Vivant

Avec appréhension, j'ouvrais la porte d'entrée. Je savais ce qui m'attendait, mais je ne pourrais pas échapper aux hurlements de mon père. D'ailleurs il était là et m'attendait de pied ferme. Le visage sévère, il s'avança vers moi d'un pas sûr.

• Où étais-tu ?

• Bonjour à toi aussi. Ironisais-je. Peut-être pas la meilleure idée à ce moment-là.

• Ne prends pas cet air supérieur avec moi.

Je ne prenais aucun air supérieur, même si je tenais ce trait de caractère de lui. Une chemise rentrée dans son pantalon de costume, il ressemblait à un homme d'affaires mafieux. Le voir me mettait d'une humeur massacrante. J'étais déjà à cran avant de rentrer et cela n'allait pas aller en s'arrangeant. Dean et ma mère se tenaient derrière lui, à la fois inquiets et soulagés de me voir.

• Je te repose la question où étais-tu ?

• Chez Logan.

Je le sentis m'agripper le bras, me forçant à le regarder dans les yeux.

• Tu oses me mentir !

Ma mère intervint à ce moment-là.

• Nous avons appelé Logan et tu n'étais pas avec lui. Nous nous sommes inquiétés.

• Je ne suis parti qu'une nuit maman.

• Et en plus, tu sèches l'école. Rajouta mon père. Il faut vraiment que je te reprenne en main.

Je me dégageais de son emprise avec haine.

• Excuse-moi de ne pas être le fils prodigue.

Il leva son bras en l'air.

• Père ! Dit Dean inquiet.

• Vas-y colle moi en une. C'est ce que tu sais faire le mieux.

Il resta pendant quelques secondes choquées par mon audace.

• Je lui ai dit que tu étais chez Erin . Avoua mon frère.

• Depuis quand tu traînes avec cette petite droguée de Summers ?

• Depuis que ton deuxième fils et ses copains l'ont lâchement abandonnée.

Plusieurs fois, il regarda Dean , puis moi, puis Itachi. Il ne comprenait pas la situation. Mon frère me défiait du regard.

• Je ne veux pas connaître vos petites histoires les garçons. Mais Damon, tu as intérêt à te reprendre et vite.

• Sinon quoi ?

• Tu feras ce que je te demande ! Hurla mon père.

• Sinon tu vas renier ton dernier gosse ? Tu veux que je te dise, j'espère que tu vas le faire. Comme ça je n'aurais plus à devenir un putain d'avocat véreux comme toi.

• Quoi ?!

• Exactement père. Je ne voudrais jamais devenir comme toi. Jamais. Je ne sais même pas comment tu peux encore te regarder dans un miroir.

• Comment oses-tu ?

• Parlons donc de ta dernière affaire. Tu étais brillant, grâce à toi un pédophile récidiviste à pus rester en liberté. Bravo !

Enfin la baffe tomba.

• Tu ne remarques même pas que tes enfants et ta femme son malheureux. Tu n'es pas obligé de voyager à l'autre bout du monde pour trouver des gens malheureux. Mais toi, tu préfères fuir tes responsabilités.

Une deuxième baffe tomba. Cette fois, je sentis sa chevalière laisser une marque.

• Erin Summers avait des parents aimants et attentionnés et aujourd'hui, elle a tout perdu. Mais toi, tu ne retiens que le fait qu'elle se drogue. Si je pouvais échanger ma place avec elle, je le ferrais à l'instant.

• Dernier avertissement Damon.

• Va te faire foutre.

Sa haine laissa place pendant quelques secondes à un choc sans nom. J'en profitais pour me défiler à toute allure et monter dans ma chambre. Enjambant les marches deux par deux, je fermais la porte de mon sanctuaire à double tour avant que tout cela dégénère vraiment.

Enfin seul. Je ne pus m'empêcher de frapper à coups de poing l'armoire qui était à ma droite. Celle-ci se fissura légèrement, une douleur fulgurante traversa toute ma main. Étonnement, je me sentais mieux. Je m'étendis sur le lit à baldaquin de mon immense chambre. Essayant de me calmer, temps bien que mal. Ce n'était pas temps mon père qu'Erin qui me mettait dans cette humeur massacrante. Erin , moi.....qui étais le fautif, qui ne l'était pas. Je détestais tout chez cette fille. Tout. Et pourtant au-delà de la déception, de la haine et la souffrance, j'éprouvais une certaine exaltation. L'euphorie intense de cette relation explosive entre elle et moi. Car oui, je ne pouvais pas nier que nous ayons une relation et je ne pouvais pas nier que nos caractères respectifs fassent des étincelles. Je n'aimais pas savoir que je la décevais ou blessais bien sûr, mais quelque chose entre nous me plaisait, cette sorte de conflit constant que nous avions l'un pour l'autre été à la fois incontrôlable et jouissif. Jamais personne ne m'avait mis dans un tel état. Logan était un bout en train sympathique qui souhaitait la paix dans le monde et ce genre de connerie. Alors, les remarques venant de sa part ne me choquaient ni ne me blessaient. Il y avait aussi mon père, mais cela était différent. Les rancœurs passées ne pouvaient pas me faire apprécier cet homme comme mon père.

Non, avec Erin tout était différent. Elle avait un certain don de la provocation et de la repartie qui était surprenante. Cela pouvait me rendre fou, mais je savais qu'il ne s'agissait que d'un match où chacun tentait de marquer le plus de points possible. Le seul problème était les limites. Je n'étais pas fou, je savais très bien que j'étais le seul à ses yeux à être un minimum digne de confiance - même si elle le niait - et elle représentait à mes yeux la seule qui avait la capacité de me remettre à ma place. Mais derrière cette sorte de jeu, nous ne savions pas où étaient les limites. Et j'avais moi-même du mal à les discerner quand je me heurtais aux humeurs tantôt joueuses, tantôt sérieuses de cette nana. Pour la première fois de ma vie, je ne jouais plus avec mes règles. Je jouais sur son territoire où la seule règle était qu'il n'y en avait pas.

C'était un jeu dangereux. Trop dangereux. Un jeu que je ne voulais plus continuer, mais dont je ne connaissais pas la fin.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Je ne savais pas ce qui m'avait traversé l'esprit aujourd'hui. Pourtant, hier tout avait bien commencé. Nous avions en ce jour ensoleillé d'automne allumé le barbecue. Le temps ne s'y prêtait pas vraiment, car il faisait tout de même frais, mais je mourrais d'envie de manger des merguez. La soirée avait filé si vite, nous discutions de choses et d'autres des cours à l'école principalement. Et je m'étais d'ailleurs rendu compte qu'Erin , malgré ses notes affreuses n'avait rien perdu de son intelligence. Époustouflé par ses capacités à comprendre les questions philosophiques et son aisance de parole en matière d'algorithme, je me sentais délicieusement bien. Je pouvais enfin discuter travail avec quelqu'un qui comprenait mes mots et ma façon de penser. Il y avait bien Kenneth qui était un génie dans certains domaines, mais je savais que pour lui, c'était plus une corvée qu'autre chose. Une fois l'école loin de lui, il préférait ne pas y penser.

• Je préfère largement le Damon d'aujourd'hui. Celui qui est en face de moi. Avait-elle lâché soudainement.

• Tu sais très bien ce que je pense de la nouvelle Erin, moi.

Elle esquissa un sourire.

• Et pourtant, tu passes plus de temps avec la nouvelle. Elle partit des assiettes dans les mains tout sourire.

Elle venait de me contrer d'une façon bête et méchante. Je la rejoignis dans la cuisine avec le reste de vaisselle. Elle fredonnait un air à la mode, ce qui m'étonnait, mais me ravit.

Le reste de la soirée fut calme. Une légèreté adolescente flottait dans l'air. Elle était captivée par le film, mais moi, j'avais énormément de mal à détacher mes yeux d'elle. Je ressentais une certaine fierté au fond de moi. J'étais fier de moi. Je me sentais comme le sauveur de cette fille. Comme si l'histoire se répétait avec Erin , mais cette fois, j'avais la sensation de pouvoir réussir avec elle. La sensation de comprendre petit à petit ce qui lui passait par la tête. J'étais peut-être un peu prétentieux de me prendre pour un ange gardien. Après tout, elle avait un joint entre les doigts qui se consumait à chaque bouffée. Mais elle riait devant un film comique. Elle riait devant ce tout petit écran. J'étais à peu près sûr que d'habitude, un film, même avec plusieurs joints ne pouvait lui tirer un sourire. Et pourtant, ce soir me parvenait la mélodie cristalline de son rire ; un rire exquis, enivrant. L'avais-je déjà fait rire ainsi ? Je m'en serais souvenu. Une mélodie si envoûtante ne s'oubliait pas. Je devais donc savourer cet instant, car je savais que ce son à mes oreilles était une chose rare et éphémère.

Par la suite, nous montâmes dans la chambre où comme la fois précédente, j'avais dormi sur le sol. La pièce était silencieuse, mais je savais qu'elle ne dormait pas. Ma présence devait sûrement être gênante. Je regardai mon téléphone ou plusieurs messages de mon frère s'affichèrent les uns à la suite des autres. J'écris simplement le minimum avant de l'éteindre de nouveau. Je me tournai dos à Erin essayant de trouver le sommeil. Mais mille questions me trottaient dans la tête. Finalement, elle parla en première.

• Tu dors? Chuchota-t-elle.

• Non. Répondis-je.

J'entendis le froissement des draps derrière moi.

• Damon ? Pourquoi tu es là ?

Je me retournais face à son lit bien que je ne voie rien.

• Quoi ?

• Pourquoi tu as voulu rester ici ? Je veux dire, tu pourrais très bien être avec tes amis ou alors en train de coucher avec une fille. Mais au lieu de ça, tu dors par terre chez moi.

• Toujours cette éternelle question. Tu me faisais pitié. Rigolais-je.

• Tu n'as pas pitié toi. Alors ne dit pas de connerie.

• Coucher avec quelqu'un ne fait pas tout. Tu es bien placée pour le savoir.

• C'est vrai.

Il y eut un blanc.

• Tu le regrettes ? Reprit-elle

• de quoi ?

• Que je n'ai pas couché avec toi....

J'étais étonné de sa question. Une question étrange qui n'avait pas vraiment de bonnes réponses.

• Non. Et toi ?

• Je n'en sais rien. Je me dis que si j'avais couché avec toi, j'aurais juste eu une étiquette de nouvelle conquête de Damon et les gens en seraient restés là. Au lieu de ça, je suis la traînée de service.

• Ta façon de penser est bizarre. Je ne pensais pas que tu accordais tellement d'importance aux autres.

• Les apparences sont trompeuses , tu es bien placé pour le savoir.

• Tu n'as pas à te rabaisser de ne pas t'être donné à moi. Tout le monde te critique sur les actes que tu as faits par la suite, mais moi, je suis plutôt admiratif.

• Admiratif ? Pourquoi ?

• De toutes les filles que j'ai draguées. Tu es la seule que je n'ai pas pu avoir. À ta place, j'en serais content plutôt que malheureux.

• Woh, ça, c'est cool comme compliment.

• Ne t'habitue pas c'était le dernier.

Elle rit.

• Parfois, ton comportement envers le sexe opposé est bizarre. Me dit-elle.

• Tu n'imagines pas à quel point.

Mon comportement envers les filles n'était pas si inhabituel en réfléchissant des tas de personnes de mon âge faisait la même chose. Non, c'était plutôt mon comportement envers cette fille que je ne comprenais plus. Elle avait raison, je pouvais très bien me glisser à l'instant dans son lit et coucher avec elle, comme avec toutes les autres. Pourtant, je voulais juste rester dans cette pièce, silencieuse, laissant son parfum embaumer la pièce. Et c'est à ce moment-là que je compris. Une chose que j'aurais dû comprendre il y a déjà un moment.

Je désirais Erin , comme la plus délicieux des fruits défendus. Mais maintenant cela était passé au second plan. Quelque chose me poussait à vouloir la comprendre, vouloir l'aider. Comme si je voulais m'expier de mes fautes. Je tendis le bras lentement, jusqu'à sentir sa peau contre la mienne. Instinctivement, ses doigts se refermèrent entre les miens avec hésitation. Elle semblait si fragile dans la pénombre. Comme si la noirceur pouvait cacher le masque devant son véritable visage.

• Erin •

Ce matin, je n'avais pas pu m'en empêcher. Cela avait été plus fort que moi. La nuit avait été trop agitée pour moi. Je commençais réellement à faiblir, un simple cauchemar - assez horrible je dois dire - et je resombrais. Il était tôt. Le soleil n'était pas encore levé. J'étais sortie subtilement de la chambre, Damon dormait à poings fermés, le visage paisible, je l'avais observé pendant quelques secondes admiratives de cette mine angélique puis j'étais descendue jusqu'à la cuisine. Instinctivement, mon regard avait bifurqué vers la poubelle. Je restai plantée là durant un moment.

Je ne devais pas faire ça. Je luttais intérieurement contre moi-même, contre ce besoin auto-destructeur qui me consumait. Tout était si incroyablement dégoûtant. Je me sentais à peu près bien hier quand Damon était venu. Mais toujours mon erreur me revenait en tête.

Ce rêve était si troublant et blessant. Je me revoyais encore dans ce couloir, bleu ciel il me semble. Il y faisait extrêmement froid. Je marchais derrière une femme en blouse blanche, les bruits de pas résonnants, tout était silencieux, de temps à autre une porte gris métallisé apparaissait et modifiait quelque peu ce décor sans vie. Enfin, nous nous arrêtâmes. Devant une porte, plus noire que les autres. La femme avait disparu. Je me retrouvais seule face à la porte. Je mis ma main sur la poignée mais je sentis quelque chose de visqueux et chaud . En regardant l'intérieur de ma main, je reconnus un liquide rouge, comparable à du sang. En levant les yeux, je vis une plaque grise que je n'avais pas vue auparavant. Accroché sur la porte, les lettres noires qui inscrivaient le mot "morgue" se mirent à grossir de plus en plus.

Je m'étais réveillée, à bout de souffle, un cri coincé dans ma gorge. Me remémorant ce cauchemar, je ne réfléchis pas plus longtemps et pris le flacon que j'avais jeté la veille dans ma poubelle. Je le regardais comme s'il s'agissait de ma libération, de l'envol que je cherchais. Mais je me souvins de la personne encore couchée dans ma chambre.

Tan pis. J'attendrais qu'il parte de chez moi. S'il le fallait, je le mettrais moi-même dehors. En attendant, je remontais silencieuse dans ma chambre, le flacon encore dans ma main. Comme si je me raccrochais à ma vie. En entrant dans la pièce sombre, je fus satisfaite de voir Sasuke toujours assoupi. Sa respiration régulière soulevait les draps qui retombaient lentement. Pourquoi était-il venu me voir réellement ? Je ne le comprenais pas. Il y avait une telle douceur innocente sur son visage, un tel apaisement que je l'enviais. Dans ses rêves, lui au moins, pouvait rencontrer la paix. Il me faisait un peu penser à moi autrefois. Sans réel problème existentiel, divaguant comme il le souhaitait. Bien sûr, il avait des conflits familiaux, mais j'aurais tout donné pour en avoir de nouveau. Si je pouvais me voir dormir, je pense qu'il n'y aurait pas cette sérénité sur mon visage. Mes nuits étaient bien trop agitées. Alors pourquoi une personne comme lui tenait tellement à s'enticher d'une fille à problèmes comme moi ? Soudain dans un soupir, je l'entendis murmurer un mot. Ou plutôt un nom. Ambre .

*****************

Les jours n'avaient pas vraiment de sens. Les heures, les mois....après tout le temps n'est rien d'autre qu'une unité de mesure. La lumière pénétrant la pièce, illuminait mes draps blancs.... C'était presque une sensation agréable. Le tissu glissant sous mes doigts, le bruit du froissement. Le désert satiné qui m'entourait illuminait les murs de ma chambre. Comme si la pureté essayait de m'atteindre sans vraiment y parvenir.

Un bruit sourd et sec me fit me relever en sursaut. Je descendais précipitamment les escaliers. Alors qu'il ne s'agissait que de verre cassé. Damon était accroupi dans ma cuisine et ramassait le verre brisé qui s'était répandu sur le sol.

• Qu'est-ce que tu as fait ?

• Désolé, j'ai dû te faire peur. J'ai fait tomber ce verre.

Me faire peur........non pas vraiment.....Damon ne m'avait pas fait peur. J'avais même oublié qu'il était là. Je me croyais seule certes, et j'avais été surprise par ce bruit strident, mais bien loin d'avoir peur, j'avais cru, pendant un instant que j'allais trouver quelqu'un d'autre chez moi. Terence , Sheldon, Tyron .....où n'importe qui d'autre appartenant à l'Hydra . Ils n'étaient pourtant pas dans ma cuisine. Ils ne le seraient plus. Au lieu de ça, il y avait ce garçon. Damon .....Damon .....Damon .....toujours Damon.

• Pardon de t'avoir réveillé.

Il avait un visage si serein. Si différent de celui des autres. Son regard à la fois transperçant et impassible. Damon Atkins .....Il était malgré toutes mes appréhensions et toutes mes craintes, une personne de confiance. Bien plus que moi. Et pourtant, je n'arrivais pas à me rassurer quand cet homme était dans ma maison.

Il m'observa étrangement. Comme s'il essayait de me dire quelque chose. Il avait l'air lui aussi dans une incompréhension totale de la situation. Nous semblions être deux animaux blessés au milieu d'un désert brûlant. Il s'avança vers moi.

• Salut. Me dit-il simplement en arrivant en face de moi.

Je n'étais pas rassuré quand il était ici, avec moi. Il ne tenterait pas de me toucher sans mon autorisation. Il ne cherchait pas une quelconque amitié, ne me devait rien. Je n'étais pas rassuré quand il était avec moi car j'avais peur. Peur de Damon , non. Mais j'avais néanmoins compris récemment qu'il était le seul à pouvoir faire tomber mes forces. Ses yeux aussi noirs que le plus profond des océans ne cessaient de me transpercer à chaque instant. Quoi que je fasse, son regard éventrait toutes mes tentatives de me couper du monde extérieur. Avec Damon, j'étais vulnérable, avec Damon , j'étais faible.

Sa main écarta une mèche de cheveux de mes yeux. Le rabattant derrière mon oreille. Il se rapprocha un peu plus.

Avec Damon , j'étais incapable de me contrôler. Avec Damon vers moi, j'étais chancelante.

Il s'approchait inexorablement de mon visage. Jusqu'à ce que son nez frôle le mien. Son regard maintenant dirigé vers mes lèvres.

• Ne fais pas ça.

• Pourquoi pas ? Murmura-t-il.

Parce que avec lui j'étais fragile.......Parce qu'avec lui j'étais amoureuse...... Parce qu'avec lui, j'étais moi.

Quand ses lèvres touchèrent les miennes, mes dernières forces me quittèrent. Ce baiser était doux, presque timide. Mon esprit était embrumé soudainement. Je n'arrivais plus à réfléchir, plus à comprendre ce que je faisais. Maintenant que les lèvres de Damon étaient contre les miennes, que les baisers que nous échangions commençaient à devenir fiévreux, je me rendais compte que j'en avais envie. Tout mon corps me criait de continuer de le laisser se fondre en moi. J'en avais affreusement envie, toutes mes cellules bouillonnaient au contact de ses mains, de sa bouche, de sa langue. Il fallait que je me reprenne. Car au fond de moi-même, je savais que ce n'était pas physique. Sa façon d'être à la fois arrogant et compatissant. Sa façon de me faire changer d'avis quand rien n'allait.... J'avais été bête de me voiler la face aussi longtemps... Je ne pouvais pas aimer, je n'en avais pas le droit et pourtant à chaque fois, il était là. Une douce chaleur ne cessait d'emplir ma poitrine, mais elle se dissipait aussitôt. Il y avait trop de trous à l'intérieur. Ressentir cette sensation si lointaine, que je croyais n'être qu'un simple souvenir me rendait presque........vivante. Je le repoussais soudainement avec force

• Arrête,ton petit jeu ne prend pas.

• Tu en as autant envie que moi.

• Que toi ? Pourtant cette nuit ce n'est pas mon nom que tu as prononcé.

Il me regarda sans comprendre.

• Tu es jalouse ? Dit-il vexé.

Non je n'étais pas jalouse. Comme c'était idiot ce que je faisais. Je cherchais simplement à entrer en conflit avec Damon . Pour qu'il s'éloigne, qu'il me laisse.

• Je ne sais pas je pourrais le demander à Ambre .

Quand je prononçai ce nom j'eus l'impression d'enfoncer un couteau dans le coeur de Damon . Il s'était soudainement arrêté de respirer. Son visage venait de changer littéralement de couleur. Il était presque aussi livide que moi.

• Quoi ?

• Oui dans ton sommeil, tu ne cessais de dire Ambre , Ambre . Encore une de tes conquêtes.

• Ferme là

Je venais enfin de trouver le point faible de cet homme. Une chose qui le blessait, j'étais presque fière de moi. Une petite victoire pour toutes les personnes à qui il avait fait du mal grâce à son air imperturbable. Y compris moi.

• Elle devait être sacrément bonne pour que tu te souviennes de son prénom dit moi.

J'étouffais un cri quand il m'attrapa par la gorge. Son regard s'était voilé, je ne bougeais pas, pétrifier de ce geste qu'il avait envers moi. Je crus voir comme une lumière dans ses yeux avant qu'il ne desserre son emprise, mais il ne me lâcha pas pour autant.

• Tu es une personne pitoyable. J'espère que tu crèveras seule.

Sur ces mots, comparables à de l'acide qu'on me jetait au visage. Il me poussa contre le mur derrière moi et partit en claquant la porte. Je me laissai glisser contre le mur essayant de comprendre comment une telle situation avait pu changer en quelques secondes. Je me mis à pleurer comprenant que cette fois le jeu était terminé.