Chapitre 18
Les bras maintenus dans le dos par une clef de bras douloureuse, Mathieu m’oblige à avancer devant lui. Il nous emmène vers la remise, l’endroit où est rangé tout le matériel de bondage.
« Tu vas morfler ! »
Je me débats contre sa prise mais il est bien plus fort que moi.
« Tu t’attendais à quoi espèce d’enfoiré ? A ce que je me laisse faire bien docilement ? »
Le jeune homme tord un peu plus mon bras. Je gémis de douleur tout en continuant vainement de me débattre.
« T’es juste une putain de soumise maintenant. Alors oui, ton boulot c’est de te laisser faire bien docilement. Mais t’inquiète, après ce que je vais te faire, tu n’oublieras plus ton rang. »
Nous avançons dans le couloir en luttant l’un contre l’autre.
Au moment où nous passons devant le bureau de la prof de bondage, la porte s’ouvre sur madame Lissot, notre prof khôlleuse d’aujourd’hui, ainsi que sur madame Notat. Cette dernière interroge Mathieu :
« Qu’est-ce que tu fais avec la soumise ?
- Je compte m‘amuser avec elle et lui faire regretter d’avoir gâché ma khôlle. »
Les deux femmes échangent un regard navré.
« A priori nous avons été trop laxiste avec vous. Permets-moi de te rappeler deux choses Mathieu : la première est qu’en principe, vous n’avez pas le droit de toucher aux soumis sans autorisation. La seconde est qu’en tant que dominant, tu dois être en mesure de gérer ta soumise. Elle s’est mal comportée en khôlle et tu as été incapable de la soumettre. Les torts sont partagés, tu n’as pas à la punir de la sorte. »
Mathieu ouvre la bouche, furieux et prêt à riposter. La prof lui jette alors un regard glacial :
« L’administration et les professeurs sont les seuls à pouvoir décider d’une punition. A la fois pour les soumis et pour les dominants. »
La voix de l’enseignante est chargée de menaces.
J’entends le jeune homme déglutir devant les paroles de madame Notat. Il finit par me lâcher et fait demi-tour sans un mot.
Soulagée, je remercie les enseignantes. Madame Lissot part à son tour, sans répondre, me laissant seule avec Madame Notat. Cette dernière me jette un regard méprisant :
« Madame Lissot m’a informée de ta piètre performance en khôlle. Fais mieux à l’avenir ou c’est moi qui te punirais. »
Je ne réponds rien, fascinée par ce que je viens de voir dans le dos de Madame Notat. En un instant me vient une nouvelle idée pour quitter cet enfer. J’aurais préféré avoir le temps de préparer un plan, de peaufiner les détails mais une telle occasion ne se représentera peut-être jamais. De ma voix la plus humble, je demande :
« Vous m’avez épargné un moment difficile alors que je ne le méritais pas. Puis-je faire quelque chose pour vous remercier ? »
Je positionne mes mains dans mon dos, laissant mon sexe et mes seins visibles de la prof. Cette dernière s’en aperçoit. Elle m’observe un moment puis sourit et murmure:
« La séance de la dernière fois t’aurait-elle plu ? Tu sembles presque avoir envie de recommencer. »
Elle s’approche de moi pour passer son doigt entre mes lèvres vaginales et je souffle :
« S’il vous plait… »
Je sais que je lui plais physiquement. Elle me l’a dit. Et je n’oublie pas le plaisir qu’elle a eu à m’attacher la dernière fois. Je joue là-dessus en espérant pouvoir entrer dans son bureau et y rester seule un instant.
L’enseignante m’attire dans la pièce et me débarrasse elle-même du peu de vêtements que je porte. Elle se place face à moi et, très délicatement, emprisonne mes joues dans ses mains. Elle pose ses lèvres sur les miennes et commence à m’embrasser. J’oscille entre le dégout et la curiosité. Dégout pour la personnalité de la femme qui se tient face à moi. Et curiosité car c’est la première fois que j’embrasse une femme. Et je ne peux pas nier que madame Notat soit absolument superbe : une silhouette menue, des cheveux blonds harmonieusement attachés et un visage fin et délicat. Si on fait abstraction de la froideur de son regard, elle est probablement la plus belle femme que j’ai rencontrée.
« Je ne fais l’amour qu’avec des partenaires attachés. »
Sa phrase très crue me fait immédiatement revenir à la réalité.
« Alors attachez moi. »
C’est le moment que je redoute le plus. Si la prof possède de la corde dans son bureau, alors c’est fichu. Je n’aurais gagné qu’une partie de jambe en l’air avec cette psychopathe.
Mais à mon plus grand soulagement, elle se dirige vers la porte :
« Je reviens vite, juste le temps d’aller chercher ce qu’il faut. »
Puis elle quitte la pièce.
Je me précipite alors sur son ordinateur portable, ouvert et allumé sur le bureau. Le cœur battant la chamade, j’ouvre internet et tape gmx dans la barre de recherche. J’arrive sur le site et me connecte à ma boite mail. Le temps de chargement me parait affreusement long. Combien de temps faudra-t-il à Madame Notat pour faire l’aller-retour jusqu’à la remise ? Je préfère ne pas penser à ce qui se passera si elle me trouve devant son ordinateur.
Enfin, ma boite mail apparait. Je ne prends pas le temps de chercher un destinataire particulier et me contente de répondre à la dernière personne m’ayant envoyé un mail, en l’occurrence mon (ancien ?) professeur de physique chimie pour une histoire de TIPE [1].
Les mains tremblantes, je tape mon mail en tendant l’oreille. Madame Notat est-elle déjà sur le chemin du retour ?
SOS. Enlevée avec 11 autres jeunes. Sais pas où nous sommes
Il me semble entendre un bruit de pas. Je clique vite sur envoyer, me déconnecte et ferme internet. Je m’éloigne de l’ordinateur à l’instant même où l’enseignante revient, les bras chargés.
Je n’ai pas eu le temps d’effacer l’historique. Il ne me reste qu’à espérer que madame Notat n’ira pas le consulter.
La femme me regarde étrangement :
« Tu sembles fébrile. »
Je tente discrètement de reprendre ma respiration et, de ma voix la plus innocente, réponds :
« C’est d’imaginer ce que vous allez me faire qui me met dans cet état.
- Tu as peur ou tu es excitée ?
- Un peu des deux. »
Je lui souris timidement. Je continue de jouer le rôle de l’élève qui veut coucher avec elle pour ne pas attirer ses soupçons, mais en réalité je suis terrifiée. Terrifiée non pour ce qu’elle va me faire mais par le fait qu’elle puisse découvrir que j’ai envoyé un mail. Le proviseur peut-il décider de me tuer pour cela ?
L’enseignante s’approche, m’embrasse de nouveau et murmure :
« Je ne peux pas te promettre d’être douce, je ne le suis jamais. Mais crois-moi, tu vas aimer ce que je vais te faire. »
L’enseignante m’attache les poignets ensembles et les lève au-dessus de ma tête. Puis elle fait passer la corde dans une boucle fixée au plafond et tire dessus pour m’obliger à garder les bras levés.
Ensuite, elle saisit un tube métallique long et lourd. Je panique immédiatement en le voyant. Elle ne va quand même pas me frapper avec ça ?!
« N’aie pas peur, c’est une barre d’écartement. Je vais la fixer à tes chevilles pour t’obliger à garder les jambes écartées. »
Je ne suis pas beaucoup plus rassurée mais la laisse faire sans me débattre.
Je me sens tellement mal de me laisser faire ainsi. Il y a une demi-heure je me battais contre Mathieu pour garder un semblant de dignité et là, je me laisse entraver sans opposer la moindre résistance.
Mais c’est un mal nécessaire. Je ne peux pas commencer maintenant à résister sous peine d’attirer les soupçons de l’enseignante.
Une fois la barre d’écartement fixée, l’enseignante se redresse et s’approche de moi.
« Je ne t’ai pas bâillonnée pour que tu puisses crier mon nom lorsque tu jouiras. »
Sur ses mots, elle s’approche de ma poitrine et commence à la malaxer doucement. Elle entoure mon téton gauche de sa bouche et commence à le suçoter.
Sa main gauche caresse mon autre téton et sa main droite s’est glissée entre mes lèvres vaginales contre mon clitoris qu’elle caresse doucement.
C’est tellement doux que lorsque la prof me mord le téton gauche et me pince le droit, je crie autant de douleur que de surprise.
Pendant qu’elle s’acharne sur mes seins, elle continue de caresser mon clitoris. Je gémis sans savoir si c’est de plaisir ou de douleur. Je ne sais même plus exactement ce que je ressens, je veux juste qu’elle continue.
Bien trop tôt pourtant, l’enseignante s’écarte de ma poitrine. Elle s’accroupit devant moi et s’approche de mon entre jambe.
« La dernière fois que tu m’as donné du plaisir, c’était encore très maladroit. Profite de cette occasion pour savoir comment se fait un vrai cunnilingus. »
Elle enfouit sa tête dans mon intimité et commence à me titiller avec sa langue. Elle ne se vantait pas. Sa langue est experte et je me retrouve rapidement au bord de la jouissance. Mais ses mouvements sont tels que je ne parviens pas à jouir. Sitôt que je m’en rapproche, l’enseignante modifie ses mouvements pour m’en empêcher. C’est si bon, si doux, si frustrant, si différent de tout ce que j’ai connu jusqu’alors. Peu importe qui est cette femme ou dans quel enfer je me trouve. En cet instant, rien d’autre ne compte qu’elle et moi.
Dans un spasme violent, je jouis enfin. Et je hurle le nom de ma professeure.
Très loin de là, Benjamin Vernet, professeur de physique chimie en école préparatoire, franchit le seuil de sa maison.
Comme à son habitude, le plus jeune de ses fils se précipite en hurlant et en réclamant d’être porté. L’homme s’exécute en souriant, remarquant une fois de plus à quel point son fils grandit vite. Avec un brin de nostalgie, il se demande combien de temps encore ce petit jeu continuera avant que le garçon ne se lasse, tout comme son grand frère avant lui. Ce dernier descend d’ailleurs les escaliers, salut son père d’un rapide « Salut P’pa ! » Puis remonte se livrer à ses activités d’enfant.
Sandrine, sa femme sort de leur bureau commun. Elle l’embrasse rapidement puis, avec un sourire complice, avoue :
« J’ai tellement de copies à corriger que je n’ai encore rien préparer pour le repas de ce soir.
- Laisse je m’en occupe. »
L’homme repose son fils puis se dirige à son tour vers le bureau.
Il contemple un instant son propre tas de copie à corriger avec un regard maussade puis allume son ordinateur pour vérifier sa boite mail.
C’est son rituel du soir. D’abord les mails puis le repas.
La boite de réception s’affiche avec son lot habituel de questions d’étudiants et de sollicitations de collègues. Mais au milieu de ces mails, l’un attire son attention.
Ou plutôt l’expéditeur attire son attention. Cette élève est censée avoir fugué il y a près d’un mois, pourquoi vouloir reprendre contact ?
Intrigué, monsieur Vernet ouvre le mail. Ses yeux s’agrandissent de stupeur en lisant les quelques mots rédigés à la hâte.
« Mon Dieu Leïla… »
Sa femme, qui vient d’entrer dans la pièce, s’aperçoit immédiatement que quelque chose ne va pas :
« Que se passe t’il mon chéri ? »
D’abord trop éberlué pour répondre, l’homme finit par murmurer :
« Donne-moi le téléphone. »
Je remue distraitement le contenu de mon verre sans oser le boire. Cela fait des semaines que je n’ai pas bu de jus d’orange et cela me semble trop beau pour être vrai.
Comme si elle avait lu dans mes pensées, madame Notat, un rictus moqueur au coin des lèvres, affirme :
« Tu peux boire, il n’y a rien d’autre que du jus d’orange : ni poison, ni drogue ni aphrodisiaque.
- Aphrodisiaque ?
- C’est une substance qui stimule le désir sexuel.
- Ah… Et vous comptez l’utiliser sur nous ?
- Probablement oui. La frustration, déjà difficile à supporter en temps normal, devient une véritable torture avec une telle substance. »
Son sourire me fait froid dans le dos. Pour me donner une contenance, je trempe mes lèvres dans la boisson. Je n’en aurais probablement plus avant un long moment, je prends donc le temps de savourer mon verre.
L’enseignante est de nouveau plongée dans son travail. Je l’observe un moment sans rien dire, perplexe. Après avoir fini avec moi, elle ne m’a pas mise à la porte. Elle m’a proposé de m’assoir un moment et m’a même offert le verre que je tiens dans les mains.
J’ai vraiment du mal à la saisir. Est-elle vraiment la femme froide et sans cœur qu’elle semble être ou cache-t-elle un fond d’humanité ?
Timidement, j’essaie d’engager la conversation :
« Qu’est-ce que vous faites ? »
Je suis assez curieuse de savoir à quoi cette femme peut occuper ses journées.
Quand elle lève les yeux vers moi, je déglutis difficilement, persuadée d’avoir été trop loin. Mais à ma grande surprise, elle répond à ma question :
« A la fin du second trimestre, vous avez un stage pratique à faire. Je suis à la recherche de maîtres exigeants -et sadiques- pouvant vous accueillir. »
Elle m’observe attentivement, attendant ma réaction.
« Comment les trouvez-vous ?
- Beaucoup sont passés par notre école. Nous gardons contact avec eux et selon leur pratique, nous leur envoyons des élèves bien particuliers afin de corriger leurs défauts. Toi par exemple, tu as beaucoup de mal à tenir ton rang de soumise. Je suis donc à la recherche d’un maître qui te fera comprendre que désormais, tu n’es plus rien.
- Et… Vous avez trouvé quelqu’un ?
- Je pense oui. »
Je suis sur le point de l’interroger davantage mais finalement, je n’ai pas très envie de connaître les détails.
Je finis mon verre en silence mais ne quitte pas immédiatement la pièce. Madame Notat s’en aperçoit et me demande :
« Tu veux autre chose ? »
Je n’ose pas soutenir son regard en murmurant :
« Je crois que… Enfin j’aimerais bien en savoir un peu plus sur… sur vous.
- C’est-à-dire ? Tu te demandes comment je suis devenue le monstre qui se tient aujourd’hui face à toi ? »
Je me recroqueville sur ma chaise en réalisant que c’est exactement ce que je veux savoir.
Mais une fois encore, madame Notat me surprend. Elle s’installe plus confortablement sur sa chaise, les yeux fixés sur moi, et commence son histoire :
« A l’école primaire, alors que j’ignorais encore tout du plaisir sexuel, du bondage ou autre, l’idée d’attacher quelqu’un me plaisait déjà beaucoup. On a tous joué au gendarmes et aux voleurs avec une corde à sauter n’est-ce pas ? Eh bien moi, j’adorais ligoter les autres. Je crois d’ailleurs que je leur faisais un peu peur… »
Elle se tait un instant et sourit en repensant à cette époque.
« En grandissant, c’est devenue une obsession. A l’âge de 14 ans, je trainais déjà sur les forums pour adultes parlant de bondage. J’ai fini par rencontrer un homme, un dominant, qui m’a enseigné tout ce qu’il savait sur cette pratique. En échange d’un paiement en nature bien sûr… »
« Notre pseudo relation a duré presque deux ans. Par la suite, j’ai pas mal fréquenté les bars BDSM et j’ai eu quelques relations. Comme domina cette fois ci. Mais ça ne me satisfaisait pas. Ce que je voulais, c’était soumettre quelqu’un contre sa volonté.
- Pourquoi ?
- Je ne trouve rien plus excitant qu’une personne terrorisée lorsqu’elle se rend compte qu’elle se trouve sous ton emprise. Rien ne me plais davantage que de voir un prisonnier effrayé se battre inutilement contre ses liens. Vois-tu, si on attache un partenaire volontaire, ce dernier a confiance et n’éprouvera pas cette peur qui m’excite. »
Ces paroles me glacent d’effroi. Cette femme est vraiment folle à lier…
« Dans un bar spécialisé, j’avais créé un petit jeu. Les personnes présentes désignaient une femme non volontaire que je m’occupais ensuite de ligoter. »
L’enseignante rit doucement :
« Que de peur. Que de pleurs. Que d’humiliation alors que les autres consommateurs riaient de la déconvenue de la malheureuse victime… »
« C’est comme cela que monsieur Pirot à entendu parler de moi. Un soir, il est venu me parler de son école. L’idée m’a immédiatement plu et j’ai signé pour y enseigner le bondage. »
Je prends un instant pour digérer toute ces informations puis demande :
« Mais ça ne vous fait rien d’être face à des gens qui ont été enlevés ? »
L’enseignante sourit froidement avant de répondre sans la moindre hésitation :
« Non. J’aime vous mater et voir votre impuissance lorsque petit à petit, vous devenez de parfaits petits soumis.
- Mais… Enfin vous devez bien savoir qu’avant d’arriver ici chacun de nous avait une famille, des amis, des rêves, des espoirs !
- Probablement oui mais peu m’importe. Vous avez eu le malheur de nous rencontrer, le reste ne me concerne pas. »
Je baisse les yeux puis murmure :
« Mais pourtant, vous semblez plutôt bien m’apprécier. Ça ne vous fait rien de savoir que ma famille me cherche désespérément? Ça ne vous fait rien de savoir que je vais être vendue comme de la marchandise ? »
La femme éclate franchement de rire, un rire sans joie qui vous fait froid dans le dos.
« Tu crois vraiment que ton sort m’importe ? Physiquement, tu me plais et je profite de ton corps, rien de plus. Je n’éprouve pas la moindre affection envers toi. »
Cette fois, je soutiens son regard. Je ne crois pas sa dernière affirmation. Si elle disait vrai, elle m’aurait mise à la porte après avoir profité de moi. Au lieu de cela, elle m’a offert un petit réconfort et à même accepté de répondre à mes questions.
Cependant, je ne trouve rien à ajouter et la prof ne semble de toute façon pas vouloir continuer à bavarder. Je prends donc poliment congé d’elle avant de regagner ma chambre.
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[1] TIPE : Travail d’Initiative Personnelle Encadré. En prépa, il s’agit d’un projet d’un an qui se fait en groupe. Le groupe travail sur un sujet autours d’un thème commun à toute les prépas. Le travail comprend recherches bibliographique et expériences manuelles et doit être présenté le jour de l’oral du concours.
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