Chapitre 1
Un autre chapitre difficile à écrire, ou plutôt de savoir qu'il va être lu car il lève le voile sur une activité que j'avais tenue secrète jusqu'à présent.
Je ne travaillais plus au bar depuis un petit moment, mon patron l'avait vendu pour acheter une autre affaire. Un soir, nous regardions une émission à la télévision mon mari et moi. Une jeune femme expliquait comment elle gagnait de l’argent pour arrondir ses fins de mois de chez elle. Ce « travail » consistait à s’exhiber devant une caméra placée sur son ordinateur. En entendant cela, Michaël bondit du canapé. « C’est le boulot pour toi, ça ! » s’exclama-t-il euphorique. Quand elle eut fini son interview, je rétorquai que c'était impossible pour moi de faire une chose pareille. Au bout d'un certain temps et à force de me le répéter, mon mari réussit à me convaincre de m'inscrire sur le site en question. Pour ce faire, il me fallait créer un profil, trouver un pseudo, et envoyer aux administrateurs une vidéo de moi avec ma carte d'identité bien visible, qui assurait que j'étais bien majeure. Une fois mon profil validé, je devais charger plusieurs photos, surtout en petite tenue. Le site fixait le prix de vente de chacune, et le pourcentage qui m'était destiné. Les premières photos que me fit mon mari ne furent pas franchement très réussies, j’étais très gênée de me déshabiller devant l’objectif et mes poses étaient loin d’être sexy. Michaël me reprocha de ne faire aucun effort, et de ne pas être souriante. Il sorti de notre chambre à coucher très en colère. Petit à petit, pour qu’il arrête de soupirer comme il le faisait, de me menacer de partir, arguant que cela ne servait à rien avec moi et que j’étais désespérante, je réussis à me déshabiller. J'ai été ce qu’on appelle une « camgirl » pendant quelque temps. Le principe est simple : attirer des hommes, ou des couples, à venir vous voir vous exhiber devant votre caméra, et les faire débourser le plus possible. Plus de temps ils passaient avec vous en privé - les « PVT » comme nous les appelions - et plus vous gagniez de l'argent. Pour cela nous achetâmes des tenues les plus affriolantes les unes que les autres, avec lesquelles je fis des photos. Je devins une habituée des poses lascives devant mon objectif et je réussissais mieux à en faire seule que lorsque j’étais en compagnie de Michaël. Quelques fois quand les filles étaient à l’école, mais c'était surtout le soir dès qu’elles allaient au lit, je me mettais au « travail ». J’étais assise sur la chaise du bureau du salon, en attendant que quelqu’un me choisisse pour faire un strip-tease ou autre, pendant ce temps mon mari regardait la télévision sur le canapé derrière moi. Par la suite nous avions aménagé la pièce pour que je puisse travailler plus tranquillement, nous avions mis le bureau derrière le canapé, avec entre les deux un paravent. J’avertissai mon mari au moment où un « client » m’appelait pour faire un privé, alors il ne devait plus faire de bruit à ce moment-là. De temps en temps il regardait aussi. Il aimait me voir m’exhiber devant ma petite webcam, mais cela me gênait, je me sentais plus à l'aise quand il était absent. Il y avait un petit hic cependant, je passais plus de temps en tchat public qui n'était pas rémunéré. Je m'étais dit que puisque je devais être là, autant m'amuser. Je faisais le (ou la je ne sais pas...) pitre avec les autres membres, inventais des jeux de rôle, ce qui n'était pas vraiment le but du site. J'avais réglé ma caméra de façon à ce qu'on ne voie pas que je faisais semblant de me toucher. Et à ma grande surprise, j'étais dans le top dix des filles les plus appréciées alors que contrairement à elles, je n'utilisais pas d'objets, pas de vidéos etc etc. Je me liais d'amitié (virtuellement) avec deux hommes, Bruno et Alessio. Ils étaient inscrits pour le tchat de groupe et ne proposaient jamais à aucune des filles un privé. Ils connaissent ma véritable identité et sommes encore amis sur les réseaux sociaux. Lors d'un privé un soir, un homme m'a insultée, il disait que c'était inadmissible, une honte de m'être inscrite sur ce site, car lui déboursait de l'argent pour me voir (l'inscription était payante pour les hommes, gratuite pour les femmes et les couples. Ensuite ils devaient acheter en plus les photos, les vidéos et les PVT étaient facturés à la minute). Il coupa brusquemment la caméra car je refusais catégoriquement sa demande, je n'allais pas accepter pour une poignée d'euros en plus. Après quelques mois, je fis part à Michaêl de mes faibles revenus, Les autres filles arrivaient à se constituer un bon salaire, ce qui n'était pas vraiment mon cas. Il ne voulut pas que je quitte et m’exhorta à continuer, je me mettais donc au travail à contrecœur. Par la suite, le règlement avait changé, il était interdit d'apparaître en tchat de groupe habillée, uniquement en sous-vêtements. Et comme j'ai enfreint la règle, j'ai été bannie du site. Le problème est que je n'ai jamais pu retirer mes photos, peut-être qu'elles circulent encore sur internet, et sur certaines on y voit mon visage.
Je trouvais plus tard un poste « normal » dans une boulangerie, car mon mari me dit vouloir s’acheter un grand écran de télévision, et je devais donc me dépêcher de trouver un travail au plus vite.
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