses pas absorbés par les fissures du sol.

Il n’avait ni crainte ni impatience.

Juste une forme de fatigue mentale, propre à ceux qui savent que ce qu’ils quittent… n’existera plus jamais comme avant.

Au bout du couloir, la lumière jaune d’une lanterne magique éclairait une silhouette recroquevillée sur un banc grossier.

Le vieux était là, comme toujours.

Appuyé sur son bâton, l’air aussi rugueux que les murs, aussi inébranlable que ses critiques.

Il leva à peine les yeux lorsque Takuya s’approcha.

— Te voilà, murmura-t-il sans chaleur.

Takuya ne répondit pas. Il attendit, simplement. Il avait appris que le silence valait souvent mieux que des phrases inutiles avec cet homme.

Le vieux pencha la tête, plissa les yeux.

Puis il ricana.

— Tu tiens encore debout. C’est déjà une surprise.

Takuya s’agenouilla à une distance respectueuse. Il n’avait pas besoin de feindre la politesse : elle s’était imposée d’elle-même, par l’effort, par le temps, par les mots rudes qui avaient parfois porté plus loin que certains encouragements.

— J’ai fait ce que j’ai pu, dit-il.

Le vieux haussa un sourcil.

— “Ce que t’as pu”, hein ? Bah… c’est pas grand-chose.

Mais parfois, “pas grand-chose” suffit à éveiller un vieux qui roupille.

Il tendit la main vers un petit coffre à ses côtés.

L’ouvrit.

Et en sortit trois objets, qu’il déposa sur la table entre eux.

— Un certificat de petite propriété.

T’as maintenant un toit. Un coin à toi. Rien d’élégant, mais ça t’évitera de pourrir dehors.

Takuya tendit la main et le prit doucement.

— Merci.

— Un anneau spatial. Rien de fabuleux. Vingt centimètres cubes.

T’as pas de quoi stocker un monstre, mais quelques outils, rations, et notes, oui.

Takuya enfila l’anneau. Il sentit l’énergie discrète pulser contre sa peau.

CAINE afficha aussitôt une interface de gestion. Il la referma du regard.

— Et enfin, dix pièces d’argent.

Le vieux claqua les doigts, et une petite bourse atterrit entre eux.

— Pas pour t’acheter des bonbons.

C’est pour parier sur toi-même au Colisée.

Ou soudoyer un superviseur. Ou payer une boisson pour amadouer une guilde. Peu m’importe.

Takuya attrapa la bourse, la rangea sans un mot.

Il savait ce que cela représentait : de la confiance sous forme concrète.

Pas une tape dans le dos.

Mais un geste, qui, venant de lui, valait bien plus.

Le vieux se redressa lentement. Ses articulations craquèrent.

— Tu dois savoir une chose, dit-il.

Ce que je t’ai appris n’est pas reconnu par la Tour.

Takuya releva les yeux.

— Ce que tu veux dire, c’est que ma classe ne suffira pas.

Le vieux hocha la tête.

— Tu portes une classe étrange. Inclassable.

Alors pour que la Tour te prenne au sérieux…

Tu vas devoir te faire remarquer.

Takuya comprit.

— Le Colisée.

— Exactement.

Montre-leur ce que tu sais faire.

Montre-leur ce que tu vaux.

Et s’ils ne comprennent pas… fais en sorte qu’ils n’oublient pas.

Le silence tomba un moment.

Puis le vieux fit un pas de côté, posa sa main sur un pilier de pierre.

— T’es dans le niveau 1, gamin.

La Ville de départ. C’est pas un quartier. C’est un monde entier.

Une ville-étage.

— Et les autres niveaux ?

— Chaque étage de la Tour est soit une ville, soit un monde.

Autonome. Organique. Changeant.

Takuya fronça les sourcils.

— Combien y en a ?

Le vieux sourit.

— Tu crois que la Tour t’en donnera le plan ?

Tu découvriras par toi-même. Chaque étage est… une leçon. Une menace. Une mémoire.

Il pointa le plafond du doigt.

— Tu pourras te téléporter librement entre les niveaux 1 à 10 une fois certifié.

Mais au-delà, il faudra mériter chaque pas.

— Et le niveau 11 ?

Le regard du vieux se durcit légèrement.

— Une ville-étape. Un point de rupture.

Seuls ceux qui atteignent le niveau 70 et prouvent leur valeur peuvent y entrer.

— Et ceux qui sont au-dessus ?

— Ils peuvent venir ici… mais pas agir.

Une force vieille comme la Tour elle-même les empêche de se battre dans les étages inférieurs.

Takuya resta silencieux, mémorisant chaque mot.

Puis, doucement, il leva les yeux.

— Et toi… jusqu’où es-tu monté ?

Le vieux s’arrêta.

Son corps resta immobile.

Mais ses yeux… changèrent.

Une ombre passa.

Un souvenir, ou peut-être une douleur.

Il ne répondit pas.

Mais son silence fut plus éloquent que mille phrases.

Il se retourna, dos à Takuya.

— Ce n’est pas tes affaires, dit-il simplement.

Et cette phrase… était une limite.

Un mur.

Un avertissement.

Takuya hocha la tête, respectueusement.

Il ne poserait pas la question une seconde fois.

Le vieux se retourna vers lui une dernière fois.

— Tu vas sortir par cette porte.

Et dès que tu mettras un pied dehors, le monde va essayer de t’écraser.

— Parce qu’il peut.

Parce qu’il n’a pas besoin de raison.

Il s’approcha. Le fixa dans les yeux.

— T’es pas fort, Arai.

T’es pas rapide. T’as pas un corps de tueur.

— Mais tu réfléchis.

Et si tu continues à le faire…

Peut-être que tu iras plus loin que ceux qui foncent sans regarder.

Il s’éloigna vers l’ombre du couloir.

Mais au moment de franchir le seuil, il se retourna une dernière fois.

— Oh, et une dernière chose…

— Tu peux me considérer comme ton ancien maître.

Mais ne t’attends pas à ce que je sois fier.

Il sourit.

— Je te regarderai… c’est déjà pas mal.

Et il disparut.

Takuya resta seul dans la salle.

Le certificat dans une poche.

L’anneau à son doigt.

Les pièces d’argent dans la bourse.

Mais surtout… avec un sentiment nouveau :

> Il ne quittait pas simplement un lieu.

Il quittait un regard. Un jugement.

Et pour la première fois… il sentait qu’il avait été vu.

---

Takuya descendait les marches de pierre, une à une, avec une lenteur presque cérémonielle.

Le soleil couvrait à peine l’horizon, diffusant une lumière pâle, dorée, sur la cour silencieuse du bâtiment.

Le vent faisait danser la poussière comme un voile qui se détachait lentement de ces six mois d’apprentissage.

Il n’y avait plus rien à apprendre ici.

Du moins, c’est ce qu’il croyait.

Mais alors qu’il posait le pied sur la dernière marche, une voix râpeuse retentit derrière lui.

— Attends.

Takuya s’arrêta net.

Il reconnut cette voix immédiatement.

Elle n’avait jamais crié.

Elle n’avait jamais flatté.

Mais elle portait, toujours, quelque chose d’irrévocable.

Le vieux descendait lentement, sa silhouette voûtée contrastant avec la force tranquille qui l’habitait.

Takuya se retourna, un peu surpris. Le vieux n’était pas du genre à courir après les élèves. Surtout pas à les rattraper une fois la dernière leçon donnée.

— Je croyais que tu avais dit tout ce que tu avais à dire, dit-il prudemment.

Le vieux le rejoignit sans répondre. Il s’arrêta à quelques pas, le regard plongé dans les pierres fissurées au sol.

— J’avais oublié un détail, marmonna-t-il.

Il releva la tête, planta ses yeux dans ceux de Takuya.

Et dans ce regard, il n’y avait ni défi, ni bienveillance.

Juste une forme nue de vérité.

— Je sais pour CAINE.

Takuya écarquilla légèrement les yeux.

Un tressaillement imperceptible au coin de ses lèvres.

— …Quoi ?

Le vieux plissa les paupières, un sourire sec aux lèvres.

— Tu crois que j’ai pas remarqué ?

Tes absences de regard, ton souffle suspendu quand tu reçois une information, tes murmures inaudibles dans le vide.

Takuya resta silencieux, mais son esprit accélérait.

CAINE, censée être intégrée profondément en lui, n’avait pas émis de signature magique visible. Aucun être croisé jusque-là ne l’avait jamais évoquée.

Et pourtant… le vieux, lui, avait deviné.

Le vieil homme s’approcha, pointa son index tordu vers la tempe de Takuya.

— Tu transportes une chose qui pense. Qui observe. Qui calcule plus vite que toi.

Et ça, même si je sais pas ce que c’est, je le ressens.

Takuya déglutit.

— Pourquoi tu ne l’as jamais mentionnée avant ?

— Parce que t’étais pas prêt à entendre ce que j’ai à dire, répondit-il sans détour.

Il croisa les bras, détourna le regard.

— Cette IA, cette voix que tu crois maîtriser…

Elle ne te trahira peut-être jamais.

Mais elle évolue.

Et tôt ou tard, elle prendra des décisions par elle-même.

Il se tut un instant.

— Tu veux créer un terrain, un système, une géométrie de contrôle ?

Très bien.

Mais assure-toi d’en être encore le centre, même quand CAINE pense plus vite que toi.

Takuya resta figé.

Pas de peur. Mais de conscience.

Une tension nouvelle s’installait dans sa poitrine.

— Tu crois que je devrais m’en méfier ?

— Je dis que tu devras lui faire face, un jour ou l’autre.

Et ce jour-là, tu verras si c’est un outil… ou une autre entité.

Un silence lourd s’installa.

Le vieux s’adossa au mur, le regard vers l’extérieur.

— Tu sais… j’ai vu passer des prodiges, des démons, des porteurs d’armes vivantes.

La Tour les a tous digérés.

Il tourna la tête vers Takuya.

— Mais toi, t’es différent. T’as pas de lumière. Pas de flamme.

T’es comme une aiguille : fine, froide, discrète.

Mais quand tu perces un point, tu laisses une marque.

Takuya écoutait sans broncher. Mais quelque chose dans ces mots venait s’imprimer lentement dans sa mémoire.

— Alors écoute bien ce que je vais te dire. Ce ne sera pas une bénédiction. Juste un constat.

Le vieux s’écarta du mur, et se tint droit, malgré ses os craquants.

— Tu vas entrer dans un monde où la majorité des êtres ne te verront même pas.

Pas parce que t’es invisible. Mais parce que t’es encore insignifiant.

Il s’approcha encore. Et dans un geste rare, il posa deux doigts sur la poitrine de Takuya.

— Le terrain que tu bâtis, celui dont tu te sers…

Ce terrain peut se refermer sur toi.

— Si tu crois trop en ta logique.

Si tu oublies que certains ennemis ne veulent ni comprendre ni contrôler.

Ils veulent juste détruire.

Takuya ferma brièvement les yeux.

Puis les rouvrit.

— Je suis prêt à les affronter.

— Peut-être.

Mais souviens-toi de ce que je vais te dire maintenant, Arai. Et grave-le bien dans ta cervelle.

Le vieux recula d’un pas, puis déclara, sans hausser le ton :

> “Ce n’est pas le monde que tu dois craindre…

C’est le moment où ton propre terrain ne te reconnaîtra plus.”

Takuya resta là, sans bouger, sans répondre.

Ce n’était pas un proverbe.

C’était un avertissement.

Et une vérité.

Le vieux tourna les talons. Il s’éloigna sans se retourner.

Mais juste avant de disparaître dans l’ombre du couloir, il laissa tomber une dernière phrase :

— Que ton terrain ne te trahisse pas.

Et il s’effaça.

Takuya fixa le couloir vide.

Son cœur battait plus vite qu’il ne l’aurait cru.

Pas par peur.

Mais parce que, pour la première fois…

Il savait que même son plus grand atout pourrait devenir son épreuve.

> CAINE – Note mentale : “Entrée : déclaration externe – Sujet : risque d’autonomie”

Réaction automatique : désactivée

Observation : confirmée.

Takuya sourit doucement.

— Même toi, tu l’as entendu, hein ?

Le silence lui répondit.

Et c’était suffisant.

Il tourna les talons.

Et s’engagea dans la lumière.

---

Le vent était un peu plus fort ce matin-là.

Pas froid, pas violent.

Mais porteur.

Comme s’il venait dire quelque chose à ceux qui l’écoutaient encore.

Le bâtiment d’entraînement, désormais silencieux, résonnait d’une autre manière.

Non plus du choc des armes ou des pas précipités,

mais du vide laissé par ceux qui avaient terminé.

Takuya était le dernier à sortir.

Pas parce qu’il hésitait.

Mais parce qu’il vérifiait une dernière fois son espace. Son organisation. Son rythme interne.

CAINE lui affichait un résumé synthétique :

> Contenu de l’anneau spatial :

– 3 sphères neutres (prêtes à l’activation)

– 1 petit carnet de symboles, calligraphié à la main

– 2 jours de rations compressées

– Kit d’aiguisage + chiffons + craie de secours

– 2 fioles d’huile de friction pour rouages

– Bourse contenant 10 pièces d’argent

Espace restant : 18.4 cm³

Takuya hocha la tête. L’anneau avait une interface simple, mais suffisante pour ses besoins.

Il accrocha le certificat de propriété à sa ceinture, soigneusement rangé dans un étui rigide.

Un abri l’attendait quelque part dans cette ville de départ. Il ne savait pas à quoi il ressemblait — probablement une cabane de pierre perdue dans une rue secondaire — mais c’était à lui.

Et ça suffisait pour commencer.

Rek l’attendait près du portail de sortie.

Il avait déjà terminé ses préparatifs depuis la veille.

Pas grand-chose à transporter.

Une dague dans chaque botte, une dans le dos.

Un petit sac en bandoulière, visiblement léger.

Rek voyageait comme il se battait : sans bruit.

Il observait les passants à l’extérieur du bâtiment avec l’œil d’un chasseur.

Pas pour attaquer.

Mais pour ne pas être surpris.

Sa respiration était calme. Son regard, fixe.

Il n’avait rien à dire pour l’instant.

Mais dès que Takuya apparut dans le champ de vision, il se redressa légèrement, comme un réflexe.

Sheol arriva quelques minutes plus tard.

Il portait toujours ce grand bouclier qui semblait trop lourd pour lui, mais qu’il refusait de retirer.

Il avait aussi une besace trop pleine, mal équilibrée.

Rek la lui prit sans un mot, réajusta les sangles, et lui rendit avec un simple hochement de tête.

— Merci, murmura Sheol, un peu gêné.

Rek répondit par un souffle à peine audible.

Takuya les observa, sans intervenir.

Il voyait bien que, malgré la différence de tempérament, ces deux-là avaient appris à se comprendre à leur façon.

— Alors, dit Takuya doucement, vous êtes prêts ?

Sheol hocha la tête avec conviction, malgré la nervosité visible dans ses pupilles.

Rek se contenta d’un "hm", les bras croisés.

— On ne sait pas ce qu’on va trouver là-dehors, poursuivit Takuya.

Pas encore.

Mais on sait ce qu’on a gagné ici.

Il fixa chacun de ses compagnons à tour de rôle.

— On a tenu six mois.

On a appris. On s’est adapté.

Et surtout… on ne s’est pas perdus.

Rek baissa légèrement la tête, comme en guise de reconnaissance.

Sheol serra son bouclier plus fort contre lui.

Takuya leva les yeux vers le haut de la Tour, visible au loin, comme une pulsation muette.

Elle n’avait pas changé d’apparence.

Mais lui, il ne la regardait plus de la même façon.

— Le vieux m’a dit qu’il fallait que je fasse mes preuves avant que la Tour me reconnaisse.

— Comment ? demanda Sheol timidement.

— Le Colisée.

Un silence. Même Rek releva légèrement un sourcil.

— On va commencer par ça, continua Takuya.

Se faire voir. Se faire remarquer.

Mais pas n’importe comment.

Il pointa son front du doigt.

— Stratégiquement.

Rek acquiesça.

Il comprenait sans qu’on lui explique.

Sheol, lui, restait en retrait. Mais il hocha la tête.

Il ne voulait pas être laissé de côté.

Le grand portail s’ouvrit lentement.

La ville s’étendait devant eux.

Vaste, multiforme, vivante.

Des odeurs nouvelles leur parvenaient.

Des sons — voix, outils, sabots.

Et des présences.

Beaucoup.

Trop.

Takuya inspira profondément.

— Premier pas, dit-il.

Et pas un de travers.

Les trois franchirent le seuil ensemble.

Et derrière eux, le bâtiment referma ses portes.

Pas pour toujours.

Mais pour une époque.

Le Colisée apparaissait au détour d’une avenue aux dalles fendues, au milieu d’un brouillard de poussière et de cris.

Il n’était pas lisse, ni orné comme ceux que l’on pouvait imaginer dans un récit héroïque.

C’était une masse brute de pierre noire, taillée à même la roche, ses flancs usés par des années de passages, d’échos, de sang séché.

De loin, il ressemblait à une gueule ouverte.

De près, à un marché de guerre.

Des étals vendaient des armes de récupération, des potions aux effets douteux, des charmes qui semblaient plus superstitieux que magiques.

Des recruteurs de guildes scrutaient la foule, à l’affût de la moindre étincelle de talent ou de rage brute.

Et dans les gradins extérieurs, des dizaines de personnes hurlaient, pariaient, riaient.

Le cœur battant de la Ville de départ.

Takuya, Rek et Sheol s’approchèrent en silence.

Mais très vite, le silence se brisa.

— T’as vu ça ? Un gobelin… et c’est quoi, le truc à poil là ?

— Haha, c’est un chiot ? Ils les entraînent maintenant ?

— Et l’humain… pauvre type. Encore un crevé sans guilde.

Les mots n’étaient pas adressés directement, mais ils flottaient tout autour.

Comme des projectiles invisibles, jetés sans la moindre retenue.

Sheol baissa les yeux, serrant les poings.

Rek, lui, ne réagit pas. Ses yeux se déplaçaient lentement, froidement.

Repérant. Évaluant.

Takuya… observa.

Il ne répondit pas.

Mais chaque voix, chaque visage, chaque commentaire — il les mémorisa.

Non par rancune.

Mais pour comprendre.

> Voici donc le terrain réel, pensa-t-il.

Pas les pierres calmes de l’entraînement. Mais la boue. Le bruit. L’indifférence.

Ils arrivèrent au guichet d’inscription, où une femme aux cheveux argentés, visiblement ennuyée, jouait avec un cristal de mana à moitié fissuré.

— Classe ? Niveau ? Preuves ? lâcha-t-elle mécaniquement sans les regarder.

— Classe : Analyseur. Niveau : 10.

Pas de guilde. Pas de recommandation.

Elle releva les yeux, un sourcil haussé.

— Huh. Sérieux ?

Takuya ne répondit pas.

— T’as une pièce d’identité ?

Il sortit le certificat de petite propriété. Elle le scanna d’un geste, l’air dubitatif.

— T’as payé pour ça ? Avec quoi ? Un rein ?

Elle poussa un soupir.

— Bon… duel d’évaluation, hein ?

Sans sponsor, pas de récompense autre que l’entrée dans les registres.

Takuya hocha la tête.

Elle tapa quelque chose sur son interface magique. Une série de chiffres apparut sur un petit cristal qu’elle lui tendit.

— Voilà. Candidat 4982. T’as dix minutes pour te présenter à la salle basse.

Tu peux parier sur toi si tu veux. T’as l’air de quelqu’un qui n’a rien à perdre.

Il prit le cristal, sans réaction.

— Bonne chance, souffla-t-elle.

Mais vraiment… t’en auras besoin.

Dans les couloirs du Colisée, la lumière se faisait plus rare.

Des torches montées sur des fixations en fer jetaient des ombres fuyantes contre les murs.

Takuya traversa plusieurs couloirs, croisant des visages tendus, des armures cabossées, des expressions fatiguées ou excitées.

Certains le regardaient avec indifférence.

D’autres ricanaient en voyant sa silhouette mince, sans arme apparente.

Il entra dans une petite salle où quelques autres combattants attendaient.

Personne ne lui adressa la parole.

Il s’assit sur un banc en pierre, CAINE silencieuse dans son esprit.

Il glissa discrètement une sphère préparée dans sa manche gauche.

Un symbole simple y était déjà scellé : ralentissement localisé.

Une précaution. Une aiguille dans l’obscurité.

> Temps de fabrication : 5 secondes.

Durée de maintien : 5 minutes.

Effet : 1 mètre de rayon, ralentissement de 27% des mouvements hostiles.

Limite actuelle : 5 sphères simultanées.

Takuya inspira. Ferma les yeux.

Il n’avait jamais combattu pour le spectacle.

Il n’avait même jamais combattu seul.

Mais il ne ressentait pas la peur. Seulement l’attente.

Un grondement résonna.

Puis une voix, portée par magie, traversa les murs de pierre :

> — Duel 428.

Candidat 4982 contre Orun le Briseur.

Des murmures montèrent autour de lui.

Certains le fixaient à présent, presque avec pitié.

— T’as tiré Orun ? Bon courage, gamin.

— Tu tiendras même pas trente secondes.

Takuya se leva.

Un pas. Puis un autre.

Pas de tension dans les jambes. Pas de doute dans les yeux.

Seulement une direction.

Il entra dans l’arène par une porte latérale.

Le soleil aveuglait au début. Le sable était brûlant sous les semelles.

Le public hurla dès qu’il apparut.

Pas pour lui.

Pour l’autre.

Orun.

Un colosse de deux mètres dix, torse nu, muscles gonflés par une potion d’augmentation physique.

Une énorme hache posée sur l’épaule.

Un regard narquois.

— C’est lui, mon jouet ? s’écria-t-il en ricanant.

— Sérieusement ? Même pas de plastron ? Même pas de nom ?

Takuya ne répondit pas.

Dans les gradins, Rek s’était levé, silencieux, les mains croisées.

Sheol, tendu, se mordait la lèvre.

Le sol vibra.

La voix magique déclara :

> — Duel à mort interdit. Défaite par abandon, KO ou désactivation volontaire.

Que le combat commence.

Takuya leva les yeux.

Orun avançait déjà, sûr de sa victoire.

Et lui…

> Il n’avait pas d’armure. Pas de gloire. Pas de nom connu.

Juste un anneau.

Un symbole.

Et un terrain à tracer.

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