Chapitre 8
Ellyn poussait des gémissements contre la porte de leur chambre, Nohakyr dégustait sa peau avec un tel délice, une telle faim qu'il se demandait si un jour il arriverait à s'arrêter de vouloir la dévorer.
- Pas...Fais pas ça… ici !- Ellyn, gronda la voix froide et tranchante du jeune noble.- No-Noha ! Pi-Pitié !- Dis moi douce créature. Que veux-tu ?- Hm… Ne… Ha Nohakyr ! Ne fais pas ça dans ses zones qui pourraient être visible, s'il te plaît !
Nohakyr se redressa et plongea son regard rouge dans le sien, un sourcil relevé.
- Me dis-tu que je peux faire ce que je souhaite, tant que personne ne peut voir ma marque sur ton corps ?- Ou-Oui, souffla t-elle, le cœur battant à tout rompre, le visage rougit par ce qu'ils faisaient.
Le jeune homme la souleva d'un coup dans ses bras pour la déposer sur le canapé de leur chambre. Le petit salon donnait sur les jardins de l'hôtel où ils séjournaient, mais Ellyn ne pouvait rien voir d'autre que le fauve qui lui faisait face, ce regard dément et sanglant qui la vénérait comme si elle était la fleur la plus précieuse, l'objet le plus fragile dont il avait la charge et qu'au moindre touché, tout pourrait se briser.
Nohakyr ne savait pas qu'une telle chose pouvait exister dans ce monde. Mais ce qu'il tenait dans les mains était bien plus précieux et fragile encore. L'avait-elle écrit comme ça ? Non, de ce qu'il savait, son personnage n'était rien dans cette historie. Elle n'y participait pas non plus et lui avait déjà dit qu'elle ne ferai jamais partie des personnages principaux d'une histoire.
- Ellyn… gronda t-il, surplombant son corps du siens.
- Noha… Est-ce que tu as déjà eu des… relations ?
La question le pris de court.
- Non. avoua t-il sans hésitation.
- Pou… Pourquoi ?
- Parce que j'ai fait une promesse à une petite fille.
Elle le vit sourire et sentit un souvenir revenir dans son esprit. Ses rêves où elle voyait Nohakyr grandir, n'étaient pas que des rêves ? Avait-elle réellement discuté avec lui pendant qu'elle guérissait ? Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir...
- Noha, si un jour je ne revenait pas, est-ce que tu crois que quelqu'un me cherchera ?
Le jeune homme se figea.
- C'est ce que tu m'avais demandé alors que je subissais une nouvelle crise de démence-
- Après avoir vu ton premier esprit démoniaque.
Ellyn ne pouvait plus se tromper. Nohakyr et elle avaient été lié depuis l'hôpital et ce moment où elle avait décidé de créer "L'Âme de la Pieuse".
Une larme quitta le coin de l'œil de la jeune femme. Nohakyr ne sut quoi faire ni quoi dire, elle l'attira à elle, calant sa tête contre sa poitrine, lui laissant la possibilité d'écouter ses battements à loisir.
- Je ne rêve pas, pas vrai ? demanda t-elle.
Nohakyr pouvait sentir du soulagement et un sourire dans sa voix. Il ferma les yeux et préféra ne pas bouger.
- Non, tu ne rêves pas.
- On… On a bien discuté pendant que j'étais à l'hôpital ?!
- Oui.
- Tu… On s'est parlé pendant que je…
- Ellyn, ne dis plus rien. Laisse nous encore réaliser.
- Mais tu le savais ! l'accusa t-elle en s'amusant.
- Oui.
Durant plusieurs minutes, ils restèrent dans une position assez étrange, mais qui signifiait beaucoup pour eux, car ils partageaient ainsi un moment magique.
On toqua à la porte et une femme s'exclama :
- Monsieur ? Nous venons préparer le bain !
Nohakyr gronda, faisant pouffer la jeune femme en le repoussant.
- Lève toi ou je sens qu'ils vont avoir une attaque.
- Tu parles une langue si étrange, pourquoi est-ce que je te comprends ?
- Parce que j'ai créé ce monde et toi par la même occasion, murmura t-elle à son oreille, quittant le canapé, remettant de l'ordre dans sa mise pour aller ouvrir la porte.
Le regard étrange et les joues rosies des servantes face à son attitude, la fit rougir à son tour. Elle tourna la tête pour voir Nohakyr assis tel un prince, dans le canapé qu'elle venait de quitter. Son sourire moqueur et son regard rouge lui donnèrent des frissons excités.
On porta un bac assez grand pour un homme de la même carrure que Nohakyr ou deux gros chiens. Ellyn pouffa intérieurement à la comparaison qu'elle venait de se faire. On rapporta plusieurs seaux d'eau chaude et remplir le bac jusqu'à ce qu'ils jugent la hauteur correct. Mais alors que les quelques servantes attendaient pour pouvoir aider Ellyn à se déshabiller, elles ne surent quoi dire quand Nohakyr se leva.
- Vous pouvez disposer, leur dit-il en le chassant froidement.
- Mais… Nous sommes là pour assister cette Lady à-
- Je peux m'en sortir sans aide, répondit-elle en voyant que son compagnon commençait à s'énerver.
Le regard violant du jeune homme indiquait clairement son irritation.
- Merci Mesdames, les congédia t-elle d'une voix plus adoucie, cherchant à les épargner. Je vais me débrouiller.
Elle les raccompagna jusqu'à la porte et leur offrit un sourire auquel elles lui répondirent par une révérence avant de fuir à toutes jambes.
- Tu aurais pu être plus gentil avec elles, pouvait-on entendre alors qu'elle refermait la porte.
- Je n'ai aucunement besoin d'être sympathique avec ces femmes qui te regardes comme si tu étais une nuisance et qui lorgne sur ton corps pour savoir comment te faire du mal. répondit-il en grondant très fort.
Ellyn soupira.
Elle porta ses mains à l'arrière de sa robe pour attraper les ficelles de son corset, tourna légèrement la tête :
- Tu peux venir m'aider au lieu de grogner comme un ours mal léché ?
Surpris par sa façon de parler, Nohakyr se plaça derrière elle et défit le corset, l'aidant ainsi à mieux respirer. Elle put enfin continuer de se déshabiller jusqu'à enfin pouvoir se retrouver nue et entrer dans le bac fumant où on avait plongé des sachets de lavande.
- Tu…
- Je ne vais pas me laver en chemise. Ça ne se fait plus. répondit-elle en relevant ses cheveux en un chignon assez précaire et profiter de l'eau.
- Fais moi de la place.
Nohakyr, le corps tendu à l'extrême après avoir découvert ce corps nue et cette longue cicatrice qui lui traversait l'abdomen.
Surprise, elle le regarda quitter tour à tour ses vêtements pour se glisser dans son dos et l'attirer à lui. Ellyn ferma les yeux, se laissant aller pour la première fois contre un homme, mais pas que. Celui-ci était un personnage d'histoire, mais c'était surtout celui qu'elle avait secrètement désiré tout ce temps et qu'elle n'avait jamais voulu remplacer.
- Noha.
- Hm ?
- Je peux être franche ?
- Je déteste les mensonges.
- J'ai… Déjà eu un petit-ami. Je veux dire, j'ai déjà fréquenté un homme dans ma vie.
L'annonce ne lui fit pas plaisir, elle pouvait le sentir car il s'était instantanément contracté derrière elle. Ellyn bascula alors en arrière, posant sa tête contre l'épaule du jeune homme intrigué, mais dont les poings étaient serrés autant que sa mâchoire.
- Je n'ai rien fait avec, si ça peut te rassurer. dit-elle. Keylan était un garçon de ma paroisse. Ma famille aimait bien ce garçon, on devait avoir une vingtaine d'années tous les deux. J'ai dû le fréquenter pour plaire à mes parents qui voulaient se débarrasser de moi. Mais il c'est avéré que Keylan était un voleur et un violeur. Il est en prison et je n'ai rien.
Mais à mesure qu'elle lui livrait les informations, Nohakyr grondait, faisant trembler l'eau autour d'eux.
- Je n'ai rien fait avec lui, dit-elle en se tournant dans l'eau, faisant face à cet homme sur lequel elle avait fantasmé.
Elle lui exposa ses seins fermes et remontés, son ventre plat et cette cicatrice qui lui mangeait le torse. Nohakyr ne put quitter cette vision du regard, il passa ses doigts sur cette marque ingrate et sentit la jeune femme frissonner.
- Hmm, feula t-elle alors qu'elle sentait pour la première fois, les doigts de quelqu'un d'autre sur elle.
Nohakyr n'était pas n'importe qui et quand elle le vit déposa sa bouche sur elle, le cri qu'elle poussa et les larmes qu'elle versa figea l'instant dans une bulle magique, brisant les défenses de la jeune femme qui avait passé son temps à se battre pour éloigner les hommes, sa famille et même les gens. Elle avait tant fait pour se protéger, se défiler, rêvant pendant dix neuf ans qu'un garçon vienne l'aider, la sauver d'une vie qu'elle ne voulait pas, qu'elle n'avait pas choisi. Nohakyr leva les yeux vers elle.
- Tout va bien ?
- Je t'aime Nohakyr Kallan Lightstrake. De tout mon cœur, de toute mon âme. Je suis tellement désolée pour tout ce que je t'ai fait subir, pour toute la douleur que tu as dû endurer à cause de moi, je-
Noha l'embrassa, pressant son corps contre le sien, lui faisant ressentir la pression de son anatomie contre la sienne. Leurs cœurs battirent à l'unisson, elle pouvait sentir dans son baiser et ses caresses, toute la puissance de ses propres sentiments pour elle. Leurs langues se trouvèrent, se lièrent, dansèrent dans un rythme endiablé.
Il avala ses gémissements, empoignant son corps à pleine main, parcourant ce dernier, sentant la douceur de sa peau, la fermeté de ses charmes bien que fragiles car beaucoup trop fins. Son regard émeraude épousa le sien comme si elle le suppliait de la dévorer, de ne plus rien laisser d'elle et qu'il pouvait faire d'elle ce qu'il voulait. Nohakyr glissa une main entre ses cuisses pour caresser l'intérieur et remonta jusqu'à se poser sur son entre-jambe. Ellyn se figea, elle avait peur, mais face à Noha, elle se sentait terriblement audacieuse.
Elle lui attrapa le poignet et le guida plus vers elle. Le jeune homme ne savait pas ce qu'il faisait, mais ne voulait pas non plus la décevoir.
- Noha… C'est… Je… Ma première…
- Désires-tu que l'on patiente ? Je le pourrais si tu me le demandais. Vingt ans que je t'attends ma chère Déesse.
- Est-ce que tu m'en veux ?
- Non. Mais je ne puis te garantir que je sois patient longtemps.
Elle sourit, se pencha pour déposer un léger baiser sur ses lèvres dures.
- Merci cher Duc.
- Point encore.
- Certes, mais tu es le fils du Duc.
- Ma tendre fiancée… souffla t-il en se laissant retomber contre le bord du bac.
Il se passa les doigts dans les cheveux, arborant un sourire épuisé. Ellyn se posa de nouveau contre lui et ils purent prendre leur bain dans une ambiance plus détendue mais dont la luxure restait encore en surface.
Quand on toqua de nouveau à la porte, Nohakyr ajustait sa cravate, laissant Ellyn en chemise blanche, une brosse à cheveux dans les mains, assise devant une grande coiffeuse. Il lui embrassa le front et la laissa aux mains des quelques servantes venues l'aider à s'habiller et la coiffer.
En bas de l'hôtel, dans le grand salon, Nohakyr y retrouva sa mère et son père, dégustant une tasse de thé.
- Mère, Père.
- Où est Ellyn ?
- Je viens de la quitter, des servantes sont en train de l'aider à se préparer.
- J'espère que la robe que je lui ai fait livrer lui conviendra, s'exclama Maelicia.
- Quelle robe ? s'enquit son fils.
- Hm ? Comment ça quelle robe ? Une robe pour ce soir voyons ! Quelle question ?!
Nohakyr se raidit.
- Il n'y avait aucune robe Mère, je peux vous le garantir.
Nohakyr se leva d'un bond quand des cris raisonnèrent à l'étage.
- Ellyn ! s'écria t-il.
- Vous êtes sûr d'avoir été engagée pour m'aider ?! entendirent-ils crier.
- Ne… Ne… Ne me touchez pas !
- Silence ! gronda t-elle, apparaissant en robe de chambre, son bras en écharpe contre son ventre, l'autre tenant une femme par les cheveux, du sang sur son tablier.
Nohakyr gronda, il monta quatre à quatre les marches pour rejoindre sa belle et la sépara de la servante.
- Ellyn ! s'écria la Duchesse.
- Je vais bien ! répondit l'irlandaise. Ces femmes ont tenté de détruire ce que Madame m'a offert.
Elle montra alors un petit paquet de vêtements fins et intimes que Maelicia lui avait offert.
- Êtes-vous blessée mon enfant ?
- Légèrement.
- Noha, occupe toi de ces femmes ! ordonna la Duchesse.
- Keiron, appela alors le maître des ombres.
- Maître.
- Reste avec Ellyn et Mère. Nous n'avons pas beaucoup de temps pour enquêter. Père ?
- Je suis avec toi. Pouvez-vous envoyer quelqu'un soigner ma belle-fille ?
- Tout… Tout de suite Seigneur !
- Venez Ellyn, allons dans ma chambre, proposa la Duchesse.
Mais Ellyn était perturbée par quelque chose : qui les avaient envoyé ? Elles ne pouvaient venir des Karring, car ils se trouvaient juste à côté de leurs chambres.
Quelque chose n'allait pas. Nohakyr devait trouver et vite avant qu'ils n'aillent au château pour le banquet du soir.
***
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