Chapitre 27 – Entrée dans l’arène

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Le Colisée n’avait rien d’un stade de marbre ou d’un palais sculpté pour glorifier le combat.
C’était un monstre d’obsidienne et de pierre crue, creusé à même le flanc de la ville comme un cratère noir dans la terre.
Ses arches fendues s’élevaient vers le ciel en spirale rugueuse, et les gradins massifs semblaient prêts à écraser tout ce qu’ils regardaient.

Une nuée de sons portait jusqu’aux couloirs du sous-sol.
Rires, cris, grognements, paris hurlés à pleine voix.
Et à travers ces vibrations, une odeur persistante : poussière, sueur, et surtout… le sang sec.
Pas celui qu’on saigne, mais celui qu’on oublie de laver.

Takuya avançait dans un long tunnel de pierre taillée, ses pas résonnant doucement sous ses bottes renforcées.
La lumière était jaune et basse, diffusée par des torches fixées à des braseros de fer noir.
Partout sur les murs, des traces : fissures, impacts, griffures.
Et, parfois, un nom gravé.

Derrière lui, nul bruit.
Devant lui, le cœur du Colisée l’attendait.

CAINE s’activa d’un trait, son interface mentale projetant une série de fenêtres dans un coin de sa vision :

[Analyse CAINE] 
Environnement : Arène de type 2 
→ Sol : sable semi-rigide, adhérence correcte 
→ Présence de débris : os fragmentés détectés (14,3 % du terrain) 
→ Odeurs : particules organiques – sang séché, sueur concentrée 
→ Conditions de concentration : stables 
→ Recommandation : sphères dissimulées possibles dans rayon de 5 mètres

Takuya ferma à demi les paupières. Il respirait calmement.
La tension n’était pas absente — elle était contrôlée.

La lumière se fit plus forte.
Deux énormes portes s’ouvrirent lentement, dévoilant l’arène.

Et le tumulte explosa.



Le sol était large, circulaire, légèrement creusé vers le centre.
Le sable, sombre, portait des teintes rougeâtres.
À certains endroits, on distinguait des éclats d’os blanchis, comme si le sol refusait d’oublier ce qu’il avait vu.

Takuya entra, seul.
Autour de lui, des dizaines de milliers de voix hurlaient.
Certaines riaient. D’autres le huaient.
Mais un pourcentage plus silencieux observait.

De l’autre côté de l’arène, une autre porte s’ouvrit.

Et Orun entra.

Un mur de muscle et de rage.
Deux mètres trente de puissance brute.
Peau marbrée de veines noires, épaules larges comme une porte.
Il portait un simple pantalon de cuir clouté, un brassard, et sa hache reposait sur son épaule comme un jouet.

Ses pas faisaient trembler le sable.
Il leva les bras, et la foule explosa de plus belle.

— C’EST ORUN !
— FAIS-NOUS VOIR DU SANG !
— ÉCRASE-LE, BRISEUR !

Orun se tourna vers Takuya.
Son sourire n’était pas cruel.
Il était… vide.
Le genre de sourire qu’on affiche quand on pense que rien n’a de valeur.

CAINE réagit aussitôt :

[Analyse CAINE] 
Nom : Orun Grohk 
Race : Ogrien 
Niveau : 15 
Classe : Berserker

Statistiques principales : 
→ Force : Très élevée 
→ Défense : Très élevée 
→ Vitesse : Moyenne 
→ Intelligence : Faible 
→ Mana : Faible 

Comparatif : 
→ Supériorité estimée de 1,5x sur les statistiques globales de l’unité Takuya

Faiblesses identifiées : 
→ Zone crânienne non protégée 
→ Masse difficile à stabiliser en charge 
→ Réactivité neurologique lente

Recommandation tactique : 
→ Éviter l’affrontement direct 
→ Tirer parti d’un déséquilibre 

Takuya inspira doucement.

Il n’avait jamais aimé les spectacles.
Encore moins ceux où il était au centre.

Mais il ne pouvait pas fuir.
Pas ici.
Pas maintenant.

Il posa lentement deux doigts contre son bras gauche.
Et déclencha la préparation d’une sphère.

> [Sphère de paralysie : préparation – 5 secondes requises.]


Ses doigts tracent un symbole minimal. Une ligne. Un angle. Une courbe.
Un mètre devant lui, au ras du sol, là où la jambe droite d’Orun passerait pendant la charge.

Invisible.
Stable.

Prête.



La voix de l’arène résonna :

— Duel 4982 : Takuya Arai, classe non enregistrée, contre Orun Grohk, berserker classé.
Règles : incapacité, soumission ou mort autorisée sous conditions.

Un silence s’installa.
Puis :

— COMBAT !

Takuya ferma les yeux un instant.
Pas pour se calmer.
Mais pour écouter le terrain.

Il ouvrit les paupières.
Et Orun chargea.

---

Orun Grohk était déjà en train de bouger lorsque la voix officielle du Colisée donna le signal.
Sa hache levée, ses muscles gonflés à bloc, il ne perdit pas une seule seconde à analyser son adversaire.
Takuya n’était qu’un humain maigrelet avec une lance.
Et les humains, dans cette ville de départ, avaient la réputation d’être faibles, effacés, inutiles.

Il allait le balayer.
Le broyer.
Et arracher une ovation.

La foule le savait.
Elle criait, hurlait, comme un seul corps autour de l’arène, galvanisée par sa présence.

— ÉCRASE-LE !
— ORUN ! ORUN ! ORUN !
— FAIS-LE VOLER, BRISEUR !

Mais ce qu’aucun d’eux ne voyait…
C’est que le combat avait déjà commencé.



Takuya, impassible, restait parfaitement immobile.

Mais dans son esprit, tout était en mouvement.
CAINE, désormais fusionné à ses fonctions cognitives, lui transmettait en temps réel les données de l’espace autour de lui, couplées aux paramètres de son adversaire.

[Analyse CAINE – Combat actif] 
Distance initiale : 8,7 mètres 
Vitesse de charge d’Orun : 11,3 m/s 
Temps estimé avant collision : 0,76 s

Sphère de paralysie – Statut : Armée 
→ Position : 1,04 m devant l’unité Takuya 
→ Ciblage : Axe bas droit – articulation jambe dominante 
→ Délai d’activation complet : 5,0 s – terminé 1,2 s avant déclenchement du combat 
→ Rayon : 1 mètre – effet : Paralysie musculaire localisée (1,1 sec)

Recommandation : 
→ Maintenir position 
→ Ne pas provoquer d’alerte gestuelle 
→ Attendre le basculement cinétique de la cible

Takuya n’écoutait pas la foule.
Il n’écoutait pas son cœur.
Il écoutait le sol.
La vibration.
La pulsation.
L’élan.

Chaque foulée d’Orun résonnait comme une percussion dans le sable.
Et la prochaine… serait la bonne.



Orun abattit son pied droit.

Et le monde se plia.

La sphère s’activa au moment exact où le talon d’Orun entrait dans son champ.
Un déclic invisible dans l’air.
Un soupir d’énergie qui se referma autour de son articulation.

Orun grogna.
Pas de douleur.
Mais son genou céda.

Sa jambe se désaligna sous le poids de son propre corps lancé à pleine vitesse.

Et l’Ogrien, 138 kg de rage brute, perdit l’équilibre.

Son corps fut projeté en avant, incapable de corriger sa trajectoire.

Ses bras s’agitèrent, sa hache leva un nuage de sable.

Mais il ne put rien faire.

Son torse bascula.

Sa tête suivit.

Et en face de lui, Takuya bougeait enfin.



Sa main droite attrapa la lance dans son dos.
Un mouvement fluide, précis, mécanique.

CAINE verrouilla immédiatement la ligne d’attaque.

[Analyse CAINE – Exécution tactique] 
Cible : Orun Grohk 
Statut : déséquilibré, chute irréversible 
Point vital exposé : orbite gauche – non protégée

Symbole actif : Renforcement d’arme 
→ Durée restante : 2,7 s 
→ Boost de pénétration : +65 % 
→ Instabilité de la cible : maximale

Recommandation : 
→ Attaque frontale ciblée 
→ Élimination directe du centre nerveux

Takuya planta sa lance dans l’œil gauche d’Orun, au moment même où sa tête plongeait vers lui.

La pointe renforcée traversa l’orbite, brisa la couche osseuse derrière, et perfora le cerveau en un seul élan.

Le cri de guerre se transforma en gargouillis.

Et Orun s’effondra.



Un bruit sourd.

Puis… rien.

Le Colisée entier se figea.
Comme si le monde avait oublié de respirer.

Des milliers de spectateurs, gelés dans leur mouvement.
Des mains levées, suspendues.
Des bouches ouvertes, sans son.
Des yeux écarquillés, sans réponse.

Le géant était tombé.

Mort.

Et ils n’avaient rien vu.

Pas de magie spectaculaire.
Pas d’explosion.
Pas de danse martiale.

Juste… un pas.
Un regard.
Un geste.

Et la fin.



CAINE transmit calmement les données :

[Analyse CAINE – Résultat du duel] 
Cible : neutralisée – arrêt complet des fonctions cérébrales 
Temps total du combat : 4,01 secondes 
Sphère de paralysie : désactivation automatique après 1,1 s 
Détection du public : 
→ 84 % des spectateurs ne perçoivent pas la tactique utilisée 
→ 9 % crient à la triche 
→ 6 % confus / silencieux 
→ 1 % intéressés stratégiquement

Récompenses : 
→ Prime de combat : 20 pièces d’argent 
→ Dossier mis à jour dans la Tour : entrée certifiée

Takuya retira sa lance du crâne d’Orun, laissa le sang glisser sur la lame, et la rangea.

Il ne sourit pas.

Il ne leva pas les bras.

Il tourna simplement les talons.

Et marcha vers la sortie.



La voix magique de l’arène s’éleva enfin :

— Combat 4982 terminé !
Victoire par élimination directe : Takuya Arai
Classe : non répertoriée
Durée : 4 secondes
Évaluation : tactique à haut risque, efficacité validée
Statut : Certifié

Et enfin, la foule réagit.

Pas avec admiration.
Pas avec haine.
Avec chaos.

— Il l’a eu avec un sort interdit !
— Y’avait une illusion !
— C’est une fraude, ce mec !
— Non ! J’ai vu la lance ! Il l’a eu… à l’œil !
— J’ai parié sur Orun ! Rends-moi mon argent !

Une cacophonie.
Un déversement d’incompréhension.

Mais au milieu de cette tempête…
Le nom “Takuya” se grava dans les mémoires.



Dans les gradins, Rek ne réagit pas.
Il avait vu.
Il avait compris.
Ce n’était pas un coup de chance.

C’était un choix.

Sheol, lui, restait figé.
La bouche entrouverte.

— Il… il a gagné ? Il a gagné… juste comme ça ?



Takuya sortit de l’arène, croisa les regards de plusieurs combattants.
Certains ricanèrent.
D’autres détournèrent les yeux.

Mais personne ne le traita plus de sous-humain.

Pas aujourd’hui.

CAINE conclut l’analyse :

[Statut de l’unité Takuya Arai] 
→ Niveau : augmenté à 12 
→ Réputation interne : observé 
→ Classe : non reconnue – en attente d’identification par les autorités de la Tour 
→ Détail : combat contre adversaire de niveau supérieur – gain d’expérience doublé

Et à l’intérieur de lui,
Takuya ne ressentit ni gloire, ni soulagement.
Juste… un mouvement.

Un simple pas.

Mais il pesait lourd.

---

Le sable encore chaud de l’arène se refermait derrière lui, comme une mémoire écrasée.
Takuya avançait dans le couloir de pierre, ses pas calmes et réguliers. La lumière des torches, tremblotante, dessinait sur les murs l’ombre de sa silhouette mince et droite.

Il n’avait ni accéléré, ni ralenti.
Le sang sur sa lance avait séché en quelques secondes. Il n’avait même pas pris la peine de l’essuyer davantage. Elle était à sa place, et il aussi.

Mais ce que Takuya perçut presque immédiatement, ce furent les regards.

Des combattants, des apprentis, des anciens et des curieux — certains à demi-cachés dans les alcôves, d’autres adossés contre les murs.
Tous l’avaient vu passer avant le combat.
Beaucoup avaient parié sur sa mort.
Et maintenant, ils le fixaient avec cette attention différente.
Pas encore le respect.
Pas encore la peur.
Mais l’incertitude.



CAINE transmit un message discret dans son esprit.

[Analyse CAINE – Réputation locale] 
Variation : légère augmentation 
→ Hostilité perçue : en baisse 
→ Surveillance des profils ennemis : 4 activée 
→ Mention vocale du nom “Takuya” : 32 occurrences en 7 minutes

Nouveaux statuts : 
→ Désignation “Cible faible” retirée 
→ Entrée dans base de données de 3 factions : confirmée 
→ Nouveau tag : “Éliminateur stratégique”

Takuya ne répondit pas.
Il enregistra.
Mais il ne s’en soucia pas.
Pas encore.

Il savait que ce combat n’était qu’une démonstration.
Un test.
Un sifflement dans un labyrinthe.
Le vrai bruit viendrait après.



Il traversa une double porte de bois, entrouverte, et pénétra dans une salle de repos réservée aux combattants.

Deux fauteuils usés, une fontaine d’eau tiède, et une longue table de pierre.
Et là, adossés au mur, Rek et Sheol l’attendaient.

Sheol bondit en le voyant, son visage illuminé par une émotion timide mais sincère.

— Takuya ! Tu… tu as gagné ! C’était… incroyable !

Takuya leva les yeux.
Le petit corps du chiot humanoïde vibrait de nervosité contenue.
Ses oreilles frémissaient, sa queue battait légèrement l’air.
Mais il restait à distance, comme s’il n’osait pas aller plus loin.

Takuya lui répondit d’un simple hochement de tête.

Rek, lui, ne bougea pas. Il le fixait, son regard noir légèrement plissé.

— Tu n’as pas cligné des yeux, dit-il simplement.

Takuya le fixa en retour.

— J’avais besoin de chaque image.

Rek se redressa, décroisa les bras.

— Tu l’as tué d’un seul coup.
Il était deux fois plus lourd que toi. Trois fois plus rapide à l’impact.

Takuya corrigea :

— Il était plus rapide. Mais pas plus précis.

Rek émit un bruit à mi-chemin entre un rire discret et un soupir.

— Tu n’es pas un combattant. Tu es… un piège.

Takuya sourit légèrement. C’était presque un compliment.

Sheol hésita un instant, puis s’approcha.

— Tu penses… que Rek et moi, on va y arriver ?

Takuya posa ses yeux sur lui.
Le chiot avait les yeux grands ouverts, remplis d’une sincère inquiétude.

— Ce n’est pas une question de force, Sheol.
C’est une question de moment. Trouvez le vôtre, et frappez.

Sheol hocha lentement la tête.
Ses petits poings se fermèrent, tremblants.
Il voulait y croire.



Soudain, une lumière verte s’alluma dans le couloir à l’extérieur.

Une voix magique résonna :

— Participants au combat 4983 :

> Rek, classe : en cours d’évaluation
Sheol, classe : Protecteur en formation
Contre : Eklan et Groz – Loups humanoïdes classés – Arène secondaire 2
Veuillez vous présenter immédiatement.


Rek pivota sans un mot.
Sheol tourna ses yeux vers Takuya une dernière fois.

— Tu… tu vas regarder ?

Takuya ne répondit pas tout de suite. Puis, doucement :

— Je verrai ce qui compte.

Sheol hocha une dernière fois, et suivit Rek.



Derrière eux, alors que leurs pas résonnaient dans le couloir,
Takuya s’assit enfin.
Et pour la première fois depuis le début de la journée, il sentit son cœur ralentir.

Pas parce qu’il était fatigué.
Mais parce que ses camarades allaient affronter leur premier pas.



CAINE apparut de nouveau.

[Analyse CAINE – Profil des adversaires à venir] 
Noms : Eklan et Groz 
Race : Lupins anthropomorphes 
Classe : Inconnue – style : formation martiale 
Équipements : armes longues, mobilité renforcée 
Style de combat : chasse en duo – synchronisation tactique élevée

Comparaison estimée : 
→ Niveau similaire à Rek et Sheol 
→ Légère supériorité de force brute 
→ Coordination : inconnue

Recommandation : 
→ Séparer les cibles 
→ Neutraliser la cadence d’attaque 
→ Exploiter le déséquilibre post-assaut

Takuya se redressa.
Dans le fond du couloir, la lumière de l’arène secondaire clignotait.

Et ses amis avançaient vers leur propre silence.



Le sable n’avait pas eu le temps de refroidir.

Alors que les lourdes portes s’ouvraient à nouveau sur l’arène principale, les gradins étaient toujours en train de bruire des échos du combat précédent. Les restes d’Orun avaient été dégagés, mais les traces de son sang étaient encore visibles : une traînée noire foncée qui s’étirait comme une ombre depuis le centre du terrain.

Et cette fois, ce n’était pas un seul combattant qui marchait sur ce sol marqué, mais deux.

Rek avançait en silence, à pas lents, précis.
À sa droite, Sheol trottinait légèrement, son regard sautant d’un point à l’autre de l’arène, comme s’il cherchait une sortie invisible ou une explication à ce qui l’entourait.

Le contraste était frappant.

L’un avançait comme une lame rangée dans son fourreau.
L’autre comme un enfant perdu dans un terrain de chasse.

Les huées commencèrent à pleuvoir dès leur entrée.

— C’est une blague ?
— Un gobelin et un chiot ? Sérieux ?
— Sortez-nous ça, c’est pas du spectacle !
— Ramenez le gars d’avant ! Celui qui a tué Orun !

Un rire grossier résonna dans les hauteurs.

— Ils vont servir d’échauffement à l’équipe d’après !

Sheol tressaillit légèrement à ces mots, ses oreilles se repliant. Il tenta de se redresser, de paraître droit, digne, mais ses mains tremblaient malgré lui.
Ses doigts se crispaient, relâchaient, puis se crispaient de nouveau.

Rek ne répondit pas.
Il ne réagit pas.
Il ne cligna même pas des yeux.

Il analysait.

Le terrain était identique à celui où Takuya avait combattu. Même dénivelé, même épaisseur du sable, même odeur tenace de sang séché.

Il fixa les ombres autour de lui.
Puis observa les gradins.

Et seulement là, il parla.

— Ignore-les, dit-il sans tourner la tête.

Sheol cligna des yeux, surpris.

— Mais… ils… ils…

— Ils n’ont aucune importance.

Rek inspira lentement.

— Nous n’avons pas besoin de leurs encouragements.
Nous avons un nom à protéger. Et il n’est pas à eux.



La voix enchantée de l’arène s’éleva à ce moment-là, plus sèche, plus mécanique qu’au combat précédent :

— Duel 4983 – Arène centrale.
Participants :

> Rek, sans classe reconnue
Sheol, Protecteur en formation
Adversaires :
Eklan, classe inconnue
Groz, classe inconnue
Race des adversaires : Lupins anthropomorphes
Style déclaré : mêlée synchronisée


Règles : jusqu’à reddition, incapacité ou KO.
Mort accidentelle tolérée.

— Le combat commence dans 30 secondes.

Sheol se tourna vers Rek, l’air hésitant.

— Tu… tu crois qu’on peut gagner ? Ces types ont l’air...

— Tu dois respirer, le coupa calmement Rek.

— Quoi ?

— Respire.

Rek se tourna lentement vers lui.

— Retiens ça, Sheol.
La peur est un outil. Si tu la laisses t’envahir, elle te brûle.
Mais si tu l’écoutes, elle te dit où survivre.

Sheol ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sortit.
À la place, il hocha lentement la tête.

Son souffle, encore saccadé, se fit un peu plus profond.
Il essayait. Et ça, pour Rek, c’était suffisant.



Les portes opposées s’ouvrirent, dans un grondement plus appuyé.

Et leurs adversaires entrèrent.

Deux silhouettes puissantes, longues, gainées de fourrure sombre et de cuir tanné.

Le premier, Eklan, portait une épée à lame large dans une main, et une dague inversée dans l’autre.
Son museau allongé, ses crocs légèrement visibles et ses yeux jaunes luisaient d’une lumière attentive.

Le second, Groz, plus massif, tenait une paire de haches courtes fixées dans son dos. Il portait un bandana rouge autour du cou, délavé par le temps.

Ils n’étaient pas impressionnés.
Ils n’étaient pas excités.
Ils étaient prêts.

CAINE apparut dans l’esprit de Takuya, qui observait depuis une lucarne privée réservée aux combattants certifiés.

[Analyse CAINE – Observation externe] 
Adversaires : Eklan & Groz 
Race : Lupins anthropomorphes 
Niveau estimé : équivalent à 12-13 
Classe : non déclarée – style offensif coordonné 
Tactique probable : 
→ Phase 1 : intimidation et tests 
→ Phase 2 : submersion rapide de la cible jugée la plus faible

Données de combat : 
→ Synchronisation : élevée 
→ Communication non verbale : confirmée 
→ Endurance : élevée 
→ Faiblesse potentielle : surestimation des capacités – rotation d’attaque rigide

Recommandation : 
→ Séparer les adversaires 
→ Exploiter l’agilité de Rek pour créer une faille 
→ Sheol doit tenir la ligne et absorber la première vague

Takuya resta silencieux.
Ses yeux suivaient les gestes de ses compagnons.
Et au fond de lui, quelque chose cognait.
Ce n’était pas de la peur.
C’était l’envie de les protéger.

Mais ce combat n’était pas le sien.



Le maître d’arène leva la main.

Le public se remit à huer.

— Allez les chiens ! Faites-les pleurer !
— C’est une mise à mort ou une farce ?!
— On veut du spectacle !

Et le signal tomba.

— COMBAT !



Sheol recula d’un pas.
Rek… fonça.



Le signal à peine lancé, Rek disparut.

Pas dans un sens magique ou littéral, mais dans la perception collective.
Aux yeux de la foule, son corps gobelin s’était fondu dans l’air comme s’il n’avait jamais été là.
Le sable s’éleva en traînée derrière lui, mais personne n’eut le temps de vraiment le suivre.

Il n’y eut que le souffle.
Le bruit bref de l’impact du sol sous ses pas.
Et le flou d’une forme verte fendant l’espace.

Sheol, de son côté, resta en arrière.
Ses jambes tremblaient légèrement, mais il tint bon.

Il se

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