L'éveil
Le jeune garçon ouvrit les paupières, se trouvant dans une salle au sol poussiéreux. Il regarda le bandage qu’un des monstres lui avait fait à la hâte. C’était un tissu qui lui recouvrait la blessure. Il était seul. Il baissa son fendard et observa les lieux. Argos ne reconnait l’endroit. Une porte en fer forgé fut l’unique sortie. Il s’aperçut qu’il n’avait son épée. Il se leva en s’appuyant sur une colonne de pierre.
- Je suis satisfait de remarquer à quel point tu es résistant, Argos.
C’était Hadès qui l’interpella. Il eut le sentiment d’être au point d’origine. Toujours captif de cet homme.
- Le poignard induit d’une plante soporifique devait durer plusieurs jours et tu te serais éveillé à l’intérieur du Tartare, dit Hadès.
- Que me voulez-vous ? demande Argos. Qu’attendez-vous de moi ?
- Ce que j’attends de toi, c’est l'obéissance, dit Hadès. Nous sommes d’un sang identique.
- Vous vous fourvoyez, dit Argos d’un ton sarcastique. Comment puis-je appartenir à une maison semblable que la vôtre ?
- Je suis un dieu, Argos, dit Hadès. Ainsi que toi et ton cher paternel.
- Cela ne peut être vrai, dit Argos troublé par ses déclarations. J’ai été élevé par un fermier depuis ma naissance.
- D’après toi, quel est le motif de ton enlèvement ? dit Hadès. Tu es un dieu et tu as des facultés. Malheureusement, tu ne pourras en aucun cas les éveiller.
Hadès s’approcha d’Argos qui le prit par l’épaule. Il l’emmena dans le Tartare contre une paroi rocheuse. Il enchaîna ses poignets puis recula en le regardant en face.
- Quel le Tartare soit ta demeure jusqu’à la fin des temps, dit Hadès. Je veux que tu apprécie le meilleur châtiment que je peux t’offrir.
Il disparut en laissant Argos dans la fournaise. Le jeune garçon vit la porte de fer à des centaines de mètres au-dessus de lui. S’il réussit à s’échapper, il ne parviendrait à grimper sur la paroi. Il pensa alors que ce fut vraiment la fin. Il se rappela d’avoir eut cette pensée lorsqu’ils avaient chuté avant d’atterrir dans l’atelier d’Héphaïstos. Bien qu’on puisse lui dire qu’il avait des facultés, il ne saurait comment les déclencher. Argos sentit alors le fer brûler sa peau.
Il voulut enlever ses chaînes mais le contact fut désagréable. Il aperçut ses poignées noircir sous la pression de la chaleur. La combustion se propagea à travers ses bras. La douleur fut intense, parcourant ses veines, sa peau, son sang. Dans un effort désespéré, il tracta ses entraves vers l’avant, voulant les arracher de la paroi. Ce fut à ce moment précis qu’une autre sensation se mêla à la douleur. Il sentit la foudre lui traverser les yeux tels des rayons. Ils atteignirent le mur qui s’effondra. Ses entraves furent brisées. Il serra les mains, ressentant de nouveaux la sensation de ses doigts. Argos vit sa peau se reconstituer, laissant une chair intacte. Il poursuivit son chemin en direction de la salle où les monstres lui avaient emmené. Le jeune garçon essaya de trouver un autre moyen de sortir.
Dans la pièce, il n’eut qu’une cheminée sans feu. Il s’approcha de l’âtre, dépoussiérant la hotte puis le mur se retourna en l’amenant de l’autre côté de la salle. Il fut à l’intérieur d’un cave dans laquelle se trouvaient des geôles. Il se figea lorsqu’il vit un kobalos dans le sous-sol. Il soupira de soulagement en l’apercevant monter les escaliers. Il entendit un trousseau de clefs provenant de la main du monstre. Argos trouva l'arme d'Alfirin ainsi que la sienne posées sur l’une des tables de bois. Il s’en empara puis monta à son tour les escaliers. Il était sur le seuil, voyant des geôles plus nombreuses que le sous-sol. Le jeune garçon se dit alors qu’il devait accélérer la recherche de ses compagnons en espérant de ne se faire surprendre par les kobalos. Il vit le kobalos détenant les clefs, s’arrêter devant une cellule. Silencieusement, il s’approcha du monstre. Lorsqu’il fut à une distance suffisante, il lança son épée en direction de la créature qui fit volte-face. La créature tomba au sol.
Argos avança vers la cellule puis retira l'épée du corps inerte. Il l’essuya sa lame avant de la remettre dans son fourreau. Il prit les clefs de la main de la créature. Ne sachant celle qui correspondait à la serrure, il en essaya quelques unes. Quand il trouva la clef qui coïncida avec la ferrure, il perçut un grognement à sa droite. Il inspira et la tourna dans le mécanisme de la porte. Le grognement se fit plus sonore. Il regarda en direction de la bête. Ce fut un énorme canidé à trois têtes qui s’élança vers lui, sortant ses griffes. Il ouvrit la cellule. Au moment où Alfirin en sortit, le chien bondit vers eux. Il fut à quelques mètres des compagnons lorsqu’il fut transpercé d’une flèche. Il s’écroula à terre. Ils levèrent les yeux en découvrant Naranwe qui avait le souffle court. Son visage était tâché de suie, ses habits écorchés. Il s'avança vers Alfirin en lui redonnant l'arbalète et le carquois qu'elle avait laissé dans la forêt tandis qu'Argos lui rendit son épée.
- Si tu connais un moyen de nous échapper, dit Naranwe en s'adressant à Argos, je serais aisé de l’entendre.
- Le domaine souterrain d’Hadès est relié à des repaires, explique Argos. Nous avons à présent l’opportunité de reprendre la boîte de Pandore.
Ils durent monter les escaliers et emprunter des tunnels afin de remonter à la surface. Ils arrivèrent dans une salle dans laquelle plusieurs voies menaient dans différents endroits. En vue de la situation, ils ne purent se résoudre à se séparer dans la mesure où l’un des compagnons se ferait capturé de nouveau. Les iris d’Alfirin brillèrent un instant. Dans un rugissement, elle se transforma en un lynx géant puis continua sa course vers l’un des chemins. Ils ne purent le retenir, suivirent l’animal en essayant de ne se faire distancer. Il arriva devant un mur mais le félin accéléra son allure en rugissant. D’un puissant saut, il le traversa en le détruisant. Les compagnons rattrapèrent l'animal en marchant. Quand la poussière se fut dissipée, Alfirin se releva.
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