Chapitre 15
- Majesté ! Lord Nohakyr Lightstrake et sa femme sont là !
Dès l'annonce de l'arrivée du couple fraichement marié, l'excitation se fit dans les rangs féminins de la Cour. Roi et Reine se trouvaient dans la grande salle où ils présidaient, ensemble, les affaires du royaume. Les hommes pressés par l'urgence et l'importance de cette réunion, marmonnèrent à l'annonce de leur arrivée.
- Pensez-vous vraiment que la preuve soit fausse ? demanda une femme à une autre.
- Le jeune Duc ne s'amuserait clairement pas à ce genre de procéder, gronda une autre.
Les débats étaient clairement ouverts et allaient bon train jusqu'à ce que l'aura froide et sombre de Nohakyr, ne remplisse la salle, le bras de sa belle autour du sien. La posture princière et assurée, ils avancèrent jusqu'aux marches pour saluer le couple royal.
- Majestés, s'exclama Nohakyr.
- Jeune Sir, Lady Ellyn, nous rencontrons actuellement une situation bien délicate, fit le Roi embarrassé par le sujet dont il était très peu habitué.
- Nous avons été prévenu que la preuve envoyé à la Duchesse Lightstrake et Sa Majesté la Reine d'Elibel, a été détruite, gronda Noha, faisant trembler le sol de la grande salle.
Tella, ou la chose qui la possédait, se mit à trembler, malgré qu'un léger sourire de victoire s'affichait sur son visage. Son regard brillant de concupiscence, ne passa pas inaperçu aux yeux du couple qui préféra se concentrer sur les deux têtes couronnées.
- Majesté, se lança alors Ellyn. Je souhaiterais demander l'examen royal !
La Reine sursauta, Tella se figea, perdant son sourire. Si elle y faisait mention, c'est qu'elle savait comment la contourner et elle n'avait clairement pas le pouvoir de faire refuser à la Reine ce droit qu'elle lui accorda immédiatement d'ailleurs.
- Faites appeler les médecins ! s'exclama haut et fort la voix dure du Roi.
Il ne leur fallut pas longtemps pour que ces derniers n'arrivent au pas de course et viennent s'incliner devant leurs maîtres.
- Vous nous avez fait appeler Majesté ?
- Lady Ellyn Lightstrake a souhaité l'examen royal, afin de prouver que la nuit de noces a bien été consumée et que cette dernière était bien pure.
- Docteurs, est-il possible de faire cet examen maintenant ?
- Bien évidemment ma Reine.
- En ce cas, Lady Ellyn, Duchesse Lightstrake, veuillez nous suivre, ordonna la femme de pouvoir.
Un regard à son époux avant de le quitter pour rejoindre sa belle-mère et suivre la Reine ainsi que ses suivantes et les médecins assignés pour l'examen gynécologique.
- Seules les femmes sont autorisées ! s'exclama alors la Reine, devançant Nohakyr qui grondait de manière beaucoup trop menaçante.
Les quelques femmes médecins qui accompagnaient l'équipe médicale, se détachèrent du groupe pour suivre la Reine dans des appartements privés et pour faire installer Ellyn sur un lit.
- Êtes-vous bien installée ma Lady ?
- Oui, aucune position n'est agréable pour ce genre d'examen, n'est-ce pas ? s'empressa t-elle de dire.
- Ellyn, tout ira bien.
- Je sais Mère, lui répondit-elle en souriant.
Maelicia s'approcha pour lui prendre la main durant tout le temps que pris l'examen. Ils ne leur fallut pas longtemps pour l'examiner et confirmer que la preuve présentée était vraie.
De retour dans la grande salle, l'inconfort de l'examen, fit trébucher Ellyn. Noha se précipita vers elle pour la soulever.
- Que ce passe t-il ? s'enquit le Roi peu rassuré par l'état de la jeune femme.
Du moins, plus inquiet que cette femme là appartenant à la créature la plus féroce et puissante de leur monde, soit blessée.
- Rassurez-vous Majesté, fit une des femmes qui avaient examiné Ellyn avec précaution et douceur. C'est tout à fait normal. L'inconfort partira dans deux jours au moins.
- Donnez nous vite le résultat ! s'écria un homme stressé.
- Lady Ellyn a des marques de ruptures.
- Ce qui signifie ?
- Que la Lady était effectivement pure durant sa nuit de noces, répondit un des hommes médecin.
- Alors la preuve était vraie...
- Lady Tella a donc détruit une vraie preuve ?
- Si Lady Ellyn n'avait pas fait mention de l'examen royal, nous n'aurions jamais pu prouver l'histoire !
Le stress commençait à descendre quand une autre inquiétude se montra : pourquoi la nouvelle Princesse Héritière avait bien put détruire une telle chose ?
Cette dernière disparue.
Nohakyr voulu envoyer ses Ombres, mais sa femme le retint, le visage caché contre son cou :
- Pas maintenant Noha. Laissons la prévoir son prochain coup et sa faute. Nous pourrons agir ensuite.
- Tu as raison. Majestés, m'est-il possible de pouvoir ramener ma femme ?
- Bien sûr ! Vous faut-il l'assistance de médecin ? s'empressa de dire le Roi.
- Je vous en serait gré Majesté. Bénéficier des médecins royaux pour soigner ma tendre femme est un honneur.
Surtout un piège bien déguisé et l'un comme l'autre le savait. Si Noha avait refusé, les doutes auraient été entier sur lui et ils en auraient profité pour se jeter sur l'occasion. Mais Ellyn savait ce qu'elle faisait et Nohakyr se callait sur elle pour ne pas déraper.
La famille du Duc ainsi que celle du Comte Galiyeon fut autorisés à partir accompagné d'un groupe de médecins.
De retour au duché, Ellyn fut allongée dans la chambre du jeune homme. On ajusta les draps autour d'elle et l'un des médecins s'approcha du lit pour venir l'examiner. Lissa fit un pas en avant, le médecin tourna la tête vers elle pour lui ordonner de rester en retrait, mais Ellyn lui fit signe de rester tranquillement à sa place, laissant Nohakyr venir s'installer à sa gauche, au bord du lit, tenant la main de sa femme, cette dernière posée contre son torse. Soutenue par son mari, elle laissa le médecin prendre son poignet et le lui poser sur un petit coussin. Il posa son index et son majeur sur l'intérieur et exerça une légère pression pour en ressentir le flux sanguin et l'activité du pouls.
Nohakyr n'aimait pas la façon dont il s'éternisait à la toucher et Ellyn prenait sur elle pour ne pas pleurer ou se mettre à vomir. Il la connaissait bien, il savait qu'elle était traumatisée par sa famille et le fait qu'un homme la touche, pas que les hommes, il se souvenait du premier contact qu'ils avaient eut et de sa réaction, puis de celle avec les gardes du château ou alors des servantes du duché qui avaient voulu s'occuper d'elle.
Il la sentit lui serrer la main et trembler, voyant que le médecin s'éternisait volontairement, Ellyn se mit à pleurer.
- Chérie ?
- Je suis fatiguée, pitié Nohakyr, je… je souhaite me reposer.
- Bien sûr mon ange. Il est temps pour vous de partir, déclara t-il au médecin qui se figea.
- Mais je… Je n'ai pas fini mon examen, je dois encore la-
- Dehors ! gronda le démon, furieux.
Deux ombres attrapèrent le médecin et forcèrent le groupe de médecins à quitter la chambre. Lissa ferma la porte et les laissa seuls.
- Tout va bien.
- Mon bras, Noha, mon bras me fait mal…
Une trace violacée s'y trouvait encore. Le médecin avait-il appuyé si fort ? Non, un trou très léger était visible. Le jeune homme entra dans une colère noire, quitta la chambre avec fureur.
- Vous ! hurla t-il.
- Messire ?
- Retenez-les ! rugit la voix froide et tranchante du Prince des Obscures.
- Noha ? s'exclama la Duchesse surprise. Que ce passe t-il ?
- Il a empoisonné Ellyn !
La jeune femme apparue en haut des marches, épuisée, le poignet bleu violacé. La douleur lui était intolérable, elle pleurait et l'appelait comme si elle délirait. Lissa la retint, mais dans sa douleur, sa jeune maîtresse appelait son mari comme pour la délivrer.
- Il se précipita sur elle pour la récupérer dans ses bras.
- Trésor, tu devais rester dans le lit.
- Mal… J'ai si mal… Mon....poignet me… brûle…
Noha gronda sourdement, il était écartelé, si furieux que même la bête hurla de colère, sa fureur était si violente que la vague noire qui l'entourait étouffa tous le monde. Il aspira le poison implanté dans le corps de sa belle, usant de son pouvoir pour extraire ce serpent glauque qui se tortillait de douleur, cherchant à s'extraire du pouvoir acide et mortel de Nohakyr.
- Keiron, ordonna la voix sombre et dédoublée du jeune homme.
L'ombre ouvrit un bocal et y emprisonna le serpent qui frappait contre les parois, cherchant à s'en échapper.
Les ombres et leur maître dirigèrent sur le médecin et sa clique, un regard violent, rouge qui les terrifia.
- N-Non ! Pi-Pitié !
- Pitié ? Alors que vous avez tenté de tuer ma belle-fille ? gronda le Duc, dont le pouvoir était encore bien présent en lui. Son regard pourpre et violent s'ajouta à ceux qui les fixaient déjà. Gardes ! Qu'on les enferment et que l'on prévienne le Roi que ses médecins ont attenté à la vie de ma belle-fille !
- Oui, Milord ! s'exclamèrent des hommes armés, accompagnés des Ombres qui les encerclèrent.
- Nohakyr, remonte Ellyn dans ta chambre, souffla la Duchesse. Miss Lissa, allons nous occuper de votre maîtresse.
- Oui Madame.
Une Ombre accompagné d'un messager du Duc arrivèrent au palais. Leur entrée fut remarquée et n'annonçait rien de bon.
- Que nous vaut cette apparition ? demanda le Roi.
- Vous, gronda l'Ombre hors d'elle. Votre médecin a empoisonné Lady Ellyn. Le poison lui a été retiré par la Bête. Vous avez osé empoisonner notre Princesse. Mon Maître m'envoi vous prévenir qu'une guerre ouverte est la seule option qu'il va vous rester.
Le messager tendit une lettre à l'un des intendants sur sa gauche et l'ombre les fit disparaître tous les deux.
Leur départ laissa la Cour dans un silence morbide, les yeux se braquèrent sur le Roi qui tremblait à la fois de peur et de colère car son plan n'avait pas plus fonctionné.
Le Prince des Enfers était à la hauteur de sa réputation, si ce dernier lui déclarait la guerre, il ne survivrait pas et son pouvoir disparaîtrait en un clin d'œil.
De son côté, le Prince Maxwell, attaché à Nohakyr et sa femme, partie avec son garde, discrètement à cheval vers le duché, désertant le château sans qu'on ne le remarque.
Ce n'est que quand ils arrivèrent à l'entrée du duché, qu'ils furent stoppé par les Ombres.
- Prince Maxwell ? s'étonna l'une d'entre elle. Que faites-vous ici à cette heure ?
- Nous avons apprit pour la Princesse… Je-
Pas le temps, l'Ombre grimpa derrière lui tandis qu'une autre attrapa la bride du garde qui voulu se défendre, mais la lame plaquée dans son dos l'en dissuada.
- Ce n'est pas sûr pour vous, gronda l'Ombre derrière le jeune homme.
- Lady Ellyn est-elle vraiment malade ?
- Le poison lui a été retiré par le Maître, mais les médecins du Roi sont retenu dans les prisons du duché.
- Mais que ce passe t-il ?
- Nous essayons de le savoir également…
L'ombre fit arrêter les chevaux à l'entrée des écuries et guida les deux intrus vers le salon où se trouvaient le reste de la famille, Ellyn ayant reçu l'autorisation de rester auprès de Noha, devant le feu de cheminée.
- Votre Altesse ? s'exclama Keiron.
- Il est tard, gronda Nohakyr sans se retourner, installé dans un rocking chair, se basculant, sa femme dans les bras, couverte d'une couette moelleuse et chaude.
- Je crains que votre présence ici n'accélère les choses, Votre Altesse, fit le Duc. Le destin a été écrit pour nous être inévitable et le Roi en a décidé ainsi.
- Non ! Je… ne peux y croire…
- Croyez-vous en ce que vous voyez mon Prince ? rétorqua le Duc furieux. Regardez donc !
Maxwell hésita et s'approcha du couple pour découvrir Ellyn, aussi blanche que si la mort l'avait prise.
Le jeune prince recula et tomba à la renverse, horrifié.
Que ce passait-il ? Pourquoi ?
- Père… murmura le garçon, les larmes aux yeux. Qu'avez-vous fait ?
***
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