La poursuite
Elle reconnut ses traits de caractère qu’elle n’avait oublié. Ce fut Naranwe qui était à l’origine de la destruction du Kraken. Elle posa le corps du jeune garçon sur l’herbe puis relata sa rencontre avec Argos.
- Je me demande comment a-t-il pu te joindre dans son état, dit alors Naranwe légèrement confus.
- Je l’ai vu dans un songe, dit Alfirin. Il m’a demandé de secourir son fils. Mais il faut croire qu’Argos a réalisé le souhait de son paternel seul.
- Je vois, dit Naranwe.
L’àlfar s’assit auprès d’Argos. Il murmura une nouvelle incantation entre ses paumes, ses yeux gris brillèrent avec intensité. Il les mit sur le corps inerte puis de la fumée s’en échappa. Ils l’entendirent inspirer puis il ouvrit les yeux. Il se redressa en ayant la respiration toujours aussi abrupte. Argos vit Naranwe, adossé à un tronc d’arbre, les bras croisés. Tandis qu’Alfirin, assise sur l’herbe lui adressa un sourire.
- Comment te portes-tu ? demanda Alfirin.
- Je me sens en forme, dit Argos.
En vérité, il se sentait un peu désorienté par le coup qu’il venait de recevoir. Elle l’aida à se relever. Il vit Naranwe qui le toisait du regard.
- Je pensais que tu ne voulais apporter ton appui dans cette quête, dit Argos.
- Un peu de gratitude serait la bienvenue, dit Naranwe en signe de réponse.
Déconcerté par l’attitude de l’àlfar, il le regarda s’avancer vers les bords du lac. Témoin de l’échange, elle le conseilla de ne guère susciter de l’attention à son comportement. Un phénomène inattendu se déclencha devant les compagnons de voyage. L’étendue d’eau s’assécha complètement, laissant place à un énorme fossé. Le décor semblait se déplacer. La forêt faisait disparaître le fossé comme s’il n’y avait eut de lac. Quand à la chaîne de montagne, elle était plus proche.
Soudain, une horde de kobalos surgirent devant eux. Les compagnons accoururent à travers la forêt, les kobalos les pourchassant. Argos eut le souffle court, les monstres les rattrapaient. Ils arrivèrent dans une petite clairière, la lune éclairant le chemin. Ils sentirent le sol se dérober petit à petit sous leurs pieds puis ils firent une chute vertigineuse. Des flammes s’élevèrent des profondeurs de la terre. Le jeune garçon pensa sa fin toute proche. Il se protégea les flammes de son bras, fermant les yeux. Leur chute fut brutale, ils tombèrent sur une surface dallée. Les compagnons se relevèrent péniblement. Argos leva les yeux. Ils avaient traversé le plafond d’un atelier. Il aperçut un homme, le dos tourné . Il avait une grande carrure, des cheveux broussailleux. Il portait un bonnet phrygien, un tablier de forgeron sur un khiton et des sandales.
-Qui êtes-vous ? demande Argos.
L’homme se retourna, montrant une barbe rousse, des yeux couleur charbon et un visage bienveillant.
- Je me nomme Héphaïstos, dit-il. Tu dois être Argos. J’ai un présent que je dois te remettre.
- Êtes-vous un de mes parents ? demanda Argos.
- En effet, dit Héphaïstos. Je suis ton parent éloigné. Je n’ai guère de faculté mais je forge des épées très efficaces. En voici une pour toi.
Il prit l’épée posée derrière lui puis lui remit l’arme dont la lame était en fer-blanc. Un aigle ornait le pommeau.
- Elle appartenait à ton paternel, dit Héphaïstos. Je crains qu’il n’ait besoin d’une épée.
- Où puis-je le rencontrer ? dit Argos.
- Tu ne le trouveras dans ce bas-monde. Puisque tu recherches la boîte de Pandore, elle te mènera à lui.
Argos ne demanda comment il sut que la boîte avait été dérobée. Il lui formulera une réponse semblable à celle d’Alfirin. Ils furent alertés par des grognements qui provenaient de la pièce voisine. Les kobalos les avaient retrouvés. Argos échangea son épée de son étui contre celle qu’Héphaïstos lui avait légué. Il ramassa son arc tombé au sol puis suivit ses compagnons vers la sortie que son parent lui avait indiqué. Ils montèrent un escalier étroit. Naranwe ouvrit une trappe qui débouchait vers la forêt. Quand ils furent tous sortis, l'àlfar la referma. En espérant qu’Héphaïstos soit toujours en vie à la suite de cette irruption, ils continuèrent leur périple. Lorsqu’ils furent éloignés de l’atelier du forgeron, ils entendirent les voix d'hommes en activité. Alfirin s’approcha à pas furtif, voulant connaître les identités des nouveaux arrivants. Elle nota que ces humains ne venaient de la Grèce mais d’une autre contrée. Leur peau était calcinée à plusieurs endroits de leur visage. Ils portaient un pagne, des bottes en peau d’animal. Ils avaient des griffes, de longues canines. Leur torse et leur cou étaient velu. La jeune Amazonide se dit que ce qu’elle voyait n’était guère humain. Alfirin aperçut alors qu’il manquait une des créatures de leur troupe. Elle voulut retourner auprès de ses compagnons mais elle fut assommée. Argos s’inquiéta au sujet d’Alfirin qui n’était revenue de sa filature.
-Je vais vérifier la garde d’Alfirin, dit Naranwe. Si tu rencontre une créature, tu n’hésite à l’abattre.
L’àlfar s’éloigna, laissant Argos dans la forêt. Quelques temps plus tard, il entendit des coups d’épée. Il accourut vers l’endroit ou se situait Naranwe. Il vit des monstres qui gisaient sur le sol puis leva les yeux vers l’àlfar qui se battait contre un homme à l’allure de bête et ayant une force colossale. Il prit son arc, décocha d’une flèche. Sans la voir, l’homme attrapa la flèche qui se brisa en deux morceaux.
Ne pouvant l’éviter, Naranwe fut projeté d’un revers de main contre un arbre. Il perdit connaissance. Le monstre se dirigea en direction d’Argos en rugissant. Il dégaina sa nouvelle épée. Quand à son adversaire, il avait une machette comme arme. Le jeune garçon contra sa première attaque. Il fut alors surpris que la lame en fer-blanc ne soit fragmentée en voyant la violence à laquelle l’homme-bête envoya ses coups. Il esquiva la pointe de la machette puis éjecta de toutes ses forces la machette de la paume de son ennemi.
Le monstre regarda son arme s’envoler. Argos ne se laissa se déconcentrer et transperça le torse du monstre qui s’écroula au sol. Il sentit soudain un projectile lui traversé le fémur. Il s’écria de douleur, retira le poignard ensanglanté. Il tomba à terre, sombrant dans l’obscurité.
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