Nuit blanche (26 juillet 2024)

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Je suis si tendu à l'idée de rêver, d'avoir un rêve à raconter que je n'arrive pas à m'endormir. Je me tourne et me retourne dans le lit. J'ai chaud. Je sue. Le matelas a l'air d'une plaque électrique sur laquelle je suis en train de griller. Putain! Je lourde ma couette au bout de vingt-sept moulinets des pieds. Je mate l'heure. Une heure vingt. N'est-ce pas l'heure où les grands noircisseurs de pages se lèvent et se mettent en action ? Allez hop, j'allume l'ordi. Le temps que les mises à jour opèrent, ma motivation s'est débalonnée . Non! Ne cède pas! Je lève les mains au-dessus du clavier tel un virtuose du piano qui s'apprête à ensorceler son auditoire. C'est à ce moment là que mes voisins choisissent de niquer. Dès les premiers coups de teube, la nana se met à hurler (une hypersensible du bulbe). Je me recroqueville, dents si serrées que j'en ai mal aux gencives. Enfoirés, briseurs d'élan génial. Ca se trouvait j'allais écrire un chef d'oeuvre et ces bouseux, mûs uniquement par leur instincts bestiaux, me cassent la baraque ! Je tape contre le mur. Ca les excite. Le gars part en mode rafale tandis que la nana atteint le niveau sonore d'une sirène alertant d'une attaque aérienne. J'en peux plus, je l'imite. J'ajoute des encouragements obsènes en prenant un accent de vieille nympho édentée. Ca marche, ils s'arrêtent. Je murmure un youpi puis me réinstalle devant mon ordinateur. J'inspire et... On toque à ma porte. je m'approche à reculons (si, si, c'est possible) et zieute dans l'oeilleton. C'est le gars en débardeur, moitié bandant, moitié fumasse, mais je me trompe peut-être dans les doses. Je bouge pas, respire à peine. Même corpulence que moi et même un peu plus de gras que moi mais avec des yeux de tueurs. Forcément, ça ne donne pas envie de retirer le verrou et d'entamer le dialogue. Le gars la sent bien d'ailleurs, sa position de force. Il tend un doigt menaçant vers l'oeilleton et crache : je sais que tu es là, fils de pute alors écoute moi bien : ne t'avise plus jamais de te foutre de ma femme ou alors... il donne un big coup de poing dans la porte. Ca fait chlang et me remue la carcasse. Tout penaud, je retourne dans ma piaule. La baise reprend, plus intense depuis le show du mâle alpha. Je m'assieds devant mon ordinateur, geste que je sais vain. A-t-on déjà vu une serpillière écrire ne serait-ce qu'une phrase ?

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