Voici le récit qui a été le plus difficile à écrire pour moi, car il s’agit de mon histoire personnelle. Vous connaissez le problème des autobiographies, c'est toujours délicat. D'ailleurs, j'ai été bien malade en la terminant (enfin ce n'est jamais réellement fini, des souvenirs que je pensais avoir oubliés remontent souvent à la surface.) Cet écrit date de 2016 mais je n'ose le publier que maintenant, en suivant le conseil d'une psychologue, j'ai quand même longtemps hésité, si vous continuez la lecture vous comprendrez pourquoi. Il décrit une vie sous emprise. Je vais tenter de vous expliquer comment se met en place la manipulation, et comment une personne peut prendre le contrôle sur vous et vous convaincre de faire des choses totalement en contradiction avec votre façon de penser. Certains me diront que c'est une question de faiblesse, ou bien qu'il faut davantage taper du poing sur la table, peut-être, mais ce n'est pas aussi simple. Quand cette personne sent qu'elle perd son ascendant sur vous, commence alors la violence physique. C'est un engrenage dont il est difficile de sortir. Les critiques sont nombreuses sur ce que j'ai fait, et le seront encore en m'exposant de cette façon mais tant pis, je prends ce risque. Si quelqu'un se reconnaît dans ce récit, si j'arrive à faire sortir des personnes de cette situation, alors ce sera ma plus grande récompense. Il faut que ces situations cessent, ce ne doit plus être un sujet tabou. Oui, j'ai été une victime, oui j'ai subi des violences verbales, physiques et autres mais ce n'est pas à moi d'en avoir honte. Si vous vous reconnaissez dans ce texte, parlez-en à quelqu'un de votre entourage, envoyez-moi un message si vous voulez, mais parlez, parlez ! Contrairement à ce qu'on vous dit, votre famille, vos amis sont là pour vous écouter, et non vous ne les dérangez pas avec vos « histoires ». Une petite précision : mon texte en parle au masculin, je dirai souvent "il" ou "le manipulateur" car c'est ce que j'ai vécu, mais une personne toxique peut être de n'importe quel genre. Pour ma part, j'ai été transformée en poupée, vous voyez le genre, celle à qui on ne demande pas de parler, de réfléchir, la classique « sois belle et tais-toi », celle qui devait faire envie aux hommes et pas que... On me pose cette question récurrente après avoir entendu mon histoire : « Mais comment tu as fait pour accepter tout ça ? Tu y prenais du plaisir ? » Laissez-moi vous poser une question à mon tour : si la personne la plus importante de votre vie, vous avoue aimer une chose en particulier, prenons l'exemple de la corrida, et que vous détestez ça, mais à force de demandes (oui je sais, quelqu'un qui vous aime ne vous demande pas de faire quelque chose que vous n'aimez pas, mais c'est ainsi que fonctionne l'emprise), vous acceptez enfin de l'accompagner. Qu'est-ce qui vous a fait le plus plaisir à ce moment-là ? De le contenter ou d'avoir assisté à une corrida ? Ce n'est pas pareil, me direz-vous, mais c'est un exemple. Peut-être comprendrez-vous aussi après avoir lu ceci, pourquoi certaines fois je n'ai pas de réactions "normales", et certains textes je ne peux pas les lire, c'est au-dessus de mes forces. Une dernière chose avant de commencer, comme vous devez bien vous en douter, tous les prénoms ont été changés.