Ella Banks cousait dans le jardin de la maison conjugale quand elle entendit la voiture s’engager dans l’allée. Elle se réjouissait de raconter son après-midi à son époux .

De la musique sortait désormais par les portes vitrés du salon, son mari était rentré.

Comme il en avait l’habitude, tel un rituel après une longue journée de travail, il desserrerait sa cravate, déboutonnerait son pantalon, se servirait une bière au frigo et ne tarderait pas à mon monter à l’étage pour prendre une douche.

Le bruit lourd et sourd ne tarda pas à se faire entendre ; suivi du silence.

Ella se leva doucement, se dirigea vers la maison, franchit le palier, traversa le salon, puis s’agenouilla auprès de son mari au pied de l’escalier.

Elle lui expliqua alors, qu’elle l’avait écouté. Elle avait assisté à l’atelier de travaux domestiques auquel il l’avait inscrite et le remercia chaleureusement. Ce cour avait été très instructif. On lui avait conseillé un tout nouveau cirage pour le bois des escaliers qu’elle avait voulu tester dès son retour à la maison.

Elle était désolée d’avoir laissé traîner le pot à tisonnier en bas de l’escalier. Elle l’avait entendu rouspété tout à l’heure à ce sujet . Mais comme il lui répétait souvent avec affection, elle était tête en l’air et désordonnée. Elle l’avait déplacé pour passer l’aspirateur et avait oublié de le remettre à sa place.

Une fois de plus, il avait raison, ses actes avaient des conséquences.

Elle lui sourit tendrement jusqu’à ce qu’il soit tout à fait endormi.

Une fois que se fût terminé, elle se leva et enfila un gilet afin de dissimuler les bleus sur ses bras.

Elle se tenait maintenant devant le téléphone à cadran, prête à jouer son nouveau rôle, celui de la veuve effondrée.