Quelque part en amont du fleuve Amour (Mongolie actuelle)

Allongé sur le sol Quaidu ,15 ans, ferma les yeux devant un ciel bleu dépourvu de nuages. Autour de lui les brins d’herbe de la steppe se pliaient face une légère brise de fin d’après midi. Se laissant bercer par le bruit du vent soufflant dans ce désert de verdure et les remous de la rivière , non loin d’ici, il attendait ce qui l’avait amené seul à l’écart de sa tribu. Après de longues minutes, alors que la somnolence commençait à le guetter un bruit de pas lourd lui fit rouvrir les yeux . Il se redressa et distingua au loin un cheval arrivant au trot avec son cavalier. Emplit de joie le jeune homme se mit debout et ne put s’empêcher de sourire. Le cavalier se rapprocha de lui avant de s’arrêter et de descendre de sa monture. Ce dernier marcha vers Quaidu en enlevant la bandelette de soie qui lui tenait ses cheveux , les laissant virevolter au dessus de ses pommette rosées. Ses vêtements serrés, faits de fourrure, permettaient de deviner une taille fine et des courbes féminines. La jeune cavalière, maintenant à quelques centimètres de Quaidu, lui lança un regard avant de lui dire en pouffant :
-T’as vraiment l’air d’un idiot quand tu souris comme ça !
- C’est pas de ma faute, tu me rappelles un rêve que j’ai fait dans lequel je me réveille et où je tombais face à une belle inconnue.
-Si c’est une tentative pour me séduire sache que c’est raté. Elle est nulle ton histoire de rêve !
Il l’attrapa alors par la taille et rapprocha son visage du sien.
-Te séduire ? Je n’ai pas besoin de mots pour ça, mon charme fait déjà tout le travail !
- Heureusement pour toi parce que c’est pas ton esprit qui te sauverait !
Lui dit-elle plaçant ses mains sur ses épaules.
-Ça me fait plaisir qu’on soit tous les deux Lyla.
-N’exagère pas, on se voit tous les jours au campement.
-Oui, mais on est jamais aussi libre que quand on est seulement tous les deux et bientôt on aura plus besoin de s’isoler pour ça.
Dit Quaidu en la fixant intensément dans les yeux. Lyla baissa alors le regard et le lâcha pour remettre ses cheveux derrière elle. Afin d’éviter le sujet que , elle le savait, il voulait aborder avec elle .
L’adolescente le prit par la main.
-Viens on va s’asseoir.
Ils s’installèrent alors au bord de l’eau, enlevèrent leurs chaussures et laissèrent le courant leur masser les pieds.
-Où est ton cheval ?
Demanda t-elle.
-Je suis venu à pied, je n’aime pas les chevaux.
Amusé, elle répondit :
-Ils ne mordent pas tu sais.
-Bien sur que si ! Regarde le tien avec son air vicelard !
Ils se retournent alors tous deux pour voir l’équidé de Lyla en train d’arracher de l’herbe à pleines dents.
-Moi, il me fait froid dans le dos ton canasson !
Comprenant qu’on l’observait, l’animal redressa la tête et les fixa avec incompréhension tout en continuant de mâcher. Lyla s’amusa devant le ridicule de la situation.
-Tu te prétends être un grand guerrier, mais tu es le seul homme de la tribu qui a trop peur pour monter à cheval.
Quaidu ne répondit pas et après un cours instant où la parole fut laissée aux remous de l’eau il lança.
-Je vais participer au tournoi !
Lyla ravala son sourire.
-Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas.
-Je ne te demande pas ton avis !
Agacée elle se saisit d’une pierre avant de la lancer brutalement dans l’eau pour finalement dire.
-La majorité des hommes meurt dans ces combats !
-Seulement ceux qui perdent ! Ce ne sera pas mon cas.
Elle se leva alors avant de lui crier.
-Mais pour qui tu te prends ? Tu n’es pas invincible ! Et il n’y aura pas que des combattants de notre tribu. Des hommes de toutes les tribus voisines peuvent venir y participer. Certains d’entre eux seront sans doute des tueurs nés.
Quaidu prit , à son tour, un caillou pour le lancer et réussie à faire quatre ricochets. À la suite de quoi il sourit de toutes ses dents à Lyla et lui dit.
-Je me prends pour le type qui veut t’épouser. Après tout c’est la récompense pour le gagnant du tournoi. La main de la fille du défunt chef de la tribu Tavan !
-Mais justement ! C’est pour cette raison que je ne veux pas que tu participes. C’est l’occasion rêvée pour de nombreux chefs de guerres d’assimiler notre tribu.
-Ça n’arrivera pas puisque c’est moi qui vais gagner !
Répondit-il d’un air enjoué.
-Tu m’écoutes ou pas ? Si tu participes à ces combats tu vas mourir !
- Mais non, mon cousin m’a enseigné le combat à l’épée . Ça fait plusieurs années que je m’entraîne. Alors t’as pas à t’en faire. Aucun chef de guerre ne posera les mains sur toi
Désespérée elle s’agenouilla et lui dit avec le souffle court.
-Je t’en supplie, ne va pas mourir aussi bêtement.
Quaidu posa alors sa mains sur la joue de Lyla et la fit glisser jusqu’à atteindre ses cheveux.
-Tu n’as aucun souci à te faire, je vais gagner haut la main comme ça on aura plus jamais à se cacher. Et on pourra enfin être tranquille.
Dit-il avant de l’embrasser devant le cheval de Lyla qui les regardait sans comprendre, les joues pleines d’une bouillie d’herbe mâché.