Pat
Pat était arrivé en début d’année. Il a intégré l’école après avoir déménagé. Il voulait se faire connaître très vite et imposer sa réputation de « caillera » à tout le monde. Il avait un look mal affiné de banlieue à capuche, avec chaînes en toc bon marché autour du cou et parfois casquette à l’envers. Il se la jouait rappeur mauvais garçon et se donnait une démarche caricaturale de « yo » qu’il pensait cool mais qu’il maîtrisait mal. Il se fit assez vite une bande de potes admiratifs dont il devint le leader. A la tête de sa bande, Pat se la pétait grave et aimait bien s’en prendre aux plus faibles pour s’amuser un peu et installer son image (Pat s’en prenait entres autres régulièrement à une équipe d’amis sympa mais catégorisée « Intellos à lunettes » par la plupart des autres élèves. Pour dédramatiser, cette équipe appelait Pat « le cacaillera » et ils en riaient. Entre eux, bien sûr !). Les conneries parfois dangereuses et toujours gratuites de Pat faisaient rire ses potes, une bande de looser lobotomisés à qui il avait fait impression. Pour certains, rejoindre la bande leur avait permis d’obtenir rapidement une certaine forme de notoriété de « bad boy » qu’ils auraient eu de la peine à obtenir aussi vite sans cela. Ça leur donnait en genre. Pat était mauvais et sa méchanceté était gratuite. Il cherchait constamment la bagarre et utilisait n’importe quel prétexte pour la provoquer. Un regard qu’il estimait de travers lui suffisait. Il était impulsif et maîtrisait mal ses émotions. Il pouvait « péter un plomb » n’importe quand et devenir subitement très agressif et violent. Dans ces moment-là il ne se rendait plus compte de ce qu’il faisait et allait trop loin. Pat était cinglé et il avait déjà envoyé pas mal de monde à l’hôpital. S’il avait une dent contre quelqu’un et qu’il estimait qu’il était un peu trop risqué pour lui de s’en occuper en frontal, il le prenait en traitre et lui tombait dessus par surprise et par derrière n’importe quand et n’importe où. Il s’était lui aussi déjà retrouvé plusieurs fois à l’hôpital après être tombé sur un adversaire dont il avait mal estimé la force. Mais ça ne l’avait jamais guéri de son attitude maladive de fouteur de merde. Tout était largement réuni en lui pour que beaucoup fasse un large détour quand il le voyait arriver avec sa meute (Les « Intellos à Lunettes » appelait les mecs qui gravitaient autour de lui les « Patounettes », Pat et ses Patounettes, ça les rendaient hilares, toujours entre eux, bien sûr).
Ce fut un matin de juin, peu avant les examens de fin d’année qu’il s’en prit à Alice dans les couloirs de l’école. Plus tard, il comprendrait qu’il aurait mieux fallut pour lui qu’il s’en prenne à quelqu’un d’autre. Mais pour l’instant son esprit dérangé avait repéré une proie facile et il avait bien l’intention d’en profiter.
Ce jour-là, juste avant le début des cours, Alice marchait le nez dans un bouquin, comme d’habitude, pour rejoindre sa classe. De loin, Pat, suivit de sa bande, la vit arriver plongée dans son livre. Il donna un coup de coude au premier « Patounette » à côté de lui et fit de petits mouvement secs du mentons en direction d’Alice, comme pour dire « Regardez ! Je vais m’faire l’intello de service ! ». Ils se passèrent le mot entre eux et se marraient d’avance. Pat attendit qu’Alice, concentrée, s’approche encore et quand elle fut assez près, il dévia volontairement sa route pour se mettre juste en face d’elle. Sans ça elle lui serait passée à côté. Alice ne vit rien de ce qu’avait tramé Pat et ne put éviter de le percuter de plein fouet. Elle faillit en lâcher son livre. Quand elle vit dans qui elle était rentrée, son estomac se crispa douloureusement. Elle connaissait l’animal et sa réputation de chercheur de merde. Oh nooon, pas lui ! Se dit-elle, et meeeeerde !...
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