De la douleur d'écrire - partie 2 (17 septembre 2024)
Avec le temps, j’ai appris à accepter ce douloureux enfantement. Je me sens dorénavant comme une merde convenable après avoir écrit. D’autant qu’il m’arrive parfois d’être content de ce que j’ai produit. Avec le temps j’ai aussi compris que l’idée de grande littérature m’a pourri la vie. Cette idée selon laquelle il existerait une littérature véritable, supérieure à toutes les autres de par son objet et sa forme. Non que j’ai eu la prétention une seule seconde d’en faire. Mais j’ai toujours nourri un complexe d’écrivailleur à cause de ça. Ecrasé par les ombres monstrueuses des textes reconnus comme de la grande littérature, je n’étais jamais satisfait des mots que j’alignais. Ils me paraissaient approximatifs comparés à ceux des génies littéraires, carrément nuls. J’avais beau me dire que je n’aspirais pas à écrire comme untel ou unetelle, je ne pouvais m’empêcher de mesurer la cruelle distance qui séparait leur œuvre de la mienne et qui mettait en exergue mon manque frappant de maîtrise du verbe. L’âge venant, j’ai moins mal vécu ce sentiment d’infirmité. D’abord, parce je me suis forgé moi-même une opinion sur la grande littérature et sur ses cadors. Ensuite parce que j’ai compris que la maladresse était inhérente à mon écriture. Semblable au type à vélo qui a un pneu crevé et ne possède pas de pompe, je fais avec ce que j’ai ou comme je peux tout en poursuivant ma route. N’ayant pas baigné dans le monde de l’écrit pendant ma jeunesse, je conserve des lacunes dans ce domaine. J’ai du mal, je suis affreusement stressé et affreusement lent lors d’une séance de tortu… euh d’écriture mais qu’importe… Des textes germent quand même. Voilà ma certitude.
C’est tout pour aujourd’hui.
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