Chapitre 13: "Dis-le"

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C’était la première récréation que nous passions sans Chuck, qui était pris par sa première réunion des délégués. Nous n’étions que trois : Katherina, Alicia et moi, en train de discuter « musique ». A vrai dire Alicia ne comprenait rien à notre discussion, entre mes évocations sur les sonates et Katherina qui m'expliquait quel tempo elle avait choisi.

- Alors je pourrais vous faire écoutez ma nouvelle composition, nous demanda nerveusement Katerina.

- Bien sûr que oui, répondis-je fier qu'elle veule nous la partager.

- Tu l'as ici ? Fais nous écouter ! s'impatienta Alicia.

- Nous devrions attendre les autres au moins ?

- Ce n’est pas si grave s’ils ne l’entendent pas, je ne suis pas très sûre de moi de toute façon…

- Qu’est-ce que tu racontes ? Et ils sont où d'ailleurs ?!

- Bonne question, répondis-je.

- Je dois aller aux toilettes, je les chercherais après, nous lâcha Alicia qui détala comme un lapin dans la seconde.

***

Elliot voulait lui parler et suspicieux il avait tout de même accepter. Ils s’étaient rendus dans la même salle de classe où la dispute avait éclaté. Michael était appuyé contre l’appui de fenêtre.

- Alors ? le pressa-t-il.

- Je crois qu'il faut qu'on discute de ce qu’il s’est passé l’autre jour…

- Je t’en prie, répondit Michael.

- Ecoute, je voulais m’excuser.

- De t’être servi de moi ? demanda-t-il d'un ton dédaigneux.

- Je ne me suis pas servi de toi, enfin, hésita-t-il. C’est vrai que je me suis rapproché de toi en me demandant si je pouvais faire pression sur le mec le plus intelligent de l’école, mais…

- Et tu es satisfait ? demanda-t-il les bras croisés.

- Pas du tout ! s’exclama-t-il, c’est ce que je pensais, mais dès le premier jour je me suis rendu compte qu’on s’entendait bien et avec Alicia…

- Et si elle n’avait pas été là ?

- Ce n’est pas grâce à elle que je suis venu vers toi…

- Pourtant c’est le centre du groupe, tu serais peut-être resté sur ton idée première si elle n'avait pas été là, dit-il sèchement.

- Michael, j’ai vraiment envie qu’on passe à autre chose, dit-il d’une voix suppliante. Je t’en prie, c'est important pour moi, continua-t-il face à son ami qui restait muet. Tu es, sincèrement, mon premier vrai ami.

Les traits durcis de Michael s’affaissèrent lorsqu’il entendit ses mots. Il leva ses yeux luisant au ciel, touché par ces propos. Il posa à nouveau son regard sur lui, et soupira.

- Ok, de toute façon je savais très bien que tu avais des intentions cachées. C’est plutôt, quand tu es devenu réellement amical que j’ai été étonné.

- Et ce n’était pas du bluff, je suis vraiment désolé…

- C’est aussi de ma faute, je ne m’énerve pas souvent, mais là avec, s’arrêta-t-il hésitant à finir sa phrase.

- Avec Eglantine ? osa-t-il dire, je sais que cette histoire t'a marqué, enchaina-t-il en voyant son ami baisser la tête.

- Ce n’est rien, souffla-t-il.

- Non ce n’est pas rien, et je suis presque certains que tu ne m'as pas tout dit.

Elliot n’était pas aussi intelligent que lui, mais il était loin d’être bête pour autant. Bien qu'il ne savait pas de quoi il s'agissait, il avait la ferme intuition qu’il avait omit de lui raconter certains détails de l'histoire. Il avait un don pour dénicher les menteurs, et comme il l'avait préssenti Michael avait effectivement « oublié » l'élement principal de l’histoire. Ce baiser, ou presque, et la confession d’Eglantine, ou presque.

- Je ne peux pas te le dire, répondit Michael avec peine.

- Bien sûr que tu peux, dit-il d’un ton convainquant.

- Est-ce que je peux vraiment avoir confiance en toi ? demanda-t-il désarmé.

- Ça, il n’y a que toi qui en décide, répondit-il avec un léger sourire.

- D’accord, dit-il résigné à parler. Nous, la nuit ou nous avons dormi ensemble… nous nous sommes, presque, embrassés…

- Eh, lâcha Elliot surpris. Attends, presque ? demanda-t-il alors.

- Je n’ai pas envie d’aller dans les détails…

- D’accord, et quoi encore ?

- C’est tout, répondit-il en se mordillant la lèvre inconsciemment.

- Arrête ça, si tu crois que je ne vois pas que tu es en train de mentir, tu te trompes.

A contre-coeur Michael l'invita à s'asseoir par dessus les bancs et ils se faisaient face lorsqu'il commença à lui raconter dans les moindres détails. Ce qu’il s’était donc réellement passé dans sa chambre, même l’histoire du tournoi. Elliot l’écoutait avec attention, apportant un soutien à son ami qui n'avait ecnore jamais osé s'étaler sur le sujet. Il finit avec ce moment passé dans les jardins de l’internat, son doute part apport à ce qu’elle avait tenté de lui dire. Son histoire finie, il resta silencieux, tête baissée sur ses mains closes.

- Tu penses, qu'elle a des sentiments ?

- Je ne sais pas et je ne suis pas sûr de vouloir savoir d’ailleurs, souffla-t-il.

- Et toi ? Qu’est-ce que tu ressens ?

L'absence de mot et le silence qui s'installa alors dans la pièce constituait pour Ellit une preuve de ce qu'il pouvait ressentir.

- Ça n’a pas d’importance…

- Bien sûr que si, dit Elliot d’un ton affirmé.

- Non, tu te trompes, ça n’en a aucune, répondit-il d'une voix triste.

- C’est toi qui te trompes.

- Mais qu’est-ce que tu veux à la fin ? demanda-t-il légèrement agacé.

- Seulement te poser une question.

- Quoi encore ?

- Et tu vas y répondre en toute honnêteté, et en toute amitié, d’accord ?

- … Comme si j’avais le choix…

- S’il te plaît…

- Ok d’accord, comme tu le souhaites, répondit-il la gorge nouée.

- … Tu l’aimes, n’est-ce pas ?

Michael le regardait énerver, prêt à s’enflammer, à crier « NON ! ». Il se retenait, une dispute de plus était inutile. Il ne voulait plus se disputer, ni avec Elliot, ni avec Eglantine. Bien qu’avec elle, ça n’en avait pas vraiment été une.

Eglantine, son visage lui revenait en mémoire, si douce, si pure. Son teint pâle, ses joues roses, puis rouges, lorsqu’ils étaient ensemble dans son lit. Le peu de rires qu’ils avaient partagés durant ce temps devenaient écho dans son esprit. Il se souvenait également de la chaleur qu’il y avait entre leurs corps cette soirée-là. Ses pensées devenaient incontrôlables. Il serra les poings.

- Qu’est-ce que ça peut faire, souffla-t-il gravement.

- Tu ne réponds pas à ma question.

- Et je n’y répondrais pas ! Ça sert à rien Elliot !

- Arrête de répéter la même chose sans arrêt et portes tes couilles ! rétorqua-t-il sur le même ton.

- Mes c… ? Puisque je te dis que c’est NON ! cria-t-il en lui faisant face.

- NON quoi ?! Non, tu ne l’aimes pas ? Non, tu ne veux pas l’avouer ? Vas-y, dis-le ! cria-t-il à son tour en le saisissant par les épaules.

- Mais laisse-moi tranquille putain ! répondit-il en le repoussant.

- Mais DIS-LE bordel ! DIS-LE !! Qu’est-ce qui peut être aussi dur que ça, hein ?! continua-t-il en l’empoignant par le col.

- LA RUPTURE !! lui hurla-t-il dans des airs de folie, la rupture Elliot, dit-il tremblant. Cette foutue loi, continua-t-il en poignant dans le T-shirt d’Elliot. J’ai peur… Ok ? J’ai peur tellement je, s’arrêta-t-il.

- Dis-le Mick, murmura-t-il alors qu'il appuyait son front contre le sien.

- Je l’aime, lâcha-t-il en même temps qu’un sanglot. Je l’aime tellement, dit-il dans un suffoquement. Je ne sais pas ce que je dois faire… s’il te plaît… je…

Elliot l’enlaça du plus qu’il pouvait. Il le serrait de toutes ses forces, contrairement à son ami qui n’en avait plus aucune. Ses bras pendaient le long de son corps, juste avant qu’il ne les ramène dans le dos d’Elliot. Il le sera enfin à son tour, plus fort, réfugiant sa tête dans le creux de son épaule et laissant quelques larmes s’écraser sur son t-shirt. Michael peinait à reprendre sa respiration tandis qu'il se laissait bercer par la main qui caressait son dos.

Après un long temps, les deux garçons prirent une légère distance. Michael s’essuyait les joues, sous le regard peiné d’Elliot qui lui tapota la tête.

- Les garçons, qu’est-ce qu’il se passe ?

- Alicia ? Depuis quand es-tu là ? demanda Michael qui frotta un peu plus fort ses yeux rouges.

- Je vous ai entendu crier alors… Michael tu pleures ?! s’exclama-t-elle en accourant à ses côtés.

- Ce n’est rien…

- Chagrin d’amour, laissa entendre Elliot.

- Elliot ! cria-t-il.

En revenant des toilettes, Alicia s'était promener dans les couloirs sans réel espoir de tomber sur eux. C’est pourtant là qu’elle entendue des voix qu'elles reconnaissaient s'élever. Ainsi donc, elle s'était précipitée jusque dans la classe pour découvrir cette scène.

- Alors tu es amoureux, Mick ? demanda-t-elle sans tact, mais ce n'est pas une surprise, ajouta-t-elle.

- Tu le sais ??

- Bah oui, c’est évident ! Depuis l’histoire avec Eglantine, t’es tout triste tout le temps ! Je comprends pas pourquoi tu lui dis pas d’ailleurs …

- Alicia ! la coupa-t-il, ce n’est pas si simple…

- Baaah c’est vrai que c’est un peu gênant de dire à quelqu’un qu’on l’aime bien, mais ça en vaut la peine non ?

- Tu as raison, mais ce n’est pas qu’il veut dire, répondit Elliot.

- Alors quoi ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.

Ils se regardèrent tous les deux du coin de l’œil, pensant à la même chose. Michael acquiesça. En effet, ce n’était pas si simple. Ils étaient soumis à cette loi instaurée par leurs ancêtres. Une loi exigeant qu’au terme de leur seizième année, les Richess choisissent un partenaire. Celui avec qui, ils s’empresseront de fonder une famille. D’apporter un héritier, un successeur à leur nom, et ce, au cours de leur dix-septième année. Et par choisir, il était bien entendu question d’obligation. Il est vrai que les Richess avaient leur mot à dire quant à la personne avec qui ils allaient partager leur vie, à quelques détails prés. Ça devait être quelqu’un à la hauteur, portant un titre, doté de richesses, avec un avenir tout tracé. C’est pour cette raison qu’ils étaient envoyés à Saint-Clair, parce qu’il y avait du choix parmi les enfants de la grande populace, qui à mon sens prenait plutôt la forme de bétail. Et quand bien même, les Richess possédaient chacun de ses éléments, il était formellement interdit qu’ils se lient entre eux. La compétition, entre les familles était telle que depuis des décennies, la haine prenait la plupart du temps le dessus. Marry Stein en était le parfait exemple.

En s'avouant à soi même ses sentiments, Michael courrait déjà un grand risque. Elliot comprenait cet enjeu, et il voulait aider son ami en lui faisant avouer ce qui le rongeait de l’intérieur. Je le comprenais aussi. Tout le monde comprenait. En effet, alors que personne n’en parlait, ce à quoi ils étaient destinés était connu de tous. Certains compatissant et d’autres espérant qu’ils soient choisis. Ce n’est qu’avec le temps, que je me suis vraiment rendu compte de la cruauté de cette loi.

Et alors que chacun justifiait ces règles à sa manière, Alicia, elle, ne comprenait pas.

- C’est débile…

- Je savais qu’elle dirait ça, soupira Elliot.

- C’est pourtant la réalité, ajouta Michael.

- Mais je comprends pas…

- Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? demanda le brun.

- Bah… tu vas avoir 15 ans bientôt nan ?

- Très prochainement, c’est juste, fit-il en hochant de la tête.

- Qu’est-ce que t’attends du coup ?

- Est-ce que tu as seulement écou…

- Parce que si ce n’est pas maintenant, alors ça ne le sera jamais, lâcha-t-elle en le fixant droit dans les yeux.

- Tu… sais… essaya-t-il de continuer glacé par le regard d’Alicia.

- T’es vraiment nul, tu le sais ça ? dit-elle d’un ton las. Si t’as que deux ans pour pouvoir profiter de la vie, alors bouge-toi le cul. Tout le monde mérite le bonheur, fin moi je dis ça, je dis rien, ajouta-t-elle en haussant les épaules. Sur ce ciao, c’est pas bon pour moi de parler avec des imbéciles du non-bonheur.

Alicia leur lança un regard désapprobateur et quitta la pièce, les deux mains dans les poches de son baggy. Cinq et six, se retrouvèrent debout comme deux cons sans savoir quoi dire. Ses mots résonnaient dans la tête de Michael : « Si ce n’est pas maintenant, alors ça ne le sera jamais », et prenait également tout un sens pour le roux. Quoi qu’il en soit, il était touché. Un vestige de larme coula sur sa joue, tandis qu’Elliot passait son bras autour de son cou pour lui attraper l’épaule.

- Un sacré bout de femme hein, lança Elliot qui fixait toujours la porte par laquelle elle était sortie.

- Oui, je l’apprécie beaucoup, répondit Michael levant les yeux au plafond pour retenir ses larmes.

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