La Mission Ultime
"L'explication est claire. Le jardin aux sentiers qui bifurquent est une image incomplète, mais non fausse, de l'univers tel que le concevait Ts'ui Pên. (...) Il croyait à des séries infinies de temps, à un réseau croissant et vertigineux de temps divergents, convergents et parallèles. Cette trame de temps qui s'approchent, bifurquent, se coupent ou s'ignorent pendant des siècles, embrasse toutes les possibilités..."
J.L. Borgès, Le jardin aux sentiers qui bifurquent.
Chapitre 1
"Commandant Generua..." "présent, Herr Général" "Inquisitrice principale Toloni..." "je suis là, mon général, n'ayez crainte" "Colonel Van der bouc..." "Van der Brouck, b.r.o,u.c.k., mon général, comme ça se prononce"
Pourquoi fallait-il toujours qu'on écorcha son nom ? Cet outrage, Ben devait le subir chaque nuit, dans le rêve hypnotique qu'on leur avait implanté, afin que le souvenir de cet après-midi, indispensable pour la Mission, ne puisse être effacé même en cas de lavage de cerveau ou autre manipulation psychologique. Comme ses camarades, il était conscient de son rêve, mais incapable d'y échapper.
La voix du général reprît, mettant un terme à ses rêveries :
"Messieurs. En ces temps particulièrement troublés, vous avez été choisis par le gouvernement mondial, avec l'aval du Saint Inquisiteur, pour remplir la Mission Ultime. Vous avez tous un passé irréprochable de probité, vous vous êtes également illustrés pendant la Dernière Guerre, vous êtes restés fidèles à la Grande Religion, et, bien sûr, vous avez survécu aux derniers, euh, tests éliminatoires..."
Une fois encore, Ben laissa ses pensées vagabonder...
Le passé... Tout semblait si simple alors ! Les plaines du Nord comme un immense jardin de jeu à découvrir... La Belgique aux couleurs pastels à l'heure du goûter... Les vergers de ses grands parents et la saveur des poires chapardées... Les études, et l'émerveillement devant la beauté des choses,.. L'internat chez les moines... Le service militaire dans la montagne... Le pari de l'environnement, l'espoir de sauver la planète... Trekking au Népal, randonnée au Tibet, doctorat... Herr Doctor Van der Brouck... Le grand chantier du Rhin... Le cabinet environnemental de la CEE, retour à Bruxelles... Mariage et vie familiale, une bulle de bonheur...
La Dernière Guerre... Tout avait commencé avec la disparition des enfants. Soupçons, malaise, hystérie générale... Arme secrète ? Mobilisation générale... Les obus pleuvent... Seule la haine et la guerre permettent aux pays d'encaisser le choc psychologique... Le front Himalayen... Évasion par la beauté immaculée de la montagne... Bataille du Tibet... Libération du Dalaï-Lama...
Retour en Europe. Tous les réseaux d'espionnage sont formels, les enfants de tous les pays ont disparu, impossible d'identifier des coupables... Des extra-terrestres ? On aurait vu des vols de dragons, des chutes de grenouilles... Panique, guerres civiles... Début de la Fin des Réalités, les lois de la physique s'effritent... Washington décrète le suicide atomique des États-Unis... Création d'un gouvernement mondial...
La Grande Religion... L'Olympe apparaît dans le ciel... Le Vatican prend le pouvoir et manipule le gouvernement mondial... Nomination du Saint Inquisiteur... Arrestations, bûchers... Mise en place, avec des amis, d'un réseau de résistance et soutient aux persécutés... Le Grand Plan, dernière marge d'humanité, Ben Van der Brouck volontaire. Le héros de la Dernière Guerre, taupe au sein de l'armée mondiale...
Les tests éliminatoires... Sur les cent appelés aux tests pour la Mission Ultime, six survivants seulement. Pour une fois les militaires ont fait preuve d'imagination. Sa survie, Ben la doit à son expérience des milieux hostiles, aux devoirs que lui impose le Grand Plan, dernière chance de l'humanité, mais aussi au derniers éléphants qui courent en secret dans sa tête.
Les voila, tous les six, réunis dans cette salle, devant le général Stroph, commandeur du gouvernement mondial.
"... pas une simple mission d'alpinisme, comme vous le découvrirez rapidement. Les conditions là haut seront beaucoup plus extrêmes que sur notre Everest. Vous porterez une combinaison spéciale pour la régulation de l'oxygène et de la température. Attendez-vous à rencontrer de nombreux obstacles..."
Des obstacles, ils en avaient rencontrés. Physiques, d'abord : crevasses insondables, parois lisses comme des miroirs, tempêtes de neige d'une force incroyable. Cependant ils étaient tous endurcis, et avaient été choisis, sélectionnés pour et par ce genre d'épreuves. Puis les ours géants les avaient surpris en pleine nuit dans leur igloo. Le lendemain ils avaient dû abandonner la colonel Thanisayangkura, trop blessée pour poursuivre. Ensuite il y avait eu les loups, les mammouths, et même ce qu'ils avaient cru identifier comme des yétis. Mais ils avaient su ne plus se faire surprendre. Puis étaient venues les illusions. Le soleil. La plage. Les palmiers. Une chaleur torride. Le commandant Generua n'avait pas pu résister, il avait ouvert sa combinaison et... était mort gelé.
Ils avaient atteint la première porte à 8500m d'altitude. Deux colonnes gigantesques, en marbre rose. Un seul chemin, entre ces colonnes. L'Inquisitrice Toloni et Ben avaient pu passer, mais la commandant Dwala Touni et l'Inquisiteur Lee Hyung s'étaient heurtés à une paroi invisible.
Longue marche jusqu'à la porte de cristal. Ils avaient discuté tout en progressant. Inconnus quelques jours auparavant, porteurs de l'espoir de l'humanité, ils avaient bravé ensemble dans cette quête plus que la mort, et se sentaient étrangement proches. Ils avaient parlé de choses insignifiantes, de leur village natal, de leur amour de la montagne, de la couleur d'un coucher de soleil, de leurs enfants disparus... en un mot, ils avaient parlé de la vie. Ils n'avaient même pas prêté attention aux statues splendides qui délimitaient le chemin irréel, absorbés qu'ils étaient à éprouver, pour la dernière fois peut-être, la beauté de la vie.
La voix du général se faisaient plus forte.
"... Les spécialistes de sa Sainteté parlent de deux portes. Votre pureté vous permettra de les franchir, mais n'oubliez pas que votre véritable mission aura lieu ensuite. L'ascension de l'Olympe n'est qu'une étape, après il vous faudra négocier avec qui vous trouverez. Insistez pour voir le Créateur en personne ! Montrez lui ses tables de lois, le suaire de son fils : faites lui respecter son contrat passé avec l'humanité. Pendant les jours qui viennent vous subirez une formation accélérée sur les bases de la diplomatie, et le détail de ce qu'il vous faudra dire et faire. Mais n'oubliez surtout pas que vous serez l'argument ultime : vous représenterez ce qui se fait de mieux dans l'humanité. Soyez irréprochables !"
Chapitre 2
Ben se réveilla à la fin du discours du général, comme chaque matin. Triste réveil solitaire. Toloni n'avait pas pu passer la deuxième porte. Il avait donc poursuivi seul, avec quelques vivres, le matériel nécessaire, et le coffret d'or qui contenait les tables de la loi, le suaire du Christ, ainsi qu'un antique sablier confié par le Vatican. Il avait commencé deux jours auparavant l'ascension d'une nouvelle paroi, et avait dormi suspendu une fois de plus.
Ben reprend la montée sans fin. Douleurs. Fatigue. Il faut tenir. Une prise plus haut. Le piquet. A droite. Fissure. Sa tête de fait légère. L'euphorie le guette. Il atteint enfin le sommet.
Le voila qui culmine. Le plateau s'étend un peu autour de lui, pas très large. Il voit les versants qu'il vient d'escalader, les pics, les crevasses. D'ici on ne distingue pas les détails, pas même les portes. En dessous on voit la mer. Tout est calme. Pas un bruit. Quelle beauté...
Ben se sent joyeux, euphorique. Le manque d'oxygène, peut-être. Ou le bonheur d'être le premier à avoir effectué cette ascension, car visiblement nul ne l'a fait avant : il n'y a ici ni drapeau ni palais divin. Il n'aura donc pas à parlementer, ni à mettre le Grand Plan à exécution. Mais tout est si calme ici, si magnifique. Cela donnerait presque envie de voler. Ben s'approche du bord. Il se sent léger. Le sol se dérobe sous ses pieds. Il entend, dans le ciel, un troupeau d'éléphants, et il prend son envol pour les rejoindre.
Chapitre 2
Ben se réveilla à la fin du discours du général, comme chaque matin. Triste réveil solitaire. Toloni n'avait pas pu passer la deuxième porte. Il avait donc poursuivi seul, avec quelques vivres, le matériel nécessaire, et le coffret d'or qui contenait les tables de la loi, le suaire du Christ, ainsi qu'un antique sablier confié par le Vatican. Il avait commencé deux jours auparavant l'ascension d'une nouvelle paroi, et avait dormi suspendu une fois de plus.
Ben reprend la montée sans fin. Douleurs. Fatigue. Il faut tenir. Une prise plus haut. Le piquet. A droite. Fissure. Une prise difficile... Le piquet cède... Pendant une seconde qui semble une éternité, Ben reste immobile dans le vide à quelques centimètres de la paroi, qui s'éloigne bientôt à vitesse vertigineuse. Tout devient noir...
Chapitre 2
Ben se réveilla à la fin du discours du général, comme chaque matin. Triste réveil solitaire. Toloni n'avait pas pu passer la deuxième porte. Il avait donc poursuivi seul, avec quelques vivres, le matériel nécessaire, et le coffret d'or qui contenait les tables de la loi, le suaire du Christ, ainsi qu'un antique sablier confié par le Vatican. Il avait commencé deux jours auparavant l'ascension d'une nouvelle paroi, et avait dormi suspendu une fois de plus.
Ben reprend la montée sans fin. Douleurs. Fatigue. Il faut tenir. Une prise plus haut. Le piquet. A droite. Fissure. Sa tête de fait légère. L'euphorie le guette. Il atteint enfin le sommet. Épuisé, il se hisse sur le rebord du plateau, et a juste le temps de voir le palais avant de s'écrouler de fatigue. Il a réussi la première partie de la mission.
Chapitre 3
Cela faisait déjà vingt minutes que Ben parcourait ces étranges colonnades... Pourtant, quand il s'était réveillé, le palais ne semblait pas si vaste. Il faisait nuit, il avait le souvenir de rêves étranges entremêlés, de chutes et d'un troupeau d'éléphants. Les étoiles semblaient plus présentes qu'elles n'auraient dues, peut-être à cause des flocons légers qui tombaient lentement. Était-ce encore un rêve ? Décidé à en finir, Ben avait ramassé son sac de reliques et s'était dirigé au pas de course vers l'entrée du palais, qui à l'usage se révélait un véritable labyrinthe. Finalement, au moment où il allait abandonner, il tomba sur une grande porte de nacre. Elle était entrebâillée, Ben se hasarda à la franchir...
Il était là, sur son trône, auréolé de lumière, entouré d'anges, et il regardait Ben en souriant.
Son Verbe rugit comme le tonnerre :
"Voici donc le rescapé... Pauvre humain, le voilà au bout de ses peines ! L'Olympe n'a pas été conçue pour recevoir la visite des mortels, et c'est bien regrettable pour ses infortunés compagnons. L'Humanité entière est un gâchis, Je l'avais dit depuis le début, mais bien sur personne ne M'avait écouté... J'ai laissé un peu de temps, mais là c'est trop, ils ont saccagé Ma création, il est temps d'annuler tout ça... Désolé humain, mais il faut en finir... Amène Moi ce sablier que tu portes."
Oubliant toutes les leçons de diplomaties qu'on lui avait inculquées, Ben explosa :
" Mais enfin vous n'avez pas le droit ! Il y a en bas des gens qui souffrent par votre faute. Il y a des gens qui veulent vivre, qui cherchent le bonheur, qui ne font de mal à personne. Vous n'avez pas le droit de disposer de nous ainsi... même si vous nous avez créés. De même que vous n'aviez pas le droit de nous enlever nos enfants !"
Ben revit brièvement les visages de ses trois fils... Non, cette caricature de dieu n'avait pas le droit de disposer d'eux de la sorte, comme du vulgaire bétail. Tant pis pour la diplomatie... Juste au moment où un éclair de courroux divin descendait sur lui, Ben expira fortement et frappa son sternum, déclenchant l'explosion de la micro-bombe qu'il portait en lui depuis plus de deux mois. Le Grand Plan était réellement le dernier recours.
La réalité chancela un instant, alors que le mont Olympe se consumait. Les lois de la physiques oscillèrent jusqu'à trouver un nouvel équilibre. Un nouveau soleil éclairerait la terre dorénavant, et il serait le symbole de l'émancipation de l'humanité.
Chapitre 3
Cela faisait déjà vingt minutes que Ben parcourait ces étranges colonnades... Pourtant, quand il s'était réveillé, le palais ne semblait pas si vaste. Il faisait nuit, il avait le souvenir de rêves étranges entremêlés, de chutes et d'un troupeau d'éléphants. Les étoiles semblaient plus présentes qu'elles n'auraient dues, peut-être à cause des flocons légers qui tombaient lentement. Était-ce encore un rêve ? Décidé à en finir, Ben avait ramassé son sac de reliques et s'était dirigé au pas de course vers l'entrée du palais, qui à l'usage se révélait un véritable labyrinthe. Finalement, au moment où il allait abandonner, il tomba sur une grande porte de nacre. Elle était entrebâillée, Ben se hasarda à la franchir...
Elle était là, sur son trône, auréolée de lumière, et elle regardait Ben avec bienveillance. Le Verbe coulait comme une onde douce. "Bienvenue parmi les Bienheureux, ami Ben. Tu as bien mérité ta place et le repos de l'âme."
Ben n'en revenait pas.
"Toloni ! Comment est-ce possible ?"
"Je t'observe depuis longtemps, Ben. Tu es ce qu'il y a de meilleur dans l'homme. J'ai besoin de toi... tu resteras avec les enfants et les élus pour repeupler la terre après le désastre qui a lieu maintenant. Les hommes ont eu la liberté, mais ils en ont fait mauvais usage. Ce sera à toi d'éduquer les enfants pour qu'ils partent sur de meilleures bases. Mais pour l'instant, entre dans mon amour..."
Ben sentit comme un contact, une chaleur qui l'envahissait, l'inondait. Il eut un instant une pensée pour le Grand Plan et la bombe qu'il portait. Fallait-il faire confiance à ce Dieu ? L'inquisitrice Toloni lui avait parue si sincère, si humaine... Il se rappela d'un ami qui, un jour, lui avait dit que la confiance était un présent qui valait la peine d'être parfois dupé. Ben s'ouvrit à la chaleur, et fût emporté, éclaté, diffusé. Il faisait partie du tout. Bientôt, il entendit le rire des enfants...
Chapitre 3
Cela faisait déjà vingt minutes que Ben parcourait ces étranges colonnades... Pourtant, quand il s'était réveillé, le palais ne semblait pas si vaste. Il faisait nuit, il avait le souvenir de rêves étranges entremêlés, de chutes et d'un troupeau d'éléphants. Les étoiles semblaient plus présentes qu'elles n'auraient dues, peut-être à cause des flocons légers qui tombaient lentement. Était-ce encore un rêve ? Décidé à en finir, Ben avait ramassé son sac de reliques et s'était dirigé au pas de course vers l'entrée du palais, qui à l'usage se révélait un véritable labyrinthe. Finalement, au moment où il allait abandonner, il tomba sur une grande porte de nacre. Elle était entrebâillée, Ben se hasarda à la franchir...
C'était une petite salle pleine d'écrans de toutes sortes et de claviers futuristes... Rien à voir avec ce à quoi Ben pouvait s'attendre. Seul mobilier au milieu de ce décors, un grand fauteuil de cuir lui tournait le dos. On voyait juste dépasser quelques cheveux blancs... Dieu s'était-il assoupi ?
Ben toussota. Pas de réaction.
"S'il vous plaît", hasarda-t-il, sans plus de succès.
Il s'approcha du siège, et toussa encore, sans réponse. Il posa alors sa main sur le fauteuil, qui tourna en grinçant...
"Ah !" Ben avait poussé un cri et fait un bon en arrière. "Mon Dieu !"
Sous le choc un crâne chevelu avait roulé à terre... Le fauteuil contenait un squelette.
Après quelques moments d'hésitation, Ben s'approcha à nouveau. Il examina le squelette, ou plutôt la momie desséchée, vêtue d'un simple manteau de lin. Puis le bureau. Devant le fauteuil, il y avait une vaste plaque d'émeraude. Ben la toucha...
Des lumières s'allumèrent subitement, et Ben entendit une petite voie dans sa tête :
"Changement de propriétaire, mémorisation du nouveau responsable terminée... Mémorisation des concepts et langages... Vérification des données... Bonjour monsieur, vous venez d'hériter de l'heureuse responsabilité du mont Olympe (copyright), que l'on pourrait qualifier dans votre langage de système de gestion de monde assistée par ordinateur. Ce qui sous-estime, bien sûr, mes capacités, mais ne chipotons pas... J'espère que nous ferons du bon travail, monsieur. A ce sujet puis-je dès maintenant solliciter l'autorisation de vous appeler Ben ? C'est d'usage, vous savez. Monsieur ? Monsieur, ça ne va pas bien ? Est-ce que vous me comprenez ? Je fais pourtant usage de vos concepts pour communiquer..."
Ben était un peu interloqué par cette voix qui parlait dans sa tête. Il avait lâché la surface d'émeraude, mais la voix était toujours présente.
"Allons allons du calme, tout va bien se passer. D'abord soyez tranquille, vous n'êtes pas fou. Un grand garçon comme vous, habitué à l'informatique et à la science-fiction, vous devriez vous remettre facilement. Si vous me permettez, je vais vous transférer rapidement quelques informations clefs, ça ne devrait pas prendre trop de temps, et vous y verrez plus clair. Reprenez le contact avec la plaque verte, je vous prie..."
Et au moment où il y posait son doigt une deuxième fois, Ben fut submergé par un flux d'informations. La construction du mont Olympe, par un peuple hautement technologique, à l'origine pour contrôler le climat. Puis la disparition de cette civilisation, la station en attente de visiteurs. Puis des aventuriers avaient tenté leur chance pour escalader ce que la légende disait être la maison des dieux. Quelques-uns avaient réussi. Il avait fallu de longues années pour que le "génie" de l'Olympe les forment suffisamment pour qu'ils puissent utiliser ses capacités. C'était un vaste programme diablement intelligent, mais conçu pour obéir à des humains... Les barrières mentales servaient à filtrer les élus. Puis Ben vît le dernier en date, un fier Touareg qui avait atteint le mont en l'an 600. Il avait pu survivre 1500 ans, grâce aux technologies de la station, mais son corps avait atteint ses limites. Sentant sa dernière heure arriver, et prévoyant des catastrophe sur terre lors de son décès, il avait eu la présence d'esprit de mettre tous les enfants de la planète à l'abri. Il était mort ensuite, ce qui avait déclenché ce que les humains avaient appelé la Fin des Réalités. C'est son corps qui était dans le fauteuil.
Fin du contact. Ben comprend un peu mieux, et devine ses nouveaux devoirs. Mais pour l'instant il est fatigué. Il pose respectueusement la momie au bout de la salle (il faudra l'enterrer... quelle est la tradition pour un dieu ?), enlève sa combinaison, s'écroule dans le fauteuil, épuisé, et s'endort profondément.
Chapitre 4
Cela faisait déjà vingt minutes que Linda Toloni parcourait ces étranges colonnades... Pourtant, quand elle s'était réveillée, le palais ne semblait pas si vaste. Il faisait nuit, elle avait le souvenir de rêves étranges entremêlés. Les étoiles semblaient plus présentes qu'elles n'auraient dues, peut-être à cause des flocons légers qui tombaient lentement. Était-ce encore un rêve ? Il y avait déjà plusieurs jours qu'elle avait laissé son camarade Van der Brouck à la deuxième porte, en faisant semblant de ne pas pouvoir la franchir. Elle voulait laisser sa chance à leur mission, et si quelqu'un pouvait réussir ce serait sûrement lui. Il lui avait paru si sincère, si humain... Pour sa part, elle faisait partie d'un groupe de résistance contre le Grand Inquisiteur en qui elle voyait l'Antéchrist, et sa mission était toute autre : le Grand Plan, dernière marge d'humanité... Linda était une taupe du réseau de résistance contre la Grande Religion !
Ainsi elle avait suivi Ben de loin, espérant le croiser à son retour porteur de bonnes nouvelles. A l'usage, ce palais se révélait un véritable labyrinthe. Hélas Ben n'était pas revenu, et pendant qu'elle cherchait son chemin entre les colonnes elle avait entendu un cri à glacer le sang. Pauvre Ben... la Mission Ultime avait donc échoué ? Dans ce cas c'était à elle, Linda, de porter le flambeau de l'humanité. Encore fallait-il trouver le Créateur.
Finalement, au moment où elle allait abandonner, Linda tomba sur une grande porte de nacre. Elle était entrebâillée, Linda se hasarda donc à la franchir... Il était là, sur son trône, auréolé de lumière, et il semblait endormi. Cependant Linda ne s'attarda pas à le regarder, car elle avait aperçu, dans un coin, ce qu'elle avait reconnu être la combinaison de Ben à côté de son cadavre fripé et décapité... Comment ce dieu avait-il pu infliger une mort pareille à cet homme remarquable ?
Non, cette caricature de dieu n'avait pas le droit de disposer d'eux de la sorte, comme du vulgaire bétail. Tant pis pour la diplomatie, il fallait profiter de l'occasion avant qu'il ne se réveille... Linda expira fortement et frappa son sternum, déclenchant l'explosion de la micro-bombe qu'elle portait en elle depuis plus de deux mois...
Chapitre 4
Linda Toloni se réveilla dans une chambre confortable...
Il y avait déjà plusieurs jours qu'elle avait laissé son camarade Van der Brouck à la deuxième porte, en faisant semblant de ne pas pouvoir la franchir. Elle voulait laisser sa chance à leur mission, et si quelqu'un pouvait réussir ce serait sûrement lui. Il lui avait paru si sincère, si humain... Pour sa part, elle faisait partie d'un groupe de résistance contre le Grand Inquisiteur en qui elle voyait l'Antéchrist, et sa mission était toute autre : le Grand Plan, dernière marge d'humanité... Linda était une taupe du réseau de résistance contre la Grande Religion !
Ainsi elle avait suivi Ben de loin, et avait attendu deux jours durant son retour, en l'espérant porteur de la bonne nouvelle. Hélas Ben n'était pas revenu, et c'était à elle, Linda, de porter le flambeau de l'humanité.
Elle avait donc escaladé la dernière falaise, et s'était écroulée de fatigue au sommet, devant le palais... C'était donc une grande surprise de se retrouver ici.
Plus grande encore fut sa surprise quand elle vit Ben qui la regardait avec bienveillance ! Les négociations avait donc réussi ?
"Bonjour Toloni ! Je suis vraiment heureux de te revoir... Nous avons du pain sur la planche ! Ça te dirait d'être prophétesse ?..."
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