Les deux yeux rouges jaugeaient depuis un moment le corps agenouillé de l’homme blessé au ventre. Ils appréciaient le regard énervé et les insultes qui fusaient de la bouche du vaincu. La haine se lisait sur le visage du chasseur transformé en proie, qui continuait à psalmodier.

« Tu n’es qu’un monstre ! Une aberration qui devrait crever. Comment peut-on te laisser dans ce monde ? Une saloperie de putain d’immondice. Tu n’es qu’une chose. Infâme. Sans nom, ni origine, tu salis le monde de ta présence. »

Une mèche glissa le long de la joue pâle recouvrant l’un des deux globes rouges luisant dans la nuit. Dans cette clairière au reflet bleuté, écho de la lune glacée voguant parmi les étoiles, la situation s’éternisait. Le sol maculé de sang, témoin de la violence des coups portés. La voix résonnait dans le creux de ce bois. Vociférant toujours des insanités sur l’immobile être devant lui.

« Tu ne m’as battu que par ruse, tu es lâche, tu n’as pas n’honneur. Ils devraient vouloir ta mort, ils devraient demander à ce qu’on te traque. Moi seul, est reconnu l’horreur que tu représentes. Tu es un danger, un mal à éradiquer ! »

L’ombre devant le blessé avança d’un pas, se baissant lentement, pour regarder les yeux dans les yeux l’homme.

« Tu as fini ? » souffla la silhouette.

« Vas te faire foutre ! » rétorqua l’agenouillé.

Un geste peut perceptible envoya une gifle d’une rapidité inhumaine dans le visage de l’impoli.

Accusant le coup, l’homme sonné tenta de se lever pour répliquer. Ces yeux étincelèrent d’une étrange lueur orangée, presque bronze. Ces doigts ensanglantés dessinèrent des rapide petits cercles. Une lumière peu naturelle traçant des glyphes répondit aux mouvements du blessé. Une énergie commença à vibrer, d’un son sourd dont l’onde s’accélérait.

L’être resté presque immobile déclencha un coup de poing d’une vitesse improbable. Un bruit, un comme un brusque souffle de vent, claqua en même temps que le coup. Un crépitement, une explosion vive et blanche. Les glyphes cassèrent sous le choc comme des morceaux de verre. Le poing brutal transperça l’homme au poumon gauche. Les côtes rompirent.

L’avant-bras de figé dans la poitrine du combattant terrassé, les deux yeux écarlates se rapprochèrent du cou de la victime.

L’homme ne poussa pas de cri. Les pupilles exorbités, il tenta d’utiliser ses forces pour prononcer des mots.

« Tu m’as… piégé… . »

Un sourire carnassier apparu sous les deux globes rouges. Les dents comme des pointes de couteaux de boucher étincelèrent sous les rayons de la lune.

La silhouette se rapprocha encore et siffla.

« Et maintenant, je vais te dévorer. »

Dans la clairière, les deux ombres s’unir pour ne former qu’une masse gigotante. Dans un craquement d’os broyés et de chairs mâchées.