Le sculpteur et l'apprentie écrivain

2 minutes de lecture

La température encore clémente nous incite à déambuler ; sous les platanes, la balade est plaisante. La foule évolue en discutant, des rires fusent, l'animation va bon train. Un vent léger agite les branchages, adoucissant l'air. Une belle journée s'annonce.

De retour à la maison, nous déjeunons de nos emplettes et de pain croustillant, accompagnés d'eau fraîche. À peine la table débarrassée, je m'installe confortablement à l'extérieur avec un livre, dans un endroit tempéré par la brise. La porte de ton atelier est entrouverte.

J'aime te regarder façonner la pièce de buis que tu as choisie. Avec le plus grand respect, tu dégrossis la matière, tu l'entames pour esquisser les premiers contours. Dans un premier temps, tu dessines les grandes lignes puis, avec douceur et attention, tu effleures un arrondi, glisses sur un à-plat, t'arrêtes sur une aspérité indésirable. Peu à peu, l'âme de la statuette prend vie entre tes mains.

Assise sur mon siège, je soupire lorsque Gaïa, la chienne, frôle affectueusement ma main de sa tête taquine.

J'aime entendre l'impact discret et régulier de la gouge avec laquelle tu cisèles le bois. Fermant les yeux, j'imagine la courbe ébauchée, je perçois le galbe d'une joue, le drapé d'une robe. Le temps est suspendu au rythme donné à ton outil. En arrière-plan, les cigales stridulent en cadence. Je me laisse bercer par les percussions légères qui s'estompent pour céder entièrement place, au gré de mes rêveries, aux insectes frémissants.

Les copeaux libérés virevoltent avec insouciance dans un halo de poussière traversé par un rayon de lumière.

Gaïa sommeille, abandonnée sur le sol, ses pattes bougent dans une course imaginaire, ses narines palpitent, sa gueule émet des gémissements retenus. À égale distance de nous deux, sa position lui permet de guetter l'un comme l'autre.

Mon regard se porte plus loin, vers le fond du terrain. J'observe avec curiosité ce rocher qui affleure. Combien d'assauts a-t-il subis pour être ainsi poli ? à moins qu'il ne faille parler d'usure ? Cette usure que l'on attribue au temps et qui résulte d'une lutte contre le vent, la pluie, le froid qui finit parfois par fendre la pierre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Maude ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0