Une après-midi ensoleillée
J'ai donc décidé d'aller au parc, être seule ne m'attirait pas et un match de foot va se dérouler. Je me suis perchée sur une des installations au milieu des gosses. Je viens d'en repérer un laissé de côté par les autres. Toujours le même profil : gros.
Vague impression de déjà vu. J'hésite à intervenir. J'observe, j'essaie de voir ce que le petit fait. Pour le moment pas grand chose. Il essaie de s'intégrer mais se fait jerter à chaque fois. Il y a un autre garçon qui mène un groupe de filles. Il les commande. C'est... Suspect.
Okay là c'est plus suspect, c'est sûr que c'est pas normal. Vague sentiment de déjà vu. Je sens Lina en apnée derrière moi. Manifestement la situation elle l'a déjà vécue. J'ai quelques images dans la tête. Toujours pas de sons, mais j'ai les images. J'hésite vraiment à intervenir.
Ça s'est calmé. Pour le moment. Deux pestes viennent d'arriver. Je reste tout de même vigilante.
Assise sur une des installations du parc de la petite commune, j'observe les enfants en bas. Un garçon mène trois filles contre un autre qui tente de se faire accepter. Plus il essaie, plus l'autre garçon le rejette. Je revois certaines images de notre passé. Nous étions cette enfant rejetée. Trop grosse disaient-ils. Pourtant si discrète. Elle tentait de se fondre dans le décor. Mais elle était plus voyante que jamais quand leur violence se déchaîne. Personne ne l'aidait. Personne ne l'a défendait. Elle était seule contre toustes.
À l'école elle se faisait insulter, elle était mise de côté et moquée constamment. Chez elle, elle se faisait frapper. Elle n'était jamais en sécurité. Toujours visée quand il s'agissait de la violenter. La coupable idéale.
Cette après-midi j'ai vu une scène similaire. J'en ai eut le cœur serré. Heureusement, ça s' est vite arrêté. Mais bordel ça fait mal. Dans la même commune, au même âge, ils viennent de la même école que nous. La violence entre eux est toujours là. Rien n'a changé.
Le soleil brille au-dessus de moi. Devant moi, sur le stade de Pouillé Les Coteaux, un match se déroule. Je peine à me concentrer car je vois chaque souvenir de Lina. Je ne m'étais pas rendue compte de la gravité de notre passé. Je ressens une profonde tristesse mais j'ai envie de comprendre. J'aimerais me souvenir de tout ce qu'il s'est passé pour agir pour les autres enfants.
Je vois une petite fille aux cheveux dorés, au visage angélique qui me sourit. Je lui sourit en retour. Je vois Lina en elle, c'est très perturbant. Ce qui est entre plus perturbant c'est qu'elle a l'air très seule. Je me tâte à lui proposer de venir avec moi. J'ai envie de la prendre dans mes bras. La réconforter. Je sens qu'elle a envie de parler. Seulement j'ai peur que ça soit mal vu. Le corps n'a pas une très bonne réputation ici.
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