Le rez-de-chaussée...

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Teressa, communément appelée Chataimée, habitait le rez-de-chaussée depuis des années. Veuve quadrégenaire d'un vétérinaire, elle avait appris à aimer les animaux de tout son coeur. Par conséquent, elle se procura dix chats de différentes races et se réjouissait d'en prendre soin. Chacun avait son joli nom, un Maine coon géant portait celui de son mari, Hugo.

La perte de son époux, emporté par une crise cardique, avait été une plaie difficile -voire impossible- à soigner. Sa vie s'était détruise : chaque jour, son bien-être s'abîmait, sa santé mentale se détériorait, le bonheur intérieur qu'elle avait jusqu'à présent construit, s'était écroulé comme un château de sable, sous les vagues puissantes et impitoyables de la solitude éternelle.

Sans lui, je suis anéantie, je n'existe plus, je suis rien, marmonait-t-elle. Elle souffrait en silence, s'enfermait dans son cocon où même ses parent ne pouvaient s'introduire. Or, un jour elle rêva de lui, en agonie. Il lui réprimandait son manque de courage, sa faiblesse et l'abondan de leur rêves communs. Elle avait pleuré amèrement pendant son sommeil. Elle se réveilla et prit la ferme décision : pas de recul. Elle fera de sa vie un cadeau à son défunt mari. Il doit être fier d'elle, lors de leur rencontre dans l'au delà.

* * *

Chaque jour à neuf heures, avant de rejoindre le bureau où elle travaillait en tant ue comptable, Teressa s'assurait que ses adorables minets ne manquaient de rien. Ceux-ci l'avaient vraiment aidé à dépasser sa dépression et d'oublier ses soucis, avec leur miaulements et leurs caresses. Ils mettaient du piment dans ses jours ennuyeux et monotones.

En franchissant le seuil de sa porte, elle prenait l'air grave et sérieux d'une fonctionnaire respectable. Elle ne cherchait dans son apparence à séduire personne. Sa beauté était toute naturelle : des yeux bleux ciel - couleur de l'azur qui se contraste avec son âme chaotique - encadrés d'élégantes lunettes. Ses cils longs noirs semblaient au plumage funeste d'un corbeau solitaire. Ses lèvres roses et charmantes souriaient rarement. Ses cheveux, d'un brun clair, ondulés et court, étaient enviés par ses camarades de classe jadis.

Le soir venu, c'était le temps de rentrer après une journée harassante, Teressa trouvait ses amis aux aguets. Les chats l'entouraient et la pauvre femme se détachait du monde extérieur, trop cruel envers elle. Elle passait des heures à leur raconter chaque détail de ses aventures quotidiennes. Elle se sentait proche d'eux et se laisser guider par leurs miaulements, c'était un moment de détente pour les deux parts.

Elle avouait à ses compagnons tout ce qui la tracassait : la peur de perdre un d'eux, la haine des secrétaires, la galanterie excessive des hommes, les factures qu'elles oubliaient toujours de payer...

—  Non, non, hugo, tu ne comprends pas, je n'en peux plus, de leurs stupides gestes pour attirer mon attention, je lui ai promis que je n'épouserai personne après lui. Ils doivent l'accepter comme je l'avais accepté moi même ...

Elle s'entretenait des conversations nocturnes où ses minets partageaient ses angoisses, en guise de miaulements. Teressa se sentait plus soulagée après, et tombait dans les bras de Morphée plus aisément.

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