Chloé

Il est plus de minuit ce dimanche soir (ou plutôt lundi matin), quand je rentre enfin chez moi. J'ai passé tout le week-end avec Bastien et Joséphine, je n'ai pas mis le nez dans mes dernières révisions. Certes, j'avais besoin de m'aérer un peu vendredi soir quand je suis partie, mais de là à passer carrément tout le week-end à Lion-sur-Mer, je ne l'imaginais pas une seule seconde. Et encore, Bastien m'a aidée à être raisonnable tout à l'heure, car je serais bien restée jusqu'au lendemain. Il m'a rappelé les difficultés de circulation du lundi matin. J'ai encore toute ma matinée pour travailler, je n'ai qu'une épreuve l'après-midi, puis toute la journée mardi, et enfin, des oraux, jeudi et vendredi. Ensuite, je serai en vacances et je n'aurai plus qu'à attendre les résultats. Si je réussis, je serai institutrice stagiaire pour un an, dans une école du département, pour être plus proche de l'IUFM et pouvoir suivre les cours du soir que nous aurons une fois par semaine. Ces cours sont d'ailleurs plus des échanges avec nos enseignants pour poser des questions, aborder les problèmes ou les réussites que nous rencontrons en classe. C'est un accompagnement, complémentaire à celui que nous recevons ponctuellement en classe de la part de notre tuteur enseignant. Néanmoins, tout au long de l'année, nous sommes seuls face à nos élèves, ce qui est le lot du métier.

Je rentre donc chez moi. Je redonne de l'eau fraîche à Snowdon, puis je me prépare rapidement pour ma fin de nuit. Difficile de ne pas penser à Bastien, à ces heures d'intimité avec lui, mais aussi à ces moments de partage avec Joséphine. Je n'en reviens toujours pas du cadeau qu'elle lui a offert pour la fête des pères. J'ai trouvé cela amusant, cette espèce de jeu de devinettes qu'elle avait écrit et dont le but était de dresser le portrait de sa maman imaginaire. Je me demande bien où elle est allée chercher toutes ces idées. Quand Bastien dit qu'elle a beaucoup d'imagination, il a parfaitement raison...

On a promis de se revoir le week-end prochain, mais on se donnera des nouvelles dans la semaine. Il veut me laisser bosser sereinement. Il sait que c'est important pour moi.

Bastien

Voilà, Chloé est repartie. J'avais couché Joséphine à 20H30, car il y a école demain. Un quart d'heure plus tard, je remontais pour lui éteindre la lumière. Chloé et moi sommes restés un peu sur la terrasse, à profiter de la douceur du soir. Puis on est remonté, pour un dernier câlin avant qu'elle ne parte. C'était bien. Je veux dire, le câlin. Elle avait envie de moi, moi d'elle. Ca a été comme ça depuis vendredi soir. C'est bizarre, mais en même temps, c'est chouette. Pas le genre de choses à quoi je m'attendais. Je ne cherchais pas vraiment quelqu'un de toute façon. Je laissais faire le hasard. Et je crois que là, j'ai surtout laissé faire Joséphine. J'espère qu'on va vraiment se revoir, Chloé et moi.

Joséphine

Papa est bizarre depuis hier. Ce matin, il avait oublié de mettre ses chaussures pour m'emmener à l'école. Il a déclaré aussi que ce n'était pas grave si la vaisselle du petit déjeuner n'était pas lavée. Qu'il ferait ça ce soir. D'habitude, il déteste laisser traîner des affaires sales dans la cuisine. Non qu'il soit un foudre de guerre du ménage et de la propreté, mais enfin, il ne se laisse pas aller. Déjà que samedi matin, c'était le grand chantier dans la cuisine...

Bon, mais en tout cas, je suis contente car on a passé tout le week-end avec Chloé. Et papa a adoré mon cadeau de fête des pères. Tom et moi avons bien travaillé. S'il ne comprend pas que ma maman imaginaire ressemble beaucoup à Chloé, je ne sais pas ce qu'il va falloir faire. J'ai cependant l'impression que je n'ai pas besoin de me faire beaucoup de souci...

Ce soir, avec toujours cet air un peu rêveur, papa m'a dit que Chloé passerait le prochain week-end avec nous. On est à trois semaines des vacances. Je lui ai demandé si elle allait venir en vacances avec nous. Quoique j'imagine pas trop Chloé au Camping des Flots Bleus, mais... peut-être qu'elle aurait l'idée d'aller ailleurs... Il m'a dit : "je compte sur toi pour lui proposer de venir avec nous..."

Quel fainéant quand même ! Bon, en même temps, il vaut mieux que je m'en charge... Sinon, on va vraiment finir encore au Camping des Flots Bleus. Je vais préparer ça. Tom a promis de m'aider.