CHAPITRE VIII

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De la venue de don Alonso Luis de Lugo comme gouverneur de ce Royaume et des événements qui eurent lieu sous sa gouvernance. De la venue du licencié Miguel Díez de Armendáriz, premier visiteur et juge de résidence, et de tout ce qu'il en découla jusqu'à la fondation de l'Audience Royale.

La mort de l'Adelantado de Canarie et gouverneur de Santa Marta don Pedro Fernández de Lugo, qui survint comme nous l'avons vu en l'an 1538, permit donc à son fils et successeur naturel don Alonso Luis de Lugo, qui se trouvait emprisonné, d'arranger ses affaires; et avec licence de l'Empereur, il vint prendre la place de son défunt père à la tête du gouvernement, et fut le Second Adelantado de ce Royaume. Une fois à Santa Marta on l'entretint des abondantes richesses qui se trouvaient dans le Nouveau Royaume de Grenade, ainsi que de celles avec lesquelles en était reparti le licencié Jerónimo Lebrón, dont la valeur s'élevait à plus de deux cent mille pesos de bon or. Et cette somme n'est que peu conséquente si l'on se situe dans le contexte de l'époque, et surtout si l'on compare celui-ci à la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui le Royaume: dans la fange; et de fait on raconte qu'un certain gouverneur emporta beaucoup plus d'or que don Jerónimo Lebrón, bien qu'aux deux cent mille pesos de celui-ci il faille ajouter les bénéfices tirés de l'excellente vente qu'il fit de ses marchandises, et de l'attribution des encomiendas; et malgré tout cela, je maintiens qu'il n'en emporta pas beaucoup.

Enthousiasmé par le récit de ces anecdotes, le gouverneur don Alonso Luis de Lugo monta vers ce Royaume accompagné de beaucoup de gens, et il y entra à la fin de l'année 1543. Il amena les premières vaches, qu'il vendit à mille pesos d'or la tête. C'était un homme fougueux, hautain et turbulent, toujours disposé à provoquer des remous; ainsi il tenta de modifier l'attribution des encomiendas, qui avait pourtant été confirmée par don Jerónimo Lebrón. Les conquistadors se considérant lésés, portèrent l'affaire jusqu'en Espagne, où ils recoururent à l'arbitrage de Sa Majesté l'Empereur. Le capitaine Gonzalo Suárez Rendón, avec qui le gouverneur avait eu l'opposition la plus vive, car il s'était montré encore plus dur avec lui qu'avec les autres, avait même, par procuration, déposé une plainte au Conseil contre don Alonso Luis de Lugo, à l'évolution de laquelle il se tenait particulièrement attentif. Le conflit prit de telles proportions entre les deux hommes, qu'avant que de Castille n'arrivât une quelconque réponse, le gouverneur fit arrêter le capitaine, et l'emmena prisonnier avec lui jusqu'à Santa Marta, où ils embarquèrent pour l'Espagne. Mais à peine arrivés au cap de la Vela, le gouverneur reçut l'ordre de libérer le capitaine. Ce dernier fit donc le reste du voyage en homme libre jusqu'à la Cour, où il plaida si âprement sa cause contre ledit gouverneur, qu'il lui fit perdre son gouvernorat; don Alonso Luis de Lugo fut alors déplacé à Majorque, d'où il passa à Milan, où il mourut.

Ledit gouverneur avait laissé en ce Royaume, pour le remplacer dans ses fonctions pendant son absence, un de ses lieutenants et parents, nommé Lope Montalvo de Lugo. Ce dernier gouverna fort convenablement jusqu'à ce que Sa Majesté l'Empereur envoyât le licencié Miguel Díez de Armendáriz, nommé premier visiteur et juge de résidence, et lui délivrât une cédule de gouverneur, grâce à laquelle il put légalement prendre possession du siège laissé par l'Adelantado don Luis de Lugo, ainsi que de tous ses négoces. Il arriva à Carthagène avec ces titres en l'an 1545. Là il remit celui de lieutenant de gouverneur de ce Royaume à Pedro de Ursúa, son neveu, jeune homme généreux et à l'humeur gaillarde, qui peupla plus tard la ville de Tudela, sur les terres des Indiens de Muzo, qui a aujourd'hui disparu. Et il fonda également la ville de Pamplona à la tête d'autres conquistadors. Il nomma ainsi ces deux villes en hommage à sa terre natale de Navarre.

Il fonda aussi la ville de Tayrona et y amena des gens pour la peupler. Mais une nuit les Indiens, du haut de la colline au flanc de laquelle était accroché le village, y mirent le feu en faisant tomber dessus une pluie de flèches sifflantes, enrobées de coton imprégné d'une mixture hautement inflammable. Et ils tuèrent beaucoup d'habitants avec des flèches aux pointes empoisonnées avec des plantes vénéneuses tandis que, pour se défendre, les villageois ne pouvaient plus recourir à la solution des armes à feu, leur arsenal s'étant entièrement consumé dans l'incendie. Les survivants n'eurent donc d'autre remède que la fuite. Don Pedro de Ursúa revint alors à Santa Fe, d'où il partit ensuite pour Carthagène, puis pour Panamá, où on lui confia la charge de réprimer et châtier les noirs qui s'étaient soulevés; il exécuta ladite tâche avec autant de courage que d'efficacité, les ramenant à l'obéissance. De là il passa au Pérou, où il fut des gens qui descendirent le río Orellana ou Marañón, où le tua le tyran et usurpateur Lope de Aguirre, lui et sa si chère doña Inès, comme le relatent le père Castellanos dans ses Élégies, et le père fray Pedro Simón dans ses Chroniques Historiques, auxquelles je renvoie le lecteur désireux d'en savoir davantage sur cet épisode tragique.

Voyons maintenant lesquels des soldats qui vinrent avec l'Adelantado et gouverneur don Alonso Luis de Lugo demeurèrent en ce Royaume, et qui sont les suivants:

Le capitaine Juan Ruiz de Orejuela, vétéran des campagnes d'Italie, et issu de la noblesse de Cordoue, vint d'Espagne avec l'Adelantado don Pedro Fernández de Lugo, et monta ensuite en ce Royaume en l'an 1543, en tant que capitaine de deux brigantines.

Le licencié Miguel Díaz de Armendáriz lui attribua les Indiens de Fúquene en encomienda, et il fut premier alcade à Tunja, et alcade ordinaire en cette ville de Santa Fe de nombreuses fois; il fut marié et eut sept garçons, qui sont aujourd'hui tous morts.

Fernando Suárez de Villalobos, fils du licencié Villalobos, fut procureur du Conseil des Indes.

Gonzalo Montero, à Tocaima.

Francisco Manrique de Velandia, à Tunja.

Juan de Riquelme, à Tunja.

Juan de Sandóval, à Tunja.

Francisco de Vargas, à Tunja.

Cabrera de Sosa, à Tunja.

Antonio Fernández, à Tunja.

Fernando Velasco, à Santa Fe.

Juan de Penagos, à Santa Fe.

Melchor Álvarez, à Santa Fe.

Juan de Mayorga, à Vélez.

Martín de Vergara, à Vélez.

Mejía, résident de Tocaima, et Figueroa, à Tocaima.

Beaucoup d'autres soldats de l'Adelantado don Luis de Lugo demeurèrent en ce Royaume; d'autres montèrent au Pérou, mais le capitaine Juan de Montalvo, sur la déclaration duquel je me fonde, et qui est archivée au cabildo de cette ville de Santa Fe, ne se souvint plus de leurs noms.

Une fois établi en ce Royaume, le licencié Miguel Díez de Armendáriz, en sa qualité de visiteur, voulut reprendre la main sur les négoces dudit ex-gouverneur don Alonso Luis de Lugo. Il en résulta une forte inimitié entre lui et le capitaine Lanchero et ses alliés; ces derniers obtinrent gain de cause à l'Audience Royale de Saint-Domingue, grâce à l'appui d'un auditeur, le licencié Zurita, qui prit position contre ledit visiteur. Le Zurita se déplaça même en personne jusqu'à Santa Fe, où il demeura parfaitement passif, son arrivée coïncidant de peu avec celle des auditeurs venus pour fonder l'Audience Royale, comme nous le verrons en temps voulu, et qui ne lui laissèrent nulle opportunité d'agir.

Don fray Martín de Calatayud, de l'ordre de Saint Jérôme, quatrième évêque de Santa Marta et second de ce Royaume, succéda à don Juan Fernández de Ángulo à la mort de celui-ci, et arriva à Santa Fe au cours de la même année 1545; il y fut fort bien reçu, étant le premier prélat à entrer en cette ville, et un homme saint. Il vint toutefois sans avoir été encore consacré; il monta donc au Pérou pour y recevoir la consécration la suivante année de 1546, au temps même du soulèvement de l'usurpateur Gonzalo Pizarro. Il arriva à Quito après la bataille qu'on appelait alors "d'Añaquito", de laquelle sortit victorieux le tyran Gonzalo Pizarro, et vaincu et mort le vice-roi Blasco Núñez Vela, ainsi que d'autres valeureux serviteurs du Roi. L'évêque poursuivit son chemin jusqu'à Lima, où il trouva les évêques de Cuzco et Quito, et l'archevêque de Lima. Et il participa même à la cérémonie d'accueil que ladite ville de Lima donna en l'honneur de l'usurpateur Gonzalo Pizarro, qui fut porté en triomphe à travers les rues au milieu des quatre prélats, puisque le nôtre avait déjà été consacré de la main des trois autres; ces quatre prélats accompagnèrent donc dans sa parade le tyran, dont on peut fort bien croire qu'il n'était pas disposé à renoncer au reste de cet empire du Pérou.

Ledit tyran poussa l'ambition jusqu'à un tel point, qu'il eut l'audace d'envoyer au Roi la demande de lui concéder le titre de gouverneur du Pérou; et il choisit son émissaire en la personne de l'archevêque de Lima don Jerónimo de Loayza, qui y consentit, non point tant pour servir le tyran que pour échapper à son joug. Bientôt il initia donc son voyage vers l'Espagne, embarquant dans un premier temps pour Panamá, accompagné de notre prélat fraîchement consacré. À Panamá ils rencontrèrent le docteur don Pedro de La Gasca, qui venait juste de remettre la gouvernance de ladite ville entre les mains du capitaine Pedro de Hinojosa, qui y avait été envoyé par le tyran et usurpateur Pizarro¹. Il lui avait également donné le commandement de la flotte des navires de la mer du Sud², ce qui marqua le début de la restauration de l'autorité royale au Pérou. L'archevêque finalement n'alla pas en Espagne, mais retourna au Pérou en compagnie du président de La Gasca, aux côtés duquel il resta jusqu'à l'achèvement de ladite restauration. Je renvoie le lecteur à l'Histoire Générale du Pérou, où ces péripéties sont beaucoup plus amplement relatées.

1: L'auteur ne précise pas que Pedro de la Gasca, représentant de Charles Quint, avait fait changer de camp Pedro de Hinojosa, en échange du pardon pour sa trahison, et l'avait retourné, lui et ses hommes, contre les frères rebelles Pizarro. 2: l'océan Pacifique.

Notre prélat don fray Martín de Calatayud, à Panamá prit congé de l'archevêque et du président, les remerciant chaleureusement; puis il partit pour la ville de Nombre de Dios, et de là pour celle de Santa Marta, où il commença à se sentir malade; il mourut sans avoir pu revenir en ce Royaume, à la fin de l'année 1548.

Les conquistadors considérèrent les heurts qu'ils avaient eus avec le Second Adelantado don Alonso Luis de Lugo, qui prétendait modifier l'attribution des encomiendas qu'avait pourtant confirmée le licencié Jerónimo Lebrón, et avec le licencié Miguel Diáz de Armendáriz, suite à sa visite; pour chaque cas le recours à l'arbitrage de la Justice avait été d'une lenteur et d'une complication désespérantes, amenant son lot de tracas supplémentaires. La raison en était évidemment le grand éloignement de ce Royaume, situé à plus de quatre cents lieues de Santa Marta. Et considérant l'immensité des terres de ce Royaume, déjà conquises ou à conquérir, ils en déduisirent qu'il pourrait s'y fonder beaucoup d'autres villes. Ils accordèrent donc de supplier l'Empereur de leur concéder la grâce de fonder une Audience Royale à Santa Fe, afin qu'ils pussent plus commodément recourir à sa justice pour arbitrer leurs négoces. Sa Majesté reçut favorablement leur requête, et la suivante année de 1549, arrivèrent à la ville de Carthagène trois auditeurs pour la fonder: le licencié Gutiérrez de Mercado, l'auditeur le plus ancien, le licencié Beltrán de Góngora, et le licencié Andrés López de Galarza. Ils poursuivirent leur voyage vers ce Royaume, et firent escale dans la ville de Mompox, où le licencié Gutiérrez de Mercado tomba malade et mourut. Seuls donc les deux autres auditeurs arrivèrent en cette ville de Santa Fe à la fin du mois de mars de l'année 1550; et ils en fondèrent l'Audience Royale le 13 novembre de la même année, avec toute la solennité et tout le protocole requis¹.

1: L'Audience Royale de Santa Fe de Bogotá du Nouveau Royaume de Grenade, tribunal civil, fut établie le 7 avril 1550. Son personnel se composait d'auditeurs ou juges, d'un contrôleur/procureur, d'un alguazil en chef, de greffiers, d'un comptable et d'un portier, et exerçait sa juridiction sur neuf gouvernorats, à savoir, Antioquia, Popayán, Los Muzos, La Plata ou El Caguán, Neiva, Carthagène, Santa Marta, Mérida et Guayana (actuel Venezuela); et dans les districts de Tima, Tocaima et Mariquita.

Cette Audience Royale à peine fondée, le licencié Briceño y arriva comme auditeur, et partit ensuite pour le gouvernorat de Popayán, pour y investir dans ses fonctions l'Adelantado don Sebastián de Belalcázar. Mais au lieu de cela, il condamna ce dernier à mort, pour celle qu'il avait lui-même donnée au bord du río Pozo au maréchal Jorge Robledo, pour être entré sur le territoire de son gouvernorat. L'Adelantado fit appel de cette sentence auprès du Conseil Royal, et son recours fut accepté. Donc tandis que la Justice suivait son lent cours, ledit auditeur Francisco Briceño occupa les fonctions de gouverneur intérimaire de Popayán pendant plus de deux ans, au terme desquels il revint à l'Audience Royale de Santa Fe, où siégeaient les auditeurs Góngora et Galarza.

À cette même période le licencié Zurita, mandaté par l'Audience Royale de Saint-Domingue, vint pour reprendre la résidence du licencié Miguel Díez de Armendáriz; mais les deux auditeurs n'y consentirent pas, et il dut repartir sans avoir pu en prendre possession. Le capitaine Lanchero et ses alliés, qui avaient déjà rencontré auparavant le licencié Zurita à l'Audience de Saint-Domingue, et sur l'invitation de qui celui-ci était venu à Santa Fe, firent appel à la Cour de cette décision des auditeurs Góngora et Galarza; le Roi envoya donc le visiteur Juan de Montaño pour incarner un contre-pouvoir face aux dits auditeurs et au licencié Miguel Díez de Armendáriz, dont je détaillerai la visite plus avant, et qui était également venu avec des titres d'auditeur de cette Audience, à laquelle il arriva à la fin de l'année 1552. Avec une grande rigueur, le visiteur Montaño engagea des poursuites contre les deux auditeurs, et les envoya prisonniers en Espagne. Ils moururent noyés en mer lors de la traversée, ainsi que tout l'équipage et tous les passagers de la capitane sur laquelle ils allaient embarqués, en cette nuit de disgrâce et de grande tempête. Seul en réchappa le capitaine Antonio de Olalla, qui fut encomendero de Bogotá, et qui avec cent pesos d'or honnêtement gagnés s'embarqua sur cette capitane; mais comme les deux auditeurs, qui étaient ses ennemis, étaient également à bord, pour se soustraire à cette compagnie gênante, il décida finalement de faire le voyage sur un autre navire de la même flotte; ce fut donc ainsi qu'il sauva miraculeusement sa vie, bien qu'il perdît son or, ainsi que tous les autres résidents de ce Royaume qui en avait envoyé en Espagne à bord de cet infortuné vaisseau¹.

1: Périt également dans ce naufrage (1554) le célèbre fondateur de Carthagène, don Pedro de Heredia, qui s'était embarqué vers l'Espagne pour se défendre de charges qui pesaient sur lui, relatives à sa gouvernance. Selon le poète et chroniqueur Castellanos, le navire sombra au large de la côte du Sahara.

Ce conflit entre le capitaine Olalla et les deux auditeurs était lié à l'amitié que le capitaine portait à un moine, dont je tairai l'ordre, et que les auditeurs expulsèrent de Santa Fe.

L'opposition entre le moine et l'un des deux auditeurs, qui étaient tous deux de jeunes hommes, naquit en la demeure d'une belle femme, qui jouait tant de ses charmes avec l'un qu'avec l'autre. Ô beauté, cause de tant de maux ! Ô femmes ! Mon intention n'est pourtant pas de dire du mal d'elles, ni non plus des hommes; mais j'en viendrais presque à affirmer que l'homme et la femme sont les deux plus mauvaises bestioles que Dieu ait créées.

Suite à cette rivalité, le moine fut étonnamment déplacé ; on l'arrêta en pleine rue au vu et au su de tous, et on l'expulsa vers la Castille, où il pesa de tout le poids qu'il put pour presser la visite contre les deux auditeurs.

Le lendemain matin de la nuit où disparut la capitane dans la mer de la Bermude, on retrouva sur la place de cette ville de Santa Fe et sur les murs de son cabildo, un papier sur lequel on pouvait lire: "Cette nuit, à telle heure, la capitane a sombré dans les parages de la Bermude, et se sont noyés Góngora et Galarza, le Général, ainsi que tous les autres passagers et membres d'équipage". On prit note de ce que disait le papier, du jour, du mois et de l'année, mais on ne fit pas d'investigation pour en retrouver l'auteur, bien que sitôt les premiers voyageurs arrivés d'Espagne, on sût que tout était vrai. En temps voulu je dirai qui avait placardé ce billet, ainsi que tout ce qui s'y rapporte.

Le licencié Miguel Díez de Armendáriz ne partit pas avec les auditeurs, car sa visite n'était pas terminée. Il se retrouva dans un tel état de pauvreté, que son ennemi même, le capitaine Lanchero, le fit sortir de prison et lui donna une somme d'argent avec laquelle il put retourner en Espagne. Là-bas il se fit ecclésiastique pour pouvoir toucher des prébendes; il servit donc un temps l'Église et mourut en Castille.

De la visite du licencié Juan de Montaño, sortit en de fort avantageuses dispositions l'auditeur Francisco Briceño; mais il en resta si redevable au visiteur et si assujetti à sa volonté, que certains en ce Royaume le surnommèrent "la petite catin de Montaño".

L'Adelantado don Sebastián de Belalcázar, pour répondre à une convocation judiciaire liée à la sentence qu'avait prononcée à son encontre le licencié Francisco Briceño, et de laquelle il avait interjeté appel auprès du Conseil, arriva à la ville de Carthagène, où il mourut vieux et pauvre, mais plein de mérites¹.

1: "Belalcázar mourut le 30 avril 1551. Il fut généralement très regretté. On lui fit des funérailles et on l'enterra dans la cathédrale de Carthagène. Castellanos indique que sur sa tombe fut gravée une inscription en latin, dont la traduction à l'espagnol est consultable dans ses écrits. Un tel personnage, de la trempe d'un Cortés ou d'un Pizarro, eut un bien pauvre enterrement, bien que Castellanos affirme que les résidents de Carthagène et son gouverneur don Pedro de Heredia lui firent d'élégantes et honorifiques funérailles. L'exécuteur testamentaire de Belalcázar, Fernando Andigno, acheta, pour un peso et deux réaux, deux verges de toile de Rouen pour le linceul; il paya un peso à une femme pour qu'elle confectionnât le linceul et en revêtît le cadavre, et vingt pesos pour l'enterrement". Histoire de l'Équateur, Federico González Suárez.

Le licencié Juan de Montaño était un homme hautain et rugueux, à l'humeur fougueuse et conflictuelle, sachant à l'occasion se montrer parfaitement détestable. Les nombreux ennemis qu'il avait épiaient le moindre de ses pas dans l'attente qu'il en fît un faux, leur ouvrant ainsi un angle d'attaque. Il fut ainsi en une occasion spolié par l'un de ses frères; et en une autre on lui fit endosser, à tort ou à raison, un soupçon de sédition; quoi qu'il en fût, il ne bénéficia de nulle loyauté de la part des puissants de ce Royaume.

Monsieur l'évêque don fray Martín de Calatayud de passage en ce Nouveau Royaume avant d'aller se faire consacrer au Pérou, avait confirmé au Cabildo l'attribution de la charge de proviseur au maître d'école don Pedro García Matamoros, en raison de la mort du saint évêque don Juan Fernández de Ángulo, dont le siège devait rester vacant un certain temps. Le maître d'école assuma cette charge avec une grande prudence et une grande attention chrétienne, veillant constamment à renforcer sa domination sur les naturels pour en tirer le plus grand profit, jusqu'à la venue de monsieur l'évêque don fray Juan de los Barrios.

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