Le voyage 2

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La nuit, il faisait extrêmement froid alors qu’ils n’avaient que de maigres couvertures en mauvais état, tandis que la journée, au contraire, la chaleur était si étouffante que Fatooh et les autres durent s’improviser des couvre-chefs avec les mêmes fines couvertures.

Par malheur, au bout de six jours, Hilda tomba gravement malade. À force d’être exposée à de tels changements de température, elle succomba à une insolation. La femme s’était beaucoup attachée aux deux adolescents. Qui pleurèrent tous deux sa mort, comme si c’était celle de leur propre mère, et les passeurs le respectèrent. Celle qui n’était plus les avait encouragés dans leur projet de migration vers les États-Unis, un rêve qu’elle avait elle-même embrassé de tout son cœur. Mais elle n’y arriverait pas dans cette vie. Ils creusèrent un trou profond pour y déposer délicatement le corps de la Bolivienne. Après avoir entièrement recouvert le cadavre, chacun jeta sa pelletée de sable en faisant un vœu. Ils ajoutèrent une pierre tombale improvisée, puis furent obligés d’abandonner leur amie en ce lieu.

Le soir, Fatooh ne se sentit pas d’humeur à manger et Fahid s’inquiéta.

“Je n’ai pas faim”, déclara la femme en repoussant la nourriture placée devant elle, “Hilda n’est plus ! Elle n’a jamais eu droit à un tel repas et moi, je devrais faire comme si de rien n’était ? Elle est morte, Fahid ! Elle est morte...” sa gorge se noua et les larmes lui montèrent aux yeux.

“Fatooh, ne pleure pas, même si j’adore te regarder et si tu es encore plus belle quand tu pleures, je n’aime pas te voir comme ça”, tenta l’adolescent pour la réconforter.

“Je ne suis pas d’humeur”, dit Fatooh en écartant sa main de la sienne dont il venait de se saisir, alors il la prit dans ses bras et la serra contre lui, disant : “Fatooh, tu es une jeune femme forte, comme Hilda, et je suis sûr qu’elle aurait voulu te voir sourire et surtout que tu réalises ton rêve, alors, fais-le pour elle.”

Après environ une semaine à dos de lama, ils arrivèrent enfin à Matarani et durent se précipiter au port car ils avaient pris du retard à cause de la mort d’Hilda. Ils auraient dû arriver à trois heures du matin et il était déjà cinq heures. Le bateau partit quinze minutes plus tard. Grâce à l’entraînement physique acquis durant leur carrière de voleurs, ils purent attraper leur embarcation à temps. Ils firent plusieurs escales : Guayaquil en Équateur et Punteras au CostaRica, avant d’arriver à destination, Acapulco au Mexique.

Le trajet jusqu’en Équateur dura tout au plus trois ou quatre jours. Il se déroula en petit bateau de pêcheurs afin d’avoir le matériel nécessaire pour s’approvisionner durant toute la course. Ils eurent la chance d’avoir le bateau pour eux seuls, plus la passeuse qui les accompagnait. Il y avait deux cabines, dont une pour leur passeuse. Les deux jeunes rescapés eurent une cabine pour eux deux. La première journée se passa très bien. Ils firent connaissance avec celle qui les accompagnait. C’était une chance d’avoir trouvé une passeuse aussi gentille et joviale. Le soir, ils eurent droit à un petit repas.

Une fois prêts à se mettre au lit, ils entrèrent dans leur cabine. Il n’y avait qu’un lit à deux places, ce qui voulait dire qu’ils allaient dormir côte à côte. Au début ils étaient un peu gênés par ce malentendu, mais ils avaient déjà eu à dormir ensemble auparavant, dans le désert d’Atacama. Au bout du deuxième jour, cette gêne avait disparu. Il y avait cependant une tension physique entre eux. Ils ne se parlaient que très peu lorsqu’ils étaient dans la cabine. Ils devaient également se changer dans la même pièce mais, comme ils étaient tous les deux crasseux, ils ne portaient aucun jugement sur le corps de l’autre. Le dernier soir, Fahid prit Fatooh dans ses bras puis l’embrassa sur la joue. La fille, un peu gênée,rougit. Mais ce sentiment laissa bientôt place à de l’amour, une attirance sans faille. Elle le regarda dans les yeux, s’approcha de lui et l’étreignit. Fahid posa ses yeux sur les siens, couleur noisette, et déposa un baiser sur ses lèvres. Fatooh croyait rêver. Ce garçon... Il était si beau et, malgré les nombreuses douches qu’ils avaient ratées, il sentait tellement bon.

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