Cela faisait trois mois que Konrad et Faron avaient décidés de mener une grande campagne de surveillance, et de renseignement vis-à-vis des répurgateurs, qui les avaient bien plus malmenés en quelques jours que toute l'inquisition réunie ces deux derniers siècles. Konrad avait autorisé un long moment de repos à ses guerriers et leurs partenaires, afin que chacun se prépare au mieux pour cette campagne, mais aussi pour s'assurer que tous les blessés soient complètement rétablis. Cela lui avait permis de faire un bilan de ses forces, savoir qui était encore apte à partir en mission et qui ne l'était plus. Parmi les douze personnes revenue blessées de Milan, seulement un binôme était encore en assez bonne santé pour reprendre des missions, et dix ne pourraient plus jamais combattre même s'ils pourraient avoir une vie quasiment normale. Cependant, le délai exigé par Konrad arrivait à son terme et il manquait d'effectifs. Ainsi, il n'hésita pas à convoquer Anna et Van, qui était toujours dans leur entraînement afin d'améliorer leur travail d'équipe. Touts deux étaient dans les jardins du donjon comme à leur habitude depuis ces derniers mois, faisant une pause et profitant du soleil qui brillait à travers la large ouverture dans le toit du bâtiment.

Cela faisait longtemps qu'ils passaient presque toutes leurs journées ensemble, à s'exercer presque sans relâche. Cependant, quand Anna apprit que Konrad souhaitait les voir, elle ne parut pas du tout rassurée : bien qu'elle ait fait de gros progrès, elle ne se sentait toujours pas d'être de ceux qui aller repartir en mission. Van le lui avait bien dit que malgré sa volonté de changer et de devenir plus forte, elle n'avait pas l'âme d'une combattante. Ressentant l'anxiété de la jeune femme, il lui passa la main dans le dos pour la rassurer même cette dernière, fut plus surprise pas son geste qu'elle ne fut réconfortée. Bien qu'ils s'entendaient bien mieux qu'avant, ils n'avaient jamais eut ce genre de contact physique volontairement l'un envers l'autre. C'est pour cela que son geste n'avait pas vraiment aidé Anna à se détendre, mais au contraire elle était encore paniqué car elle pensait que le geste de Van étant si nouveau et soudain, qu'il trahissait une forte peur chez lui. Une fois dans la grande salle, ils furent surpris de s'y retrouver seuls avec Konrad et Alisia, mais comprirent assez vite que tous les autres avaient déjà été affectés à une mission. Ils étaient les derniers à ne pas avoir été envoyer espionner l'inquisition, mais Konrad estima qu'il leur avait accordé suffisamment de temps comme pour se préparer :

- Je vais être direct avec vous, je vous envoie dans la ville de Worms où se situe un évêché afin d'y chercher des renseignements sur l'inquisition et principalement sur les répurgateurs où vous aurez beaucoup de chance d'en trouver. Vous y resterez une semaine, si vous ne trouver pas l’ennemi, dans le cas contraire vous y resterez aussi longtemps qu'il le faudra pour avoir autant d'informations que possible.

- Et si on se fait repérer ? Demanda Anna avec une voix apeurée. Je ne suis pas sûr que ça soit prudent, on est loin d'être au point côté combat en équipe. Je n'arrive toujours pas à avoir le moindre contrôle sur l'esprit animal de Van. Comment faire s’il ne peut pas se battre à son potentiel maximum ?

- Je vous donne le même ordre que pour les autres, ne combattez que si vraiment vous n'avez pas le choix ! Répondit Konrad. Votre mission est de trouver et d'observer l’ennemi et rien de plus. Donc si vous êtes repérés, contentez-vous de prendre la fuite.

- Moi j'aimerais bien savoir ce qu'il en est des conditions matérielles de la mission, intervint Van. Pour se loger et se nourrir on s'y prend comment si la mission venait à durer plusieurs mois ?

En entendant la question de Van, Anna se rendit compte qu'elle n'avait jamais fait attention à ce genre de détail. Comment était financé les missions qu'ils organisaient ? Quel moyen avait les Krutz pour mettre en place des opérations de surveillance et de sabotage vis-à-vis de l'inquisition ? Où trouvaient-ils l'argent pour tout ça ? Elle ne s'était jamais vraiment posée la question, et pourtant ce détail n'était pas négligeable. En réalité, tout était financé par une ancienne fortune accumulée en tant que famille noble du saint empire germanique, et quand ils furent mis au ban et isolé des autres grandes familles, ils avaient conservé cette fortune. Cependant, celle-ci n'était pas inépuisable et pour la faire durer le plus longtemps possible, ils avaient trouvé un moyen de s'affranchir des contraintes financières. Au début, ils avaient beaucoup de mal car utiliser leur argent les aurait fait repérer s'ils avaient dû faire acheminer des ressources jusqu'à leur nouvelle forteresse dans les montagnes. Ils vivaient principalement de pêche dans le lac et des ressources de la forêt les entourant. Puis, à mesure que la population interne de la forteresse augmentait, par le sauvetage d'innocents traqué par l'inquisition et par leur descendance, ils avaient finis par y développer une production alimentaire et logistique interne.

Cependant, ce fut un autre détail qui vint la troubler dans la question de Van : celle du logement une fois dans la ville de Worms. Jusque-là, quand Anna s'était retrouvé en mission ensemble, ce n'avait été que pour quelques nuits qu'ils logeaient tout les deux dans la même chambre. Et à chaque fois, Van avait toujours dormi sur le sol et laissé le lit à Anna par politesse, bien que cette dernière se sentait coupable de l'inconfort qu'il subissait de cette situation. La seule exception fut leur fuite de Constance, où la jeune femme avait à deux reprises usé de la chaleur de son corps, afin de lutter contre la fièvre du jeune quand elle n'avait pas d'autre moyen de le faire, mais il n'en avait jamais rien su. Mais cette fois-ci, si leur mission devait durer des mois, cela impliquerait alors qu'ils doivent carrément vivre ensemble tout le temps qu'ils resteraient sur place, et Anna ne s'imaginait pas son coéquipier dormir sur le sol pendant des mois. À l'idée qu'elle risque de devoir partager la même couche que le jeune homme, sans que celui-ci soit inconscient et puisse donc s'en souvenir, elle se mit à rougir jusqu'aux oreilles car elle était incapable de contrôler ses pensées et ses réactions. Cependant, elle espérait bien se retrouver sur une mission courte et éviter ce scénario, mais les instructions de Konrad semblaient confirmer le contraire :

- Moyens limités pour cette mission, vous éviterez les auberges une fois à Worms et chercherez plutôt les maisons abandonnées, car je ne peux pas vous garantir un budget sur une mission dont on ne sait pas la durée. Cette fois-ci, il vaut mieux pour vous que vous cherchiez un emploi en ville et un domicile pour vous fondre parmi la population. De plus, si vous devez rester longtemps sur place il sera plus facile et plus confortable pour vous d'avoir chacun votre espace contrairement à une chambre d'auberge.

- Enfin sauf si vous préférez le contraire, ajouta Alisia en pouffant de rire. Ce que vous faites de votre vie une fois sur place ne regarde que vous, tant vous remplissez votre mission.

- Remplir notre mission sera plus que suffisant ! Répliqua sèchement Van, vexé par la plaisanterie. Je doute qu'on ait le temps d'aller se promener et d'aller s'amuser.

- En tout cas, j'espère que tout se passera bien pour vous à Worms, répondit Konrad. Vous ne pourrez compter que sur vous-même pour cette fois, je ne pourrais pas vous envoyer de secours comme pour la mission à Constance.

Rassuré par la proposition de Konrad sur leurs conditions de logement, Anna sortit la première de la pièce pour aller se préparer à partir pour leur mission dès le lendemain. Bien qu'elle eût du mal à se faire à cette idée, la jeune femme fit son bagage avec plusieurs robes de rechange, des culottes et surtout du savon en quantité : elle ne se voilait pas la face et se doutait bien que Van n'était pas du genre à laver lui-même ses vêtements, et qu'elle devrait s'en occuper en plus des siens. De plus, même dans le cas contraire elle en aurait fait autant, car s'ils devaient vivre ensemble, ils se devaient avant tout de ne pas aller à l'encontre des mœurs de la ville. Comment auraient-ils pu passer inaperçu, si Anna se comportait différemment des autres femmes de la ville ? Son bagage terminé, Anna s'en alla à l'infirmerie pour demander si elle pouvait emmener quelques bandages et onguents, au cas où cela deviendrait dangereux pour eux. Les guérisseuses le lui accordèrent mais en très minces quantités car, si la plupart des sorcières et des combattants avaient quitté la forteresse pour un long moment, elles devaient conserver de quoi soigner toute la population de la forteresse si nécessaire. Anna les remercia tout de même du peu qu'elle put emporter, cela étant déjà mieux que rien vu les circonstances.

Au lendemain matin, Van la réveilla bien avant les premières lueurs de l'aube, et semblait pressé de partir. Il voulait faire le chemin jusqu'à Worms le plus vite possible, évitant ainsi d'avoir à fréquenter trop souvent les auberges des villages sur leur route. Il laissa à peine le temps à la jeune femme de se laver et de s'habiller, avant de revenir à la charge en ouvrant la porte de sa demeure, la priant de se presser malgré le regard noir qu'elle lui lança pour avoir violé son intimité. Pourtant, cela ne servit pas à grand-chose de pousser Anna à se dépêcher car il leur fallut tout de même quatre jours entiers pour arriver à Worms, même en s’arrêtant peu pour manger et se reposer, récupérant surtout leurs forces la nuit. Une fois devant les portes de la ville fortifiée, ils furent obligés de patienter devant les portes car un incendie avait éclaté deux jours plutôt. Les gardes demandaient à chaque personne voulant rentrer dans la cité leurs raisons, ainsi que la durée de leur présence sur place. À ce moment-là, Van hésita à s'avancer vers les portes sachant que si l'entrée était contrôlée et réglementée, la sortie le serait sûrement aussi : dans tout les cas, ils devraient forcément rester plus longtemps que prévu sur place le temps que la sécurité se calme un peu en ville.

Quand ils se présentèrent devant les gardes, Van expliqua que lui et Anna étaient jeunes mariés bien que cela soit faux, et qu'ils souhaitaient commencer leur nouvelle vie conjugale dans la ville. Anna s'amusa même à coller Van pour jouer le jeu mais regretta rapidement son geste : avec l'incendie qui avait ravagée un quartier entier de la ville, il fallait de la main d’œuvre pour reconstruire, et ils furent bien accueillis en ville, cependant ils furent logés contre travail dans une toute petite maison, vu qu'ils s'étaient présentés comme jeunes mariés. Bien que plus spacieuse que celle qu'on lui avait donné à la forteresse, Anna trouvait celle-ci toute de même petite pour eux deux. Toute en pierre, elle se composait d'une grande pièce avec une cheminée, d'un petit jardin pour le linge, et d'une pièce ouverte avec lavabo et baignoire pour la toilette ainsi que la lessive. Un petit puits se trouvait à l'extérieur pour les besoins en eau mais devait être régulièrement rempli, ce qui n'aidait pas à avoir du temps libre pour leur mission, s'ils devaient passer une partie de ce temps à le remplir. La seule pièce étant réellement séparée du salon était la chambre à coucher. Le scénario que voulaient tant éviter Van et Anna, c'est celui qui s'était joué : passer du temps dans une maison sans pouvoir avoir la moindre intimité.

Une fois dans la maison, ils profitèrent de la journée pour s'installer et y prendre leurs marques. Van ne commencerait pas son travail avant le lendemain, et il leur fallait planifier leur vie à Worms pendant qu'ils en avaient le temps. De plus, Van ayant eu la chance de ne pas être fouillé grâce à la petite comédie romantique d'Anna, il saisit l'occasion pour y cacher sa rapière et sa brigandine dans la chambre. Puis, pour gagner du temps sur les semaines à venir, ils s'équipèrent de seaux d'eau pour y remplir leur puits avec celui d'approvisionnement de la place centrale de leur quartier. Les puits d'approvisionnement de la villes étaient tous alimentés par des canaux souterrains reliés au Rhin. Le reste de la journée fut calme pour eux, se limitant à dépenser leurs dernières économies pour obtenir de quoi se nourrir pour quelques jours et rentrer chez eux. Puis, quand arriva le soir, avant de se préparer de quoi manger Anna décida d'une organisation pour leurs toilettes respectives, afin qu'ils ne se gênent pas mutuellement et pour pouvoir respecter l'intimité de chacun. Anna demanda à Van de faire la sienne quand elle préparait les repas, et elle quand lui serait sur le chantier de reconstruction du quartier ayant brûlé. La seule exception fut le premier soir où elle demanda juste à son équipier de ne pas se trouver à proximité, ni dans un endroit de la pièce ayant un angle de vue sur la baignoire.

Une fois arrivé pour eux le moment d'aller dormir, fatigué de leur journée entre leur dernière matinée de marche pour arriver en ville, et l'après midi à s'installer puis remplir leur puits, un dernier problème devait se régler. Comment faire pour la nuit ? Car la pièce principale était bien trop étroite pour y faire une couche de paille pour l'un des deux, avec le mobilier de fortune laissé quand le bâtiment fut abandonné. Le lit en revanche était assez spacieux pour deux, mais Anna était hésitante sur la question. Cependant, elle savait très bien que le jeune homme préférerait lui laisser place et dormir à même le sol, mais malgré tout elle ne pouvait l'accepter. Elle n'avait pas le cœur à le laisser faire, surtout en sachant qu'il allait fournir plus d'efforts physiques qu'elle durant les prochains jours. Mal à l'aise à l'idée de partager la même couche que lui, elle eût une idée, celle d'inverser les rôle et dormir à même le sol à sa place le temps de trouver une solution. Elle s'avança vers lui pour lui annoncer sa décision, mais celui-ci qui s'installait déjà lui donna une réponse qu'elle n'avait pas vraiment envie d'entendre :

- Moi te laisser dormir par terre comme un animal ? Tu me prends pour qui ? Jamais je n'accepterais ça. J’aurais l'air de quoi si on apprenait que j'ai laissé une jeune femme dormir sur le sol à ma place ?

- Et alors, tu le fais bien toi, non ? Répondit Anna. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas faire un effort le temps de trouver une autre solution.

- Moi c'est différent, je suis un guerrier avant tout ! Lui rappela Van. J'en ai l'habitude et je peux très bien le supporter. Et puis, on a toujours fait comme ça d'habitude.

- Mais là c'est différent ! Insista Anna. N'oublie pas qu'on risque de rester ici longtemps alors arrête de vouloir jouer les durs, tu vas sûrement te faire du mal. Si tu refuses que je dorme sur le sol à ta place, alors tu n'as qu'à dormir avec moi dans le lit !

Anna se mit à rougir directement après avoir fini de parler. Elle avait dit cela sur le coup de l'énervement, mais en y réfléchissant bien elle se disait que c'était une bonne idée pour le forcer à inverser les rôles. Et puis, il n'était question que de partager le lit pour dormir alors qu'à leur retour de Constance, elle s'était bien plus collée à lui bien qu'il ne s'agissait que d'essayer de faire tomber sa fièvre, alors s'il le fallait, elle n'hésiterait pas. Van, en entendant les propos de la jeune femme, afficha un visage déconcerté. Il n'arrivait pas à comprendre comment Anna pouvait lui faire une telle proposition. Soit elle était devenue folle, soit elle était devenue audacieuse du jour au lendemain, se disait-il. Mais pour lui, il était hors de question de dormir à ses côtés. Il ne l'avait jamais fait auparavant et avait toujours pris l'habitude de dormir sur le sol pour éviter cette situation, où son intimité pouvait être bafouée par un concours de circonstance. Il lui fallait donc tenter de convaincre la jeune femme de renoncer à cette idée :

- T'es tombé sur la tête récemment ? Toi et moi dormir ensemble ? Je serais bien mieux de mon côté.

- Ça c'est toi qui le dit ! Répliqua Anna. Je te rappelle qu'on est bientôt en hiver, et qu'il va faire très froid. Alors dormir par terre ça va surtout te rendre malade.

- Et donc, tu t'imagines que c'est une raison valable pour que je dorme avec toi ? Demanda Van. Je t'imagine mal me coller toutes les nuits d'hiver juste pour qu'on ne tombe pas malade.

- Pourtant, ça ne serait pas la première fois ! Lui avoua finalement Anna.

Au moment de l’aveu d'Anna, le visage de Van se figea de surprise. La jeune femme se décida alors à lui expliquer quand cela s'était passé et les circonstances. Le jeune homme semblait ne pas apprécier l'aveu de la jeune femme, son visage était passé de la surprise à la colère :

- On peut savoir pourquoi tu ne m'as rien dit avant ?

- Je pensais que tu serais gêné de l'apprendre et que tu m'en aurais voulu si je t'en avais parlé, répondit Anna. Et puis, je n'avais pas le choix à ce moment-là.

- Mais justement, là tu l'as le choix, lui rappela Van. Alors pourquoi ?

- Parce que c'est mieux pour nous deux comme solution, lui expliqua Anna. Toute notre couverture ici dépend de toi. Le travail que tu vas faire va nous permettre de manger et de pouvoir rester ici aussi longtemps que possible.

- Sauf que si on ne trouve rien, d'ici une semaine on file d'ici et l'on rentre chez nous, répondit Van. Alors avant de proposer cette solution, attend déjà d'avoir passé la semaine en question.

- Tu as laissé ta tête à l'entrée de la ville ? Répliqua Anna. Les entrées et les sorties sont surveillés, et notre couverture tient sur deux éléments qu'on a déclarés aux gardes. On est venue vivre ici en tant que jeunes mariés, donc travailler ici pour s'installer à long terme. Vue que je doute que les gardes cesseent la surveillance d'ici une semaine, à ton avis comment vont-ils réagir en nous revoyant passer les portes de la ville ?

- Ça ne change rien au fait que je resterais ici, et que tu prendras la chambre, insista Van en se couchant sur le sol.

- Très bien, dans ce cas là tu ne me laisses pas le choix ! Déclara Anna d'une voix ferme. Soit on dort ensemble dans le lit, soit ici !

Afin de mettre la pression au jeune homme, Anna se coucha à côté de lui sur le sol. Cependant, ni l'un, ni l'autre ne voulait céder et ils finirent par s'endormir sur place. Au réveil, chacun fit ce qu'il avait à faire et lorsque Van rentra épuisé le soir, il était bien trop fatiguer pour lutter avec Anna et plia sans broncher en allant se coucher avec elle dans la chambre. Petit à petit, ils prirent l'habitude de vivre ensemble de façon plus naturelle qu'au début et à la fin de la semaine, la prolongation de leur séjour se confirma. Non seulement, la garde aux portes de la ville se retrouva maintenue et renforcée, mais la présence des répurgateurs sur place se confirma : l'incendie du quartier les avaient fait venir, car des rumeurs de sorcellerie y étaient mêlées. Cette fois-ci, Van n'y vit pas la présence d'un piège car les répurgateurs en ville n'était que trois, et semblaient être venus réellement pour l'incendie. Cependant, il était certain qu'ils cherchaient quelque chose de précis. La question qui se posait, c'était leur objectif, et il ignorait s'il pourrait intervenir si besoin car cela aurait été contraire à leurs ordres : observer et analyser. C'est ce qu'ils firent durant deux semaines, écoutant les discussions au marché, et sur le chantier de reconstruction du quartier incendié.

Cette nuit-là, Van décida de parcourir seul les rues de la ville pour mener son enquête, sans emmener Anna avec lui. Il se leva en silence puis récupéra sa rapière ainsi que sa brigandine dans la chambre, et posa son regard pendant une bonne dizaine de minutes sur la jeune femme endormie. Bien qu'elle soit sa partenaire et qu'elle se soit longuement entraînée pour l'aider, il n'arrivait pas à accepter de la mêler à cette histoire. Il quitta la maison le pas léger et arpenta la ville un long moment. Puis, quelque chose attira son regard au loin : plusieurs lueurs au loin se déplaçaient ensemble vers une même direction. S'approchant discrètement, il les suivit à distance pour ne pas se faire repérer. Après avoir poursuivi les lumières en mouvement, il découvrit une chose des plus surprenantes. Les lueurs provenaient des torches des quatre répurgateurs arrivés en ville deux semaines plus tôt. Ils avaient rejoint un groupe d'inquisiteurs sur le chantier de reconstruction, où se situaient de nombreuses poutres et planches accumulées. Ce fut alors que l'impensable se produisit.

Les inquisiteurs sur ordres des répurgarteurs se répartirent à différentes zones du quartier en reconstruction et inhabité, et mirent le feu aux stocks de bois prévues pour la reconstruction. Alors que le feu venait à peine de démarrer, le clocher de la ville sonnait déjà pour alerter les habitants et les gardes de l'incendie en cours : tandis que tous sortaient en pleine rues pour constater l'incendie, trois veilleurs de nuit courraient déjà dans les rue pour annoncer un crime de sorcellerie. Van venait de comprendre ce qu'il se passait, et n'appréciait guère la situation. Après une telle mise en scène, une chasse aux sorcières de grande envergure allait se déclencher dans les jours suivants, et si les inquisiteurs venait à mettre la main sur Anna, ils auraient vite fait de la condamner à mort s'ils voyaient la marque dans son dos.