Chapitre 18 : le bonheur des uns, fait le malheur des autres.

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Michael fonça dans le vestiaire et s'habilla à toute vitesse. Il s’aspergea les aisselles de déodorant, tout en essayant de fixer ses cheveux en batailles dans le retour du miroir. Il prit ensuite une grande inspiration et courra rejoindre sa belle poussé par Elliot.

Pour ma part, j’aidais le professeur à ranger le matériel espérant qu’il n’y aurait plus personne dans le vestiaire au moment de me changer. Chuck était pourtant là, assis sur un tabouret haut dans le coin de la pièce.

- Tu n'étais pas obligé de m'attendre, dis-je en fuyant son regard.

- Je voulais savoir si tu voulais qu’on mange dehors ce soir ?

· Vu le menu du jour, ce n'est pas de refus !

· Alors grouille-toi, mollasson ! plaisanta-t-il.


Il s'empara d'un magazine et le feuilla en attendant que je me change. Mes affaires pendaient sur le porte vêtement, je ne pouvais pas feindre de les avoir perdus. De toute façon, il n'y aurait pas cru. Je commençais à soulever mon t-shirt en le zieutant. Il faisait mine de rien, mais je savais qu’il était attentif. Je lâchai mon t-shirt et enfourna mes affaires dans mon sac à dos.


- Je me changerais dans ma chambre, lui dis-je.

- Pourquoi ? fit-il d'un ton qui ne me rassurait pas.

- Je mettrais des vêtements propres, j'ai sué dans toutes mes affaires alors...

- Ou alors c’est parce que tu es blessé ?

Il me prit au dépourvu, pensant qu'il n'aborderait pas le sujet. Il s’approcha de moi, et saisit mes vêtements. Il me les tendit voyant qu’ils étaient propres, et seulement légèrement froissés.

- Tu veux un coup de main ?

- Non, je sais le faire tout seul, mais je voulais juste...

- Arrête ! Je suis désolé Dossan, mais je ne peux pas faire semblant plus longtemps. Je t’ai vu te tenir les côtes plusieurs fois aujourd’hui, et ta blessure à la lèvre… Je sais, ce qu’il te fait, murmura-t-il.

- Je t’en prie ne le dis à personne, lui dis-je pris de panique.

- Pour qui tu me prends ?

- Personne ne doit savoir, soufflais-je en agrippant sa main.

- C’est promis, mais tu dois te soigner, dit-il en voulant soulever mon t-shirt.

- Ne regarde pas, m'écriais-je en repoussant sa main.

- Montre-moi, dit-il en fronçant les sourcils. Je veux voir s'il est nécessaire que tu ailles à l'infirmerie, expliqua-t-il ensuite. 

- C’est toi qui ne comprends pas, je ne peux pas manquer les cours… Si mon père l’apprend, m’arrêtais-je incapable de finir ma phrase.

- Et comment tu vas participer à la journée sportive vendredi ? Il te faut un certificat.

- Je ne peux pas allez au docteur sans son autorisation et... 

- Laisse-moi m’en occuper. J’appellerais mon médecin, il s’occupera de tout. Tu pourras au moins te reposer cette semaine.

- Mais il n’acceptera pas, tu n’es même pas majeure alors…

- Je suis Chuck Ibiss, on ne me refuse rien, dit-il sérieusement.


Convaincu, je soulevais à nouveau mon t-shirt avec hésitation. Ses yeux s'arrondirent en voyant les hématomes sur tout le flanc gauche de mon torse. Je pensais avoir une côte cassée. Chuck s'en voulut de n'avoir rien dit plus tôt et m'emmena de force à l'infirmerie. Je ne me rendais pas compte à l’époque de la gentillesse dont il faisait preuve, le sentiment de honte étant plus fort que le reste.

L’école faisait vide après seize heures, sans les élèves pour trainer dans les couloirs. Sur le chemin de l’infirmerie nous vîmes au loin les amoureux du jour assis sur un banc. Ils se tenaient la main, Michael caressait la sienne de son pouce.


- À propos de tout à l'heure... Est-ce que, balbutiait Michael. Bon sang, je n’arrive plus à parler alors que je t’ai embrassé tantôt, répondit-il en se couvrant le visage. Laisse-moi te le dire à nouveau, je t’aime, dit-il en lui saisissant les mains. Je t’aime, et je voudrais qu’on en profite ensemble si tu es… d’accord ?3

- Moi… moi aussi, je… je… balbutia-t-elle.

- Tu n’es pas obligé de le dire, si tu ne veux pas.

- Je veux te le dire ! Je t’aime !

Les mots explosèrent hors de sa bouche, et elle devint rouge quand il pouffa de rire. Il posa sa main sur sa joue, et déposa un baiser délicat sur ses lèvres. C'était leurs premiers baisés à tous les deux. Elle ne savait pas comment s'y prendre, mais lui en avait assez rêvé que pour lui saisir complétement le visage et l’embrasser à pleine bouche. Elle répondit par de légers mouvements, sur quoi leurs respirations s'échauffèrent. Michael s’arrêta, trop téméraire. Ils se regardaient alors dans le blanc des yeux, les joues chaudes.

- Je voudrais savoir, commença-t-elle. C'est si compliqué avec nos parents, es-tu sûr de ...

- Nous verrons, et j'en suis sûr. Quelqu’un m’a dit que si je n’avais que deux ans pour connaitre le bonheur, je devrais profiter de ce temps, sourit-il.

- C’est la fameuse Alicia qui t’as dit ça ?

- En effet, comment le sais-tu ?

- Un pressentiment ? Elle à l’air très sympathique, ajouta-t-elle.

- Je te la présenterai demain ! Tout ira bien, ajouta-t-il en la voyant s'animée. Je veux te présenter à mes amis, je t'aime tellement...

Eglantine, émue, baissa la tête et afficha un petit sourire satisfait sur son visage tout en tenant les mains de Michael. Celui-ci se rapprocha encore un peu plus d’elle sur le banc, et l'enlaçant amoureusement.

***


L’infirmière m'harcela de questions en découvrant ma blessure. Heureusement, quelques mots de Chuck suffirent à la faire taire. Personne ne lui refusait rien. Elle banda mon torse pour maintenir ma position et annonça en colère que je n'avais qu'une côte fêlée. Entre temps, Chuck sonna à son médecin, il n'eut besoin de s'attarder en explications pour qu'il me prescrive une ordonnance d’anti-douleurs et un certificat pour les activités sportives. Il ne manquait plus que ce bout de papier qu'il irait chercher le lendemain, soit entre mes mains. Je le remerciai mille fois. Il me fit ensuite sortir et m'accompagna jusqu'à ce que nos chemins se séparent. Il devait récupérer des papiers dans le local des délégués avant que la garde du soir ne ferme les locaux et les remplir impérativement pour leur deuxième réunion où il passerait pour un imbécile.

Il découvrit la porte coulissante de la classe au trois-quarts ouvert et des vois en émaner à son arrivée. Il glissa un œil à travers et vit Marry et sa seconde. Leur discussion semblait mouvementée.

- Je jure que je ferais payer à cette fille !

- J’arrive pas à croire qu’ils se soient mis ensemble, dit son amie. 

- C’est vrai que tu as un crush sur Michael, pourquoi n’essayerais-tu pas de lui piquer ?

- A Eglantine ? Franchement regarde-moi bien, c’est impossible !

- Tu n’as pas tort, fit-elle en la regardant de haut en bas. De toute façon, c’est une relation impossible. Ils n’ont que deux ans pour en profiter et encore… Alors on va leur donner un petit coup de pouce ! Il suffit de passer quelques coups de fils et les deux ans seront réduits à deux jours, rit-elle.

Il ne put s'empêcher de réagir, le coulissement de la porte fit peur au deux filles. Les sourires fiers qu'elles abordaient deux secondes plus tôt disparurent. Chuck fit un signe de main, le pouce par-dessus son épaule, à l'attention de l'autre fille.

- Laisse-moi seul avec elle, dit-il d'un ton catégorique.

- C’est bon, tu peux y allez, répondit Marry en voyant sa seconde hésiter. Alors que me veux-tu ? enchaina-t-elle une fois qu'elle fut partie.

- Je ne te laisserais pas nuire à leur bonheur, assura-t-il très sérieux.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-elle en prenant un innocent.

- Ne sois pas comme ça, et laisse-les. Tu ne crois pas qu’ils méritent un peu d’être heureux ?

- Qu’ils soient heureux ? Ah, tu plaisantes j’espère !

- Quel est le problème avec leur bonheur ? Et pourquoi t'acharnes-tu autant sur eux, sur Eglantine ?

- Si tu penses que je vais discuter avec toi, tu te trompes ! Alors déguerpit !

Chuck pensait qu'elle exagérait, comme toujours. Il ne comprenait pas sa colère et voulait en connaitre la cause. Était-elle foncièrement méchante ? Non, il le refusait. Il décida de récupérer les documents dans un premier temps, et puis s'assis sur un des bancs, toute ouïe.


- Je ne pars pas d'ici tant que tu ne m'as pas expliqué, même s'il faut y passer la nuit.

- Tu rêves mon grand, tu es qui pour me donner des ordres ?

- Tu ne comprends rien, tu te rends comptes que tu vas les détruire ?!

- Bien sûr que si, c'est le but !

- Je refuse de croire que ton but dans la vie soit de détruire deux personnes aussi gentilles que ces deux-là…

- Et qu'est-ce que tu sais de ma vie ? Tu n’as aucune idée de ce que je peux vraiment vouloir, et de comment je prévois de le faire, alors je te conseille de…

- Donc c’est un hobby ? se moqua-t-il.

- Ne me coupe pas la parole ! cria-t-elle en tapant du pied. Et gentils ? Tu ne connais rien d’eux ! Tu ne les connais pas plus que moi ! De quel droit juges-tu qu'ils soient mieux que moi ?

Marry ressemblait à un chien enragé, prête à mordre, ses mots étaient comme des aboiements. Il comprit qu’il venait de décocher la bombe qui n’attendait que d’exploser. La haine se lisait dans ses traits, la rancœur dans ses gestes, mais il perçu une pointe de tristesse et décida de jouer un jeu dangereux.

- Parce que tu les connais toi ? rétorqua-t-il d'un ton hautain. Entre nous, c'est toi qui à le comportement le moins adéquat.

- Oh mon Dieu, mon comportement ne te plait pas au grand Chuck Ibiss, fit-elle semblant d'être touchée.

- Tu es… une fille odieuse, commença-t-il. Tu complotes, tu fais du mal, et tu n’agis que pour ton propre intérêt. Est-ce que tu sais comment on appelle les gens comme toi ? Des égocentriques, et le mot est faible, continua-t-il en la dévisageant et en se rapprochant. 

- Si tu penses que ton avis m’importe, marmonna-t-elle en faisant un pas en arrière.

- Pourquoi te faire passer pour une belle personne sinon ? Mais sache que derrière tes boucles d’or et ton grand sourire, tu ne trompes personne. Pas moi en tout cas. Et au fond, je crois que tout le monde sait à quel point tu es mauvaise.

- Arrête ça tout de suite…

- Tu achètes l’amitié avec l’argent, et l’amour avec ton corps… Il n’y a rien de sincère chez toi…

- Je t’ai DIT, d’arrêter tout de suite !

- Il n’y a que la vérité qui blesse, chérie, dit-il en la regardant de haut en bas. Et tu sais, je commence à comprendre pourquoi tout le monde la préfère, elle. Eglantine est tellement mieux, lui souffla-t-il dans l’oreille avec insolence.

- LA FERME !!

Prit d’un élan de rage, elle lui hurla dessus en le poussant d’une main, et lui flanqua la gifle de sa vie, de l’autre. Le claquement contre sa joue résonna outre la salle de classe. II en avait perdu l'équilibre, posant un genou au sol et amena sa main sur sa joue rougit. Il la passa ensuite, à la manière d’une caresse, sur sa mâchoire douloureuse. Il releva les yeux vers son agresseur et eut un léger sursaut en découvrant son visage rempli de larmes.

· Tu n’as aucune foutre idée de ce que cette PUTAIN a pu me faire !!! Plutôt crever que de la voir heureuse ! Vas-y menace-moi, mais je te jure que tu ne gagneras pas cette guerre !

Marry effaça compulsivement ses larmes avec ses poings, tentant de retenir ses sanglots. Elle lança un regard noir à Chuck toujours au sol et fit quelques pas en arrière. Le sentiment de honte se lisait sur son visage. Elle s'enfuit. Chuck, toujours la paume sur sa joue enflée, tentait de résoudre ce nouveau mystère. Qu'est-ce qu'Eglantine avait bien pu lui faire ? Pour qu’elle cultive autant de haine à son égard, au point de lui arracher des larmes ? Il le découvrirait. 

***

Le lendemain, je reçus le certificat médical que Chuck m’avait promis. Il n'entra pas dans les détails lorsque je lui demandais ce que signifiait le pansement sur sa joue. Il avait simplement mentionné Marry. Je le laissais rejoindre les autres pour porter mon justificatif au secrétariat. Je surpris un bout de conversation entre l’éducateur, le directeur et Blear Makes.

- Je dois m’absenter quelques jours à Londres pour raison familiale, s’expliqua-t-elle.

- Londres ! Quelle magnifique destination ! s'exclama l'éducateur.

- Merci de nous avoir prévenu, dit le directeur ensuite. J'espère  que Billy se porte bien, ajouta-t-il.

Nous tombâmes nez à nez lorsqu'il prononça ses mots, je vis ses yeux s'affolés, puis reprendre leur froideur habituelle. Elle se retourna simplement pour esquisser un sourire qui semblait fabriqué de toute pièce au directeur.

- Très bien, répondit-elle.


Le silence dans le bureau quand elle le quitta, me fit froid dans le dos. Je me demandais qui pouvait être ce Billy pour qu'elle en soit aussi déstabilisée. Une vieille connaissance du directeur peut-être ? Je décidai de demander à Chuck à la récréation. Il ne connaissait personne de ce nom, et il était bien trop préoccupé par les moqueries d'Elliot au sujet de la gifle qu'il avait reçu. Alicia et Katerina imaginèrent la scène en toute complicité et la reproduire sans même l'avoir vu.  Elles s'étaient définitivement rapprochées.

Niveau proximité, le roux guettait son ami qui profitait d'un moment d'intimité avec Eglantine. Il s'impatientait de le voir revenir vers lui. Et c'est dont ils discutaient également.

- Ne t’inquiètes pas, tu verras tout le monde est gentil. S’ils avaient eu l’occasion de te parler avant même qu’on soie ensemble, ils l’auraient fait, tenta Michael de convaincre sa copine.

- J'ai un peu peur, mais je te fais confiance, répondit Eglantine en lui donnant sa main.


Michael la saisit fermement, et traversa fièrement la coure en sa compagnie. Nous étions tellement impatients, et l'angoisse d'Eglantine se ressentait à des kilomètres. Il la rassurait, pendant qu'elle passait une mèche tombante derrière son oreille. Il semblait si heureux de nous la présenter.

- Tout le monde, voici Eglantine, commença-t-il. Elle est un petit peu timide, mais ce n’est pas un problème n’est-ce pas ?

- Ne… ne dis pas ça, dit-elle en rougissant.

- On se connait déjà un peu au fond, rit Elliot.

- Ça ne pose aucun souci, non, ajouta Chuck.

- Tu es la bienvenue, lui dis-je.

- Tu vois, je te l’avais bien dit, la rassura Michael.

- Quoi ? À quoi tu pensais ? lui demanda Alicia directement.

- J’avais… peur de ne pas être la bienvenue…

- N’importe quoi ! s'exclama-t-elle en lui mettant une tape sur l’épaule.

- Oh, fit-elle, surprise. Ah, je... je voulais vous remercier ! Toi et Katerina, pour m’avoir défendu ! annonça-t-elle en prenant son courage à deux mains.

- Y a pas de quoi ! répondit Alicia en lui attrapant les mains. C’est à ça que ça sert les copines, ajouta-t-elle en lui lançant son grand sourire.

- Co…pines ? Vraiment ? répéta-t-elle les larmes aux yeux et en arborant un sourire lumineux.

- Mon Dieu, qu’elle est mignonne cette enfant, dit soudainement Katerina en l’enlaçant par derrière.

- Bien sûr que t’es notre copine ! s'écria Alicia en lui sautant dessus.

Les deux filles s’amusaient à ébouriffer les cheveux d’Eglantine et à la chatouiller. Elle ne cessait de rire aux éclats prise aux pièges par ses deux nouvelles amies. Katerina avait directement mis le grappin dessus, et ne la lâchait plus. La petite suppliait Michael du regard pour qu’il vienne la sauver, mais le spectacle lui plaisait trop pour qu’il ne tente quoi que ce soit.

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