Le premier étage...

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Qui l'habitait ? Mélanie Sounoi, une vingtenaire universitaire ; c'est tout ce que les plus curieux du quartier ont pu savoir. Elle était du genre mort-vivant comme l'appelaient les gamins lorsqu'elle passait sans même les saluer. Elle était froide, flegmatique même impassible. Tandis qu'on entendait toujours les paroles vociférées à tue-tête de madame Chataimée, le silence du cimetière régnait dans la chambre de Mélanie. Rien n'y donnait un aspect de vie : tous les soirs, on disait qu'elle était morte, pourtant la silhouette qu'on voyait chaque matin franchir le portail de l'immeuble détrompait cette rumeur. Avec le temps est née une haine inexplicable envers la fille .En effet, elle n'était pas belle, avec des cheveux châtains toujours en queue de cheval, des yeux bruns encadrés de cernes, une petite taille recroquevillée.

Peut-être que cette âme solitaire avait un passé prometteur, un passé qui s'est fragmenté, la laissant dans un éternel chagrin ? Ce regard égaré, vide de sentiments mais aussi plein de nostalgie - une nostalgie d'une autre époque peinte de rose et décorée de lilas - était-il la conséquence d'un ouragan qui avait déraciné toute marque de bonheur dans sa vie ? Ses yeux manifestaient un oxymore singulier : l'un voulait la liberté de la pauvre hirondelle captive dans cette cage, l'autre suppliait pour rester dans l'état initial, ne voulant pas subir la même défaite. Elle savait comment équilibrer son esprit, afin de paraître plus confiante en elle, alors que le moi dans ses pensées s'était ridiculisé et sous-estimé maintes et maintes fois jusqu'au néant.

Seule la petite peluche sous forme d'ourson avait veillé aux nuits chagrinées, pleines de larmes et lamentations silencieuses.

Seule la douche se souvenait des dizaines de litres d'eau versés sur cette créature chétive, lors de ses pires moments de dépression.

Seul le bureau en bois caressait ses cheveux et son visage quand elle s'assoupissait sur ses ailes protectrices.

Seuls les livres étaient ses fidèles amis, ses amants pour toujours, ses consolateurs, ses maîtres aux besoins, ses médecins, ses enfants, ses professeurs, ses allumeurs de ténèbres, ils étaient tout pour elle. Combien de fois on l'avait vue, traînant le pas, des paquets pleins d'encyclopédie, de livres d'histoire, de recueils de poèmes ou bien de récits palpitants encombrant ses deux mains fragiles.

Sa bibliothèque était soigneusement garnie ; la mettre en ordre chaque week-end était son loisir préféré. Après cela, un cappucino à la main, un bouquin dans l'autre, allongée dans son canapé bleu ciel, elle s'absorbait pour des heures dans une atmosphère paisible. Tantôt des sourires rares se dessinaient sur ses lèvres fines, si elle lisait un passage humoristique, tantôt des torrents de larmes coulaient sur ses joues quand elle s'arrêtait sur un passage tragique, qui évoquait ses propres malheurs.

Toute cette personnalité lui avait permis de remporter le surnom de : "M. Mysteria".

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