Chapitre 25

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A genoux, je redresse la tête un court instant pour reprendre mon souffle. Entre le gode qui continue de me torturer encore et encore et l’effort physique que demande l’utilisation de ce bâillon, j’ai besoin d’un petit instant de répit.

Mauvaise idée…

La gifle que m’envoie le garde est d’une violence telle qu’elle me projette contre le mur :

« Bosse soumise. Ou je te jure que je rajoute un plug a la machine ! »

Je sais qu’il est sérieux. Il l’a déjà fait durant la première semaine… Me faire prendre toute la journée par les deux orifices m’a donné des cauchemars atroces la nuit suivante.

Je replonge donc la tête dans les WC et recommence à les nettoyer avec la brosse à chiotte attachée au bout de mon bâillon.

Bien évidemment, aucunes de nos explications à Juliette et à moi n’ont convaincu les gardes. Ou plus exactement, ils savent que c’est vrai mais usent de ce prétexte pour nous humilier davantage. Si bien qu’elle et moi devons désormais travailler les mains menottées dans le dos et en nous servant uniquement des objets ménagers accrochés à nos bâillons : plumeau, grattoir, brosse à chiotte…

Je crois que de toutes les humiliations que j’ai subies depuis que je suis ici, celle de devoir mettre la tête dans la cuvette pour la nettoyer, comme c’est le cas actuellement, est la pire.

« Plus vite, il t’en reste encore deux à faire. »

L’homme me flatte les fesses de sa cravache pour donner plus de crédit à ses paroles.

Finie également la tranquillité du premier jour. Désormais, un garde me suit dans chaque pièce pour changer l’outil sur mon bâillon en fonction des circonstances. Et comme cette tache semble l’ennuyer, il s’occupe en me torturant et m’humiliant un peu plus.

Et tous les moyens sont bons pour cela : il y a quelques jours, il a amené les autres soumis et les a forcés à me regarder pendant des heures. Soit disant pour les avertir de ce qui leur arrivera s’ils ne travaillent pas bien. Devoir travailler de la sorte devant mes amis a été vraiment éprouvant pour moi.

Je poursuis ma tâche ingrate en songeant que c’est bientôt fini. Demain, vendredi, c’est le dernier jour du grand nettoyage. L’horreur, la douleur et l’humiliation de cette punition s’arrêteront bientôt.

Je prends un nouveau coup de cravache et tente d’accélérer le rythme, des larmes coulant silencieusement sur mes joues et le sexe en feu.

L’homme me retire la ceinture métallique et le gode :

« Ça y est, t’as fini ta punition. J’espère que ça te servira de leçon et que tu te comporteras mieux pour le second trimestre. »

Je n’ai pas la force de répondre quoi que ce soit. Les jambes flageolantes, je monte les escaliers en direction de ma chambre. Je songe un instant à la quantité de devoirs que j’ai à faire ce week-end mais décide que ça peut attendre. Je n’aspire qu’à une chose, dormir quelques heures.

Je pousse la porte de ma chambre et ai un sursaut de peur en voyant quelqu’un assis sur la chaise de mon bureau. Un gémissement m’échappe lorsque je reconnais Mathieu.

« Salut toi. J’espère que tu as passé de bonnes vacances. »

Son sourire goguenard me laisse penser qu’il sait très bien à quoi j’ai occupé mes deux dernières semaines.

« Qu’est-ce que tu fais ici ?

- Mes parents étaient occupés ce week-end, du coup ils m’ont ramené un peu en avance. »

Le jeune homme me sourit méchamment :

« Je t’ai même amené un cadeau de Noël. Tiens. »

L’apprenti dominant me tend deux emballages cadeaux.

« Qu’est-ce que l’on dit ? »

Craignant les représailles, je souffle un merci pas très convaincant.

Je sais très bien que, quoi que ce soit, ces objets vont servir à me torturer. C’est vraiment mesquin de sa part de les avoir emballés pour pouvoir me les “offrir“.

La peur au ventre, je déballe le plus petit. J’y découvre une sorte de ceinture de chasteté fabriquée dans une matière élastique qui épouse la forme du corps. Au niveau de l’entre jambe, une plaque de silicone garnie de bulbes caoutchouteux de toutes tailles doit visiblement donner du plaisir à la porteuse.

« Déshabille-toi totalement et enfile là. »

Je lève les yeux vers Mathieu mais n’y aperçois aucune pitié. La mort dans l’âme, je me décide à lui obéir et je place la ceinture autours de ma taille. La plaque de silicone recouvre parfaitement mon sexe et une multitude de billes caoutchouteuses appuient en même temps sur mon intimité.

L’apprenti dominant se lève et se place dans mon dos. D’un mouvement brusque, il resserre la ceinture, me coupant le souffle au passage, et pose un cadenas.

« Marche. »

Je m’exécute et se faisant, je comprends l’intérêt de l’objet. Chaque mouvement provoque une secousse des bulles de caoutchouc situées sur mon sexe. Ces dernières agissent alors comme une multitude de doigts qui me caresseraient en même temps.

« Amusant non ? Allez, ouvre le deuxième paquet. »

Je le déballe rapidement et découvre une dizaine de liens noirs élastiques.

« Allonge toi, je vais t’attacher avec. »

Je le laisse m’attacher poignets et coudes dans le dos. Puis, avec deux nouveaux liens, il emprisonne mon corps au niveau de l’abdomen et de la poitrine. Enfin, il me lie cuisses, genoux et chevilles avec ces étranges liens.

Je m’aperçois immédiatement que quelque chose cloche avec ces choses. J’ai l’impression qu’elles se resserrent au fur et à mesure, m’étouffant de plus en plus.

Mathieu, bien conscient de mon trouble, sourit :

« Ce sont des liens très spéciaux. Il se rétractent et se relâchent en fonction de la température de l’objet qu’ils entourent. Puisqu’ils sont prévus spécialement pour la température du corps humain, ils se rétractent et vont t’étouffer petit à petit. Pas assez pour te tuer bien entendu, mais suffisamment pour être insupportables. »

Il me sourit avant d’ajouter :

« La seule façon de les desserrer un peu, c’est d’augmenter la température de ton corps, en luttant et en te débattant par exemple. Mais bien sûr, si tu fais cela, l’objet entre tes cuisses va te donner beauuuucoup de plaisir ! »

L’enfoiré…

Ayant les plus grandes difficultés à respirer, je commence presque malgré moi à me débattre. Le jeune homme avait raison, les liens se desserrent légèrement. Mais chaque mouvement de ma part se répercute dans les billes caoutchouteuses entre mes jambes et provoque une vague de plaisir incontrôlable chez moi.

Je me débats avec énergie, espérant pouvoir ôter les liens par moi-même. Mais je ne parviens à rien sinon me faire jouir. Et lorsque, le sexe trop sensible, je cesse de bouger, les liens élastiques se resserrent de façon ignoble et insupportable autour de mon corps.

Je me tourne vers Mathieu qui me regarde, sexe en main.

« Arrête ça, je t’en prie ! C’est affreux ! »

Mais le jeune homme se contente de me sourire en se masturbant de plus belle.

J’ignore exactement combien de temps je passe dans cette situation, à devoir choisir entre une très douloureuse constriction et un plaisir tout aussi douloureux.

Me débattre est trop douloureux pour que je le fasse trop longtemps. Et rester immobile est également trop douloureux pour que j’y parvienne. Quoi que je fasse, je souffre.

Les yeux débordant de larme de rage, de douleur et d’humiliation, je gémis, je cris, j’halète, plus tout à fait consciente de ce qui se passe autour de moi.

Enfin, des mains me saisissent et détachent les liens qui me maintiennent prisonnière. Dans un état second, je sens que l’on m’enlève également la ceinture de chasteté.

Lorsque je redresse la tête, j’aperçois Mathieu ranger les nouveaux accessoires dans un sachet :

« Je les garde avec moi, on aura sans doute beaucoup d’autres occasions de s’en servir ! »

Puis il quitte la chambre.

Je reste un bon moment par terre avant de me décider à me trainer sous la douche. L’eau chaude aide mes muscles endoloris à se détendre.

Je reste un moment assise sous la douche. Pour la première fois depuis un bon moment, je repense à ma vie passée et à tout ce que j’ai perdu le jour où j’ai été jetée en enfer : famille, amis, rêves, espoirs, futur. Ils m’ont tout pris, tout…

Alertée par mes bruyants sanglots, c’est Jade qui me découvre toujours assise sous l’eau chaude. Avec des gestes très maternels, elle m’aide à me redresser, m’enveloppe dans une serviette, s’assied par terre et m’attire contre elle.

Nous n’échangeons pas un mot, nous nous contentons de nous enlacer, aussi perdue et désespérée l’une que l’autre. Je pleure tout en m’accrochant à la jeune femme comme si ma vie en dépendait.

Lorsque j’ouvre de nouveau les yeux, je suis dans ma cage. Cette dernière est ouverte et le soleil brille derrière la fenêtre. J’ai probablement fini par m’endormir dans les bras de Jade qui m’a déposée ici.

Avec des gestes lents, je me redresse et me dirige vers la salle de bain.

En quittant l’espace “chambre“ de la pièce, je découvre que quelqu’un est assis à mon bureau en train de lire. Pendant un instant terrifiant, je crains que ce soit Mathieu. Mais il s’agit de madame Notat.

Je réprime un nouveau sanglot et m’agenouille devant elle. Ne peut-on pas me laisser en paix quelques heures ?

La femme lève la tête de son livre :

« Il est deux heures de l’après-midi. Ce n’est pas une bonne chose pour une soumise de dormir autant.

- Je vous prie de m’excuser. »

L’enseignante me dévisage un moment avant de reprendre la parole, d’une voix légèrement radoucie :

« Ces deux dernières semaines n’ont pas été simples n’est-ce pas ?

- Non madame.

- J’espère que cela te motivera à être plus… docile au second trimestre.

- Oui madame.

- Lève toi. »

Je me redresse et me tiens devant la femme, tête baissée. Sans doute veut-elle profiter de moi comme tous les samedis. Aurais-je le courage de lui dire non aujourd’hui ? En ai-je seulement encore le droit après toutes ces semaines passées à me soumettre à elle ?

La femme reprend la parole :

« J’ai quelque chose pour toi. »

Le lève les yeux et la vois qui me tend un paquet cadeau.

Je réprime difficilement un sanglot de terreur en prenant l’objet. L’enseignante s’en aperçoit et me demande :

« Qu’y a-t-il ? Pourquoi cette réaction ?

- …

- Parle. Tu sais pourtant que je déteste me répéter.

- Mathieu est passé hier soir. Et lui aussi avait un… cadeau. Je n’ai pas passé un très bon moment. »

La femme hausse un sourcil :

« Je vois. Ouvre, tu pleurnicheras après si tu veux. »

Les mains tremblantes, je défais l’emballage. Et ce que je découvre me laisse sans voix. Des larmes coulent sur mes joues, des larmes de gratitude.

J’effleure le livre des doigts, osant à peine y croire. Les Royaume de Feu. Cette série de livre sur les dragons que je lisais dans mon ancienne vie. Il s’agit de la suite.

« L’une des rares fois où nous avons discuté normalement, tu m’as dit aimer cette série. »

Je retombe à genoux et lève la tête vers madame Notat :

« Merci… »

Je tente de faire passer toute ma reconnaissance dans ce simple mot. Ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas eu un “vrai“ livre entre les mains. Un livre qui traite d’un autre sujet que la soumission et la torture sexuelle.

La femme me regarde et un sourire froid se dessine sur ses lèvres :

« Évite d’en parler autour de toi, ce n’est pas vraiment autorisé.

- Oui, bien sûr. Merci, merci beaucoup ! »

Je ne pense pas avoir un jour remercié quelqu’un avec autant de conviction qu’aujourd’hui.

Le silence retombe et je tente d’arrêter mes larmes.

Un peu hésitante, je demande :

« Je peux faire quelque chose pour vous remercier ? »

La femme me jauge un long moment avant de répondre :

« On verra ça la semaine prochaine. Tu ne me sembles pas vraiment en état aujourd’hui.

- Oui… Merci… »

L’enseignante se lève et se dirige vers la porte. Au moment de l’ouvrir, elle se tourne une dernière fois vers moi, sourire aux lèvres :

« Au fait, trouve-toi quelqu’un pour prendre des notes à ta place en bondage. A partir de lundi, nous commençons les cours sur le bondage avec cordes. Tu seras mon mannequin.

- Votre mannequin ?

- Oui. J’expliquerais chaque nœud, chaque position, chaque ligotage en me servant de toi. Des objections ? »

Je baisse la tête et murmure :

« Aucune, madame. »

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