Chapitre 40

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Le lendemain, une légère tension se fait sentir entre madame Noblet et moi. Nous n’avions jamais été ligotées de la sorte et l’humiliation subie ensemble, sous les yeux l’une de l’autre, nous pèse beaucoup. En ce qui me concerne, l’idée d’avoir bavé ainsi sur mon ancienne prof m’a empêchée de dormir une bonne partie de la nuit…

Mais la gêne se dissipe rapidement au contact de Jade, Fabien et Anaïs.

En PCL, les garçons sont en train de finir leur plan. D’ici peu de temps, ils vont commencer la fabrication de leur labyrinthe des horreurs. Plus le moment approche et plus la peur me tenaille. Quoi qu’ils aient prévu, je sais que ce sera forcément une atrocité. Une atrocité dans laquelle Jade et moi auront le premier rôle.

Cette fois encore, Mathieu et Antonin nous ont abandonnées dans une cage. Mais nous y sommes habituées désormais. Pour être honnête, je me sens presque plus en sécurité dans une cage, pelotonnée contre mon amie, qu’à l’extérieur au milieu de tous ces cinglés.

Certains des autres groupes ont déjà commencé le tournage de leur film. Et le moins que l’on puisse dire est que les apprentis dominants ne manquent pas d’idées sadiques : laboratoire d’expérimentation, chasse à l’homme, créature extraterrestre perverse et j’en passe. Je redoute déjà le jour où Mathieu nous annoncera le début du tournage. Puisque le film ne devrait pas demander beaucoup de montage vidéo, il se fera plus tard dans l’année.

Pendant toute la durée du cours, je redoute la fin de la journée : je crains que monsieur Pirot ne m’attende au sortir du gymnase pour me ramener près du cheval mécanique. Pendant les quatre heures que nous avons passées ensemble, j’explique à Jade ce que les apprentis dominants m’ont fait subir et la promesse du directeur de m’y ramener. La jeune femme est prise de frissons d’effroi et entendant mon récit et malgré le peu de place que nous avons, elle parvient à m’envelopper de ces bras dans l’espoir de ne donner un peu de réconfort.

Cependant, mes peurs étaient infondées. Personne ne m’attend à la fin de la séance de sport. Sans me faire prier, je remonte dans ma chambre, trop heureuse d’échapper à cette torture effroyable.

Mais mes espoirs sont vite balayés en apercevant madame Notat, tranquillement assise sur ma chaise de bureau. En me voyant, un mince sourire amusé lui vient aux lèvres :

« Comme tu es prévisible Leïla. »

Comme je gardes le silence, elle reprend :

« Ne devrais-tu pas être avec monsieur Pirot ?

- Si madame.

- Alors pourquoi n’y ai tu pas allé après ton cours de sport ?

- Je… Je… »

Comme je tardes à répondre, l’enseignante se lève et me gifle très brutalement. Je tombe au sol et attrape ma joue douloureuse.

« Je déteste lorsque tu bégaie ainsi. Je t’ai posé une question, réponds-y !

- J’avais peur d’y retourner. Cette chose est une véritable torture, je ne veux plus monter dessus ! »

Un ricanement échappe à la femme :

« Parce que tu t’imagines avoir le choix ? Dès l’instant où tu as menti à monsieur Pirot concernant la vengeance de la classe dominante, tu y étais condamnée. »

Je ne réponds rien. Ainsi donc ils savent… Je n’en suis pas vraiment étonnée.

« Je serais toi, je partirais immédiatement rejoindre monsieur Pirot. Si tu n’y vas pas ce soir, il viendra te chercher demain et tu y passeras l’après-midi complète. »

Mes yeux s’agrandissent d’horreur à cette idée. Une soirée me parait déjà atroce mais l’après-midi toute entière…

« Pourquoi m’avoir prévenu ? »

Je pensais que madame Notat serait heureuse de me savoir torturée. Or elle vient au contraire m’alerter des intentions de son supérieur.

Ses yeux bleus fixés sur les miens, elle répond :

« Tes samedis m’appartiennent. »

Je baisse les yeux.

« Oui madame.

- Demain, à 14 heures devant mon bureau. Maintenant, vas rejoindre monsieur Pirot avant qu’il ne s’impatiente.

- Oui madame. Merci madame. »

Le proviseur m’attendait en effet dans la salle du cheval mécanique.

En entrant, je m’agenouille immédiatement devant lui.

« Tu es en retard.

- Je vous prie de m’excuser monsieur. »

L’homme garde le silence un moment puis finit par ordonner :

« Relève toi, je vais te ligoter. »

Je m’exécute et le laisse m’encorder le haut du corps. Il le fait de tel sorte que mes bras et mes mains soient bloqués derrière mon dos et que mes seins soient largement mis en valeur. Bien qu’assez peu esthétique, son bondage est d’une efficacité redoutable et surtout, il est serré de façon incroyablement douloureuse.

Je me tourne vers la structure : les deux godes et le vibro sont encore là, fièrement dressés au sommet. Je ne veux pas ! Je ne veux surtout pas remonter sur cette ignominie.

Mais je me garde bien de protester. La réputation de monsieur Pirot n’est plus à faire. Si j’ai le malheur de prononcer une phrase qui lui déplait, c’est bien pire qui m’attends. Alors, je le laisse simplement me soulever et me faire glisser sur les godes. Rapidement, il m’attache les sangles en cuir autour des cuisses et me voilà de nouveau prisonnière de cet engin de malheur.

Un très léger sourire vient fleurir sur ses lèvres :

« La position te convient-elle ?

- Oui… Oui monsieur. »

Le directeur met alors en marche le cheval mécanique et un instant plus tard, je me retrouve de nouveau soumise aux mouvements de cette ignominie.

« Amuses toi bien soumise. »

Et l’homme tourne les talons, m’abandonnant ici sans le moindre scrupule.

Je suis agenouillée dans le bureau de madame Notat. Comme elle l’a exigé, je suis venue aujourd’hui à 14 heures.

« Comment était-ce hier, sur le cheval de rodéo ?

- Je… Très bien… »

L’enseignante se place à mon niveau :

« Je veux entendre la vérité. »

Je baisse les yeux. Ma voix n’est plus qu’un chuchotis lorsque je réponds :

« C’était l’horreur… Etre empalée sur cette chose est terriblement douloureux. Et le bondage de monsieur Pirot était vraiment très serré.

- Je vois ça, tu en portes encore les marques. »

Elle effleure du bout des doigts ma peau sur laquelle les cordes ont laissé une trace rouge. Son toucher provoque un petit frisson chez moi. Le sentant, l’enseignante sourit de satisfaction.

La femme se relève finalement et reprend.

« Bon, aujourd’hui j’ai envie de tester quelque chose de nouveau. »

Je reste silencieuse et tente de ne pas montrer ma panique croissante. Ce n’est jamais bon signe quand madame Notat m’annonce ce genre de chose.

Voyant la peur dans mes yeux, un léger sourire éclot sur le visage de la femme :

« Ce ne sera pas très agréable, inutile de prétendre le contraire. Mais ce ne sera pas douloureux. »

La prof de bondage se penche derrière son bureau. Lorsqu’elle se redresse, elle tient dans les main une sorte de longue plaque de bois percée de trois trous.

« Tu sais ce que c’est ?

- Oui madame. C’est un pilori.

- Exact. »

L’enseignante s’approche de moi avec le carcan. Une fois à mon niveau, elle l’ouvre.

« Redresse bien la tête… Parfait, ne bouge plus. »

La femme positionne le trou central de la planche de bois contre ma nuque.

« Lève les mains et place les dans les trous sur le côté. »

Je m’exécute en silence. Une fois cela fait, la prof referme le carcan et y appose un gros cadenas. Je me retrouve alors prisonnière de la structure, les mains au niveau de la tête.

« Parfais, allonge toi sur le dos maintenant. A côté de mon bureau »

C’est ce que je fais, sans un mot. Le pilori surélève légèrement mon cou, la position est donc particulièrement inconfortable. Mais je reste silencieuse.

Madame Notat disparait quelques instants de mon champ de vision. Lorsqu’elle revient, elle tient deux sangles en cuir, chacune munie d’une courte chaine.

Elle positionne la première sangle autour de ma cuisse droite, un peu au-dessus du genou. Puis elle m’oblige à plier la jambe tout en la gardant en contact avec le sol. De la sorte, elle peut relier la chaine à un anneau situé au bout du pilori.

Elle fait de même avec mon autre cuisse et je me retrouve dans une position incroyablement humiliante mais pas trop douloureuse.

Sans rien ajouter, l’enseignante va s’assoir derrière son bureau et allume son ordinateur. Croisant mon regard surprit, elle demande d’un ton amusé :

« Qu’est-ce qu’il y a ?

- …

- Leïlaaaa… » La menace est tellement évidente que je m’empresse de répondre à la question.

« Je… C’est juste que… Enfin, je m’attendais à… Vous ne profitez pas de moi ? Vous n’ajoutez rien pour me torturer ?

- Pourquoi, tu as envie d’un vibro ?

- Non !! »

Mon empressement à répondre et la peur dans ma voix la font sourire.

« Je comprends, tu n’es pas habituée à autant de bonté de ma part n’est-ce pas ? »

Bonté n’est certainement pas un mot que j’aurais utilisé pour parler de madame Notat mais je ne fais aucun commentaire et me contente d’hocher la tête.

« Sans doute profiterais je un peu de toi tout à l’heure. Mais pour le moment, je veux juste t’avoir dans cette position de servitude chaque fois que je tourne le regard dans ta direction. »

C’est donc pour cela qu’elle m’a fait m’allonger à côté de son bureau. Bien que la position ne soit pas très confortable, je m’estime très chanceuse. Rester allongée ici pour son plaisir est infiniment mieux qu’être torturée.

Les heures passent lentement. Les courbature commencent à apparaitre mais je m’en préoccupe à peine. J’ai eu à affronter tellement pire dans cette école…

Il n’y a pas grand-chose pour s’occuper dans cette pièce alors je contemple madame Notat. Je la regarde corriger des copies, répondre à ses mails et prendre des notes à partir de livres de bondage. De façon régulière, son regard se tourne vers moi. Elle me contemple un court instant, prisonnière et le sexe grand ouvert dans sa direction, puis détourne les yeux en souriant.

Je finis par l’interrompre. J’ai une question qui me brûle les lèvres depuis des heures et j’aimerais la lui poser.

« Euh… excusez-moi. »

Je suis un peu hésitante. Il lui arrive de refuser catégoriquement que j’ouvre la bouche. Si c’est le cas aujourd’hui, je risque de voir s’envoler ma tranquillité relative.

« Oui ? »

Imperceptiblement, je soupire de soulagement. Madame Notat est disposée à répondre à mes questions.

« C’est à propos des stages pratiques avec un dominant. Ils commencent bientôt n’est-ce pas ?

- Le week-end prochain. L’annonce sera faite officiellement lundi.

- Et… Comment ça se passe ? »

La femme sourit froidement.

« On va vous emballer dans une caisse puis vous allez partir pour un long voyage. Le stage dure deux semaines au cours desquelles votre maître temporaire peut faire ce qu’il veut de vous. Puis, il vous renverra de la même façon qu’il vous a reçu. »

L’enseignante me contemple, attendant une réaction de ma part. Je déglutis difficilement et me contente de lâcher un faible.

« Je vois… »

Le silence retombe mais la femme ne me quitte pas des yeux.

« C’est tout ? Tu ne veux rien savoir des maîtres que j’ai choisis ? Tu ne veux pas savoir ce qui t’attend ?

- Je sais que vous choisissez les dominants en fonction de nos défauts.

- Exact, tu as bonne mémoire ma belle soumise. »

La femme se met à l’aise avant de reprendre :

« Je t’ai trouvé un maître qui te montrera définitivement que tu n’es plus rien et que ta vie ne t’appartient plus. Pour ton ami Fabien, j’ai trouvé un couple qui saura mettre à profit son attitude joyeuse et optimiste. L’imbécile qui te servait de prof dans ton ancienne vie va, quant à elle, enfin comprendre qu’aucune aide ne viendra de l’extérieur. Enfin bref, tu as compris le principe. Il n’y a guère que Jade qui va faire exception. Elle, va en stage suite à la demande de l’un de nos collaborateurs. »

Une fois de plus, le silence retombe.

La femme me regarde puis lâche un léger ricanement et reprend :

« Tu as peur de ce qui t’attend n’est-ce pas ?

- Oui…

- Tu as raison. Pendant deux semaines, tu vas avoir un avant-goût de ce qu’est l’enfer… »

Sur ces paroles, l’enseignante se replonge dans son travail.

Lorsque je quitte le bureau de madame Notat, il est près de 9 heures et demis. J’ai mangé avec elle juste après qu’elle m’ait détaché.

Elle ne m’a pas torturée. Après avoir fini son travail, elle a profité un peu de mon corps, m’a demandé de lui offrir du plaisir et m’en a donné en retour. Puis elle m’a détachée et offert le repas. Je ne comprends vraiment pas son comportement. On aurait dit qu’aujourd’hui, elle désirait simplement ma compagnie et non mon corps.

Je pousse la porte de ma chambre et ai un petit sursaut de peur en voyant que quelqu’un m’attend à mon bureau. Mais je me calme vite en reconnaissant madame Noblet.

Son regard inquisiteur me met mal à l’aise pendant que je referme la porte. D’une voix neutre, la femme commence :

« Alors, c’était comment ?

- Quoi ?

- Cet après-midi avec Notat. C’est bien avec elle que tu passes tout tes samedis, non ? »

Je me recroqueville légèrement sur moi-même et murmure :

« Désolée…

- Désolée de quoi ? Tu n’as pas de comptes à me rendre. »

La voix de mon ancienne enseignante est étonnement douce et j’ose enfin lever les yeux vers elle. Il n’y a ni dégout ni colère dans son regard. Juste de la tristesse.

Elle se lève et s’approche de moi.

« Leïla… Je ne sais pas si tu t’en rends bien compte mais cette femme te manipule.

- Non… J’y vais volontairement. Je lui plais et elle me plait…

- Elle te plais vraiment ?

- Eh bien… Elle est belle et… »

Madame Noblet attend une suite qui n’arrive jamais. Un mince sourire sans joie se dessine sur ses lèvres.

« Ce n’est pas de l’attirance Leïla. Ni même du désir. C’est juste de la dépendance. Dépendance qu’elle a instaurée en te manipulant.

- Comment ça ?

- Elle te donne du plaisir là où les autres se contentent de te faire mal. Elle accepte de converser avec toi et de répondre à tes questions là où les autres t’ignorent ou t’humilient. Elle t’éloigne même de Mathieu là où les autres profs aiment le voir te torturer. Et parfois, elle a une petite attention pour toi. »

La femme soupire puis reprend :

« Tu lui plais, cela va sans dire. Et puisque dans cet enfer, tu es désespérée et terrifiée, elle est parvenue à créer une dépendance à son égard. Elle aime la sensation de puissance qu’elle ressent chaque fois que tu vas te livrer volontairement à elle. »

Madame Noblet se tait et essuie délicatement les larmes qui roulent sur mes joues.

« Ce n’est pas de ta faute alors s’il te plait, cesse de pleurer. C’est comme pour chaque coup, chaque violence que tu subis ici : tu es la victime et tu n’as rien à te reprocher. »

Sa main toujours posée sur ma joue, la femme me contemple en silence, attendant probablement une réponse de ma part. Mais rien de me vient.

Dans un murmure, madame Noblet conclut donc :

« Ce n’est rien d’autre que de la manipulation. »

Puis, de façon presque irréelle, elle se penche vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. Les baisées de madame Notat ont toujours été incroyablement dominateurs et féroces. Là, au contraire, je ne ressens que douceur. Un frisson court le long de ma colonne vertébrale et mon cœur commence à battre la chamade.

Mais ces sensations ne durent qu’un instant et très vite, trop vite, la femme s’éloigne.

Avant que je n’ai pu dire quoi que ce soit, un garde fait irruption dans la chambre :

« Il est dix heures, tous au lit ! »

Sans un mot, madame Noblet quitte ma chambre. Et au moment de franchir la porte, elle m’adresse un petit sourire triste.

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