Chapitre 5 - "Il"
"Il" doit prendre garde à ne pas se faire remarquer, certes la copropriété est immense, mais il suffit d'une seule personne qui se souvienne de lui pour orienter la future enquête de police. Heureusement, "Il" sait passer inaperçu, si la situation l'exige, il se fond dans le milieu ambiant et évolue tel un caméléon. Ses yeux sont baissés, sa démarche ni trop rapide, ni exagérément ralentie. "Il" s'est habillé pour la circonstance de vêtements passe-partout aux couleurs neutres et trimballe avec lui un sac à dos rempli d'on ne sait quoi.
Le voici, marchant vers l'entrée de la cité de la Rouvière, "Il" a préféré se garer à l’extérieur, deux cents mètres en amont, son véhicule ne doit pas permettre de l’identifier. D'autant plus que nos sociétés modernes généralisent l'installation de caméras postées un peu partout pour espionner nos quotidiens.
"Il" déteste ça !
Le portail franchi, il se dirige vers le gigantesque mur de béton et de verre, façade froide et impersonnelle, de la tour de Babel dans laquelle réside Joséphine. Arrivé face à la porte d’entrée du bâtiment, il sonne et attend patiemment qu'elle lui ouvre. Quelques secondes passent avant que le cliquètement de la serrure l'informe qu'il peut pénétrer dans l'immeuble. Il emprunte un long couloir mal éclairé tout en suivant la flèche qui lui indique la direction de l'ascenseur. Il appuie sur le bouton pour l'appeler, puis se recule de quelques mètres et déplie un journal devant son visage afin de le dissimuler à d'éventuels regards. Le bruit du mécanisme va croissant, l'engin arrive au rez-de-chaussée. "Il" a décidé de ne pas l'emprunter s'il transporte du monde. L'ascenseur est vide, c'est parti pour le vingtième étage.
Sa respiration s’accélère, ses mains deviennent moites. Devant l'antre de la belle étudiante, il ne peut s’empêcher de prononcer à haute voix ces quelques mots lourds de sens :
- "Il" t'invite à entrer dans sa danse, Joséphine, ne le déçois pas !
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