Chapitre 11

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- Ellyn, murmura une voix grave et profonde à son oreille. Réveille toi ma douce.

Elle marmonna, fronçant les sourcils se tournant dans le lit, jusqu'à ce qu'une bouche dur et chaude se pose sur son front. La chaleur du baiser la fit frissonner, elle ouvrit légèrement un œil pour découvrir Nohakyr assis sur le bord du lit, déjà habillé et coiffé. Il était si beau dans son uniforme sombre aux décorations d'argent.

- Qu'est-ce que tu fais habillé comme ça ? demanda t-elle d'une voix encore endormie.

- J'avais des choses à faire.
- Ce n'est pas ton uniforme pour les formalités ?
- Si. Le reconnais-tu ?
- Je l'ai dessiné avant de l'écrire dans cette histoire. Il te va si bien…

Nohakyr sourit, lui caressa la joue, replaçant une mèche derrière son oreille.

- Il est temps de te lever ma douce, j'ai des cadeaux pour toi.
- Hm ? Noha, qu'est-ce que tu as fait ?
- Je te propose de te lever et de venir les découvrir avec Mère et Lady Galiyeon dans la chambre de Mère.
- Pourquoi tant de mystères ?
- Tu verras bien ma douce, as-tu besoin d'aide pour te préparer ?
- Hm… Je dois encore mettre ce corset ?
- Tu peux ne pas le mettre, pourquoi ? 
- Ça m'étouffe. On n'en porte plus ou alors c'est très rare.
- Que souhaites-tu porter alors ?
- Hmm… Je ne suis pas douée pour dessiner des vêtements, mais je peux confectionner certaines parties de mes vêtements. Mais je peux voir avec ce que j'ai dans ces vêtements…

Elle se leva et alla fouiller dans les tas de vêtements qu'elle avait et trouva un corset blanc. Elle sélectionna une robe et s'attela à la tâche sous la surveillance d'un Nohakyr curieux et intéressé.

Pendant une bonne heure, il la regarda faire, cheveux relevés en une queue de cheval précaire et le regard concentré sur ce qu'elle faisait. Quand elle eut enfin fini, elle partie derrière le paravent et enfila sa création, puis elle coiffa ses cheveux et se maquilla très légèrement pour enfin apparaître devant lui.

- Je… Je n'ai pas les mots. souffla Nohakyr face à cette femme rayonnante et dont l'habillement était d'un autre univers.

Recouvrant son corps comme le voulait la coutume, l'encolure assez sage, les manches plus resserrées, les froufrous des jupes en moins, laissant une facilité de mouvement à la jeune femme. Le haut du corset découpé, relevait sa poitrine, donnant à Noha des sueurs dans tout le corps.

- Je me sens bien mieux ainsi, sourit-elle, les joues rosies par le regard intense de son compagnon. J'ai gardé l'essentiel de cette époque, mais trop m'étouffais...
- Je ne sais pas à quoi peut bien ressembler le vestimentaire de ton époque, mais je suis bien content de te voir ainsi.

Elle s'approcha de lui, porta ses mains à sa poitrine et lui dit :

- Tu préfères cette exposition de robes ?
- Grand Dieu non ! s'exclama t-il. Quoi que ça permettrait à beaucoup de ne pas poser leurs yeux sur toi.

Ellyn sourit. Elle se hissa sur la pointe des pieds et lui offrit sa bouche pour un baiser léger auquel il participa avec bonheur. Mais on vint toquer à leur porte.

- Je crois que nous sommes attendu.
- Tu penses que ta mère m'en voudra d'apparaître comme ça  ?
- Sûrement que non, mais elle se demandera sans doute ce qui a bien put te prendre de te montrer en robe de nuit.
- Je tâcherai de lui expliquer alors, pouffa Ellyn radieuse.

Il lui offrit son bras et quittèrent la chambre pour rejoindre un petit salon privé où les attendaient les parents de Nohakyr et les amis de ces derniers, ainsi que les surprises qu'avait préparé Nohakyr pour sa belle.

- Veuillez nous excuser pour ce retard, dit-il en entrant, tenant la main de sa fiancée qui rougit quand tous les regards se braquèrent sur elle, surpris par son accoutrement.
- Ellyn, mon enfant ! s'exclama la Duchesse. Tout va bien ? Avez-vous subit une nouvelle 
attaque ?
- Non, rassurez-vous. C'est juste que j'étouffe dans tout ces habits. Je ne suis pas habituée à tout ceci.
- Mère, c'est là un mélange de mode créé par Ellyn, sous mes yeux.
- L'as-tu vu faire ? 
- Je l'ai vu, en effet et elle est douée.
- Ce n'est pas mon travail, répondit la concernée après avoir salué la tablée. Mais j'ai quelques notions personnelles.
- Venez me voir mon enfant, demanda la Duchesse, intriguée.

Ellyn s'approcha, Noha partie s'asseoir à sa place, la regardant faire face aux deux femmes de pouvoir, qui l'étudièrent de la tête aux pieds, la questionnant alors sur la fabrique, sur sa technique et les pièces qu'elle avait assemblées. Ellyn sourit, leur fit une démonstration en tournant sur elle-même, leur exposant certaines idées élégantes auxquelles elle avait pensé, puis, vint s'agenouiller derrière leurs sièges pour se cacher des yeux masculins pour leur exposer le soutien-gorge qu'elle avait fait à partir du corset. 

- Ingénieux ! s'exclama la Comtesse quand Ellyn se releva, allant s'installer à la droite de son compagnon. Je suis impressionnée par vos talents jeune fille.
- Merci Madame la Comtesse.
- Mangeons, mangeons, nous avons encore des choses à faire ce matin et je crois me souvenir que Noha a des cadeaux pour vous, déclara la Duchesse en souriant.
- En effet, il m'en a parlé au lever, mais je suis assez stressée de savoir ce qu'il a bien put faire. répondit Ellyn en jetant à son compagnon, un regard interrogateur auquel il y répondit par un sourire moqueur et mystérieux.
- Me voilà accusé d'un méfait Princesse ? Je ne suis qu'un pauvre innocent, dit-il sur un ton très théâtral qui la fit rire.
- Tu ne peux prétendre être innocent mon ami, lança Simeone en pouffant.
- Ton ami di vrai, renchérit Ellyn.
- Je capitule ma douce, mais mange d'abord, tu verras bien après pourquoi tout ce mystère.

Ellyn n'était pas très rassurée. Que pouvait bien préparer le jeune homme ? Elle devait se douter que son attitude devait avoir un rapport avec son état de la veille. Si c'était le cas, elle se sentait très mal de lui forcer la main. Cependant, quand ils finirent de manger, Nohakyr ordonna à ce que personne ne vienne les déranger et barricada la pièce d'un sort précis. Peu importait qui viendrait ou même l'urgence, il refusait qu'on interrompe ce moment si spécial auquel il avait pensé toute la nuit.

- Ellyn, commença t-il alors qu'une montagne de cadeaux apparu dans son champ de vision. Nous étions inquiet et curieux de savoir pourquoi tu ne te sentais pas bien hier pendant notre sortie. Mère a soulevé un point : tu étais une servante. Avant de devenir ma fiancée et d'obtenir un autre rang, tu étais une servante avec très peu de sous.
- Je n'ai pas besoin qu'on me couvre de cadeaux ! s'écria t-elle horrifiée.

Nohakyr s'agenouilla face à elle et prit sa main dans les siennes :

- Je sais que tu penses que si je te couvre ainsi, tu te sentiras comme ces femmes vénales. Tu n'y es pas habituée et je le comprends, mais Ellyn... Je le désir. Je désir te donner ce que tu n'as jamais pu avoir, t'aider à voir le monde comme tu le souhaites et apprendre tout ce que tu désirs savoir. Aime moi comme je t'aime douce créature, laisse ce monstre des ombres te protéger et faire briller cette lumière qui te caractérise.
- Noha... Je... Je n'ai pas l'habitude de tout ça...
- Ellyn, viens.

Il se leva et l'attira à sa suite. Ils se dirigèrent vers une première pile et elle y trouva plusieurs livres dont elle avait eu envie d'acheter la veille. Son regard s'agrandit soudainement. Elle s'accroupie pour en défaire le ruban de soie et toucha les oeuvres avec délicatesse. Son sourire se fit doux, légèrement triste. Son regard se brouilla de larmes, mais celles-ci ne se mirent pas à couler. Il lui présenta divers choses qui avait piqué sa curiosité la veille, mais encore une fois, tout ce bonheur fut gâché par ses pensées auxquels Noha mit fin.

- Ellyn. Tout ceci ne sont pas des cadeaux gratuit et je sais ce qui te tracasse. Aussi j'ai besoin de discuter avec toi de quelque chose.
- Noha ?
- Que souhaites-tu faire dans ce monde ?

Si la question paraissait étrange ou poétique pour les amis du Duc, pour les Lightstrake et Ellyn elle visait quelque chose de particulier. Que souhaitait-elle faire ?

Étudier aurait été la bonne réponse, mais comment pouvait-elle étudier ce qu'elle désirait à son
âge ? Dix-neuf ans était trop tard pour cette époque pour rentrer à l'école. Pourtant, elle fit face à son fiancé et lui déclara :

- Je souhaiterais enseigner et apprendre.

Nohakyr sourit.

Il le savait, aussi claqua t-il des doigts et Keiron apparu, un contrat dans les mains.

- Si je suis habillé de façon si formel depuis ce matin, c'est que j'ai dû parcourir du terrain pour trouver le directeur d'une école et le Roi pour obtenir leurs approbations afin de te faire rentrer dans l'une d'elle. Tu as un an avant notre mariage, pour obtenir un diplôme et revenir.

Elle tiqua.

Revenir signifiait qu'elle partait en pensionnat pour l'année. Un an c'était long pour elle, mais si on prenait le problème dans le sens inverse, ça ne faisait que quatre saisons aussi ça passerait vite.

Elle n'aurait pas le temps de voir le temps passer, un an pour obtenir un diplôme pour des études de quatre ans c'était un risque à prendre, mais Ellyn avait toujours été très studieuse.

Son regard était déterminé, elle irait et reviendrait pour le rendre fier.

Noha n'avait pas besoin de ses mots pour l'entendre, il savait d'avance ce qu'elle avait décidé et il scella ceci par un baiser ardent auquel s'accrocha Ellyn.

- Tu partiras dès demain. annonça t-il sombrement.
- Si vite...
- Plus vite tu me quittes, plus vite tu me reviens, gronda le jeune homme.
- Ta logique est bien étrange, s'amusa t-elle, caressant sa joue. merci Noha.
- Ton bonheur est le miens, ne l'oublie jamais.

Cette dernière journée ensemble, ils en profitèrent pour se promener dans les jardins ou les parcs de la capitale, déguster des desserts ou juste profiter du soleil, se prélassant dans l'herbe, Noha couché contre son ventre, la laissant lui caresser les cheveux. Ils étaient à l'image parfaite du couple le plus aimant, mais cette image était à des années lumières de la réalité.

Ils n'étaient pas amoureux comme l'humain pouvait l'entendre, car c'était à la limite de l'obsessionnel pour eux. C'était profond, dangereux et sombre. Mais pour Ellyn, Nohakyr était prêt à tout. Ils s'étaient attendu tant d'années, ils le pourraient encore une année de plus.

Le lendemain matin arriva bien plus vite qu'ils ne s'y étaient attendu et devant la calèche qui la mènerait vers l'internat des filles qui l'accueillerait, Ellyn faillit pleurer.

Rien de tout ceci n'avait existé dans aucune des versions de son histoire, elle craignait devoir payer le prix de ce bonheur et de cette chance qui lui était offerte.

- Rappelle toi, gronda Noha, possédant sa bouche avec fureur. Tu as un an, pas plus. Tu dois me revenir.

Elle passa sa langue sur sa lèvre inférieur, faisant gronder le monstre furieux qui savait qu'il ne tiendrait pas aussi longtemps sans la voir.

- Un an, gémit-elle contre lui. Un an et je reviens. Sois sage Nohakyr.
- Difficile comme requête.
- Fais bon voyage mon enfant, déclara la Duchesse quand celle-ci vint lui dire au revoir.

Les deux femmes se prirent dans les bras, la Comtesse eut droit, elle aussi, à son embrassade. Elle s'inclina profondément devant le Duc qui la mis en garde. Puis, accompagnée d'une des ombres de Noha, elle quitta ces deux familles et surtout son compagnon, pour l'incertitude d'une année loin d'eux.

Que ce passerait-il pendant qu'elle serait loin ? Est-ce que Tella tenterait quelque chose ? Est-ce que Noha arriverait-il à se contenir ? La Duchesse serait-elle encore en vie quand elle
reviendrait ? Autant de questions que de larmes qui quittaient ses joues en silence.

- Tenez Maîtresse, fit l'ombre en lui tendant un mouchoir pour se tamponner les joues.

- Merci Lissa.
- Vous connaissez mon nom?
- Je connais beaucoup de choses. Mais pourtant si peu...

Elle regarda à travers la vitre de la calèche, le paysage défiler. Oui, elle connaissait si peu de choses au final sur ce monde. Hormis ce qu'elle avait put écrire, mais rien ne ressemblait vraiment à ce qu'elle avait imaginé. Elle remercia Noha d'avoir insisté pour qu'une des femmes des ombres l'accompagne, il avait refusé qu'elle y aille toute seule, craignant surtout qu'on ne l'attaque, il avait attaché à sa sécurité, Lissa Korr, une ombre qu'Ellyn aimait bien pour avoir écrit sur elle.

- Je suis à votre service Maîtresse, dit-elle alors.
- Lissa, je te demanderais une faveur.
- Laquelle ?
- Je ne suis pas habituée à ce statut, je n'ai pas plus d'amis non plus. Peux-tu me parler comme à une amie ?
- Je... ne sais pas si le Maître acceptera.
- S'il te plaît. Si il dit quoi que ce soit, je le convaincrait que c'est moi qui te l'ai demandé.

Le regard de la jeune femme fit réfléchir l'ombre qui finalement accepta en souriant.

- Dans ce cas, appelle moi par mon prénom.
- Ellyn ?
- Merci Lissa.

Quand la calèche s'arrêta devant le château qui se trouvait être l'école royale des filles du pays et l'internat, Ellyn sentit un certain vertige lui prendre les tripes. Mais avec Lissa à ses côtés et cette promesse faite à Nohakyr, elle avança vers l'entrée où elle fut accueillis par une femme à l'allure strict et au visage sévère.

Dans un petit instant de doute, elle trouva le Professeur Loyle dans les traits de cette femme. Elle dû se retenir de rire et s'inclina en se présentant à elle. On la guida vers le bureau du directeur qui lui expliqua tout ce qu'elle avait besoin de savoir avant qu'on ne la dirige vers sa chambre, qu'elle partageait avec trois autres filles plus jeunes qu'elle de deux ou trois ans.

- Qui es-tu ? lui demanda t-on d'un air supérieur.
- Une élève comme les autres, répondit-elle tandis que Lissa l'aidait à installer ses affaires.
- Quel drôle d'accoutrement ! se moqua une autre. La nuit est loin pourtant !
- Lissa, peux-tu me donner ce sac ? Merci.

Elle les ignora royalement, préférant se concentrer sur son année, plutôt que de perdre son temps avec ce genre d'enfantillages auxquels elle était déjà habituée.

Même si l'époque changeait, les regards et les moqueries, eux, ne changeaient pas.

Mais pour Nohakyr et ses parents, elle était prête à tout affronter et tout endurer pour revenir et l'épouser comme dans ses rêves. Voulant le rendre fier.

- Lady Ellyn !
- Madame.
- Votre premier cours est dans deux heures. Venez me trouver quand vous vous serez installé.
- Oui Madame. Dépêchons-nous Lissa.
- Oui Maîtresse.

***

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