Chapitre 2 :

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La première chose qui trouble le sommeil d’Eden c’est la voix d’une jeune fille et de deux adultes.

-Vous pensez qu’elle va se réveiller?

-Comment veux tu que je sache?! J’ai l’air d’être médecin?!

-Tu n’es pas obligé de lui parler comme ça. Ce n’est qu’une enfant.

-Et alors? Je t’ai autorisé à me tutoyer? Non. Donc témoigne un peu de respect à tes ainées.

-Je suis à peine plus…

-Chut, elle se réveille.

-Tu vas bien? demande une vieille femme en haillons quand Eden a complétement ouvert les yeux.

-Oui, je crois. souffle la jeune femme après avoir fait bouger ses membres uns à uns. Où sommes-nous?

-Un camp militaire un peu au Sud-Ouest de Flagstaff. Lui répond un vieil homme, un air peu accueillant collé sur son visage, alors qu’il s’assoit sur une chaise pliable en face du lit d’Eden.

La jeune femme se redresse et passe ses jambes hors de son lit. Une violente vague de nausée la traverse, ses doigts se crispent autour de la couverture qui repose sur ses genoux. Quand sa nausée redescend, la jeune fille qui l’a réveillée par inadvertance un peu plus tôt s’approche d’elle, un verre de ce qui semble être de l’eau entre les mains. Timidement la jeune fille le lui tend. Eden hésite un instant mais elle est assoifée et si elle veut pouvoir réfléchir correctement elle doit boire. Ses mains se referment sur le récipient qu’elle approche de ses lèvres. Par mesure de sécurité la jeune femme sent l’eau avant de la boire. Aucune odeur d’eau croupie n’envahit ses narines. Elle espère que l’eau n’est pas empoisonnée ou diluée avec un produit quelconque. Mais, quand le liquide froid coule dans sa gorge, Eden abandonne totalement sa méfiance. Quand elle a fini de boire, son esprit lui semble plus vif. Autour d’elle les parois de la tente dans laquelle ils logent tremblent au gré du vent. Elle entend le pas lourd des soldats à l'extérieur, la voix d’une femme qui donne des ordres. La jeune femme est coupée dans l’analyse de son entourage par le bruit d’une fermeture éclair que l’on abaisse. En face d’elle les pans de toiles s’écartent et laissent apparaître une femme d’âge mur. Ses cheveux gris contrastent avec sa peau sombre, deux des doigts de sa main droite ont été remplacés par des prothèses en métal et dans sa main gauche elle tient plusieurs boîtes en plastique.

Sans un mot elle distribue les boîtes, son regard sévère les toise puis s'arrête un instant sur Eden avant que sa voix ne résonne, sèche et froide.

-Eden Docavellia, rendez-vous dans une heure dans la tente de commandement.

Eden frissonne quand elle entend son nom de famille. Deux ans que personne ne l'a prononcé, deux ans que personne ne l’a reconnu. La jeune femme croise le regard des autres occupants de la tente. Leurs yeux lui dévoilent leur surprise et les nombreuses qu’ils se posent mais n’osent pas exprimer. Eden baisse les yeux sur sa boîte pour échapper à ces regards inquisiteurs. Elle soulève le couvercle du récipient et découvre une ration de pâtes avec de la sauce tomate bon marché. Des couverts en plastique sont accrochés au couvercle. Eden les retire d’un geste vif et entame son repas. Cela fait longtemps qu’elle n’a pas mangé quelque chose d’aussi bon. Elle ne détourne pas le regard de son repas de peur de croiser les regards insistants de ses colocataires. Ses épaules ne se détendent que quand elle entend le bruit de couvercle que l’on retire et des couverts que l’on détache.

Le repas se passe en silence. Personne n’a rien à dire ou peut-être que personne n’ose parler, Eden n’en sait rien. Quand sa boîte et vide la jeune femme se lève, fait rouler ses épaules et inspire un grand coup. L’incertitude a amené son amie la peur avec elle dans le corps d’Eden. Fébrile, la jeune femme sort de la tente et avance à petits pas entre les voitures militaires. Les soldats ne lui accordent pas un regard mais Eden aperçoit les visages des autres passagers du bus. La jeune femme marche un moment avant de voir la tente de commandement. Elle est à peine plus grande que celle où Eden s’est réveillée mais il y a une dizaine de soldats en faction autour alors que la sienne n’est gardée que par deux hommes aux airs fatigués. Un soldat aux visage légèrement ridé s’approche de la jeune femme.

-Qu’est-ce que tu fais là gamine? l’interpelle-t-il.

-On m’a demandé de venir à la tente de commandement alors je suis venue. Enfin si c’est bien ici. rétorque la jeune femme plus séchement qu’elle ne l’aurait voulue. Le soldat fronce les sourcils et lui fait un signe de la main pour lui indiquer de le suivre. L’homme devant elle entrouvre les pans de la tente pour la faire entrer. Quand Eden pénètre dans la pièce, ce qui la surprend en premier, c'est la commandante assise derrière une table pliante. La femme qui lui fait face est magnifique, elle ressemble plus à une mannequin qu’à une soldate. Sa peau noire est sublimé par les quelques rayons de soleil qui l'atteignent et ses cheveux tressés sont retenus en une épaisse queue de cheval lui donnent un air de jeune femme malgré la quarantaine d’années qu’elle doit avoir dérrière elle.

Puis Eden remarque les cinq personnes dans la pièce en plus d’elle et de la commandante. Deux femmes et trois hommes, tous lui semble avoir entre quarante-cinq et cinquante ans.

Eden est coupée dans ses pensées par la voix de la femme derrière la table pliante.

-Notre invité est réveillée. commence-t-elle. Pour commencer, puis-je savoir ce que fait une jeune fille de bonne famille dans un convoi clandestin vers Phoenix?

-Je voulais avoir un autre point de vue du monde pour pouvoir choisir la thématique du prochain gala de mes parents. ment sans vergogne la jeune femme.

-Et il te faut deux ans pour choisir le thème d’une soirée? Ne me fait pas rire, aucun noble ne serait près à disparaître deux ans pour un gala. Ils sont trop lâche pour ça. siffle un homme assis sur une chaise à la gauche d’Eden. L’un de ses yeux est blanc et vitreux l’autre d’un bleu pâle et son visage barré d’hideuse cicatrices lui donne des airs de monstre. Eden hésite, elle ne sait pas quoi dire pour le démentir. Le vieil homme à raison, aucun noble ne risquerait sa vie pour un gala. Eden baisse les yeux, elle ne sait pas quoi dire pour le démentir. Bien sûr, elle savait que son mensonge était pitoyable mais elle n'avait rien de mieux en stock. La commandante laisse entendre un soupir avant de reprendre la parole comme si rien n'avait été dit.

-Vu ton casier judiciaire, nous sommes obligés de prendre certaines mesures. souffle-t-elle. Nous allons appeler tes parents pour qu’ils payent ta sortie de prison et viennent te chercher.

-Non!!! Surtout ne faites pas ça! crie Eden en se tordant les doigts d’anxiété. La jeune femme se crispe un peu plus quand elle voit cinq paires d’yeux la fixer. Enfin…Je veux dire que je…je refuse de…bégaye Eden en cherchant à justifier sa réaction excessive avant d’être coupée par une voix rauque.

-Une fugueuse n’a rien à gagner à rentrer chez ses parents. marmonne un homme à la barbe hirsute assis aux côtés du borgne.

-Non! Je ne suis pas-

-Laisse tomber gamine, personne n’a jamais cru à l’histoire d’enlèvement qu’on fait circuler tes parents.

-Je refuse de retourner chez eux. affirme la jeune femme d’une voix séche en jettant un regard froid aux personnes qui l’entourent pour se redonner contenance. Je suis majeure, vous ne pouvez pas me forcer à rentrer chez mes parents.

-Elle à raison murmure le borgne en se massant le front. Mais tu ne survivras pas dix minutes en prison. reprend-t-il en s’adressant directement à Eden. Je ne vois pas ce que l'on peut faire pour respecter ses droits et la loi…

-À moins que…J’ai peut-être une idée! s’exclame le barbu en se redressant.

-Edward tu n’y penses quand même pas. Si il lui arrive quelque chose nous perdrons un des plus importants supports financier de l’armée! s’écrie l’une des femmes en se levant brusquement.

-Sauf s'ils ne le savent pas. réplique le dénommé Edward. Ça fait deux ans qu'ils n'ont pas vu leur fille et ils n’ont pas demandé beaucoup de nouvelles des recherches qui ont été lancées. Je doute que son sort soit vraiment important à leurs yeux.

-Elle est trop jeune! tente à nouveau la femme en cherchant du regard le soutient des autres membres de l’assemblée.

La commandante ferme les yeux, Eden ne sait pas de quoi parle les deux soldats mais elle sent que ce qui va suivre est important, pour elle comme pour eux.

-Edward à raison, c'est une bonne idée mais c’est à elle de décider. affirme calmement une autre femme aux cheveux courts.

-Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer de quoi vous parlez?! demande Eden. Un lourd silence lui répond, tous les regards sont tournés vers la commandante dont les paupières sont toujours clauses. Eden sent grandir en elle une peur tenace. Dans cette situation où elle ne contrôle rien son avenir ne dépend que de cette femme assise en face d’elle.

-Ce dont parle Edward est la dernière proposition que nous pouvons te faire. Tu sais où se trouve le plus important laboratoire des États-Unis ?

Eden réfléchit un instant. Personne ne parle jamais de science dans la haute société sauf quand on peut y voir de quoi se remplir les poches.

-Non, je ne sais pas. marmonne honteusement la jeune femme en baissant la tête lorsqu'elle entend des murmures traverser la pièce. À travers eux elle réentend ses professeurs d'art et de langue. Si on lui demandait quels mots elle a le plus entendu dans sa vie, Eden répondrait "Imparfaite", "Horrible", "Inutile" ou encore "Laide" ou "Affligeante".

-Washington D.C. Sous la Maison Blanche,c'est un ancien laboratoire secret mais sa position à été révélée au début de la crise. répond sèchement la commandante bien que sa colère ne semble pas être dirigée vers Eden. Actuellement, l'armée cherche des volontaires pour s'y rendre.

-Attendez, vous cherchez vraiment des gens assez désespérés pour aller faire un tour dans l'Épicentre? S'esclaffe Eden. Personne n'est assez fou pour essayer de gagner quelques jours sous le soleil en plus en se rendant dans la zone de départ d'un virus mortel pour revenir et passer les quinze ans suivants derrière des barreaux en priant chaque soir pour ne pas se faire égorger dans la nuit. En considérant qu'il est possible de survivre à un aller retour en enfer.

La commandante toise Eden un instant avant de soupirer comme si ce qu'elle allait dire lui déplaisait.

-Ceux qui arriveront à revenir seront libérés. Ça ne me plaît pas mais tous les criminels, peu importe le délit commis, se verront accorder la liberté et de quoi vivre dans le confort jusqu’à ce qu’ils trouvent de quoi leur apporter des revenus stables. Ton cas est particulièrement complexe. Tu es majeur donc si on te force à retourner chez tes parents nous violons tes droits mais si nous t’envoyons en prison ta mort fera scandale et l’armée perdra l’appui financier de tes parents comme c’est nous qui t’avons attrapé. Nous essayons de satisfaire tout le monde donc nous te laissons le choix. Tes parents ou l'Épicentre.

Eden hésite, peu importe le choix qu’elle prend elle ne sera jamais satisfaite. Ses parents l'enfermeront aux besoins si elle rentre chez elle. Peut être que sa cage sera d’or et d’argent comme autrefois. Peut-être sera-t-elle de fer et d’acier. Peu importe, la jeune femme sait qu’elle ne le supporterai pas. Il lui suffit de fermer les yeux et de repenser à la triste comédie qu’elle jouait pour se sentir étouffer. Mais se rendre dans l'Épicentre c’est s'exposer au Zombies, à la désolation. Mais si il n’y à ne serait ce qu’une toute petite chance pour qu’elle en revienne vivante alors elle est prête à tenter le diable.

-Va pour l'Épicentre. annonce la jeune femme après un moment de réflexion.

-En voilà une qui veut vraiment pas rentrer chez ses parents! s’esclaffe Edward en se levant pour poser sa grande main sur l’épaule de la jeune femme. Suis moi, je t’amène à tes nouveaux appartements. Tu as interdiction de parler de cette mission aux autres, clair?

-Oui. répond platement Eden alors qu’elle est poussée dehors.

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