La vérité
Je dois à tous la vérité
Je la dois d'abord à moi-même
Car à quoi me sert de cacher
Ce qui subtilement me freine
Non je ne vous ai pas menti
Mais j'ai usé du dramaturge
Le rideau frangé et terni
Qui désormais attend la purge
L'enfant dont j'ai parlé hier
Est habillé de mes pensées
Eparses au fond du cendrier
Chiffonnées salies emmêlées
Sans même m'en apercevoir
Sur lui mes mots ont mis un voile
Un prisme taché qui fait voir
La vérité sur une toile
Quand l'encre elle-même trahit
La plume d'une main rageuse
Mon esprit tout abasourdit
Frappe n'étant pas apprêteuse
Ce sont mes iris colorés
Qui dans ma vision de la rue
En transfigure les effets
Pour mon âme si vite émue
Pardon pour cet indigne écart
Pardon lecteur pardon ma plume
Mais ne blâmez donc pas mon art
Ebauché dans l'antre qui fume
Annotations
Versions