Il faisait nuit quand Ella commença a émergé. Son esprit embrumé sombra dans un demi sommeil plusieurs fois avant de se réveiller complètement.

Cela lui pris un temps infini pour s’asseoir sur le canapé du salon. Elle était fatiguée et avait terriblement soif. Elle tenta de se lever mais ses jambes ne la tenaient plus. Son corps était trop lourd. Ce qu’elle ressentait en cet instant, n’avait rien d’agréable. Les émotions se bousculaient, chacune d’elles cherchant à prendre sa place. Elle se contenta alors de s’adosser au dossier du canapé, bascula sa tête en arrière et comptempla le plafond.

***

Labertta était accoudé au comptoir du London Pub, une bière devant elle. Elle écoutait d’une oreille distraite Jérôme qui déblatérait sur un client qui l’avait pris de haut dans l’après-midi tout en essuyant ses verres. Elle entendait le groupe de jeunes derrière elle qui rigolaient, le flipper sonner, mais les sons ne parvenaient pas jusqu’à elle, ils ne l’atteignaient pas. Son esprit était parti ailleurs depuis pas mal de temps mais son interlocuteur ne semblait pas l’avoir remarqué.

Elle pausa un billet de cinq sur le comptoir et s’en alla, plantant là, Jérôme et son histoire.

***

Quand elle vit la tâche de sang sur sa belle moquette beige, Ella fut prise de panique, couru jusque dans la cuisine, attrapa sceau, produits d’entretiens, brosse et se mit à frotter frénétiquement la tâche de sang.

Frotter, frotter, frotter encore.

Son esprit ne pensait plus à rien et en même temps qu’a une seule chose; la colère de son mari quand il rentrerait. Si elle ne réussissait pas à faire disparaître la tâche, il serait furieux.

Cette idée tournait en boucle dans sa tête au même rythme que le mouvement de ses bras. Angoisse, peur, honte de ne pas être une bonne épouse lui faisait oublié sa fatigue, elle ne s’arrêterait pas avant d’avoir tout nettoyer.

***

Labertta regarda sa montre,

2h du matin.

Elle ne savait absolument pas ce qui l’avait poussé à venir dans cette banlieue chic à une heure aussi tardive alors qu’elle aurait pu rentrer chez elle accompagné du premier venu près à lui tenir compagnie pour la nuit. Au lieu de ça, elle se retrouvait seule dans sa voiture au beau milieu de la nuit dans un quartier sans aucune lumière. Etrange, mais pratique, son véhicule de couleur noir passait totalement inaperçu. Elle roula au pas devant la maison des Banks, feu éteins.

La petite maison de poupée à la pelouse impeccable était la seule qui ne dormait pas.

***

Assise à même le sol sur le palier du premier étage. Exténuée, sale, le souffle court, Ella regardait les yeux perdus dans le vide l’escalier qui se dressait sous ses yeux. Elle avait lavé, poncé, récuré l’escalier en bois jusqu’à la dernière marche. Perdant totalement le contrôle. Elle était entrée dans une sorte de transe dont elle n’arrivait pas à sortir.

Adieu la belle maîtrise de la veille.

Elle n’avait même pas réalisé que le jour s’était levé.