4- Prometheus

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 La ventilation de la chambre froide soulevait légèrement les cheveux bruns d'Ernold Gaston. Il regardait les bocaux qui contenaient les embryons. Un commercial du laboratoire Prometheus l'accompagnait. "Nos plus beaux spécimens se trouvent ici, monsieur Gaston, il lui tendit le document des prestations.

 Ernold y posa son regard anthracite, récemment modifié par la clinique Supra. "Menu ? s'étonna-t-il. C'est une drôle d'appelation.

 - Tous nos embryons sont entièrement personnalisables, des pieds à la tête, de l'apéritif au dessert.", le commercial dévoila ses dents immaculées.

 Ernold tira un peu sur son col et regarda les propositions. Couleur des yeux, des cheveux, poids, mensurations, quotient intellectuel, centres d'intérêts ... Cicatrices, handicaps, maladies. Le commercial remarqua le visage de son client perdre sa couleur. "Un problème, monsieur ?

 - Hmmm ..., il déglutit, la section stigmates physiques et psychiques est troublante.

 - Vous trouvez ? Nous recevons toutes sortes de demandes de la part de nos clients, chacune plus excentrique que la précédente. Je comprends que cela puisse être intimidant mais vous êtes donc assuré de la personnalisation complète de votre individu. Individu. "Je vois", répondit Ernold d'une voix étouffée.

 Il n'était plus tout à fait certain qu'il était au bon endroit. Son téléphone vibra dans la poche de son manteau de cuir. Il le sortit et aperçut l'envoyeur, Anna, sa femme. La visite se passe bien, Ernie ? Les propositions correspondent aux brochures ? Ses doigts tremblèrent quand il répondit. A merveille, Annie, tu n'imagines pas tout ce qui est possible de faire à Prometheus mais tu as besoin de repos. Il mit ensuite l'appareil en sourdine. "Votre femme ?" lui demanda l'employé de Prometheus. Il opina. "Vous avez discuté des caractères de sa nouvelle vie ?". Le visage d'Ernold devint pourpre. "Pourquoi serais-je ici sinon ? dit-il sèchement.

 - Sujet sensible, je vois, le commercial recula par prudence. Que désiriez-vous tous les deux ?"

Il ignora sa remarque. "Ma femme adore jouer du piano mais elle ne peut plus en pratiquer avec la progression de sa maladie.

 - Une ostéoporose sévère avec risques de fractures élevés, lit l'employé sur son calepin.

 - C'est cela. Nous voulons réduire les chances de réveil de sa pathologie à néant afin qu'elle puisse jouer à nouveau. De plus, nous désirons garder tous ses caractères physiques: type caucasien, cheveux roux, ondulés, mi-longs, yeux noisettes, grain de beauté sur la joue droite, pomettes saillantes, lèvres rosées.

 - Et ses oreilles ?

 - Comment ?

 - La forme de ses oreilles, leurs tailles." précisa-t-il.

 Ernold fut stupéfait par la demande, qu'importe le détail de ses oreilles. Il lui devenait de plus en plus insoutenable de parcourir le menu. "C'était une mauvaise idée de venir ici, je dois partir." Il était pris de vertiges et de la bile lui remontait la gorge. "Vous avez besoin de temps, c'est normal. Mais vous ne trouverez jamais de meilleur laboratoire que le nôtre, monsieur Gaston, il consulta à nouveau son calepin. De plus, le délai de financement de l'opération se termine dans 2 semaines.

 - Je vous recontacterai."

 Ernold fit claquer son long manteau et glissa le menu à l'intérieur. Les portes automatiques s'ouvrèrent sur le sas. Il entra et soupira en ressentant à nouveau la chaleur de l'air ambiant. Il désirait offrir une vie de rêve à sa femme mais il n'était pas encore prêt à fricoter avec le docteur Frankenstein.

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