Chapitre 6 : "Blondasse"

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Tous les élèves sortaient de leur classe en même temps, comme des bêtes, avec un creux dans leur ventre d’adolescents, en direction de l’énorme réfectoire de St-Clair.

Au début de l’année, c’était toujours stratégique. Chacun voulait sa place près d’un Richess qui avait à ce jour, leur place respective. Une vraie bataille sévissait entre les nouveaux élèves et les anciens qui tentaient de garder leur place avec une vue privilégiée sur l’un d’entre eux.

Pour ma part, je n’avais plus à m’inquiéter. On s’était rendus directement avec Alicia et Chuck, là où il avait l’habitude de s’asseoir. C’est à ce moment précis que je compris ce qu’il pouvait ressentir au quotidien, et il ne s’agissait que d’un aperçu. Je sentais un poids sur nous, enfin, surtout sur Chuck et Alicia, accessoirement.

“C’est qui cette fille ? “ ; “Pourquoi elle est près de Chuck ?” ; “Il parait qu’elle est arrivée en retard” ; “elle se tient mal”...

Elles parlaient toutes d’elle.

  • N’y fais pas attention Alicia, disait Chuck essayant de prendre un ton de voix rassurant.
  • Attention à quoi ? répondit-elle.
  • Eh bien, commença-t-il, hum rien, fit-il en lisant dans le regard d’Alicia qu’elle n’en avait rien à faire.

Elle mangeait son sandwich, plus que basique, au jambon et au fromage, avec nonchalance tandis que les rumeurs et les insultes fusaient au-dessus de sa tête. Il y avait un réel décalage entre son physique et son allure, ce qui les rendait jalouses, mais qui leur permettait de dégrader son image.

Je me disais en mon for intérieur que pour une rentrée : manquer la cérémonie, arriver en retard, rencontrer Chuck Ibiss, provoquer Blear Makes et s’instaurer une mauvaise réputation dès le début de l’année, c’était plutôt fort.

  • Dis-moi, Alicia ? commençais-je.
  • Hum ? me lança-t-elle ruminant son sandwich.
  • Si j’ai bien compris tu t'es inscrite tard, non ? Comment ça se fait ?
  • Oh… Bah c’est ma mère en fait, elle voulait m’inscrire à St-Clair, je ne savais pas du tout et puis, je l’ai su tard donc voilà.
  • Vous n'en aviez pas parlé ? m’étonnais-je.
  • Oui, c’est parce que…
  • Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! la coupa Chuck, regardant à l’entrée du réfectoire.

Elliot et Michael firent leur apparition dans le réfectoire, côte à côte, attirant l’attention de tous les élèves. D'où cette charmante réaction de la part de Chuck, et il n’était pas le seul à être surpris.

Katherina et Eglantine s'arrêtèrent de manger pour regarder le spectacle. Marry leur lançait des éclairs puissants de ses yeux de lynx. Quant à Blear, tout son corps, montrait qu’elle n’approuvait pas cette réunion. Rigide et sans expression, voilà pourquoi on l'appelait la reine des glaces.

Ils s’assirent dans le coin de Michael afin de préserver son confort.

  • Comme ça tu seras moins mal à l’aise non ? demanda Elliot.
  • Je préfère les endroits calme, oui... Quoi qu’il en soit, tu attires toujours du monde, je ne sais pas si c’est bon pour moi de rester avec toi.
  • On s’entend bien, non ?
  • Tu es de bonne compagnie c’est sûr, acquiesça-t-il.
  • Alors y a pas de blême ! Répondit-il d’un ton relaxé.

Le repas continua...

Nous avions fini de manger et venions de nous installer tous les trois sur un des nombreux bancs de la cour. Pas très loin de nous, Elliot et Michael, semblait discuter de tout et de rien.

  • C’est quand même étrange, murmura Chuck.
  • Fast et Challen ? devinais-je à son regard planté sur eux.
  • Ouais… Elliot Fast, c’est le gars qui s’entoure que de minettes, un peu comme moi, il est sportif, rien à voir avec Michael !
  • Bah, pourquoi ils ne pourraient pas être amis ? s’étonna Alicia.
  • Amis ? rit Chuck. On ne se côtoie pas entre Richess, c’est comme ça depuis toujours. Ça à toujours été le cas... si le roux s’est rapproché de lui, c’est qu’il a quelque chose derrière la tête !
  • C’est ridicule, répondit-elle, la tête blasée.
  • Absolument pas …
  • D'accord, on va bien voir ! le coupa-t-elle.

Alicia se leva d’un coup et avança à grand pas vers les deux garçons, ce qui ne manqua pas d’attirer leurs attentions. Elliot se leva, paré de son sourire réservé uniquement aux filles, prêt à l’accueillir.

Intéressé, je me levais à mon tour pour entendre ce qui allait se dire.

  • Que nous vaut l’honneur, de cette belle blonde ! s’exclama Elliot avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit.
  • Tu sais … L’aubergine là-bas, il dit que vous ne pouvez pas être amis, c’est vrai ou non ?!
  • Ahahahaha ! éclata-t-il de rire. Si je m’attendais à ça … Oui, en effet, répondit-il enfin.
  • Alors pourquoi tu traînes avec lui ?
  • Je me le demande bien …
  • Je suis étonné moi-même, mais il faut croire que l’on s’entend bien, répondit calmement Michael.
  • Et tu le manipules ?
  • Bien sûr que non !

Alicia pivota sur elle-même, laissant ses longs cheveux blonds gifler l’air et fit de grands signes dans la direction de Chuck. Celui-ci, couvert de honte, tenta de faire face en s’approchant majestueusement vers elle.

  • EYYYH ! Tu vois, je te l’avais dit ! Ils sont potes en fait ! lui cria-t-elle à la figure accompagnée du plus grands de ses sourires.
  • “Potes”… répéta Michael.

Elle venait de l'achever devant toute la cour, et surtout devant Elliot. Ces deux-là, étaient connus pour être des rivaux en tout : une popularité d’enfer, deux physiques parfaits complètement à l'opposé l’un de l’autre. Si l’un jouait au foot, l’autre au basket. C’était à un tel point qu’il y avait deux clans parmi les filles.

Plus que ces enfantillages, on savait pertinemment qu’ils seraient concurrents dans leur vie active future, deux piliers de la société. Ce qui laissait Michael sur la touche en termes de physique et d’aptitudes. Cependant, c’est sans doute celui qui irait le plus loin vu son intelligence.

Le temps semblait se suspendre quand les deux se fixaient le temps d’une rencontre fortuite dans l’école. D’une part un lion, de l’autre un requin. Sur le coup, ce dernier s’était transformé en dauphin. Gêné, il tapota mon épaule et s’avança vers Alicia. Je le suivis.

  • Ce n’est pas la peine de crier, murmura-t-il.
  • Oups, mauvaise habitude !
  • Tu es décidément très vivante, répondis-je.
  • N’est-ce pas ? apparu Elliot, suivi de Michael. Alors comme ça, je ne peux pas être ami avec Michael ? demanda-t-il à Chuck, en pointant son ami qui semblait intimidée.
  • … C’est gros à avaler, oui. acquiesça Chuck d'un air hautain.
  • Et pourtant ! s’exclama-t-il en passant son bras autour de Michael.
  • Je suis certain que tu vas te servir de lui…
  • Si je ne me sers pas de lui avant, répondit Michael.
  • Ahahahah ! Voilà, c’est exactement pour cette raison que je l’aime bien !

Chuck fit une mine agacée dans ma direction et me fit comprendre qu’on coupait court à la discussion. Il se retournait comme pour partir.

  • Et toi ? Qui es-tu ? lança Elliot tout d’un coup en me fixant.
  • Dossan... Dan’s… répondis-je, impressionné en mon for intérieur.
  • Et quoi Chuck ? C’est ton nouveau sous-fifre ?
  • C’est un ami ! s’exclama-t-il, perdant son sang-froid.
  • Et ce n’est pas mon style, continuais-je tout en ne faisant pas mine d’être touché par le mot “ami”.
  • Qui l’eut cru, répondit le roux, ironiquement.
  • Ce n’est…
  • EYH ! Ça va les gros bras là ?! s'écria Alicia.

Nous déposâmes les armes pour quelques secondes, le temps d’analyser la blonde énervée. Elle savait y mettre de la voix.

  • Vous êtes trop bêtes ! Tout ça pour quoi ? Je suis même pas sûr, tellement c’est bête ! Sérieux, il n’y a pas moyen de trouver un terrain d’entente ?
  • Non, répondit catégoriquement Chuck.
  • J’imagine que ça va être compliqué, dit Michael perplexe.
  • Ça me fatigue, je retourne m’asseoir, on se casse Dossan !
  • Je vous suis, dit Chuck.
  • Quant à nous, Mick, tu permets que je t’appelle comme ça ? Et si je te montrais la plus belle vue sur le vestiaire des filles ?

Chuck s’arrêta net. Il y avait comme une aura malfaisante autour de lui. Il se retourna vers le roux qui souriait fièrement et s’avança au plus près de son visage.

  • Tu plaisantes ? demanda-t-il les yeux brûlants.
  • Jamais, quand il s’agit de filles ! sourit-il malicieusement.
  • Je vois… Eh bien, enchantée Elliot Fast, dit-il, tout en lui tendant sa main.

Un sourire diabolique se dessinait sur leurs deux visages tandis qu’ils se serraient fermement la main. Alicia roulait des yeux comprenant que de ces Richess, ils n’en restaient pas moins que des garçons. Michael et moi, avions visiblement pensé à la même chose : “trop facile”.

  • Puisque vous êtes réconciliés, commença Alicia, et si on profitait du temps qu’ils nous restent pour que vous me montriez les vestiaires ? Comme ça je saurais quel coin éviter ! demanda-t-elle en lâchant un ricanement.

Elle s’agrippa d’une main au cou de Chuck et de l’autre à celui d’Elliot, poussant sur eux pour propulser ses deux jambes en l’air.

Elle s’attira les foudres. Dans les yeux de toute l’école on pouvait lire “mais c’est qui cette blondasse ?”. Une réaction peu étonnante quand on pensait qu'une fille lambda avait réuni les trois boy's Richess en une seule journée.

Elle me prit à son tour par le bras, fit signe à Michael d’avancer plus vite et on partit tous vers les vestiaires.

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