Lycoris
Lycoris rouge, lycoris rouge,
Ô vous qui volez, portés par le vent,
D’un monde à l’autre, des morts aux vivants,
Entendez ma prière, fleur rouge,
Laissez-moi, juste pour quelques secondes,
La contempler vivre, rire et danser,
Voir ses yeux sublimes s’allumer,
Avant de la renfermer dans sa tombe.
Laisse-moi celle que j’ai tant aimé,
Sur tes pauvres pétales orphelins,
Qui des Enfers montrent le chemin,
Ne la laisse pas poser ses doux pieds,
Eux qui des orages n’ont vu la couleur,
Qu’une fois, qu’une fois ô lycoris,
Lorsqu’elle est tombée dans le précipice,
Quand tes bras ont effacé sa douleur.
Ô terrible fleur ! Laisse-la partir,
Peu m’importe aujourd’hui ma solitude,
Car, fleur rouge, voilà ma servitude,
Je t’échange mes jours contre son rire.
Ô lycoris, rouge lycoris,
Accepte qu’un instant, rien qu’un instant,
D’un œil pur je la voie comme avant,
Puis tu pourras te faire exécutrice.
Ô lycoris, rouge lycoris,
Permet-moi d’embarrasser tes pétales,
Car mon fragile cœur de cristal,
Refuse de perdre son Eurydice.
Et si je dois, ô pauvre fleur lasse,
Éclabousser impitoyablement,
Tes fleurs sous la lumière d’argent
Pardonne ma mort, ma vie car hélas,
Je ne vis comme d’autres que d’aimer.
Si je suis sans elle, sans mes ailes,
Mon ciel d’automne devient vermeil,
Je sombre dans une mer de sang.
Lycoris rouge, lycoris rouge,
Ô vous qui volez, portés par le vent,
D’un monde à l’autre, des morts aux vivants,
Exaucez ma prière, fleur rouge,
Faîtes de nos deux cœurs en harmonie,
Qui souffrent, séparés de leur moitié,
Une unique et immortelle entité
Et laissez voler leur symphonie.
Lycoris rouge, rouge lycoris,
Souvenez-vous, c’était votre destin
Sans doute était-ce également le mien
Que notre jeunesse ne s’accomplisse.
Annotations
Versions