Jour de livraison

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Vendredi, jour du poisson. Rendez-vous au port de Corinthe pour récupérer la marchandise. J’attends les gars sur le quai. Ça pue la truite ! C’est infernal. Je regarde l’heure sur ma Rolex : 02:34, puis jette un œil à Hélios.

— Mais qu’est-ce qu’ils foutent, bordel ? On avait rendez-vous à deux heures !

Il se contente d’hausser les épaules.

En attendant, Natasha est partie avec la voiture pour remettre du carburant. Le réservoir était presque à sec. Nous avons une longue route de prévue pour nous rendre au point de livraison. Mon portable sonne.

— Oui ?

— Je n’arrive plus à démarrer….

— Comment ça ?

— Bah, elle démarre plus…

— T’as mis la clé de contact ?

— Ah ah très drôle, te fous pas de ma gueule. Je tourne la clé, elle refuse de démarrer, j’te dis !

Soudain, comme une lueur de génie me traversant l’esprit, je fronce les sourcils et lui dis :

— Natasha… T’as pas encore confondu le sans plomb 95 avec le Diesel j’espère ?

— Oups…

— Putain, Natasha ! Mais merde ! Une Mercedes toute neuve ! Tu le fais exprès ma parole ?!

— Mais… je… snif…

— Tu n’vas pas te mettre à chialer ?! Quelle empotée tu fais !

— Pardon, snif… je…

— Tu me sers à rien ! Vas-y, dégage.

Je raccroche. Saleté de bonne femme. Encore une idée stupide de Tony de me la foutre dans les pattes. Je suis vraiment accompagné de bras cassés. J’appelle Jo, pour qu’il ramène sa BMW. J’irai au lieu du rendez-vous avec lui. Un type baraqué comme une armoire à glace, pas très loquace. Le trajet jusqu’à Tirana risque d’être long et ennuyeux à mourir.

Ah, ça y est, les gars arrivent dans leur camionnette floquée « Heraklion Logistics SA ». Une entreprise spécialisée dans le transport des truites vivantes. Dès qu’ils ouvrent les portes arrière du fourgon, l’odeur de poiscaille me fouette le nez. Je tourne la tête machinalement, grimace. Infect. Ils baissent le hayon, sortent trois caisses. J’ouvre la première avec un pied de biche pour vérifier que les produits sont bien conformes.

— Combien de boules de gommes par caisse ?

— 1350.

— Le compte y est ?

— Sûr.

Pas le temps de tout recompter. Plus qu’à faire confiance à Tête chauve. Je ne connais pas son nom, alors je l’appelle comme ça. Son crâne est aussi lisse que celle d’un bonze. Il parle peu le gars. Son job, transporteur. Efficace, réglo, discret. Je vérifie tout de même que je ne me fais pas arnaquer. Je prends une de ces boules roses, l’ouvre en deux. Je souris en coin. Le sachet de cocaïne est bien là. Je plonge ma main dans le fond de la caisse. J’en attrape une deuxième. La came est présente. Tout m’a l’air nickel. Je fais un signe de tête en guise d’acceptation.

Jo arrive enfin. Il s’arrête. Les pneus crissent. Vas-y, fais plus de bruit, pour qu’on se fasse repérer ! Il ne peut pas être plus discret ? Je lève les yeux au ciel, exaspéré. Hélios et Jo transfèrent les caisses dans le coffre. Cette histoire d’essence nous a fait perdre un temps précieux.

J’aperçois au loin, sur le canal, le Celestyal Nefeli tracté par un remorqueur. Vite, il est temps de déguerpir. Jo et moi prenons place dans la bagnole. Direction l’Albanie.

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