Chapitre 12 : Apparition d’un ange contre les Hurons

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La personne qui causait une telle terreur était une jeune femme aux cheveux blonds habillée tout comme le reste des étrangères. Ses traits juvéniles indiquait une adolescente, une quinzaine d'années environ, mais la fermeté avec laquelle elle étranglait le coup de sa victime, trois fois son poids, rappelait une espionne soviétique aguerrie. La victime, un Huron posté peu avant sur l’estrade, se retrouvait incapable de bouger, une lame à proximité de sa gorge.

– Wilfried, je suis là pour négocier.

Elle disait ça calmement mais on sentait bien qu’au moindre geste des Hurons, le pauvre homme serait expédié au royaume d’Hadès.

– Négocier, pardon ? Et vous croyez que je fais quoi moi ? J’ai toutes ces personnes autour à témoin. C’est le préfet qui vous envoie, c’est ça ?

– Je suis envoyé par la Grande Dame, Hassna, lança-t-elle laconiquement.

– Hassna, la Grande Dame, vous dîtes ? Je ne connais pas Hassna. De votre visage et la finesse de votre lame, j’imagine que c’est un prénom qu’il faut que je retienne.

Silence de la négociatrice. Quant aux Hurons, ils tournaient autour de la scène pour déceler un possible angle mort. Cependant, la petite distance entre le couteau et la gorge de leur camarade les découragea d’agir plus.

– Si vous êtes là pour négocier, c’est pour les pauvres dames ici que vous venez ? Je ne faisais que leur proposer un accord. Une terre d’accueil plus précisément. Les dames que vous voyez tout autour, nous les avons extraites de campements miteux entre deux barres des banlieues. Le colonel Boubakar s’est proposé pour leur donner du travail à plusieurs kilomètres d’ici. Il a besoin de mains d'œuvre pour exploiter ses vastes étendues désertiques qui regorgent de matière première. C’était une proposition honnête, voyez-vous.

– Que comptez vous faire ?

– Avec toutes ces femmes ? Écoutez, pas grand-chose. Le colonel Boubakar a exigé des hommes pour travailler dans les mines. J’étais sur le point d’aborder ce détail avec les personnes ici présentes mais vous êtes arrivé au mauvais moment.

Wilfried souria un peu et, en retour, la négociatrice lui envoya un regard assassin.

– Je vous les laisse de toute façon. Je ne peux plus rien faire pour elle et ni pour vous qui m’avez l’air embrigadée jusqu’aux ongles par cette Grande Dame issue du démon.

Il frappa un peu de sa béquille sur le sol pour signifier que l’accord était conclu, puis, se clopina vite vers l’estrade.

– Vous ne savez pas de qui vous parlez. La Grande Dame saura tout ce que vous avez dit. Elle saura pour l’enlèvement, les mauvais traitements et les intentions meurtrières.

Les paroles de la négociatrice valurent des sifflements haineux chez les Hurons, certains la maudirent tout bas, tandis que d’autre essayait désespérement de se jeter tête bêche dans son angle mort et la pourfendre de part en part. Cela eu pour seul conséquence d’enfoncer un peu plus le couteau dans la gorge de leur pauvre camarade, lequel glapit encore une fois. Pour le chef par contre, la question semblait être du passée.

– Wilfried ?, appela la négociatrice.

– Qu’y-a-t-il ?, lança le personnage à mi-chemin de l’estrade.

– Je vais repartir avec toutes ces personnes, compris ?

Il soupira.

– Très chère envoyée de Hassna, je viens de vous donner mon accord. Je vous ai dit de partir avec tous ces individus, je n’en ai pas besoin. Par contre, cet homme que vous tenez est des miens, donc, si vous acceptez, je vous prierai de nous le rendre en échange.

Un brin agacé, mais il s’en alla comme s’il venait de parler à un client pointilleux. Il semblait avoir lâché l’affaire à peine remit sur ses traces, et le voilà qui discutait avec le reste de ses gens. Ni les glapissements, ni la fureur, ni la peur des étrangères ne l’ébranlaient. Cela dura un si long moment, que même la négociatrice n’en revenait pas. Elle regarda le personnage en un haussement de sourcils.

– Wilfried ?

– Quoi encore ?

– Je repars avec vos prisonnières, affirma-t-elle.

– Ce ne sont pas mes prisonnières mais passons. Où est le problème ?

– Je ne peux pas repartir tant que vous et vos gens n’êtes pas reparti.

– Eh bien ils sont en train. Vous tous, sortez par la porte gauche !, ordonna-t-il.

Pour preuve, il fit signe un geste, qui fut transmis ni une ni deux transmis partout dans le stade. Les étrangères se serrèrent comme des sardines quand les Hurons se mirent tous d’un coup en mouvement. Surpris, en colère du piège de cette négociatrice infiltrée, incapable d’agir, et impatient pourtant d’en finir, cela importait guère devant les ordres du chef. Celui qui un jour pour chacun, était venu frapper à la porte, les avait récupérés, nourrit, blanchi, logé, avait été le père qu’ils n’avaient jamais eu.

Bientôt, tous en rang, les gardiens avaient quitté la scène, et Wilfried clopinant, ferma les rangs, l’autre main dans son dos, sans un au-revoir, sans même jeter le moindre regard à toutes les personnes derrière. On entendit ensuite des bruits de camions qui s’en allaient, et enfin, ce fut le noir le plus profond dans le stade. Puis, le silence se fit parmi les étrangères.

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