Chapitre 11
Sentiments
J'étais assise, sur mon fauteuil, une tasse de café entre les mains. Je regardais le blond faire les cent pas dans mon salon. Plus loin, des chuchotements presque inaudibles me parvenaient depuis la cuisine. Kenneth avait pris Candice à part et la conversation, si je n'avais pas été là, aurais été très animée. J'avais étrangement honte de ne pas avoir rangé ma maison, bien que cela ne gêne personne. Après ce qu'il venait de se passer mon cerveau se raccrochait à ce détail futile qui était que j'avais des "invités".
C'était un bien grand mot, ils s'étaient eux-mêmes invités d'ailleurs, mais je préférais ne pas faire de remarque. Mon uniforme était poussiéreux et sale, ma jupe déchirée et mon corps ne cessaient de me rappeler l'assaut fatal que je venais de subir. Je n'avais qu'une envie, qu'ils partent. Heureusement, j'avais tout de même enlevé le sang qui était sur mes mains.
Il y en avait également sur ma chemise, mais celui-ci était différent. Je me souvenais encore du visage tuméfié de cet homme, que je ne connaissais pas, dont le corps était resté inerte. Le sang qui était sur mes mains ne m'appartenait pas et je n'avais pas voulu garder sur moi le désastre que j'avais accomplie.
- Bois ton café, il va être froid. Dis-je, au blond espérant qu'il se calme.
- Je n'aime pas le café.
Pourtant quand on le regardait ainsi, on pouvait se poser des questions.
- Je ne bois que des boissons énergisantes.
- J'ai du Coca si tu veux.
Il grommela en signe de négation. Les autres revinrent enfin de la pièce d'à côté.
- Bon. Me fit Kenneth . Candice n'a rien et nous te devons tout de même une fière chandelle.
- Alors ?
- Nous n'en parlerons à personne. Y compris Damon .
Je soupirais de soulagement.
- Merci.
- Mais il s'agit tout de même de ma cousine. Et ne t'attend pas à une nouvelle faveur si elle se retrouve encore dans tes histoires.
- Je comprends je suis vraiment désolé.
Enfin ils s'assirent tous. Tous sauf Logan.
- C'est tout ? On va simplement se taire ? Mais merde Kenneth on est bien assez pour lui fracasser la gueule à ce type.
- Logan calme-toi. Dit Candice .
- Deux mecs agressent ma copine et tu veux que je me calme ?
- Warren Hill est un ancien membre des Yakuzas. Il s'est mis à son compte, mais crois-moi on ne quitte jamais vraiment la mafia. Aujourd'hui ce n'était qu'un avertissement. Un avertissement qui a mal tourné. La suite des problèmes va arriver. Et cela concerne l'Hydra.
Il ne répondit pas et s'assied à son tour.
- Et toi qu'est-ce que tu vas faire alors ? Me demanda Candice.
- Attendre les ordres , les autres ne devraient plus tarder maintenant.
Juste après avoir fui, Tyron m'avait téléphoné. Furieux. Il était devant mon lycée qui était d'après lui complètement désert. Il était arrivé très peu de temps après Kenneth et Logan .
- Tu devrais aller à l'hôpital, tu as peut-être un truc de cassé.
- Non juste quelque bleus. Dis-je, avec un sourire forcé qui ne trompa personne.
Enfin on sonna à la porte. Je n'eus pas le temps de répondre que celle-ci s'ouvrit à la volée. Apparurent alors, Tyron, Elijah, Dean et Sheldon .
- Bordel Erin ! Fit Sheldon en voyant ma lèvre ouverte et les vêtements déchirés. Pourquoi tu ne t'es pas barré ?
- Il y avait aussi Marlow et Candice . Je ne pouvais pas les laisser en plan.
- Bien sûr que tu pouvais. Dis Tyron , très calme.
Kenneth se leva du canapé en entendant cette phrase.
- Elles se seraient fait défoncer comme Erin ! Dit Kenneth furieux.
J'allais ouvrir la bouche quand Elijah me pris de court.
- Non, si elle avait fui ils l'auraient poursuivie car elle était la cible principale, Petit.
Elijah accentua le dernier mot, un air malsain sur le visage.
L'atmosphère qui était déjà électrique avant leur arrivée devint soudain palpable. L'animosité ambiante ne présageait rien de bon.
- Si elle s'était cassée, je ne suis pas sûr qu'Erin serait encore en état de parler. Dit Logan
- C'est notre problème. Renchérit-il.
Heureusement, Tyron était sûrement la seule personne calme dans cette pièce.
- Il y a eu assez de bagarre pour aujourd'hui les gars. Nous nous excusons pour le dérangement. Il n'y aura plus de soucis je vous le promets.
- Le "dérangement" hein ? Souffla le Mccormick l'air amer.
- Erin raccompagne-les à la porte. M'ordonna mon chef.
Je me levais avec difficulté et j'ouvrais la porte d'entrée, signe qu'il était temps que les indésirables partent. Ils se levèrent un par un et alors que Candice allait me dépasser je la retins par le bras.
- Je suis vraiment désolé pour tout ça Candice , je te rembourserais ton uniforme.
- Ne t'inquiète pas. A plus.
Je refermai la porte et m'adossais à celle-ci.
- Bien. Annonça Tyron . Il va falloir qu'on s'occupe de cette histoire.
- Effectivement, il a mis ses menaces à exécution. Dit l'aîné Atkins .
- Qu'est-ce qu'il voulait exactement Erin ? Me demanda mon ami blond.
- Son argent. Mais il avait surtout envie de te fracasser les deux jambes Tyron .
- Tu vas rester chez toi pendant quelque temps. Me dit Elijah .
- Impossible, j'ai déjà eu beaucoup trop d'absence encore une et je me fais virer du lycée. J'ai un adjoint au juge qui doit passer bientôt. Tyron , tu sais ce qui va se passer si je n'ai aucun justificatif.
- Il lui faut une raison valable Tyron . Me soutint Dean .
- De toute façon, il faut que tu passes à l'hôpital. Le problème ce sera les flics.
- Quels flics ? Demandais-je
- Il va falloir que tu donnes des explications Erin . Me dit Elijah .
- Nous n'avons qu'à dire qu'elle a été victime de racket.
Aussitôt, Sheldon me prit mon téléphone des mains et le jeta contre le mur le plus proche. Celui-ci explosa en mille morceaux dans un bruit lourd.
- Vous êtes cinglés ! Criais-je. Mon téléphone.
- Tu n'as plus de téléphone, vu que tes agresseurs te l'ont officiellement pris. Tu enlèveras tes bijoux également.
- Bien tout est réglé. Elijah emmène là aux urgences nous on se charge du reste. Celui-ci fit oui de la tête.
Je montais dans ma chambre pour me changer et mettais mon uniforme au sale. Il ne valait mieux pas que j'aie des traces ADN de Warren sur moi, sinon ils allaient remonter jusqu'à l'Hydra. Encore une journée merdique. Je mis un jogging et un débardeur puis redescendis au rez-de-chaussée. Ils étaient tous là. Idan m'attendait devant la porte les clefs à la main. Personne ne fit gaffe quand j'annonçais mon départ. Peu importe, je m'en allais.
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J'étais crevée j'avais dû attendre presque quatre heures aux urgences, dans le bruit ambiant des malades et des sirènes de pompier qui ne cessaient de venir et repartir. Tout m'avait paru long, nous étions une vingtaine de personnes à attendre dans une pièce plutôt exiguë pour un bâtiment aussi conséquent. Entre les pleures d'enfants, le fou assis en face de moi qui ne cessait de hurler des insultes et ma voisine qui avait un couteau planté dans la main, j'avais un mal de crâne plus que suffisant. Elijah m'avait posé et était reparti aussi vite. J'avais peur, comment allais-je mentir ? J'espérais que je ne m'étais rien cassé, car mon épaule gauche me faisait souffrir le martyre. Je n'avais pas envie d'être seule dans cet endroit de fous et de malades, mais j'étais maintenant livré à moi-même. Je n'avais plus de téléphone en plus de ça, mais je ne m'en inquiétais pas car je savais que personne n'allait essayer de me contacter. Ils étaient tous trop occupés à monte un plan de riposte envers Warren . J'étais littéralement recouverte de bleu mais cela n'inquiétait personne. Pain était furieux. Furieux contre-moi et mon manque de jugement vis-à-vis de la situation à laquelle j'avais fait face. Et cela me laissait un goût âcre dans la bouche. Dans un sens il avait totalement raison, car j'aurais dû fuir, mais il savait aussi que c'était en partie de sa faute.
Il me fallut quatre heures de plus pour déposer plainte. Un policier était venu à l'hôpital juste pour moi après mes examens qui n'étaient pas si mauvais. Je m'en sortais avec de simples antibiotiques et une foulure de la cheville. J'étais plutôt fière de moi mon mensonge avais été plutôt bien monté. J'avais juste remplacé Warren et son homme de main par des agresseurs cagoulés, j'avais bien sûr oublié de préciser qu'il y avait d'autres personnes avec moi et j'avais expliqué avec beaucoup de pragmatisme le déroulement de mon agression.
- Tout est en ordre mademoiselle Summers . Me dit l'homme en uniforme. Quelqu'un vous raccompagne chez vous ?
- Oui un taxi m'attend. Mentis-je.
Personne ne me raccompagnait. Car personne n'en avait envie. On m'avait sûrement oublié et j'étais certaine que j'allais retrouver ma maison plongée dans le noir complet.. En sortant de l'hôpital l'air doux de la nuit me caressa le visage. Je soupirais ne voyant plus que la solution de la marche à pied pour rentrer chez moi. Je n'étais qu'à trois kilomètres, mais je savais que mon attelle n'allait pas me faciliter la tâche. Alors je commençai à marcher. Silencieusement, lentement, grelottant de froid.
Mon esprit divagua avec la brise automnale. Je me rappelais soudain cet homme à terre, ne poussant même pas quelques gémissements. Je serrais les poings me souvenant de ce sentiment d'acharnement qui m'avait prise. Ma vie était un bordel. Un incroyable bordel. J'étais paumé ne sachant pas ou j'allais. Plutôt que de mener moi-même ma barque je la laissais dériver espérant qu'elle s'échoue dans un endroit plutôt sympa. La seule chose que je pouvais encore contrôler c'était moi. Mais aujourd'hui j'avais perdu le contrôle. Pour la première fois, j'avais laissé parler ma colère. Et même si j'avais pu extérioriser cette haine, je ne me sentais pas mieux pour autant. Je me sentais même encore plus furibonde qu'à l'accoutumée. J'étais incroyablement dévorée par cette colère, ivre de violence que je ne savais plus vraiment gérer. J'étais une bombe à retardement, je l'avais toujours pensée, mais chaque minute me rapprochait un peu plus de l'explosion.
Je marchai encore longtemps avant de voir enfin ma maison se détacher du paysage. Je fus surprise en voyant celle-ci dégager de la lumière. Je savais que c'était Tyron qui devait être resté chez moi. Il devait m'attendre afin de m'en mettre plein la figure. Mais pendant quelques instants je m'arrêtais et m'imaginais d'autres personnes, d'autres circonstances qui étaient plus banales certes, mais devenues inexistantes.
Je me souvenais de ces soirs, ou après d'épuisantes révisions avec Hailey je rentrais au pas de course, espérant ne pas voir la lumière du salon allumée. Lorsqu'elle l'était, autant dire à chaque fois, je savais que mes parents m'attendaient de pied ferme. Mais il me suffisait simplement de faire des yeux de chats et je pouvais aller me coucher sans hurlement.
La moto argentée était là, bien installée derrière les poubelles. J'entrais. Il était devant la télévision, une tasse de café entre les mains. Il tourna à peine la tête quand j'entrais.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Dis-je.
Cette fois il me regarda. Il sentit dans le son de ma voix une pointe d'agacement. Le bruit de la télévision fut coupé net.
- J'ai refait du café ! dit-il de façon anodine.
- J'ai eu assez d'adrénaline pour aujourd'hui Tyron .
- Tu es sûr que ça va ?
- Eh bien, figure-toi que non . Non rien ne va ! J'ai fait des kilomètres à pied avec ce putain de truc à la cheville. J'ai dû mentir à des flics, faire des analyses à rallonges, et j'ai failli tuer un mec. Le tuer Tyron .
- J'aurais dû venir te chercher. Désolé.
- Tu aurais du oui. J'ai écouté une folle chanter Celine Dion pendant trois heures. Trois heures !
Il rit. Je l'assassinais du regard. Il s'arrêta, mais un sourire resta collé sur son visage.
- Parlons de toi un peu. Je peux savoir où tu étais hein ?
- J'ai fait aussi vite que j'ai pu.
- Pas assez ! Et tu comptais me l'annoncer quand que des psychopathes me filaient ?
- Tu savais à quoi t'attendre en venant à l'Hydra.
Ce fut la phrase de trop. Ma journée avait été pourrie et je n'avais pas besoin des remarques inutiles et puériles de Tyron pour la terminer.
- En venant à l'Hydra ? venir !? Tu es gonflé de dire ça. Je ne t'ai jamais demandé de passer sur ce putain de pont, de t'arrêter quand tu m'as vue et de me faire chier en venant me rejoindre. Fais ce que tu veux tant que ça n'atteint pas le groupe hein!? Tu parles, même toi tu ne la respectes pas cette putain de règle.
- Erin calme-toi....
- Me calmer ? Putain Tyron , ce type il faisait deux mètres de plus que moi et je l'ai mis à terre ! je l'ai passé à tabac !
- Tu t'es seulement défendue.
Étrangement, le fait que mon supérieur ne s'énerve pas me calma moi aussi. Je m'assis sur le fauteuil près de lui et posais ma cheville foulée sur la petite table du salon.
- J'arrivais plus à m'arrêter. Je savais même pas pourquoi je le frappais, mais je continuais....
- Tu es saine et sauf c'est le principal.
- Et maintenant ? Comment on riposte ?
- Erin , maintenant ça ne te regarde plus.
- Pardon ? Comment ça ne me regarde plus ? Tu déconnes là ? Plus impliqué que moi tu meurs !
- Je ne te parle pas de ça.
Son air grave qu'il avait depuis que j'étais rentrée commençait à m'inquiéter.
- Explique alors.
- Je ne veux plus que tu t'occupes de cette histoire et encore moins des autres.
Je le regardais sans répondre pendant plusieurs secondes. Je comprenais. J'avais assimilé l'information, mais elle ne voulait pas remonter jusqu'à mon cerveau, car je ne voulais pas comprendre.
- Je....tu....Quoi ? Bégayais-je
Pain inspira profondément.
- Je ne veux plus que tu viennes au QG pendant quelque temps. En fait je ne veux plus que tu viennes du tout.
Si je n'étais pas assise je serais tombée à la renverse.
- Tu....tu est en train de me virer ?
- - Je suis désolé Erin. Mais je n'y arriverais pas. Je ne peux rien faire pour toi, j'ai vraiment tenté mais je n'y arrive pas si je dois toujours t'avoir sous surveillance.
- Tu me vires.....tu me vires.... ce n'est pas possible...
Mon corps entier me brûla. Il me brûla d'une telle force, avec tellement d'ardeur. J'ai cru mourir. C'était comme si mon corps entier était couché sur des couteaux qui s'enfonçaient dans ma peau, millimètre par millimètre. Je ne comprenais pas pourquoi, je ne comprenais pas comment, mais tout ça était bel et bien en train d'arriver.
- Tu ne peux pas me faire ça... Je me suis fait passer à tabac pour toi et tu m'annonces que je dois dégager.
Je me relevais en sursaut et m'éloignais de cet homme, comme si la distance apaiserait la douleur de ses paroles.
- C'est justement pour ça que tu ne peux pas rester avec nous. Nous on est irrécupérables, Erin . On est des dealers, certains on fait de la taule, d'autres encore pire....ont est des déchets de la société, pas toi. Toi tu es une fille bien. Et te garder dans l'Hydra est égoïste et dangereux.
- Mais je ne veux pas être une fille bien !! Je peux être aussi irrécupérable que vous. Me fait pas ce coup-là, s'il te plait.
- Je suis désolé.... Mais on ne veux plus de toi chez nous.
Sa phrase me toucha comme une claque. "On". Les autres aussi pensaient ça ? Mais comment pouvait-il m'éjecter de la sorte. Je faisais tout ce qu'on demandait, je n'avais pas sali l'Honneur du gang. Je venais même de leur prouver que j'étais prête à me battre pour eux.
- Je n'ai jamais voulu que tout ça se produise !
- Je le sais. C'est pour toi que je fais ça Erin . Tu ne vas pas bien. Pas bien du tout. Et je n'arrange rien. L'Hydra n'arrange rien.
- Ce n'est pas pour moi que tu fais ça....ne ment pas.... Pourquoi ?
Il ne répondit pas.
- Pourquoi ? Hurlais-je
- Je croyais pouvoir t'aider. Comme je l'ai fait pour Jade . Mais j'ai tout essayé. Tout fait et pourtant rien ne change.
- Mais je peux changer. Dit moi ce qui ne va pas.
- Mais tout Erin . Plus tu restes vers nous et plus tu bois, tu te drogues et ta dernière nouveauté c'est de te taper Elijah . Tu préfères rester dans la douleur et le chagrin. Tu n'as pas envie de surmonter et il est hors de question que je sois là pour le voir.
- C'est une putain de blague.
Je devenais fébrile. Mes mains tremblaient. Mon cœur palpitait. J'étais submergée par les émotions. La colère, la déception, l'incompréhension, le chagrin....je ne savait laquelle choisir, car elles se battaient toutes pour prendre possession de moi. Finalement, la colère gagna.
- Tu es un enfoiré .
- Tu ne veux pas d'aide, alors je ne peux pas t'aider. Tu ne dis jamais rien, sur aucun sujet. Tu ne donnes jamais ton avis, tu ne parles pas de toi... qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
- Très bien alors vas-y pose une question. Dis-je en ouvrant les bras. Puisque ma vie est si intéressante
- D'accord. Je te poserais une seule et unique question. Si tu réponds honnêtement je te garde. Ok ?
- ça me va très bien.
- Pourquoi tu as voulu sauter de ce pont ?
La phrase me fit l'effet d'un choc. Instantanément ma bouche se ferma. Pourquoi cette question ? En quoi ma vie était-elle devenue si intéressante depuis la mort de mes parents ? Je voulus parler, mais ma langue restait collée à mon palet.
- J'en étais sûr. Je ne dis pas que je ne veux plus te voir, je dis simplement qu'il faut que tu arrêtes les conneries. Et pour ça, tu dois partir de l'Hydra
Il mit fin à la conversation en partant de chez moi. Je restais figée. Sans un mot. Je commençais à comprendre que cette fois. J'étais seule. Vraiment, seule. Mon cœur allait me lâcher, j'en étais sûr. Il battait si fort, que le sang m'en montait aux oreilles. Ma vue devint de nouveau trouble. Mais étrangement ce n'était pas à cause des larmes qui ne pouvaient sortir de ce corps.
Ma poitrine devint si douloureuse que mes jambes ne purent me retenir. Je m'agenouillais ne comprenant pas ce qu'il m'arrivait. Chaque muscle de mon corps ce mis à trembler, j'étais comme incontrôlable. Et ma poitrine......ma poitrine si douloureuse. Je ne pouvais pas crier tellement mon déchirement était profond, j'avais si mal que ma respiration en était coupée. Soudain ce fut au tour de mon ventre de se crisper, un élancement si aigu que je me retrouvai en position fœtale sur le sol. J'étais en sueur et ma difficulté à respirer augmentait. J'avais peur, j'étais effrayée. Pourquoi ? par qui ? Je ne savais pas, mais je sentais que ma mort allait être imminente.
Avec toute ma force, je pris mon téléphone, le posais devant moi et j'entrais un numéro qui, heureusement, était ancré dans mon cerveau. La douleur devint plus forte ! Comment était-ce possible ? Je n'allais quand même pas crever après une journée aussi pourrie ? pas comme ça. Je ne voulais pas mourir. Ou du moins pas de cette façon. Je ne voulais pas me faire surprendre par la mort, c'était à moi de décider le jour et l'heure.
- Ouaip ? entendis-je à côté de mon oreille.
- Sheldon dis-je dans un gémissement de douleur.
Je l'entendis paniquer derrière le combiné, plusieurs fois il m'appela sans que je puisse répondre. Je manquais trop d'oxygène. Puis finalement j'inspirais une bouffée d'air suffisante qui me déchira la poitrine.
- ....Je vais....mourir.
Je l'entendis de nouveau hurler quelque chose puis plus rien. J'espérais qu'il allait seulement venir. Alors je restai là essayant temps bien que mal de m'habituer à cet élancement atroce qui était si fulgurant et effrayant que je n'avais aucune souffrance comparable en stock.
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