La fable du pendu
C’est l’histoire d’un jeune homme que la vie rendait ivre
Qui croquait la vie et dévorait les livres
Mais un malentendu a fait tourner son monde
Ce dernier s’écroule et fait creuser sa tombe
La corde autour du cou et la bouche close
Jugé comme un voyou personne défend sa cause
Justice sera rendue le magistrat l’a dit
Pour lui c’est peine perdue il a perdu la vie
Mais face à ce silence un inconnu se lève
Il fixe la potence de ses yeux pleins de braises
N’ose pas hurler de peur que ses monstres ivrognes
Pressés par sa colère achèvent leur besogne
Il cherche son courage celui qui guide ses pas
Il laisse entrer sa rage et l’accueille sans frémir
Et sous son grand chapeau il répète tout bas
Toutes les belles paroles qu’il avait à dire
L’homme inspire un grand coup avant que l’autre n’expire
Il mêle à son discours quelques vers de Shakespeare
Il manipule les mots si bien que pour finir
Il fait prendre conscience au juge de son délire
On libère le pendu un peu à contrecoeur
Il goûte enfin au monde jusque là sans saveur
Mais reste tout de même un poids, tout au fond de son coeur
Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour payer son sauveur
C’est pour ce même monsieur que dès lors jour et nuit
Il travaille sans relâche sans se soucier de lui
Son dos devient courbé, ses vieux os lui font mal
Il s’est réduit tout seul à un rang d’animal
Lorsque son corps s’arrête il est à bout de souffle
Les poumons meurtris et le coeur qui brûle
Peu à peu sur la terre solitaire il s’étouffe
Cette fois personne ne sauve le jeune homme noctambule
Cette sentence provoquée par l’honneur du garçon
Ne servira aux autres que pour une bonne leçon
Il s’est donné la mort pour rembourser sa vie
Qui aux yeux de son hôte ne valait pas ceci.
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