Bad Day
Les rues de Marseille se paraient de mille couleurs. Les fêtes approchaient.
Ces lumières qui scintillaient, ces boules de Noël qui pétillaient et ces guirlandes qui frétillaient, apportaient de la joie et du bonheur au fond de nos cœurs.
Hélène se tenait là, au milieu des chalets, à négocier avec les artisans pour un bibelot décoratif ou une tranche de pain d’épice. Les enfants chahutaient, les yeux pleins d'étoiles, émerveillés par la magie de l'instant. Elle était magnifique, vêtue de son manteau long en velours rouge écarlate. Elle se démarquait parmi cette foule dense encombrant le marché.
Puis le désastre était apparu. Une voiture avait foncé dans le tas. Un homme en était sorti pour canarder les personnes présentes autour de lui. Hélène s’était écroulée. Les cris d’effroi des badauds avaient remplacé les chants de Noël. Je m'étais approché de son corps, tremblant, me cognant au passage contre les passants affolés. Ils couraient dans tous les sens. La voiture était repartie. Je connaissais cette plaque d’immatriculation. La magie avait laissé place au chaos. Je m'étais accroupi. Je l’avais prise dans mes bras. Le sang avait imbibé son vêtement, devenant sombre et terne. L’éclat de son visage s’était échappé cette nuit-là. Les illuminations avec elle. La Faucheuse l'avait emportée.
Le commissaire m’avait donné la tâche épineuse de nettoyer la zone pour que les narcotrafiquants déguerpissent. Je n'aurais pas dû m’en mêler et leur laisser le point de deal du quartier Félix-Pyat. Foutu règlement de compte. Elle ne méritait pas ça. Ils me l’avaient fait payer, la veille de Noël.
Chaque hiver, chaque année, ces illuminations me serrent la poitrine, ravageant le peu d’amour qu’il me reste.
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