Première impression
Cela faisait maintenant dix bonnes minutes que l’inspectrice Labertta regardait la femme assise devant elle sans savoir quoi faire. Celle-ci pleurait sans discontinuiter depuis leur arrivé. Les rares mots sortis de sa bouche étaient inintelligibles et n’avait pu tirer aucune information sur les circonstances du drames. Un médecin allait bientôt arriver et lui donnerait des sédatifs pour la calmer. Il serait donc impossible de l’interroger aujourd’hui.
La plaie!
Elle allait devoir reporter à demain sa déposition et ne pourrait clôturer l’affaire aujourd'hui.
De toute évidence, il s’agissait d’un malheureux accident domestique. Autant en finir le plus vite possible avec ce dossier.
Coincée là le temps que l’équipe de la scientifique fasse les prélèvements d’usage, Labertta abandonna la veuve à son coéquipier dans le jardin et alla explorer l’intérieur de la maison. Le petit salon était douillet et confortable, où rien ne dépassait. Pas de magazine qui traînent sur la table basse, les meubles étaient propres, lustrés, deux plaids avaient été soigneusement pliés et déposés sur le dossier du canapé de façon parfaitement symétrique.
Une vrai petite maison témoin.
Dans le but de continuer son exploration des lieux, Labertta enjamba le corps du pauvre homme qui gisait en bas de l’escalier dans une position étrange afin d’atteindre la cuisine, sous le regard médusé des techniciens de la scientifique par le manque de professionnalisme dont faisait preuve leur collègue.
***
Les deux policiers intervenus, un homme et une femme, n'étaient de toute évidence pas habituer à ce genre de situation. Ils étaient mal à l’aise et ne savait ni quoi dire, ni quoi faire pour la consoler.
C’est chez l’homme qu’elle pu détecté une grande empathie face à son désespoir. La femme par contre, semblait presser de partir, et d’en finir. Insensible à ses pleurs, elle donnait même l’impression de trouver Ella pathétique.
Elle sentit un léger pic de contrariété dû à ce manque d’intérêt ; mais se souvint rapidement que ce manque d’implication pouvait jouer en sa faveur, l’affaire serait vite classé.
C’est au moment où les légistes enlevaient le corps de son mari, que son médecin traitant arriva. Il discuta un moment en aparté avant de venir vers elle, pour lui proposer un sédatif pour l’aider à se détendre.
Il était en train de préparer sa seringue, quand le policier, dont elle ne se souvenait plus le nom, lui demanda une fois de plus si elle souhaitait contacter quelqu’un de sa famille, une amie...
Quand elle aperçu du coin de l’œil la fliquette qui sortait de sa maison,
Elle s’efforça de se maîtriser pour ne laisser place à la panique, secoua la tête à l’intention du policier.
Non, elle n'avait personne.
Cette connasse de flic avait fouiné,
elle en été sûr.
***
Lorsque l’inspectrice Labertta retourna dans le jardin le médecin de famille plantait son aiguille dans le bras de la veuve.
Le choc émotionnel aidée de l’injection intraveineuse, le sommeil ne tarderait pas à la submerger.
D’ici quelques minutes, ils pourront enfin partir.
***
- Tu aurais pu montrer un peu de compassion pour la pauvre femme ! Elle vient tout de même de perdre son mari! lui dit son collègue une fois dans la voiture garée de l’autre côté de la rue.
Elle se contenta de hausser les épaules.
Elle savait que Roméo n’aimait pas travailler avec elle. Il la trouvait étrange et insensible. Et c’est justement parce qu’il la croyait hermétique qu’il se permettait parfois de faire des réflexions blessantes.
Malheureusement pour tous les deux , ils allaient devoir faire équipe ensemble pour un petit moment.
- Tu crois qu’elle se remettra? perdre son mari si tôt...
- Je crois qu’elle s’en remettra parfaitement, oui
Une fois de plus elle avait parlé sans réfléchir, il prie sa réponse pour du mépris. Mais, à vrai dire, elle ne savait pas d’où lui était venu cette certitude.
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