Le collier de Tulipe était fait d'un métal rare et pouvait difficilement être retiré. Ses propriétaires successifs s'étaient employés à le défaire, pour la baigner notamment, mais toujours sans succès. On pouvait seulement l'étirer mais sinon, au-delà d'une certaine extension, il restait comme aimanté. Heureusement, notre brave Tulipe n'avait pas la peau sensible et supportait parfaitement le collier.

Mais un jour, en rentrant du travail, Ambre se fit assommer par derrière. Alors que la jeune fille s'évanouissait, la petite chienne se fit enlever par des chasseurs. Ils avaient repéré le collier depuis quelques semaines déjà et avaient choisi ce jour précis pour passer à l'action.

Pendant son enlèvement, Tulipe resta aussi sage que d'habitude et aucun mal ne lui fut fait.

A quelques kilomètres de là, une femme d'une trentaine d'années du nom de Relveka entra sous une immense tente en compagnie de deux jeunes hommes. Elle portait des habits clairs en lin délicatement rapiécés ainsi que de grosses lunettes d'aviateur relevés sur le front et une chapka beige. Un tour de cou coordonné en lin entourait sa nuque. Ensevelie sous cet attirail, seuls ses yeux fauves ressortaient de son maquillage charbonneux.

Elle fit quelques pas, la chienne dans les bras, et finit sa marche à genoux devant une sorte de trône surelevé. Une fois parvenue à destination, elle s'inclina et leva la chienne en direction d'une grande main soignée qui se saisit de l'animal avant d'offrir à la jeune femme la récompense promise, une caissette d'or. Puis les chasseurs repartirent pour d'autres missions.

Tulipe releva la truffe vers ce nouveau visage et émit un petit couinement d'appréhension.