Chapitre 1 La randonnée casanière
Ce matin-là, elle avait plutôt difficilement envie d’une grosse randonnée. Elle aurait davantage aimé une randonnée casanière : rester à sa maison tout en profitant de la montagne. Elle aurait voulu admirer le soleil encore froid du levant, couchée dans son lit, son corps tout bien au chaud. Elle aurait aimé marcher dans la neige blanche et fraîche tout en savourant un bon café bien bouillant et noir comme elle l’apprécie. Elle aurait tellement souhaité sentir ce léger Mistral frapper contre son doux visage, à l’abri de son modique chalet. Elle se serait permise alors d’observer les gouttelettes givrées, en forme de stalactites, tombantes du bout des branches des sapins verts, tout blancs de neige. Elle aurait pu donc constater, dans son imaginaire, toute la beauté silencieuse et calme créée par cette violente tempête de l’avant-veille.
La balade allongée, en montagne, avait déjà un extraordinaire pouvoir revigorant sur elle, rien qu’en pensées.
Elle se sentait envahie d’un désir si apathique et d’une volonté si flegmatique de ressentir et d’admirer toutes les nuances aussi sublimes de l’extérieur tandis qu’elle-même pourrait rester confinée à l’intérieur de son chaleureux habitacle ; cette envie paradoxale lui paraissait si intensément convoitée mais comme inatteignable, dans le même temps, qu’elle cherchait comment pouvoir la satisfaire ; éprouver l’immensité naturelle et les couleurs du Ventoux sans avoir à sortir de son cocon si douillet.
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