Quand l'espoir s'effondre 2

Mercredi. La journée était encore une fois magnifiquement ensoleillée. Cela faisait deux jours que j'évitais les questions des membres de l'Hydra . Surtout celles de Sheldon . Il savait que je cachais quelque chose. Mais s'il apprenait ce que j'avais fait j'allais me faire étriper. À coup sûr. Tyron m'avait rendu visite hier, car encore une fois je m'étais portée absente lors d'une réunion. Heureusement pour moi lorsqu'il est venu j'étais en train de faire mes devoirs. J'ai donc facilement eu l'excuse de lui expliquer que j'avais du travail de retard. Il m'a fichu la paix.

J'aurais bien profité pour une fois de mon après-midi de libre, mais je devais à tout prix faire cette heure de colle avant que je ne me fasse renvoyer pour de bon. Je me suis donc retrouvé encore une fois dans une salle de classe un mercredi après-midi. Que peut-on rêver de mieux ?

J'étais seule dans la salle. Le surveillant n'était toujours pas là et je commençais à me poser des questions. Des questions étranges, intrigantes. Depuis quelque temps Les membres de l'Hydra étaient tous à l'affût de mes moindres faits et gestes. Tyron me suivrait comme mon ombre si je ne l'en empêchais pas. Sheldon voulait sans cesse passer me voir et je ne parle même pas d'Elijah qui avait sûrement des raisons plus personnelles de vouloir venir chez moi.

Soudain la porte s'ouvrit. Je croyais mourir en voyant la personne entrée dans la pièce.

• Candice ? fis-je plus que surprise

• Bonjour....Erin .

• Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

• Monsieur Rodgers ma punie.

Je préférais ne plus lui parler. Peu importe les raisons de sa présence. Elle était là et c'était un vrai problème. Elle me regarda les joues rougissantes de minutes en minutes. Je la regardais, impassible. Ni l'une, ni l'autre ne savait comment réagir. Peut-être que Candice était un peu idiote ou simplement folle, mais elle se mit à une table plutôt proche de la mienne. Je me remémorais ce soir d'été où malgré mon envie de la protéger, j'avais tenté de la gifler. Heureusement pour elle qu'Alexis s'était interposée.

*****

• Erin tu ne vas pas bien ?

• Lâche-moi Alexis ! Avais-je dit agressive.

À mes côtés Sheldon et Terence regardaient la scène. L'un ennuyé du spectacle, l'autre comptant déjà les points.

• Je vous l'ai dit, je ne veux plus avoir affaire avec vous. Si je dois vous casser la gueule pour vous faire comprendre...

Alors je le ferais. Pour leurs propres bien elles ne devaient plus me fréquenter. Intérieurement je remerciais Alexis de m'avoir empêché de frapper Candice .

• Tu n'es pas sérieuse Erin . Ce sont les gens de ce gang qui te force. Avait soufflé Hailey déjà en larmes.

• Eh ! Dit Sheldon . Ce sont des conneries ça.

• On est là au cas où ça dégénérerait.

• C'est déjà en train de partir en couille. À cause de vous ! Cria-t-elle à Terence .

Candice ne parlait pas. Elle était simplement perturbée et choquée par la situation. Je comprenais parfaitement cette pauvre fille. Comment réagir quand sans raison son amie t'insulte, devient violente et change complètement. Les filles n'étaient pas prêtes à accepter la façon dont je changeais alors autant tout arrêter. Rester ensemble ne servirait qu'à nous faire souffrir d'un côté comme de l'autre. Prenant la plus grande inspiration que je pouvais prendre. Je serrai mon poing, si fort que mes ongles me transpercèrent la peau. Si fort que je crus un instant que mes phalanges allaient me lâcher. Mais pourtant, ma main a tenu le coup quand je l'ai sentie heurter une chose dure. Ce geste était si rapide, si furtif. Et pourtant je pouvais déjà voir les dégâts de mon coup de poing sur le visage d'Alexis .

• Tu es folle ! avait-elle hurlé en plaquant sa main sur son front.

Oui, j'étais folle. Où du moins je sentais que je le devenais. Un filet de sang se fraya un chemin entre ses doigts et coula le long de son bras pour finir sa course à son coude. Je me rendis compte de l'arcade ouverte et du sang qui en sortait. Alexis aussi. Son regard changea, s'intensifia quand elle vit le sang séchant dans sa main. Ses yeux vert pâle me regardèrent avec animosité. La guerre était déclarée. Derrière elle, les insultes d'Hailey à mon égard se mélangèrent à ses larmes. Moi je tentai temps bien que mal de garder mon impassibilité. Mais ma main m'était douloureuse et savoir que je venais à l'instant de perdre mes amies, rendait la tâche encore plus difficile. Finalement Alexis se jeta sur moi asseyant temps bien que mal de me frapper. Sheldon et Terence s'interposèrent automatiquement.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

J'avais perdu mes amies ce jour-là. Je les avais éloignées de moi pour au final de ne pas les perdre. Un raisonnement assez stupide quand on regarde mais pour moi c'était important. Je faisais souffrir. C'était indéniable, toutes les personnes qui étaient proches de moi finissaient à un moment ou à un autre par en subir les conséquences. Et je savais que me voir meurtri et blesser faisait souffrir mes amies. J'avais donc préférez-m'en éloigner maintenant, plutôt que de les voir assister à ma décadence.

• Tiens, tiens

Je relevais la tête. Et je ne fus même pas surprise de voir Marlow entrée dans la pièce.

• Erin , je suis étonnée de te voir là. Me fit-elle souriante. Et toi j'en parle même pas. Dit-elle à Candice .

• Qu'est-ce que tu fou-là ?

• Je suis en retenue pour dégradation de matériel.

• Autrement dit ?

• J'ai défoncé le casier d'une fille qui m'avait cherchée.

Plus je lui parlais et plus je me demandais si elle n'avait pas besoin de se faire interner. Marlow , futur psychopathe. En plus, ça sonne bien.

• Et toi Mccormick ?

• Euh je..je..c'est Monsieur Rodgers qui m'a punie.

Personne ne posa plus de questions. Nous n'en avions pas besoin. Rodgers était un professeur de mathématiques plutôt tyrannique. Distribuant les heures de colle à qui le voulait bien. Même Candice était une potentielle élève en retenue avec lui, et visiblement ça n'avait pas loupé.

• Bonjour, bonjour.

Nous nous retournâmes toutes pour voir entrer Pittman . S'il était notre surveillant de la journée je pourrais dormir.

• Bien, tout le monde s'assoit en silence.

Ce que nous fîmes. Le professeur nous donna à toutes un devoir de français. D'une simplicité déconcertante. Une petite heure me suffit.

• J'ai fini Pittman . Dis-je sans formalité.

• Tu n'as qu'à t'occuper alors.

• Mon..Monsieur ?

• Oui, Candice ?

• J'ai beaucoup de mal à comprendre moi. Erin peut m'aider ?

J'écarquillais les yeux. Je venais bien d'entendre ce qu'elle avait dit ? Elle me regarda à son tour, hésitante puis finalement se leva pour s'asseoir à côté de moi. Les battements de mon cœur étaient incontrôlables. Je fixai ma copie sans grand intérêt. J'étais complètement perdue. Ce n'était pas le genre de Candice de prendre de telles initiatives. Surtout quand on savait que quelques mois plus tôt je lui avais fait comprendre que je la détestais.

• Sa...salut. Chuchota-t-elle.

• Salut. Répondis-je froide.

• Il...il fait beau aujourd'hui.

Je relevais la tête , étonnamment quand mon regard se posa sur elle, elle ne rougit pas, ne blêmit pas. Elle attendait simplement une réponse de ma part le sourire aux lèvres. Son air angélique était quelque peu différend maintenant. Depuis combien de temps ne l'avais-je pas vue ? Ses cheveux avaient poussé, du vernis rouge était sur ses ongles, je crus même apercevoir du gloss sur ses lèvres. Ses changements étaient-ils dues à son petit copain.

• Oui, enfin je crois.... balbutiais-je.

• Alors tu m'aides pour mon exercice ?

• Non. Dis-je sèchement.

Cette fois elle blêmit.

• Tu es excellente en français Candice . Qu'est-ce que tu me veux ?

• Je..mais rien...je..je

• Candice . Menaçais-je.

• Je veux juste parler.

• Moi non je ne suis plus ton amie. Le message est assez clair où je dois te le faire comprendre d'une autre façon ?

Elle déglutit. Mais ne se démonta pas pour autant, chose qu'elle n'aurait pas faite il y a un moment.

• Non, le message est clair. Mais tu sais on s'ennuie aujourd'hui, nous pourrions quand même discuter. Cela n'engage à rien.

Je ne répondis pas. Bouche bée devant sa repartie.

• Je me présente je m'appelle Candice Mccormick .

Elle me tendit sa main. Qu'elle était belle. Sa beauté douce m'avait toujours enivré. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine, et sa voix chantante me poussa à prendre cette main.

Evidemment que chaque jour je regrettais mon geste envers elle, Candice était la fragilité incarnée, il fallait être fou pour lui faire du mal. Mais pourtant je l'avais fait. Pourtant elle avait raison. Lui parler une fois ne voulait pas dire que nous redeviendrions amies. Une perspective qui, malgré moi, me fit mal.

• Moi c'est Erin Summers .

Elle rit, un rire cristallin et mélodieux.

• Tu veux bien m'aider alors ?

Je souris. Je pris sa copie de ses mains et je commençais à lui expliquer l'énoncer. Elle m'écouta très attentivement tout le long de mes explications. Bien que je sache qu'elle connaissait déjà tout ce que je lui disais, elle suivit à la lettre mes instructions. De temps en temps elle posa une question ou deux. Je voyais très bien qu'elle essayait de me faire parler. Qu'elle faisait tout pour que je ne m'arrête pas. Et cela me mit de bonne humeur, car moi non plus je ne voulais plus m'arrêter de parler.

• D'accord, je crois que nous avons terminé.

• Super merci.

Puis elle posa son stylo sur la table et me regarda. Intensément; Elle ouvrit la bouche et la referma par la suite; Elle voulait parler. Mais peut-être avait-elle peur de ma réaction.

• Comment tu vas Erin ? finit-elle par lâcher.

• Plutôt bien. Mentis-je.

En temps normal je l'aurais envoyé voir ailleurs. Mais j'avais envie de lui répondre. Tan pis pour la solitude, je la retrouverais bien plus tard de toute façon. Elle m'avait demandé ça sur un ton tellement amical et normal, comme si elle ne connaissait rien de ma vie, comme une phrase de routine que l'on dit à une connaissance. Et ce ton qu'elle employait avec moi me plaisait.

• Et tes nouveaux amis ? Ils sont bien ?

• Ils sont très bien même.

Trop bien.

• Tout va bien alors. Souffla-t-elle.

Je ressentis tout de même une pointe de soulagement. Candice s'inquiétait. Cela n'était pas une nouveauté. Elle se serait même inquiétée pour un meurtrier condamné à mort. Cela était Candice . Mais cela voulait dire qu'elle pensait encore à moi, et j'en fus heureuse. Un sentiment que je ne connaissais plus.

• Et toi , Comment ça se passe avec Logan ?

• Très bien, c'est un garçon génial.

• Tout l'opposé de toi.

• Oui mais c'est justement ça qui est génial. J'ai l'impression d'apprendre quand je suis avec lui, et c'est la même chose pour lui. J'ai l'impression qu'on se complète.

Ses yeux brillaient, ses joues rosies. Elle était amoureuse. Candice amoureuse, c'était déroutant. Je savais quels en étaient les effets et j'espérais que la fille la plus innocente de ce lycée n'en connaisse jamais le revers de la médaille.

• Maintenant que je suis avec Logan , je côtoie beaucoup Damon ....

Je ne compris pas son soudain changement de comportement, mais je redoutais la suite.

• Et il nous parle beaucoup.

Je me raclais la gorge, la chaise sur laquelle j'étais assise me parue soudain inconfortable.

• Ah...

• Tu es au courant pour Marlow et Damon ?

• Oui...

Depuis quand Candice s'intéressait au commérage ? En quoi les histoires sexuelles de Damon pouvaient l'intéresser ?

• Je n'imagine même pas la tête de Marlow quand elle a compris ce qui se tramait.

• Comment ça ?

• Eh bien, quand Damon lui a remis les idées en place.

• Je ne comprends plus rien là. Elle a bien couché avec non ?

• Quoi ? Pas du tout, il a appris de source sûre qu'elle l'espionnait.

Je déglutis.

• Alors il l'a menacé et apparemment elle va raconter à tout le monde des idioties à son sujet.

Pendant un instant je crus tomber de ma chaise.

• Il t'a juste dit ça ?

• Oui, et le fait qu'elle t'ait agressé dans les toilettes. En vérité il ne me parle pas tellement à moi. Mais Kenneth m'en a parlé. L'histoire est bien plus compliquée, mais il n'a pas voulu m'en dire plus.

• Bien, vous pouvez partir.

Finalement, l'heure de colle n'avait pas été aussi ennuyeuse que prévu. Alors que je rangeais encore mes affaires, Candice m'attendit.

• Qu'est-ce que tu fais ?

• Je t'attends, quelle question.

• Candice ...

• Je sais, je ne te connais plus dès que nous sortons du lycée.

Je souris. Et puis pourquoi pas.

• Dit moi Candice , tu ne m'en veux pas pour...tu sais pour...

• Non, je comprends un peu ta réaction. Mais nous le dire aurait simplement suffi.

Nous arrivâmes dans la cour du lycée.

• Tu rentres comment ? Me demanda-t-elle.

• En bus.

• Je peux te raccompagner si tu veux. Kenneth et Logan vont venir en voiture et ..

• Non c'est bon ! Dis-je sèchement.

Alors que nous étions dans la cour, au loin quelque chose m'interpella. Devant le lycée trois silhouettes se démarquaient du paysage. Je reconnus facilement celle de Marlow , mais les deux autres qui avaient l'air grandes et grosses ne m'inspiraient pas confiance.

• Candice je pars devant reste dans le lycée.

• Quoi ? Mais je...

• Quand tu verras la voiture vas-y. Pas avant.

Je ne me serais pas inquiétée à l'accoutumée mais, les deux silhouettes me rappelaient quelque chose. Plus j'avançais et plus j'avais raison de me méfier. En m'approchant j'analysais les silhouettes comme étant deux personnes masculines. Habillées toutes deux de noir. Le vêtement fit tilter dans ma tête. Je me retournais pour voir où était Candice . À mon grand soulagement, elle était toujours dans le lycée le téléphone à l'oreille.

Plus je m'approchais et plus je comprenais que j'allais avoir des problèmes. Maintenant les trois personnes devant les grilles de l'établissement m'apparaissaient très clairement. Lorsque les deux hommes me virent approcher. Ils lâchèrent le bras de Marlow qui fut projeté contre la grille. Les paroles d'Elijah me revinrent en tête.

"Warren et ses copains tournent un peu trop autour du QG dernièrement"

"Ouais. En tout cas fait gaffe, ils s'en prendront forcément aux filles d'abord"

Je me maudis de ne pas avoir pris ses mis en garde au sérieux. Aucun membre du groupe savait que j'étais au lycée cet après-midi. Je savais donc déjà comment tout ça allait finir. En sois-j'étais dans la merde. Là où était le très gros problème était que Marlow et Candice allaient elles aussi en avoir si elles ne se mettaient pas à l'abri. Je comprenais soudainement mieux les appels et visites répéter de Tyron les jours précédents.

• Te voilà Gamine ! Me cria le plus gringalet.

Cet Homme était Warren . Il était à première vue inoffensif avec les lunettes, un air simple. À première vue seulement. J'avais bien compris que son petit groupe d'ex-taulard était bien plus que de la petite racaille quand nous nous étions battus avec eux quelques semaines plus tôt. Instantanément je me plaçais entre eux et Marlow .

• Ils sont cinglés Erin ! Ils m'ont collé une baffe. Fit Marlow effrayée.

• Tu l'as mérité ! Répondit Warren .

Pour le coup, je leur accordais ce point.

• On a mis un moment à te trouver gamine.

• Qu'est-ce que vous voulez ?

• Le blé que ton patron nous doit.

• Alors allez régler ça avec lui. Ici c'est un établissement privé où il y a des mineurs.

L'homme aux lunettes rit. Il s'approcha de moi. Bien que je ne le montre pas. Ma peur commençait à prendre le dessus sur tout le reste. Warren était l'un des plus gros fournisseurs de cocaïne de la région. Il travaillait depuis un bon moment avec Tyron . Mais quand il a appris que Warren vendait sa part à la concurrence ça a mal tourné. Il posa son bras autour de mon cou.

• Tu vois gamine. Je sais que tu es la petite protégée de cet enfoiré de Tyron . Alors tu comprends que je m'adresse à toi étant donné qu'il ne me répond pas.

Je ne répondis pas. Warren s'éloigna de moi et attrapa Marlow par le bras.

• J'ai hésité à venir te voir toi, ou bien sa petite amie d'abord. Mais j'avais plus de chance de te trouver seule.

• Fou lui la paît Warren .

• Appel tout de suite Tyron ou ta copine va comprendre sa douleur.

Marlow le regardait, sans vraiment comprendre ce qui se passait. J'aurais pu les laisser la passer à tabac, après tout elle le méritait. Mais néanmoins je sortais mon téléphone de ma poche. Cette histoire me dépassait et seul Tyron pouvait juger de ce qui était bon et ce qui ne l'était pas.

• Allô ?

• Jade , c'est Erin . Passe-moi Tyron .

• Il ne peut pas désoler

• C'est très important !

• Il est en pleine réunion Erin , tu peux attendre non ? S'énerva-t-elle.

• Dit lui que je suis avec Warren devant mon lycée ! Qu'il fasse vite.

• Quoi ? J'arrive de suite je....

• Non Jade ! Coupais-je. Ne viens pas.

Je raccrochais. Il m'avait déjà trouvé moi, pas la peine que Jade se jette dans la gueule du loup. J'étais dans une situation vraiment, vraiment merdique. Marlow commençait à pleurer. Warren me regardait l'air imperturbable. J'entendis le colosse derrière moi s'approcher, pourtant je ne bougeai pas. J'étais pétrifiée, car aucune de mes réactions ne serait la bonne face à ce fou.

• Il arrive. Dis-je.

Je me maudissais. Si seulement j'avais écouté les autres. Warren me fit signe d'approcher. Bien que je ne veuille pas avancer, je sentais derrière moi son homme de main me talonner. Alors j'avançai jusqu'à lui. Je faisais tout pour paraître inébranlable. Commencer à paniquer serait une trop grande satisfaction pour Warren . De plus je savais que Candice n'était pas loin. Marlow était au bord de la crise d'angoisse alors si moi aussi je commençais à perdre pied je savais que la situation allait dégénérer.

• Ton patron est un mauvais patron, gamine.

• Je ne suis pas une gamine.

Les mots, à peine sortie de ma bouche, je vis son bras partir à une vitesse folle. Je crus tombée, mais le Colosse me retint. Une douleur aiguë me prit au niveau de la bouche. Il ne me fallut pas très longtemps pour comprendre qu'il m'avait frappé. Du revers de la main seulement, mais sa chevalière avait fait la plus grosse partie du travail.

• Tu vois gamine, Tyron ne sait pas à quel moment il doit obéir. Cela me dérange un peu. Lui qui était un si bon client. Peut-être que je devrais lui donner une leçon...

À ses mots un nouveau coup fut asséné dans mon estomac. Genou à terre j'entendis une voix au loin. Cela me glaça le sang. Mon regard dériva sur ma gauche pour rencontrer celui de Candice , seulement à quelques mètres de moi.

• Encore Une ? Fit Warren .

Celui-ci fit un signe de tête à son second qui alla dans sa direction. Il ne faisait plus attention à moi. J'aurais pu riposter à ce moment-là mais j'étais incapable de me relever. Une nausée me pris soudainement et malgré-moi je recrachais mes boyaux. Je sentis qu'on m'attrapait pour me jeter à mon tour contre le grillage. Warren se dirigea lui aussi vers Candice . J'étais tellement inquiète pour elle pourtant je fus attiré par les gémissements à côté de moi. Marlow assise elle aussi essayait temps bien que mal de rester silencieuse, les mains sur la bouche. Elle me parue si fragile, si effrayer. Tout ce qu'elle m'avait fait me paraissait soudainement futile, dénué d'intérêt.

• Marlow ! Essaye de rester calme. Ne parle pas d'accord ?

Elle me regarda les yeux remplis de larmes. Elle acquiesça simplement. Je pris une de ses mains et la serrai dans la mienne.

• Tout va bien se passer.

• Tu as vu la barre en fer que le type costaud a dans la main ?

• Tout ira bien il ne frappera que moi si tu ne bouges pas. Il n'a aucun intérêt à vous faire du mal.

Un cri attira mon attention. Je vis les deux criminels venir vers moi. Warren tenant Candice par les cheveux. Et effectivement c'est à ce moment, et uniquement à ce moment-là que je vis la longue tige en métal dans la main gauche du larbin de Warren . Un nouveau frisson me parcourut l'échine. Cet objet, ne m'était pas destiné je le savais. Si Tyron venait ça allait être un bain de sang.

• Bien gamine à nous deux.

De nouveau on m'attrapa me forçant à me relever. Warren tenant toujours Candice , rit voyant enfin une once d'inquiétude sur mon visage.

• Je pense que ton patron ne viendra pas. Alors il va falloir que je lui explique qu'on ne me baise pas comme ça.

Nous tournâmes tous la tête quand on vit Marlow s'enfuir en courant.

• Je vais la chercher boss ?

• Pas la peine Ex, on a déjà tout ce qu'il nous faut ici.

Soudain je vis la main droite de Warren glisser le long de la cuisse de Candice . Elle étouffa un cri.

• Faisons vite ! Dit le dénommé Ex.

Mon sang ne fit qu'un tour. Alors qu'il venait à peine de me lâcher le bras, la douleur disparue. Je ne ressentis plus que l'adrénaline. Je me jetai sur le chef de gang de toutes mes forces. Candice tomba aussi dans la chute, mais au moins elle put se dégager. Je serrai mon poing et frappai là où ça faisait mal. Un cri déchirant sortit de la bouche de l'homme à lunettes. Je préparais déjà à frapper une nouvelle fois quand je sentis une douleur si intense entre mes omoplates que pendant quelques secondes je ne pus respirer. Sans difficulté Warren se dégagea et se releva.

• Tu vas me le payer !! Hurla-t-il.

Alors que j'étais couchée au sol incapable de me relever, je le vis prendre l'objet qui m'avait touché quelques secondes plus tôt. Candice cria !

• Retient l'autre pétasse.

Je tentai de me relever avant qu'il me frappe, mais la barre en métal me percuta derrière les genoux, touchant mes nerfs me faisant de nouveau tomber à terre. Je ne sus dire par la suite où il me frappa. Mais je fus martelé de coup pendant bien une minute. Il évitait soigneusement le visage. Je ne saurais dire pourquoi.

• Petite pute ! Tyron ne va même pas te reconnaître. Je sentis qu'enfin il me laissa.

Ma vue se troubla, je sentais que mon corps ne voulait plus bouger qu'il me disait stop. Mais je levais les yeux vers Candice . Vers cette fille maigre, symbole de fragilité, de pureté. Et je me dis qu'encore une fois les autres souffraient, elle souffrait à cause de moi. Si elle n'avait pas été là aujourd'hui, si elle n'était pas restée avec moi. Non pas encore une fois, pas elle , J'en avais marre qu'elle pleure à cause de moi. Qu'elle souffre. Je me relevais péniblement.

• Hey !

Alors qu'il se retournait je frappai de toutes mes forces. Qui ? Ou ? Aucune idée. Puis je frappais de nouveau. Je vis Warren partir en courant, mais j'étais comme déconnectée de la réalité. Je ne pensais qu'à frapper encore et encore. Mes jointures étaient douloureuses. Le corps inerte que je continuais de fracasser ne gémissait même plus. Mon cerveau me disait d'arrêter, de tout stopper pendant qu'il en était encore temps mais la rage montait en moi. Une fureur bestiale que je contenais maintenant depuis trop longtemps. Je ne pensais même plus au contexte de cette bagarre, je n'entendais plus les faibles hurlements de Candice . Il n'y avait plus que moi et toute cette haine que je ne pouvais désormais plus contenir. Les images me revenaient en tête sans s'arrêter. L'accident, l'enterrement, les hommes défilant dans mon lit, Marlow me coupant les cheveux, Damon en train de me quitter, les phrases qu'il m'avait dites. Un flot continue d'image qui accentuait ma violence frénétique. Mes doigts étaient si douloureux. Mais il fallait que je continue.

• ERIN!!

Quelque chose me tira en arrière ! Ou plutôt quelqu'un.

• Je vais le tuer putain ! criais-je me débattant.

Je croisais une paire d'yeux bleus. Et instantanément je me calmais reconnaissant le petit ami de Candice . Candice ! Recouvrant enfin un minimum de lucidité je la cherchai du regard. Elle était là ! seine et sauve. Sans égratignure. Ils n'avaient pas eu le temps de la toucher heureusement. Elle me regardait le visage livide. Enfin je tournai mon regard vers la personne qui me retenait toujours.

• Kenneth ?

• Tais-toi ! dit-il en me lâchant.

Je me souvins enfin que Kenneth et Logan devaient venir chercher Candice . Merci mon Dieu. Que se serait-il passé s'ils n'étaient pas arrivés.

• On se casse ! Dit Logan

Mon corps meurtri s'éveilla à cet instant. Le décor commença à pencher sous moi. Mes genoux ne purent me retenir plus longtemps. Kenneth dut me porter pour m'emmener jusqu'à la voiture. Une voiture ? Mon cœur loupa un battement, je voulus protester de toutes mes forces, mais le sang sur mes mains me dissuada de parler. Je prendrais sur moi. Pour cette fois. J'eus à peine le temps de comprendre que le véhicule démarra.

Alors que nous nous éloignions, je pus apercevoir le corps inanimé de l'homme de main de Warren . Et au fond de moi j'espérais ne pas l'avoir tué.