...Verlaine. En mélancolie majeure (2)
Du mélancolique avant toute chose,
Et pour cela s'infliger une peine,
Aussi forte et profonde qu'inhumaine,
Qui sans rien changer me métamorphose.
Faut-il ainsi que l'on ne m'aime point ?
Avoir des maux sur quoi je n'ai de prise ?
Etre l'objet d'une vie qui méprise
Un amour se dissimulant au loin ?
C'est le regard pâle sous un linceul,
L'aube d'un séjour aux sanglants enfers ;
L'instant où mon âme veut se défaire.
C'est le jugement face à la mort, seul...
Car je suis en manque d'espoir, encor
Pleurant l'espérance perdant son corps ;
A l'espoir je dois toute ma nuance,
L'unique qui chaque fois me relance !
Je ne peux fuir la tristesse assassine,
Plantant ses larmes de cristal impur
En un cœur qui pourtant, se veut si pur
Et que la froideur d'un monde calcine !
Prends mon existence ou tue-la d'un coup !
Je serais si bien, ainsi endormi,
Oh, si bien ! sans ces rimes ennemies ;
Abolissant l'impair qui me secoue !
Mais qui décèle mon sort sous la Rime ?
Qui n'y est sourd et sent que je m'escrime ?
Ressent ce qui sèche jusqu'à mon sang
Et perçoit ce sain désir innocent ?
Du mélancolique, pour toujours,
Seule chose qui ne m'est enlevée,
Empêchant mon âme de s'élever
En la divine sphère de l'amour !
Mes vers ne seront que mésaventures,
Se succédant, tels mes pleurs au matin
Pérennisant la tragique imposture,
Intensifiant, un peu plus, mon chagrin...
SVla
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