Phénomènes nocturnes
La nuit, des phénomènes plus étranges les uns que les autres se produisent. Engourdis par le sommeil, la plupart des gens ne s’en rendent pas compte et ceux qui tentent d’expliquer quelque chose qu’ils ont vu ou entendu se voient traités de somnambules, de fous ou de superstitieux.
Pour ma part, il m’est souvent arrivé de me réveiller le matin et de trouver dans ma chambre un objet qui n’était pas à sa place. Mon premier réflexe a bien entendu été de penser que je ne me souvenais pas très bien de ce que j’en avais fait la veille mais, à force de récurrence, je me mis à faire attention.
Chaque soir avant de me coucher, telle quelqu’un atteinte de tocs, je me mettais à tout ordonner. Une fois que rien ne dépassait de nulle part et que le moindre bibelot était rangé à sa place, je regardais la pièce tentant de mémoriser parfaitement les lieux afin d’être sûre que si quoi que ce soit bougeait durant la nuit, ce ne serait pas le fruit de mon imagination ni de ma mémoire défectueuse.
Force était de constater que chaque matin ou presque, quelque chose ne se trouvait plus sur son emplacement d'origine. Un jour, c’était un stylo qui, au lieu d’être dans son pot, se retrouvait par terre. Le lendemain, la chaise roulante avait le dossier de pivoté vers le lit… Il y eut beaucoup d’autres évènements similaires, comme par exemple une lampe de chevet débranchée, un livre de ma petite bibliothèque ouvert sur l’étagère, une peluche cachée sous le lit ou une porte de placard grande ouverte. Ces constats m’effrayaient chaque jour davantage mais je décidais de continuer l'expérimentation sans pour autant trouver aucune réponse plausible. Vivant seule à la maison, personne ne pouvait me faire de mauvaise blague. J’avais l’impression de devenir folle et commençais à penser qu’un psychopathe me rendait visite la nuit ou bien que ma chambre était hantée - le reste de ma maison ne subissant pas ces étranges phénomènes.
Au bout de quelques semaines où je me sentais de plus en plus préoccupée et oppressée, je décidais d’investir dans une caméra à vision nocturne - mon vieux téléphone n’aurait jamais eu assez de mémoire pour enregistrer une vidéo toute la nuit. De plus, laisser la lumière allumée n’était pas vraiment une bonne idée si je voulais prendre le coupable ou le phénomène sur le fait.
Résolue à ne pas perturber le cours des choses, je cachais le petit appareil enregistreur derrière une plante posée sur une étagère fixée au-dessus de mon bureau. De là, toute la chambre était visible, seul un angle mort n'était pas filmé.
C'était décidé, j'attendrais une semaine avant de regarder ce que le caméscope aurait enregistré - tout d'abord parce que j'avais peur de découvrir ce que j'allais y voir et, deuxièmement, pour que ce nouvel objet posé là, bien que caché, n'ait pas l'air suspect et soit intégré un moment à l'environnement de ma chambre.
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